Chapitre 27
Evan pressait sa main contre la mienne, ouvrant ensuite la portière de sa voiture luxueuse. Je prenais place sans un mot sur le siège, tandis qu'il revenait de l'autre côté.
— J'allume le chauffage, ça va aller ? me demanda-t-il de sa voix bienveillante, alors que je m'entourais de son manteau.
— Ça va aller, répondais-je en n'osant même pas le fixer droit dans les yeux.
Ça va ? Est-ce que ça va vraiment aller, dans le fond ? Merde. Ça fait combien de temps que je n'ai pas pleuré pour un mec. Surtout pour celui-là.
Je me suis fait trop d'idées. Comment aurais-je cru qu'il changerait un jour ? Même si nous avons partagé des moments et des gestes qui m'avaient fait croire que peut-être, il changerait, je m'étais lamentablement trompée. Ciel reste un homme à femmes. Il n'a que des pensées perverses. Il ne fait que blesser les personnes, sans mesurer ses paroles. J'aurai dû savoir que cela m'arriverait un jour. Jamais je n'aurai dû commencer à développer des sentiments pour lui.
Je suis trop bête. Je suis trop naïve.
— Tu veux un mouchoir... ? me demanda Evan, en rapprochant sa tête vers moi.
— Arrête de pleurer Vio, tu ne le mérites pas, chuchota-t-il, avant de déposer un baiser contre mon front.
Evan me donnait ensuite un mouchoir puis démarrait la voiture. Je le remerciais tout bas, puis laissais simplement ma tête tomber contre la vitre, les yeux braqués sur les autres voitures qui défilaient à grande vitesse. Plus tard, je comprenais qu'Evan nous ramenait donc chez lui, ne connaissant pas ces nouveaux boulevards. Dix minutes passées, nous descendions ensemble de la voiture, et il ne tardait pas à se rapprocher de moi pour me reprendre la main avec délicatesse.
— Ça te dérange de venir un petit moment chez moi ? Je... je n'ai pas envie de te laisser seul ce soir, déclara-t-il à mes côtés, l'air un peu gêné.
Oh oui, il ne lui ressemble pas. Evan est bien trop gentil.
— Comment se fait-il que tu n'aies pas de petite amie ? demandais-je spontanément ce qui le faisait sourire.
— Bonne question, répondît-il avant de m'emmener vers l'entrée de son appartement.
Evan appuyait sur le bouton de l'ascenseur, puis plus tard, nous rentrions enfin dans son grand appartement.
— Je vais augmenter un peu le chauffage. Tu peux t'installer sur le canapé, si tu veux. Je reviens. » Me souffla Evan, tandis que j'acquiesçais.
Je déposais son manteau sur une chaise et prenais donc place sur un fauteuil. Je continuais de détailler tout autour de moi, avant d'entendre un aboiement de chien. Je tournais ma tête, voyant déjà une grosse boule de poile blanche me sauter dessus.
— Merde ! Sherry, arrête ! s'exclama Evan, avant de lever en l'air cet énorme ours couleur blanc.
Un énorme sourire se plaquait instantanément sur mes lèvres quand je reconnaissais ce chien.
— Mon Dieu ! Elle est encore là ! répliquais-je avec des yeux pétillants, en la regardant aboyer.
Ayant du mal à la tenir dans ses bras, Evan la relâchait. Sherry s'empressait de me sauter de dessus, heureuse de me retrouver. Directement je la câlinais et la couvrais de plusieurs bisous. Cette adorable boule de poile que nous avions trouvée à la sortie du lycée, tremblante et apeurée sous un banc. Même si mes parents avaient catégoriquement refusé ce chiot, le père d'Evan avait été plus clément. Grâce à lui, Sherry avait pu trouver un foyer stable et rempli d'amour.
Et même si je n'avais plus eu de nouvelles à cause de notre rupture, je n'avais jamais douté qu'elle serait très heureuse avec lui. Et cela me faisait tellement plaisir de la revoir, que j'en oubliais mes larmes d'avant.
— Waouh, elle te reconnaît encore, ricana Evan. Elle n'a jamais fait la fête comme ça à quelqu'un, c'est amusant.
Sherry sautait de partout pour finalement se calmer au bout de cinq minutes. Je reprenais donc place sur le canapé, tandis qu'elle posait sa petite tête contre mes genoux. Je continuais de sourire et Evan partait en direction de sa cuisine pour en revenir ensuite avec un plateau rempli quelques cookies.
— Tu veux qu'on parle de ce qu'il s'est passé ou ça va aller ? me demanda-t-il.
— C'est un stupide connard qui ne pense qu'à lui et à son harem ; déclarais-je soudainement, en ayant visiblement envie de vider mon sac. Il ne sait pas mesurer ses mots. Il blesse les gens sans s'en rendre compte. Il est jaloux mais ne l'assume pas. C'est vraiment qu'un gros con qui ne pense qu'à coucher et qui ne sait surtout que penser avec son se...
—Tu es amoureuse de lui ? me coupa Evan, le reste de mes paroles se bloquant au fond de ma gorge.
— Non, répondais-je honnêtement.
Je ne suis pas amoureuse de lui. Je suis juste attachée, mais c'est tout. Si je l'avais été, je sais que ses paroles m'auraient davantage touchées. Je suis touchée, certes, mais pas du même degré que quand j'avais appris la trahison d'Evan. Pour lui, j'étais amoureuse. Pour Ciel, c'est un tout autre cas.
— Ça fait longtemps que vous vous connaissez ?
— Non et c'est bien ça le problème... murmurais-je, en commençant à voir la réalité des choses.
Je me suis attachée beaucoup plus vite et je n'aurai jamais dû. J'ai été déçue plus rapidement que je ne le pensais. Au fond, je savais que Ciel pourrait un jour me blesser. Des mots crus sortent de sa bouche toutes les minutes ; il ne fallait pas s'étonner de la tournure des évènements.
— Au lycée tu t'attachais très vite. J'avais remarqué ce trait de ta personnalité, me souffla Evan, tandis que je caressais toujours le pelage de Sherry.
— Je sais. Et normalement, je n'aurai pas dû refaire la même erreur.
— Tu comptes le revoir ? me demanda plus tard Evan, sa tasse de café entre les mains.
— Non, répondais-je en sachant bien que mon cœur en avait pris un bon coup.
Là c'est mort pour qu'il ose venir me parler. Après tout, vu ses paroles très honnêtes, il n'avait pas envie de se rajouter un problème sur le dos. Que cela en soit ainsi, donc ; je resterai loin de lui, au moins il ne risquera pas de s'embêter avec une fille comme moi.
Je poussais un soupir, laissant mon regard s'attarder sur cette boule de poile adorable. Je continuais de la caresser et essayais de ne plus penser à cette tignasse bleue qui avait comme je l'avais prédit, bien réussi à mettre en l'air ce dîner.
— Je ne sais pas si je dois te demander cela, mais... tu veux rester dormi ici, pour ce soir ? reprenait Evan d'une voix posée.
— Il y a une deuxième chambre et je peux te prêter un pyjama si tu veux, précisa-t-il. Je ne t'oblige en rien, bien entendu. Je pense simplement que rester ici pourrait peut-être te faire du bien et te faire oublier cet homme.
— Je l'ai déjà oublié, mentis-je, ce qui lui faisait élargir ses lèvres.
— Tu l'oublieras, j'en suis certain.
Evan me laissait sur ses étranges paroles qui tournaient dans mon cerveau, et revenait plus tard avec un jogging et un t-shirt. Il posait le tout sur la table basse, me faisant bien comprendre qu'il voulait que je reste ici pour cette nuit. Mais dans le fond, je ne savais pas si cela était une bonne idée. Ça faisait tellement longtemps qu'on ne s'était pas vus et voilà que je me retrouvais ici, chez lui, après qu'il m'avait vu pleurer pour un mec qui n'en valait pas la peine.
— Je ne sais pas si cela est une bonne idée... avouais-je tout bas, ne voulant pas le brusquer dans mes paroles.
Evan venait s'asseoir près de moi pour reprendre mes mains dans les siennes, comme il faisant des années en arrières.
— Je ne t'oblige en rien. Si tu décides de ne pas rester ici, bien sûr que je vais te ramener chez toi. Il n'y a aucun problème. C'est juste que je ne veux pas te savoir seule dans ton appart, à pleurer au fond de ton lit.
— Je ne vais pas pleurer ni me faire du mal pour lui, repris-je. J'ai retenu la leçon ce soir et dans le fond, je savais que cela arriverait tôt ou tard. Ciel est ainsi. Merci beaucoup de ta proposition et pour la soirée, mais je pense rentrer chez moi.
Je l'entendais pousser un soupir, mais il acceptait tout de même ma réponse. Evan me ramenait mon manteau ainsi que le sien, et nous sortions donc de son appartement. J'offrais une dernière caresse à Sherry, lui promettant que ce ne serait pas la dernière fois que nous nous reverrions. Plus tard, nous nous retrouvions dans sa voiture, Evan tenant absolument à me raccompagner. Le trajet se faisait sous silence, mais étrangement cela était plus apaisant que gênant. Vingt minutes plus tard, il arrêtait le moteur, sortant lui aussi pour venir se placer face à moi.
Mains dans les poches, les cheveux légèrement effleurés à cause du vent, il me fixait droit dans les yeux, s'abaissant ensuite pour m'offrir un tendre baiser sur la joue.
Mais encore, je ne ressentais rien. Et pourtant, j'aurai voulu ressentir quelque chose avec lui plutôt qu'avec Ciel.
— Je t'appellerai demain pour savoir si tout va bien. Passe une bonne nuit et n'hésite pas à m'appeler s'il se passe quoique soit, déclara-t-il, tandis que j'hochais la tête.
— Merci beaucoup. À bientôt Evan, répliquais-je, en lui rendant moi aussi son bisou sur la joue.
Je regagnais mon domicile quelques minutes plus tard, et une fois posée sur mon lit, j'attrapais mon portable. Cependant je fronçais les sourcils à la vue de ses nombreux messages.
« Tu es où ! »
« Oh chouchou ! Tu es partie avec lui ?! »
« Tu es chez toi ? Tu habites vers où ?? »
« Réponds-moi merde ! Je te cherche de partout ! »
« Oh ! Où tu es passée ?! »
Je continuais de défiler les dix autres, avant de taper quelque chose à vive allure.
« Sache que tout se paye, connard. Adieu.
Même si je savais qu'il continuerait de m'harceler, j'éteignais mon téléphone, fermant enfin les yeux.
Fais de beaux rêves, tignasse de merde.
**
Ciel
— Non dégage, je reste seul pour ce soir, râlais-je au téléphone, avant de raccrocher.
Putain elles m'énervent toutes ces nanas.
Je m'étalais sur mon canapé, grognon, balançant encore un coussin à l'autre bout de la pièce.
Merde, fais chier. Elle ne me répond plus depuis sept jours. Sept jours qu'elle m'évite. Je ne sais même pas où elle habite et personne ne veut me le dire. Je n'ai même pas réussi à la croiser à son boulot. Tout le monde s'est ligué contre moi, j'en suis certain. Liberty a aussi décidé de faire la muette sur ce coup-là, ainsi que mon grand-père.
— Oh ! Tu fais quoi là ! hurla soudainement une voix féminine derrière moi qui me coupait de mes pensées négatives.
Je tournais ma tête pour observer Liberty et mon frère débouler à vive allure. En moins de deux, Liberty m'agrippait les épaules, essayant de me secouer avec le peu de force qu'elle avait.
— T'es vraiment qu'un idiot, toi ! Heureusement que ton frère n'a pas hérité de ton maudit cerveau !
— Merde mais pourquoi t'as dit ça ? T'étais bourré ou défoncé pour dire ces conneries ? intervenait-il, tandis que je levais les yeux.
Même si cela faisait une semaine qu'on ne se captait plus avec Violette, je n'avais pas avoué le pourquoi du comment de cette dispute. Mais visiblement, Violette avait dû tout cafter à ses amis, dont la colère de Liberty qui ne m'étonnait même pas.
J'avoue. J'avais été trop loin.
— Non. J'étais sobre, répondais-je, ce qui les énerverait encore plus.
— Ah encore mieux ! J'aurai préféré te savoir bourré, tu vois ! Non mais sérieux, pourquoi tu as dit ça ! C'est hyper méchant et surtout très blessant ! répliqua Liberty, alors que mon frère hochait la tête.
— Je n'en sais rien. Je n'ai pas réfléchi... bougonnais-je, en passant une main dans mes cheveux.
—Ouais super ! Apprend à réfléchir alors ! Là tu ne risques pas de la revoir de sitôt, crétin !
— Ah bon ? Elle va continuer de me faire la gueule pendant longtemps, encore ? questionnais-je directement, avant de les voir jurer en même temps.
— Mais t'es vraiment con, toi ! Ce n'est pas possible ! Violette n'est pas comme ces filles de ton harem ! rouspéta son amie rousse. Quand on la blesse, on en paye les pots cassés ! Elle déteste l'être et ne revient jamais facilement vers ceux qui osent la blesser !
— Mais genre dans une semaine c'est bon ou non ? demandais-je avec sérieux, en me ramassant un autre coussin en pleine tête.
— Mon Dieu Max retiens moi ! Je vais le tuer !
Non mais sans rire, ça ne m'est jamais arrivé ce genre de situation. Je veux dire, même si j'ai déjà parlé cruellement à des filles, ça ne m'était jamais arrivé qu'elles me fassent la gueule comme ça.
Soient elles s'en fichaient, soient elles partaient.
Pourtant, que ce soit le cas de Violette me faisait assez chier, c'est vrai. Même si nous n'avions pas franchi de réel cap, il y avait un truc plus fort qui me dérangeait.
En y réfléchissant, c'était bien la seule à avoir eu le droit de dormir autant de fois chez moi, sans que rien ne se passe. Elle a vu mon corps mais étrangement, n'a rien tenté comme les autres. On a fait de belles conneries ensembles, celle du vol de peluches étant la plus drôle. Elle a eu le droit de poser avec moi, ce shooting étant le meilleur que j'eus fait avec une fille. Et le plus changeant dans tout cela, c'était qu'elle était la seule avec une tignasse colorée et qui me ressemblait assez avec son caractère de merde.
Hum... C'est vrai que si elle arrêtait de me parler pour toujours, ça m'embêterait plus que ce je ne le pensais quatre jours avant.
— Ça y est... Il comprend enfin qu'il est amoureux... entendais-je souffler près de moi, tandis que je relevais la tête.
— Non. Je ne suis pas amoureux, affirmais-je avec certitude.
— Tu ne peux pas le savoir puisque tu ne l'as jamais été avant. C'est vrai, n'est-ce pas ? répliqua mon frère avec sérieux, me posant une colle.
— Tu rigoles ? Il n'a jamais aimé quelqu'un ? À son âge ? compléta Liberty, presque sous le choc.
— Si, il y avait Pauline, Dorothée et Jasmine répondais-je rapidement, alors que Max secouait négativement la tête.
— Non tu mens. Avoue-le que tu n'as jamais été amoureux. Ce n'est pas une honte, il faut bien une première fois à tout. Et on sait qui c'est, ou qui ça sera, bien entendu...
— Je ne suis pas amoureux de Violette. Je suis juste attaché, c'est tout. On s'entend bien.
— Attaché... Ouais... On avance enfin, chuchota Liberty, visiblement contente d'avoir entendu cela.
— Tu regrettes tes paroles et tu comprends pourquoi elle t'évite ? questionna Max, comme un père qui faisait une remontrance à son enfant.
— Ouais. J'ai été trop loin, soupirais-je.
— Parce que tu étais... ? continua-t-il, toujours prêt à avoir le dernier mot.
— Ja... revenait-il, alors que je le coupais net.
— Mais vous avez vu cet Evan, aussi ! Ce mec sorti de nulle part qui est tout cucu ! Je suis sûr qu'il cache quelque chose ! En plus il l'a embrassée sur la bouche ! Vous vous rendez compte ; elle n'avait pas accepté en plus !
— Allez avoue-le, c'est bon, soupiraient-ils en même temps.
— Bah ouais ! Normal que je suis grave jaloux ! Violette est ma partenaire rien qu'à moi, et aucun mec n'a le droit de l'approcher si c'est pour la draguer ou pire l'embrasser ! Y a que moi qui en est le droit ! m'exclamais-je avec véhémence, avant qu'ils ne se frappent la main.
— Ok ! On commence la mission : remettre à jour votre relation et préparer le mariage ! disent-ils en même temps, visiblement déjà préparés à ma réponse.
Ouais. Pour la première fois de ma vie, j'étais jaloux.
**
(D'ailleurs, merci encore de vos commentaires sur le dernier chapitre, on a dépassé les 1000 et c'est carrément énorme haha ! Merci pour tout, comme toujours !) ♥️
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