Chapitre 11
— J'ai plus de souffle ! s'époumona-t-elle derrière moi, en commençant sérieusement à ralentir la cadence.
Bordel ! Mais pourquoi je l'ai choisi comme coéquipière pour cette stupide affaire !
— M'en fous ! Continue de courir et garde surtout les peluches contre toi !
J'entendais Violette souffler comme un bœuf derrière moi, ayant visiblement bien du mal à garder la cadence. Ouais mais bon, il faut qu'elle tienne ! J'entends encore le forain crier, alors il faut continuer de courir !
— Allez gamine, tu peux le faire !
— Porte moi Ciel ! s'exclama-t-elle entre deux souffles, d'une expression limite théâtrale.
Porte-moi ? Sérieux ! Et miss, je dois déjà me supporter !
— Hors de question ! Garde ta salive et cours, sinon on va finir en taule ! repris-je, en la voyant ralentir derrière moi.
— Putain tu fais chier ! pestai-je d'une voix forte, en m'arrêtant net.
Violette me rentra en plein dans le dos, grommelant un truc tout bas. Mais bien entendu, j'entendais toujours le fou furieux crier derrière, cela me mettant donc un nouveau coup de pression.
— Grimpe sur mon dos, allez vite ! relançai-je, avant de la sentir me sauter dessus.
Bon je l'avoue. J'aurai bien aimé employer ce terme une autre occasion mais bon. On doit faire avec, malheureusement. Violette calait ses jambes autour de mon bassin et ses mains autour de mon cou, faisant hélas tomber la quatrième peluche au sol. Et bah bravo ! Il n'en reste plus que deux maintenant ! Elle ne sert vraiment à rien cette fille, je vous jure !
— Tu as intérêt de t'accrocher sinon je te laisse aux mains de ce foutu forain !
Je courrais pendant au moins cinq bonnes minutes, afin de rejoindre une nouvelle ruelle. Je me dépêchais de courir droit devant cet immeuble, ne perdant plus de temps pour taper mon code. Je me bougeais ensuite pour rentrer dans le hall, me laissant déjà tomber droit contre le mur. Ah, merde. J'avais oublié que je portais un sac de pomme de terre derrière moi.
Violette se tapait donc bien comme il se le fallait le mur, poussant un petit juron en même temps.
— Ça va ? La petite princesse a bien apprécié son voyage dans son carrosse ?
— Si... si on se fait prendre, dit-elle avec difficulté, je dirais que tout est ta faute et que tu m'as pris en otage.
— Tu es sérieuse ?
Les yeux fermés, Violette hochait simplement sa tête, en essayant de reprendre son souffle. Ouais bon ça va hein. Ce n'est pas elle qui portait un sac de ciment sur son dos, quand même.
— Tu veux que je te cherche un masque respiratoire où tu vas survivre là ?
Violette ne répondait cette fois-ci plus rien, puisqu'elle perdait étrangement ses couleurs. Elle fronçait les sourcils ; sa respiration changeait maintenant en un truc plus saccadé et bizarre.
— Euh tu me fais quoi là ? Tu imites un chien qui revient d'une promenade de plus de quatre heures, ou quoi ? demandai-je avec curiosité, avant de voir sa tête tomber contre mon épaule.
Hum. Ce n'est peut-être pas si normal que ça, finalement.
— Bon... Tu ne vas pas trop bien là, non ? continuai-je, en entendant toujours sa respiration erratique.
Oula. Pas si bon que cela. Je commençais à stresser désormais, puisque je ne voulais pas être condamné pour un homicide, ou non-assistance à personne en danger. Je me levais d'un bond, puis posais mes mains sur ses épaules.
— Mais tu as mal où, merde ! Tu me fais flipper là ! Respire et calme toi bon sang !
Je jurais, puis commençais à la prendre dans mes bras. Je calais une main sous son dos et l'autre sous ses jambes, me bougeant ainsi les fesses pour regagner mon appartement. Une fois en haut, je tapais avec difficulté mon code et rentrais chez moi. Je me dépêchais de déposer Violette dans ma chambre et remarquais hélas que sa respiration était toujours aussi rapide et qu'elle avait encore les yeux clos.
— Merde ça se calme comment ce truc là... soufflai-je perdu. Je le savais, je n'aurai jamais dû sécher les leçons de premiers secours ; le vieux avait raison.
Violette restait toujours dans son état, cela accentuant bien évidement mon état de stress. Voilà ! Elle peut être fière d'elle ! C'est bien la seule femme à me mettre dans ces maudits états ! Parce que quand mon cœur s'emballe, ce n'est pas pour cette raison-là d'habitude ! Résigné, je me dépêchais d'attraper mon portable pour appeler mon grand-père.
— OK je n'ai pas le temps, je dois faire vite, annonçai-je quand j'eus entendu sa voix. Est-ce que Violette a des problèmes de respiration ou un truc dans le genre ?
— Ciel... ? Pourquoi me demandes-tu cela ? Il se passe quelque chose ? Violette est avec toi ? répliqua sans tarder mon grand-père, déjà inquiet pour son employée préférée.
— Non, pas du tout ! Je demandais juste car... car elle a l'air grave essoufflé quand elle court, c'est tout ! J'ai remarqué cela tout à l'heure, le contrai-je, en jetant encore un coup d'œil à la malade.
Merde. Il faut peut-être que j'appelle les pompiers.
— Violette m'en a déjà parlé, mais brièvement, reprit-il. Elle ne peut pas faire de sport trop longtemps car elle a quelques problèmes au cœur ; il peut vite s'emballer. Rien d'inquiétant m'a-t-elle dit, mais il faut quand même ne pas exagérer avec cela.
— Ah bah c'est sûr qu'elle devait avoir d'autres défauts en plus de sa mauvaise foi... me murmurai-je à moi-même, en entendant mon grand-père relancer la discussion.
Immédiatement je me dépêchais de le saluer et de le remercier en deux trois paroles, devant désormais revenir vers la malade. Ne sachant pas trop quoi faire, je partais chercher un gant froid pour le mettre sur son front.
— Et ça va aller tu sais. Calme-toi et respire lentement. Lentement... chuchotai-je, en observant ses couleurs revenir.
Je commençais à parler tout seul, limite comme un malade mental, mais je remarquais sa respiration se calmer. Les yeux encore clos, elle soufflait un peu fort, mais bien moins que tout à l'heure.
— Voilà c'est ça. Respire doucement et ne t'étouffe pas surtout... continuai-je toujours à fond dans mon rôle de médecin.
J'aurai peut-être dû faire des études de médecine, en fait. Violette se calmait finalement au bout de quelques bonnes minutes. Alléluia pour moi, elle arrêtait de souffler comme un chien et semblait beaucoup plus apaisée désormais. Je retirais donc le gant froid de son front, me demandant quand même si je devais lui changer son t-shirt humide.
Bah... je le fais ou pas ? Elle serait plus à l'aise avec un nouveau t-shirt. Puis j'ai déjà vu des tonnes de soutifs dans ma vie, donc bon. Un de plus, un de moins. C'est juste la taille des seins qui change. Je commençais à glisser mes mains sur le bas de son t-shirt pour le remonter jusqu'à son ventre. Je voulais continuer ma petite affaire, mais hélas une voix m'en empêcha.
— Fais-le et je te frappe, dit-t-elle, avant que je ne me surélève légèrement.
Violette avait désormais les yeux ouverts, étant enfin sorti de son micro-sommeil plutôt agité.
— Tu aurais pu me dire que tu avais des problèmes pour courir. Je t'aurai porté avant, tu sais, repris-je, en retirant mes mains de son t-shirt.
— Nous ne sommes pas assez proches pour tout s'avouer.
— Bah maintenant si. On a commis un braquage de peluches et tu es sur mon lit. Tu as de la chance car il y a peu de filles qui ont franchi ce cap, tu sais, répliquai-je, avant de voir un sourire se former sur ses lèvres.
— Combien environ ? me demanda-t-elle aussitôt.
— Avec toi, je dirais une petite vingtaine. Après je préfère aller chez elles, c'est mieux.
— Tu es vraiment un stupide homme à femmes, toi, rigola-t-elle.
— Non, je teste juste divers horizons, avouai-je dans un haussement d'épaules.
— C'est ça oui... dit-elle tout bas, avant que je ne me relève.
— Bon maintenant tu souris et tu rigoles, tu vas donc mieux. Tu veux un truc à boire ?
-—De l'eau s'il te plaît.
Je me retournais pour partir en direction de la cuisine, mais juste avant, Violette m'interpellait de nouveau.
— Merci Ciel.
Oula... C'était quoi ça ? Mon cœur venait de faire un drôle de truc dans ma poitrine. C'était super étrange. Juste en voyant ce sourire. C'est... c'est quoi ça !
— Euh... bah de rien... répondis-je après de longues secondes, en me dépêchant de sortir de la pièce.
Une fois dans la cuisine, je me donnais un bon coup de poing sur mon torse, me murmurant tout bas ses paroles.
— Et gars, calme-toi. C'était juste un sourire... Juste un simple sourire, me chuchotai-je, encore perturbé par la réaction de mon cœur.
Faut vraiment qu'il se calme lui, c'est clair.
**
— Tu as les peluches ? me demanda Violette, désormais calée sur mon canapé.
— Ouais, mais juste deux. On a perdu la moitié en chemin à cause de toi, répondis-je, un peu dégoûté d'avoir perdu mon précieux butin.
— Excuse-moi. Je n'avais pas trop prévu de voler des peluches dans une fête foraine et de me faire poursuivre par un forain, renchérît-elle, en regardant mon appartement en détail.
— Ma foi. Tu me diras avec l'appartement que tu possèdes, tu pourrais aller t'acheter les peluches que tu veux. Ça paye bien mannequin, dis-moi.
— Il faut juste savoir payer ma beauté, c'est tout. Regarde, ça vaut vraiment bien son prix, ajoutai-je, en venant la rejoindre sur mon superbe canapé en cuir.
Je posais mes pieds sur ma table basse, puis croisais mes mains derrière ma tête. Je jetais un autre regard à Violette, me préparant déjà à relancer la discussion.
— Va me chercher une bière et des chips, femme, déclarai-je, avant de la voir hausser un sourcil.
— Tu m'as pris pour ta boniche ou quoi ?
— Écoute chérie, je me suis occupé de toi tout à l'heure et j'ai ruiné mon dos pour te porter. Tu peux bien me faire cette faveur, non ?
J'entendis Violette se lever pour partir en direction de ma cuisine. J'étais un peu étonné mais bon, c'est qu'elle me devait bien une faveur, non ? Tout souriant, je la voyais revenir vers moi, m'offrant donc ma fameuse bière. Je me redressais sur le canapé, pendant qu'elle reprenait place à mes côtés. Je lui faisais un signe de tête, puis ouvrais ensuite ma bière pour la boire.
Mais... immédiatement je sentais un truc horrible me venir en bouche. Je crachais déjà ma bière sur le tapis devant moi, en entendant Violette exploser de rire.
— Putain c'est quoi ce truc !
— C'est un nouveau mélange de bière qui nous vient tout droit d'Asie. Le piment et le poivre se marient très bien avec, tu ne trouves pas ?
Je me rapprochais d'elle mais Violette me balançait déjà un coussin dans la face. Elle se précipitait ensuite pour aller s'enfermer dans ma chambre.
— Reviens ici ! m'exclamai-je, énervé.
OK. La prochaine fois je la laisse toute seule et surtout, s'étouffer sur le lit.
(Ils commencent vraiment à s'apprécier ces deux-là ! Merci pour vos commentaires !) ♥️
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