Chapitre 8
Être réveillée un samedi matin à 7h00 précisément par le téléphone ? Check
Répondre énervée avec la voix encore ensommeillée à son interlocuteur ? Check
Se rendre compte après coup que l'importun n'est pas son cousin mais son boss ? Check également.
- Ludo putain tu as vu l'heure ?
- Capucine ?
- Qui d'autre ?
- Heu excuses moi de te réveillée si tôt c'est Jackson !
- Jackson ?
Au merde, merde et re merde, mais qu'est ce qui m'a pris de lui parler comme ça ? Je regarde mon téléphone et quand je vois en gros le nom de mon boss clignoter je me plaque la main sur le front mais quelle gourde je fais ! Sérieux on a pas idée de répondre à son téléphone sans regarder avant qui appelle ! Note à moi même « regarder avant de décrocher »
- Capucine tu es encore là ?
Et zut, je me reprend puis en me raclant la gorge je répond :
- Oui excusez moi je pensais que c'était quelqu'un d'autre. Je vous écoutes.
Je comprends, je suis vraiment navré de te déranger pendant le week-end mais il faudrait que tu passes au circuit le plus vite possible. Rien de grave un truc que M Edouards avait zappé.
A l'entente du nom de notre supérieur à tous je me lève d'un coup et annonce rapidement :
- Pas de problème je peux être là dans une demi-heure sauf si c'est hyper urgent auquel cas je peux ...
- Non non une demi-heure c'est parfait. On t'attendra avant de commencer.
Il raccroche avant même que je n'ai le temps de lui répondre. Je jette mon téléphone sur le lit en me repassant mentalement la conversation. Il a bien dit « on t'attend » ? Mais qui est ce on ? Alors que je me prépare rapidement, je réfléchis, pourtant hier quand je suis partie il m'a dit à Lundi donc même lui n'était pas au courant.
Bonne déduction Sherlock ! Se moque ma conscience.
Ok procédons par logique, la saison va bientôt démarrer mais les essais ne sont prévus qu'en milieu de semaine. Et puis que vient faire M Edouards dans tout ça ? Ce n'est pas lui qui va les effectuer ces essais donc c'est pas ça !
Oh et puis zut, alors que j'enfile mes bottes et mon cuir je me dis que ça ne sert à rien d'essayer de deviner, le mieux c'est encore que j'y ailles.
Je récupère mon casque ainsi que mon téléphone et je claque la porte de mon appartement. Je décide de laisser un message aux garçons parce que je suis certaine qu'ils passeront dans la journée afin de prendre des nouvelles. J'avoue qu'il serait plus rapide de leur envoyer un message via le portable mais je trouve plus marrant de les faire se déplacer.
Oui oui je suis une diablesse.
Arrivée dans le parking sous terrain de mon immeuble, j'enfile mon casque et enfourche ma moto. La circulation est fluide à cette heure-ci et j'arrive très vite à destination. Je repère rapidement le pick-up de Jackson et la sportive de M Edouards et je me gare pile entre les deux véhicules. Je me dépêche de descendre et de rejoindre l'équipe et juste quand je relève la tête je constate que les trois pilotes attendent devant la porte de service du circuit. Je m'approche à grand pas et avec le sourire et leur dit bonjour :
- Salut les gars, vous allez bien ? Vous savez ce qui se passe ?
Avec le sourire, Jason se rapproche de moi, il m'embrasse sur la joue et me répond :
- Bonjour Miss, je pense avoir une petite idée mais dis moi c'est ta moto ?
Tous les trois me regardent avec insistance alors avec un petit sourire en coin je leur répond :
- Évidemment vous croyez quoi ?
Maxence lève les main en l'air et répond en premier :
- Tout doux Mini miss, c'est juste que l'on ne te voyais pas sur ce genre de bécane. Une Triumph sérieux ?
Intriguée, j'en oubli le surnom ridicule dont il vient de m'affubler puis en fronçant les sourcils je le questionne :
- Je ne comprend pas ? En quoi c'est si surprenant ?
Du coin de l'oeil, je vois que Connor rigole alors je me retourne en le fusillant, il fait un pas en arrière et répond :
- Pas que j'ai peur de toi, Miss Cambouis mais je tiens à te dire que je me désolidarise de mes deux acolytes.
- Faux frère ! C'est juste qu'en fait on ne t'imaginais pas avec une sportive. Mais en y réfléchissant Une Tiger ça te correspond bien finalement hein les gars ?
Répond Jason en rigolant à son tour. Mais pas le temps de discuter d'avantage que Doug et Mickaël arrivent à grand pas vers nous. Nous nous disons bonjour, puis nous nous dirigeons tous ensemble dans les bureaux situés à l'étage du bâtiment principal.
Aucuns de nous ne parle, nos pas résonnent dans le long couloir menant à la salle de réunion.
Sur les mûrs sont accrochés des photos du circuit, dans tous ses états en partant de sa construction à son inauguration, puis arrive les clichés de pilotes élancés sur l'asphalte toutefois je n'ai pas le temps de lire les commentaires sous les photos qu'un cliché m'interpelle, on y voit un pilote qui doit bien avoir une trentaine d'année avec un petit garçon dans ses bras qui sourit et en y regardant de plus prêt les yeux de l'enfant me font penser à ceux de Connor.
A ce constat, je tente un regard vers mon pilote arrogeant mais quand je remarque qu'il fronce les sourcils et qu'il fuis mon regard je n'insiste pas. Mon envie de le taquiner s'envole et je reporte mon attention sur la photo.Toutefois, je tique un instant en remarquant une personne en arrière plan qui me paraît familière. Tout à coup je ne me sens plus aussi joyeuse et c'était sans compter sur Connor pour qu'il le remarque :
- Un problème ?
A ces mots, je me reprend aussitôt et avec un petit sourire, je tente :
- En fait, j'étais juste en train de me dire que tu pourrais être vraiment agréable si tu souriais plus souvent comme sur la photo.
Il grogne quelque chose d'inaudible juste au moment où un rire rauque se fait entendre juste derrière moi. Je sursaute et quand je me retourne, je tombe nez à nez avec Monsieur Edouards.
- Depuis le temps qu'on le lui dit ! Enfin bonjour à tous et merci d'être venu. Entrez j'ai plusieurs choses à voir avec vous.
Nous entrons tous dans la salle de réunion, c'est la première fois que j'y met les pieds et je dois bien avouer que je suis impressionnée. Cette pièce est baignée de lumière grâce à sa grande baie vitrée qui donne une vue impressionnante sur le circuit, sur le virage n° 4 et la chicane n° 2 plus précisément.
Une énorme table en bois de être ovale trône au beau milieu de la pièce, nous prenons place tout autour alors que deux hôtesses entrent des plateaux chargés de tasses et de verres pour l'une et de croissant et autres viennoiseries pour l'autre. Elles les déposent sur la table juste à côté de la cafetière et des bouteilles de jus de fruits.
Alors que je prend place à droite de Jason, Connor vient s'asseoir à ma droite, ce qui fait que je me retrouve entre les deux pilotes. Intriguée je demande en chuchotant :
- Vous savez de quoi il veut nous parler ? Et si ça va prendre longtemps ?
Alors que Jason hausse les épaules, Connor se redresse et se rapproche de mon oreille, son souffle chaud sur la peau fine de mon cou m'envoie des décharges électriques jusque dans mon cou me faisant légèrement frémir. Avec désinvolture il me demande :
- Pourquoi tu avais plus intéressant à faire ? Avec ton batteur ?
Je me retourne vers lui puis avec détermination et une énorme envie de le frapper je lui répond dans les yeux :
- En tout cas je n'avais pas l'intention de passer ma matinée avec un connard prétentieux et imbu de sa personne. Et puis je fais ce que je veux de ma vie ou de mon corps. Je ne t'appartiens pas que je sache !
- Pas encore ...
- Quoi ?
- Bientôt ma belle, ce corps sera à moi et je te promet que ce jour là tu en oublieras ton batteur !
Son sourire s'étire quand je me penche vers lui et que je lui répond, toujours en chuchotant :
- Dans tes rêves !
Alors que je sens qu'il va me répondre, M Edouards l'interpelle :
- Con' arrête de déranger la demoiselle à tes côtés et quand tu seras disposé à m'écouter tu me le dira !
Monsieur se renfrogne dans son siège et grogne à notre Président :
- C'est bon patron vas y !
Alors que monsieur Edouards reprend son discours, Connor me murmure :
- La discussion n'est pas close Miss Cambouis !
Pourquoi ces mots m'excitent ils autant ? Je sens que mes joues deviennent écarlates et que ma peau se recouvre de frissons. Dans mon esprits des images me parviennent et croyez moi elles ne sont très catholiques. Je secoue discrètement la tête afin de chasser ces idées de mon esprit et reporte mon attention sur le discours du grand patron tout en essayant d'ignorer le beau pilote qui se trouve à ma droite.
- Donc comme je vous disiez avant d'être interrompu, le début du championnat du Monde débutera dans deux semaines au Qatar. Je viens d'avoir les organisateurs qui ont acceptés que nous arrivions en début de semaine. Nous serons logés à Doha à 12 kilomètres du circuit de Losail. Ils doivent encore m'envoyer par mail le programme des disponibilités du circuit, et la programmation de la course. Je vous ferez également parvenir par texto les modalités du voyages, vous avez donc une semaine pour préparer vos affaires.
Pourquoi tous se retournent ils vers moi quand Monsieur Edouards dit cela ? Avec le sourire je demande :
- Heu j'ai une question, faut il des vaccins particuliers ?
- Tout est ok, le médecin lors de votre embauche a tout vérifié. Avez vous d'autres questions avant que je ne continue sur un autre sujet ?
Il s'adresse à tout le monde mais personne ne bronche, il reprend donc :
- Bon si je vous ai fait lever aux aurores c'est pour vous annoncer que nous avons du avancer les habituelles portes ouvertes qui se déroulent chaque année le week end avant le début du championnat mais comme vous l'aurez compris nous ne serons pas là la semaine prochaine. Donc nous les feront ce matin et exceptionnellement elles se dérouleront toute la journée. Je compte donc sur vous pour assurer les différents ateliers et pour répondre aux questions des gens et être sympathique et souriant !
Cette dernière remarque s'adresse tout particulièrement à une certaine personne et je pouffe discrètement de rire quand je l'entend grogner dans sa barbe.
La réunion se termine et alors que tout le monde se lève, Jackson annonce :
- Avant de commencer les festivités, le café et les croissants vous attendent.
Alors que tous se servent, je sors dans le couloir à la recherche des toilettes, j'ai besoin de m'éloigner quelques secondes. Je repasse devant la photo sur laquelle je me suis arrêtée tout à l'heure et je sens que l'émotion me submerge. Cet homme en arrière plan n'est autre que mon père, il était plutôt jeune sur cette photo et ce qui me frappe c'est ce sourire qu'il affiche, il a l'air heureux et je dois bien avouer que je donnerais tout ce que je possède pour revoir encore une fois ce sourire sur son visage actuel. Il faut que je me reprenne avant que quelqu'un ne s'aperçoive de mon état, ici personne ne sait qui je suis réellement et ça doit rester comme ça. C'est pour cette raison que je ne dois pas céder à mes désirs et que je dois rester loin de celui qui me rend dingue mais qui m'attire aussi inexorablement.
Finalement, je reprend mon chemin jusqu'au toilette et c'est avec soulagement que je verrouille la porte derrière moi. Enfin un peu seule, alors que je m'asperge le visage d'eau fraîche, un message fait vibrer mon téléphone dans ma poche. Je m'en empare et souris quand je vois qui m'écrit :
Hey cousine, tu rentre vers quelle heure ?*
Je souris en lui renvoyant :
Tu ne dors plus ? Franchement, vous avez rien d'autre de plus intéressant à faire ? Bloquée pour la journée au circuit.*
Alors que je me sèche les mains et que je me prépare à ressortir des toilettes, un nouveau message arrive cette fois c'est Greg :
Beauté, ils ne peuvent déjà plus se passer de toi ? Comme je les comprend ;)
Son message me remet du baume au cœur et c'est avec la banane que je repars en direction de la salle de réunion, j'envoie un dernier message aux gars :
Portes ouvertes toute la journée au circuit;)
Je range mon portable dans la poche arrière de mon pantalon quand j'arrive devant la porte alors que je me prépare à entrer dans une salle pleine de testostérones, je suis surprise car c'est le silence qui m'accueille. Perplexe je cherche partout, ils sont en train de me faire une blague ? Je ne suis pourtant pas resté longtemps ? Où alors je me suis trompée de salle ? Non aucune chance, l'odeur du café encore présent m'informe que je suis bien au bon endroit. Mais alors que je m'apprête à sortir, une main saisie mon bras et me tire vers le coin le plus sombre de la pièce. Un courant électrique me traverse tout le corps et d'instinct, je sais qui se trouve avec moi dans cette pièce. Ma conscience me crie de déguerpir le plus vite possible mais mes jambes ne veulent pas obéir. Il est devant moi, habillé en jean noir et T shirt noir qui lui moule le torse à la perfection. Il dégage une telle sensualité et une telle assurance que j'aurais bien envie de rester enfermée dans cette pièce quelques heures avec lui. Je sais ce qu'on ferais, j'ai des images très nettes qui se forme dans mon esprit, j'imagine ses lèvres parcourir mon corps alors que je serais allongée sur la table de réunion.
Stop Capucine ! Je dois me concentrer sur autre chose, il faut que j'arrête de le regarder mais je suis comme hypnotisé, lui aussi d'ailleurs, il ne bouge pas et nos yeux ne se quittent plus. Le temps est comme figé lui aussi, seul nos respirations se font échos. Ses yeux sont d'une telle intensité que lorsqu'il me regarde comme ça j'ai l'impression d'être belle et désirable.
Il se rapproche, ou peut être est-ce moi ? Je me sens à nouveau toute petite devant lui, une impression de déjà vue m'envahit et je repense à ce qui aurait pu arriver la nuit dernière. J'en avais envie et à cet instant j'avoue que j'en ai encore plus envie, ce que me fait ressentir cet homme est indescriptible. Je me met sur la pointe des pieds alors que son visage se rapproche doucement son souffle chaud vient chatouiller ma peau, son regard passe de mes yeux à mes lèvres et j'en fait de même et sans vraiment réfléchir aux conséquences, je franchis la distance qui nous sépare et vient effleurer ses lèvres. Surpris, il marque un temps d'arrêt mais au moment où il entreprend de répondre à mon assaut son portable se met à sonner.
Je me recule, frustrée d'être encore interrompu mais soulagée aussi de pouvoir reprendre mes esprits, quand à Connor, je l'entend pousser un profond soupir d'exaspération quand il découvre qui l'appel. Il se plaque à la porte m'empêchant par la même occasion de lui échapper puis il répond :
- Oui Gina qu'est ce qui t'arrive ?
...
Il me fixe toujours, ce qui me déstabilise mais comme je ne peux pas m'enfuir je décide de le provoquer en le fixant moi aussi dans les yeux. Je suis déterminée et têtue moi aussi.
- Non Gina, tu sais très bien que nous deux c'est pas possible, ça ne fonctionne pas !
Il souffle, je ne sais ce qu'elle lui dit mais je sens qu'il se tend de plus en plus. Je décide alors de lui laisser un peu d'intimité et vais me place dos à lui devant la grande baie vitrée. Je fixe l'horizon au loin et je laisse mon esprit prendre le large. Toutefois, j'ai quand même une oreille attentive et j'épie la conversation qui se déroule dans mon dos :
- Non tu sais très bien que je ne suis pas un mec qui tombe amoureux, le sexe oui mais les sentiments jamais ok ?
En disant cela, son regard s'arrime au mien dans le reflet de la vitre et je devise aisément qu'il s'adresse aussi belle à elle qu'à moi. Nos regards ne se quittent plus et alors que le silence nous entoure le cri de Gina me ramène sur Terre :
- Mais moi je t'aime Connor !
- Gina entre toi et moi ça ne marchera jamais
Pourquoi est ce que j'ai l'impression que cette phrase m'est aussi destiné ? Je ne comprend pas pourquoi je sens poindre une pique au fond de mon cœur ? Je me retourne enfin alors qu'il raccroche et afin de sauver les apparences je lui souffle avant de m'éloigner :
- C'est pas une bonne idée nous deux !
Je m'avance d'un pas rapide vers la porte et au moment où je pose la main dessus, il me provoque à nouveau :
- Une semaine sans ton batteur, tu vas tenir le coup ?
Non mais quel con je vous jure, il m'agace à toujours vouloir me provoquer et j'avoue qu'encore une fois il réussit à me faire sortir de mes gongs. Énervée je me retourne pour lui faire face et prise d'une envie folle de l'agacer à mon tour je lui répond :
- T'inquiètes pas pour moi, je sais m'occuper de moi toute seule ! Comme dis le dicton on est jamais mieux servis que par soi même !
Sans lui laisser le temps de répondre, je prend la sortie en faisant bien claquer la porte derrière moi. Grrrr il m'agace ! ! !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro