Chapitre 7.

Se saouler avec une bouteille de scotch n'était définitivement pas une bonne idée. Après seulement trois shooters j'étais pompette. Au sixième, j'ai atteins ma limite. Le septième, c'était le fameux verre de trop.

Ma tête faisait des 360° et Elijah était soudainement beaucoup plus attirant. Je voulais dire, il avait toujours été beau, mais il semblait que je ne le remarquais vraiment que maintenant. N'importe qui devenait sublime, de toute façon, avec un peu d'alcool.

Alors que j'étais complètement ivre, Elijah tenait plutôt très bien le scotch et il semblait à peine en ressentir les effets.

-Ah, il n'en reste plus..., fis-je en regardant tristement la bouteille de scotch vide qui traînait sur le sol. Je vais aller chercher... hic! ... autre chose dans le mini-bar.

Je me levai pour aller chercher de quoi assouvir ma soif et manquai de tomber au premier pas. Ma tête tournoyait dans tous les sens. Je sentis un bras autour de ma taille qui me ramena en arrière.

-Eh, doucement, je pense que tu as assez bu pour aujourd'hui, toi.

Je me retournai brusquement et fis face à Elijah.

-Merde, arrête d'être aussi beau, tu m'aveugles, putain, grognais-je en plissant les yeux comme s'il dégageait trop de lumière.

Un sourire amusé étira ses lèvres. Ses belles lèvres charnues et pleines. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'imaginer ce que ça ferait que de l'embrasser.

-Tu ne supportes vraiment pas l'alcool, hein?

-J'vois pas de quoi tu parles!

-Pour me trouver beau et me le dire, tu ne dois pas être tout là, là-dedans, dit-il en cognant gentiment mon crâne comme si un écho allait lui répondre.

Je le regardai sans comprendre ce qu'il disait. Tout ce que je voyais, c'était ses lèvres qui bougeaient. Elles m'attiraient autant qu'une flamme pour un papillon. Je n'entendais même plus ce que Elijah me disait ou essayait de me dire plutôt.

Je cessai de résister et j'avançai mon visage pour l'embrasser. Je fermai les yeux. Mes lèvres rencontrèrent bien de la peau, mais ce n'était pas aussi doux que je l'avais imaginé. Je battis des paupières et je me rendis compte qu'il avait mis sa main sur ma bouche pour m'empêcher de lui donner un baiser.

-Tu es complètement saoul, je te pardonne pour ce soir, mais veille à ce que ça ne se reproduise pas, dit-il froidement, je n'embrasse pas.

Mon cerveau engourdi par les effets de l'alcool ne chercha même pas à comprendre pourquoi, il était juste frustré, énervé de ne pas avoir pu atteindre son dessein.

-Qu'est-ce qui passe? Fit Elijah. Normalement, tu m'aurais insulté, non?

Je fronçai les sourcils et croisai les bras sur mon torse, faisant la moue.

-Enculé.

-Tu devrais aller prendre une douche histoire de désaouler et de t'éviter une gueule de bois pénible demain. Ça m'agacerait de ne pas pouvoir profiter de ton corps parce que tu aurais mal à la tête.

-Je paris que la robinetterie est en or, grommelai-je tout en me dirigeant vers la salle de bain en zigzaguant.

J'entendis Elijah rire derrière moi, mais je ne me retournai pas. Rendu dans les WC de Mr. Le riche, je mis la main sur le robinet de la douche et je jurai dans ma barbe.

-Fichtre, il est en argent!

***

Je suis sorti de la salle de bain, une serviette autour des hanches, complètement à jeûne. Elijah me relooka, mais je n'en avais rien à faire. Je me dressai devant lui et plantai mon regard dans le sien, durement.

-Écoute-moi bien, toi! J'étais complètement saoul, alors on oubli tout ce qui a pu se passer : c'était la dernière fois que j'essayais de t'embrasser ou même de me rapprocher de toi de mon plein gré! Déclarai-je avec le plus grand des sérieux, le pointant d'un indexe sévère.

À ma grande surprise, Elijah rit.

-Tu m'as donné un an de ta vie pour que je puisse abuser de ton joli corps, Dylan, et crois-moi, tu vas finir par aimer ça et même en redemander!

-Je n'ai rien donné, j'ai vendu, corrigeai-je.

C'était peut-être une nuance, mais elle était vachement importante pour moi. Ça voulait tout dire. Un idiot aurait accepté de joué la pute durant un an tout en espérant obtenir un peu d'amour en retour, tandis qu'un intelligent vendait un an de sa vie. Ça faisait toute la différence.

-Au fait, poursuivis-je, dans ton contrat, il n'y avait pas quelque chose au sujet de m'habiller?

-Fouille dans l'armoire, là, tu peux me prendre du linge, je pense que ça va te faire, comme nous sommes à peu près de la même taille.

Génial, j'avais toujours rêver de porter du Armani à 1000 dollars le complet! Pourquoi est-ce que les gens comme Elijah Blackwood ne pouvaient-ils pas se contenter d'un T-shirt en coton du Walmart? La qualité me direz-vous, mais dans ce cas-là, il y avait beaucoup d'autres options comme le Simons, par exemple. Côté qualité/prix, c'était pas mal. Mais non! Les gens comme Elijah Blackwood étaient forcés de porter des vêtements valant tous plus chers les uns que les autres!

Je dénichai une chemise rayé bleu et un pantalon qui semblait taillé sur mesure – en réalité, je soupçonnais toute sa garde-robe de l'être – et les enfilai direct, sans me soucier du regard du brun sur mes fesses. Visiblement, ça m'allait plutôt bien parce que Elijah me siffla.

-Je sais ce à quoi tu penses, mais je t'assure que l'argent investi dans ces vêtements en vaut la peine si c'est pour obtenir la vision que j'ai sous les yeux.

-Tu gaspilles l'argent quand même, rétorquais-je.

Je savais que je ne devais pas ajouter « l'argent de tes parents » à ma phrase sous peine de mettre en colère mon acheteur, mais ce n'était pas l'envie qui manquait. Je savais que c'était la vérité. Elijah n'avait jamais fait le moindre effort pour hériter de tout cet argent et il n'aurait jamais à lever le petit doigt. Et si la seule chose que lui demandaient ses parents en retour était un petit mariage, ce n'était pas bien – on ne pouvait pas forcer quelqu'un à épouser une personne qu'il n'avait pas choisi au vingtième siècle! –, mais ce n'était pas grand-chose.

-Arrête de parler comme si je ne savais pas gérer l'argent, tu n'as aucune idée de ce dont tu parles.

Je sentais l'énervement monter dans sa voix. Cependant, le point de non-retour n'avait pas encore été atteint.

-Tu laisses ton père te battre, mais tu serais capable de gérer de l'argent? Laisse-moi rire!

Je me tus aussitôt en me rendant compte de ce que je venais de dire, bouche grande ouverte. Elijah me fixa durant quelques secondes, une expression indescriptible sur le visage. Il était dans le trouble et l'incompréhension. Il battit plusieurs fois des cils.

-Quoi?

-Oubli ça, je n'ai rien dis.

Mais il était trop tard pour faire marche arrière, L'idée fit son chemin jusqu'à son cerveau et je le vis bouillir de rage.

-Ces choses-là ne te regardent pas! Tu n'aurais jamais dû voir quoique ce soit!

Sa voix était dure, froide. Moi, je me mordis la lèvre inférieure, sachant que je m'avançais sur un terrain dangereux.

-Je... désolé, je suis tombé sur vous par hasard toute à l'heure.

-Tu aurais dû rester dans la chambre comme je te l'avais ordonné.

-Pourquoi est-ce que tu le laisses te faire ça? Demandais-je. Tu peux te défendre, tu n'es pas faible! Rien qu'à voir comment tu m'as soulevé hier soir.

C'était la question qui me taraudait l'esprit depuis que j'avais surpris la scène.

-Ne parle pas d'une chose que tu ne connais pas. Si tu veux vraiment tout savoir, dit-il avec un rictus haineux, je me laisse faire parce que si ce n'était pas moi, ce serait ma mère et je préfère nettement que toute cette merde tombe sur moi. Toi et tes questions impertinentes, êtes-vous satisfait maintenant?

La rage faisait vibrer ses lèvres. Il donna un violent coup de poing dans le matelas.

-J'ai besoin de prendre l'air, conclut-il en sortant de la chambre. Fais attention à toi parce que tu t'arranges vraiment pour que je te vire!

Je restai une nouvelle fois tout seul dans la chambre, mais ce coup-ci, j'avais appris la leçon : je n'allais pas sortir. À la place, je me suis allongé dans le lit king size et j'en ai profité pour fermer les yeux.