Chapitre 36
Chapitre 36.
-Tu as mal? Lui demandai-je.
-Non, me répondit-il en secouant la tête.
Mais c'était inutile, je voyais bien que si, il avait mal. Même si c'était juste un peu, un élancement subsistait au creux de ses reins et une brûlure entre ses fesses. Il avait mal et ça me faisait chier. Je grimaçai, puis me levai en jetant un regard au réveil-matin : 10h, nous avions fait la grasse-matinée.
J'allai dans la salle de bain pour vider ma vessie et prendre un tube de crème dans l'armoire à pharmacie. Je revins dans la chambre et appliquai une noisette de gel au fond de ma paume, pressant le tube. J'appliquai ensuite le produit relaxant sur le bas du dos d'Elijah, lui prodiguant un massage par la même occasion. Il se laissa faire, grognant légèrement quand je touchais un muscle sensible.
Après ça, nous nous rendormîmes encore une heure ou deux, avant d'être réveillés par le bruit de nos estomacs qui réclamaient un brunch du dimanche.
***
Nous venions de finir de manger (œufs, bacon, jambon et tomate). Malgré la nuit magique que nous avions partagé hier, la routine n'avait pas tardé à se réinstaller. Mis à part que nous nous étions balader à poil dans la maison (ce que nous n'aurions jamais pensé faire avant) et que nous avions fait quelques allusions sexuelles douteuses avec la nourriture, rien n'avait changé. Elijah était à nouveau enfermé dans sa chambre, travaillant d'arrache-pied sur sa proposition pour le lendemain. Comme il avait l'intention de refuser l'offre d'association de Cromwell, il devait s'arranger pour être convaincant. Il ne m'avait toujours pas parler de son joker, mais je pensai qu'il en avait glissé un mot à Rob hier et ça me rendait un peu jaloux même si je tentais de ne rien laisser paraître.
Je terminai de nettoyer la vaisselle trop imposante pour être glisser dans le lave-vaisselle comme les poêles et je m'enfermai dans ma chambre. Je n'avais rien à faire et les aiguilles sur l'horloge n'avaient jamais été aussi lentes. Sur ma table de chevet, un petit bout de papier qui avait été froissé et plié à de multiple reprises me faisait de l'œil : le numéro de téléphone de Simon. Il me l'avait donné à cette soirée au club de vendredi soir en me disant de l'appeler si je voulais qu'il me donne quelques recettes. En ce moment, je n'avais rien de mieux à mettre sur mon planning...! Alors, je composai timidement la série de chiffres sur le clavier de mon téléphone. Après seulement deux sonneries, ça décrocha.
-Allô?
-Hey, c'est Dylan, tu te souviens de moi?
-Dylan! Oui, bien sûr que je me souviens!
Il paraissait visiblement heureux de mon appel. Je calai mon portable contre mon épaule et me laissai tomber dans mon lit.
-Je me demandais s'il n'y aurait pas moyen de se fixer un rendez-vous, car j'aimerais bien mettre la main sur les fabuleuses recettes que tu m'as promis! Ahaha!
-Si tu veux, tu peux me rejoindre au club toute suite. J'y suis justement en train de préparer des amuses-gueules pour ce soir.
-Ok, ça me dit. J'avertis Elijah et je viens.
-Je t'attends!
Je raccrochai et me dépêchai de m'habiller avec plus de convenance qu'un simple boxer. Ensuite, j'entrouvris la porte de la chambre d'Elijah et je glissai ma tête à l'intérieur :
-Je pars faire quelques courses. Je serai de retour dans quelques heures, le prévins-je.
Plongé dans sa paperasse et ses pensées, il se contenta de vaguement hocher la tête en signe d'assentiment.
Dehors, je décidai de prendre le métro, car je n'avais pas les couilles qui fallait pour décider de prendre la voiture tant chérie par Elijah.
***
Simon m'accueillit à bras ouverts. Littéralement; il me fit un câlin qui manqua de m'étouffer dès que je mis un pied à l'intérieur du club, désert en pleine journée. Ensuite, il me conduisit dans la grande cuisine de la place sûrement capable de rivaliser avec celles des grands restaurants. C'était gigantesque, tout en stainless steel et brillant. Remarquant mon enthousiasme, Simon se tourna vers moi, un petit carnet entre les mains :
-J'allais te donner ma recette secrète de lasagne à la bolognaise, mais à voir tes yeux qui brillent... : ça te dirait de la cuisiner maintenant? Je ne sais pas pour toi, mais moi, j'ai toujours appris mieux avec un support visuel.
Je n'avais rien de mieux à faire et j'aimais bien cuisinier quand je le pouvais et que j'avais des ingrédients de luxes à disposition. C'était encore mieux, même!
-J'adorerais ça! M'exclamai-je.
Visiblement content, Simon posa son petit carnet sur le comptoir et l'ouvrit à une page bien précise tâchée, par endroit, par des tâches d'huile et jaunie par le temps.
-Mettons-nous au travail, alors! Fit-il en retroussant ses manches.
***
Un doux fumet de fromage grillé flottait dans la pièce. La lasagne qui venait de sortir du four, bouillante, était délicieuse en bouche. Même dans mon assiette, elle continuait d'émettre de la fumée. Attablés, Simon et moi mangions notre plat fraîchement cuisiné. Entre deux bouchés, il m'interpella :
-Tu es plutôt doué en cuisine.
-Ouais, mais un homme vivant seul en appartement sans nécessairement beaucoup de revenus n'a pas réellement choix de savoir cuisiner. J'étais un bleu au départ, mais j'ai finis par apprendre non sans casser des œufs!
-Dis, ça te dirait de travailler?
-J'adorerais ça, mais il n'y a personne d'assez fou pour m'engager!
-Oh, eh bien, je dois être un sacré malade mental, alors! Écoute, il me faut un aide-cuisiner pour les grosses soirées au club, car c'est beaucoup trop de travail pour un seul homme, alors si ça te dit, je t'engage!
-Tu es sérieux?
Je ne croyais pas en ma chance. Travailler avec quelqu'un que j'appréciais dans un environnement qui me plaisait, je ne pouvais pas rêver mieux!
-Totalement. Alors, tu embarques?
Je voulus lui répondre toute suite, mais j'eus une pensée pour Elijah. J'étais un adulte, je pouvais prendre mes propres décisions tout seul, mais pourtant, j'avais la sensation que je devrais lui en parler avant d'accepter sur un coup de tête.
-J'aimerais vraiment beaucoup, crois-moi, mais je dois en parler à Elijah avant, si tu permets?
-Oui, bien sûr, c'est une décision de couple.
Le mot « couple » fit tilt à mon oreille, mais j'encaissai. Elijah et moi, un couple? Étions-nous un couple? Même après notre nuit de hier, nous n'avions rien mis au point. Quelle était la nature de notre relation? Après notre mariage, je supposai que, d'un point de vu légal, nous étions effectivement un couple, mais qu'en était-il de nos sentiments personnels?
***
J'avais quitté Simon environ une heure après notre discussion sur le job qu'il voulait me donner. Maintenant, j'étais dans le salon de notre condominium, attendant le moment propice pour parler à Elijah. Il ne pourrait pas continuer de travailler ainsi toute la soirée, tout de même! Aussi fort soit-il, cet homme devait bien avoir des limites!
Finalement, je l'attrapai quand il sortit de sa chambre pour aller prendre sa douche. Juste avant qu'il s'enferme dans la salle de bain, je lui mis une main dessus et je le tirai sur le divan, m'assoyant à califourchon sur lui pour l'empêcher de s'enfuir. Il soupira, surpris par mon initiative.
-Dylan..., fit-il, las, presque exaspéré, qu'est-ce qu'il y a?
-Je suis allé voir Simon, aujourd'hui.
Elijah se raidit, je pouvais presque sentir sa jalousie maladivement possessive parcourir chacun de ses muscles.
-Ne t'inquiète pas, il ne s'est rien passé! Le rassurai-je en riant un peu de sa réaction qui était, pour moi, excessive. Nous n'avons fait que cuisiner et j'ai même ramener un Tuperwear avec des restants de lasagne! Tout ça pour dire qu'il m'a proposé un travail au club en tant que aide-cuisinier : j'ai très envie d'accepter.
Il fronça les sourcils.
-Il n'est pas question!
Sa voix claqua comme un fouet. Ce fut à mon tour de me raidir, outré.
-Quoi?
Elijah parut réaliser que sa réaction avait été un peu exagérément vive.
-Je veux dire : pourquoi ne m'en as-tu pas parlé avant?
-Je le fais, là, me défendis-je en croisant les bras sur mon torse.
-Si tu m'en avais parlé, je t'aurais offert de travailler avec moi à la compagnie! Tu pourrais être mon secrétaire ou encore réceptionniste. Pourquoi aller voir Simon avant moi?
Je compris qu'il était toujours un peu jaloux.
-Elijah, dis-je pour l'attendrir, j'adorerais travailler avec toi, mais je ne peux pas. Me trouver un job, reprendre ma vie en main... ce sont des choses que j'ai besoin de faire par moi-même. Toi qui voulais posséder ta propre réussite sans ne plus jamais être dépendant de ton père, tu ne crois pas que j'ai le droit à la même chose? Je veux pouvoir me dire que mes réussites sont miennes grâce à mon travail et non grâce à mon mariage avec toi.
Elijah parut se relaxer. Je savais qu'il me comprenait. Il vivait la même chose, le même dilemme, après tout.
-Ok..., finit-il par murmurer, c'est d'accord, alors, mais si jamais tu as besoin d'un truc, n'hésite pas.
-Bien sûr! Merci!
Je déposai un chaste baiser sur ses lèvres avant de le libérer pour qu'il puisse aller sous la douche.
J'avais un grand sourire idiot plaqué sur les lèvres, mais toujours obscurcit par la question qui me taraudait l'esprit : moi et Elijah, qu'étions-nous?
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