Chapitre 2 : Jour 1
PDV Benjamin
La voix du Maître du Jeu résonna dans tout le village à 8h pile :
- Le village se réveille.
J'ouvris les yeux, j'y voyais tout flou. J'enfilais donc mes grosses lunettes rondes et jetai un coup d'œil par ma fenêtre. Il y avait déjà un grand soleil qui brillait haut dans le ciel, quelques participants étaient déjà dehors.
Je m'extripais donc de mon lit et m'habillai à la va-vite. Avant de sortir, je m'attachai mes longs cheveux châtains en queue de cheval.
Je sortis de chez moi et suivis les quelques personnes qui se dirigeaient vers un grand bâtiment à l'écart. Ça devait être la cantine. Le petit-déjeuner était obligatoire le premier jour...
J'entrai donc dans le bâtiment à la suite des autres. J'espérais intérieurement pouvoir croiser Éliot et même pouvoir manger avec lui...
Je rempli mon plateau avec un bol de céréales et du pain beurré. Je regardai autour de moi. La cantine était déjà presque entièrement remplie. Il ne restait plus de place.
- Putain de merde, y a plus de place. Désolé les filles, on va devoir se séparer.
Je me retournai par réflexe. C'était le blond qui s'était présenté comme maire. Il était accompagné par sa clique de fangirls insupportables.
Les filles se plaignirent mais le blond n'en eut cure. Il leur fit un signe de la main et me dépassa pour aller s'installer à la table à laquelle j'allais justement m'installer.
Il restait une place en face de lui. Je vis les quatre filles se disputer pour savoir qui irait à cette fameuse place.
Je levai les yeux au ciel et allai m'y asseoir pour leur éviter de s'entre-tuer avant l'heure.
Le beau blond parut surpris par ma présence. Il plissa ses yeux en m'observant de haut en bas. Je sentais qu'il me jugeait. Bizarrement, quand il parla, ce fut pour me dire :
- Merci mec ! Je n'arrivais pas à me débarrasser d'elles... Heureusement que tu es venus t'asseoir là !
Aucune pointe de jugement ne faisait vibrer sa voix. Il semblait sincèrement ravi que je me sois assis là. Il me tendit sa main par-dessus la table avec un grand sourire :
- Je m'appelle Hugo et toi ?
D'un geste mécanique, je mis ma main dans la sienne et la lui serrait en lui répondant, un peu abasourdi :
- Euh... Benjamin.
Il me fixait intensément de ses yeux bleu, comme si il était en pleine réflexion et que ça me concernait.
Je me mis à manger tout en essayant d'ignorer la sensation de malaise qui s'emparait, petit à petit, de moi.
- Tu es un pauvre non ?
Je hochai la tête tout en mâchant lentement mon pain beurré. Hugo continua :
- Mais, ici, le statut social n'existe plus.
Ce n'était pas une question mais bien une affirmation. Où voulait-il en venir exactement ? Je haussai les épaules pour toute réponse.
Hugo tendit à nouveau sa main par-dessus la table avec le même grand sourire que tout à l'heure. Cette fois-ci, il dit :
- Créons une alliance. Toi et moi contre le reste du monde.
J'ouvris la bouche mais aucun son n'en sortit. Il se fichait de moi ?
Sa main était toujours tendue vers moi, attendant sagement d'être serrée.
- Euh... Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée...
Le sourire de Hugo ne disparut pas et sa main resta tendue vers moi.
- Et pourquoi pas ?
J'avalai difficilement ma nourriture avant de lui répondre :
- Et bien, si nous ne sommes pas du même camp, il y aura bien un moment où l'un de nous deux devra tuer l'autre... Et, comme je suis pauvre, je serais sûrement celui qui mourra...
Il eut un petit rire avant de répondre simplement :
- Ne t'inquiète pas. Je suis pratiquement sûr que nous sommes dans le même camp.
Ses yeux brillaient maintenant d'une lueur très sérieuse et sa main était toujours tendue vers moi.
C'était comme si il ne me laissait pas le choix...
Je fermai les yeux en soupirant et mis à nouveau ma main dans la sienne. Il la serra très fort, comme pour créer un lien invisible et incassable entre nous. Je sentis mes doigts craquer.
Je n'aurais jamais dû m'asseoir à cette place pour prendre mon petit-déjeuner...
PDV Camille
J'étais assise en face de Adriana, à une table de quatre à la cantine. Elle m'avait attendue devant chez moi ce matin, j'avais trouvé ça très sympa de sa part. Mais elle ne m'avait dit aucun mot depuis.
Elle n'était pas très bavarde, Adriana. Ça ne me dérangeait pas, au contraire.
En tout cas, j'étais contente d'avoir trouvé une alliée riche. Elle pourra me protéger en cas de danger. Enfin, j'espérais qu'elle le pourrait...
Là, j'observais attentivement deux garçons qui se serraient la main. Je reconnue le pauvre qui vomissait en sortant du camion hier et le riche qui s'était présenté aux élections du maire. Ils étaient sûrement en train de créer une alliance, eux-aussi. Sauf qu'ils ne faisaient pas ça très discrètement...
Soudain, mon regard vert croisa celui, bleu, du riche dont je ne me rappelais même plus du prénom. Et, bizarrement, il me fit un clin d'œil. Je fronçai les sourcils et, par réflexe, je lui fis un salut de la main. Je vis qu'il eut un petit rire. Alors, le pauvre se retourna pour voir ce qui faisait rire son camarade et je détournai le regard. Que venait-il de se passer exactement ?
Adriana n'avait rien remarqué de la scène, trop absorbé par le contenu de son plateau.
PDV David
Le petit-déjeuner terminé, Eliot et moi avions décidé de nous promener dans le village.
- Tu crois que les cadavres de l'édition précédente sont toujours enterrés dans la forêt ou qu'ils les ont tous enlevés pour qu'on ait de la place pour enterrer les corps de cette édition ?
Je secouai la tête. Eliot partait vraiment défaitiste sur notre mission...
- Il n'y aura pas de cadavre cette année... Du moins, pas autant que les autres éditions.
Eliot soupira.
- Si tu le dis...
Nous avions décidé d'un commun accord qu'on commencerait notre plan dès demain. Donc, tout se déroulera normalement lors de cette première nuit et lors du premier Conseil. En espérant que personne ne nous tue d'ici là...
Je pris les mains de Eliot.
- Ne t'inquiète pas. Tout se passera bien.
Il plongea son regard profond dans le mien.
- Je l'espère...
Puis, il déposa un léger baiser sur mes lèvres. Je souris face à son geste.
Ensuite, il se leva. Je remarquai que ses jambes étaient légèrement tremblantes.
- Je... Je vais... Chez moi.
Je voyais bien qu'il allait mal. Je ne pouvais pas le laisser partir comme ça. Je me levai donc à sa suite.
- Je viens avec toi.
Il ouvrit la bouche, comme si il voulait m'empêcher de venir, mais aucun son n'en sortit. Il hocha simplement la tête en prenant le chemin de chez lui. Je le suivis.
PDV Eliot
C'était fou comment la présence de David pouvait soigner mon mal être. Chez moi, il avait remarqué que tous mes membres s'étaient mis à trembler. Il m'avait simplement prit dans ses bras en silence et je m'étais abandonné à son étreinte. Je pouvais dire que je n'avais plus peur de rien car il était à mes côtés, mais c'était faux. J'avais, plus que tout, peur de le perdre. De le perdre de la même façon que j'avais perdu ma sœur, tuée presque de mes propres mains...
Ensuite, il m'avait lâché et m'avait fait un signe de tête pour que le suive dans la salle de bain. Je l'ai donc suivis :
- Ici, il n'y a logiquement pas de caméras.
Je hochai la tête. David continua :
- Ici, nous pouvons parler librement de notre plan.
- Pas bête. Et du coup, pour notre plan, tu comptes entrer comment en contact avec ton père ?
Il haussa les épaules.
- J'avais pensé à demander à la Petite Fille de lui délivrer un message à la fin de la deuxième nuit...
Il laissa sa phrase en suspens. Je haussai un sourcil.
- Et tu comptes faire comment pour savoir qui est la Petite Fille ?
Il grimaça.
- Je n'y ai pas encore totalement réfléchi...
Je me doutais bien de cette réponse. D'ailleurs, rien n'était vraiment réfléchi dans notre plan... Tout était un peu aléatoire. C'était aussi pour ça que j'avais peur.
- Et tu comptes réunir tout le monde dans la salle de bain demain ?
Oui, nous avions prévu une réunion demain avec le plus de gens possible. Pour leur parler du "cas Josef" et pour créer une alliance. Mais, pour cela, il fallait un endroit sans caméra...
David haussa les épaules.
- On verra bien au moment venu.
Je serrai les dents. Je n'aimais pas du tout cette réponse. Elle ne m'inspirait pas confiance du tout... J'essayais de contenir les tremblements qui revenaient peu à peu dans mon corps. Cette fois-ci, David ne sembla pas les remarquer. Tant mieux.
PDV Adriana
J'avais passé toute la journée chez moi. J'avais réussis à éloigner Camille après le petit-déjeuner et m'étais enfermé dans ma maison. J'avais passé toute la journée à prier, à m'excuser des actions que j'allais commettre et à pleurer. J'appréhendais vraiment cette nuit et les autres nuits à venir...
Là, à mon grand malheur, le soir tombait. Ça allait bientôt être l'heure...
Un nouveau sanglot éclata dans ma gorge. Je ne voulais pas faire ça, je ne voulais pas devenir un monstre, je voulais juste rentrer chez moi et continuer ma vie banale.
Je joignis mes mains en regardant vers le plafond. Ma vue était brouillée par les larmes.
Depuis que j'étais ici, je ne sentais plus la présence de Dieu. J'en étais de plus en plus sûre, à présent, Il m'avait abandonné à mon sort.
Je serrai les dents. Ma gorge me brûlait, mes yeux aussi. Je devais être ignoble à voir...
Je me levai, les dents toujours serrées. J'allai dans la salle de bain pour m'attacher mes cheveux roux et indisciplinés. Ensuite, je me rinçai le visage pour effacer les traces rouge de mes larmes sur mes joues. Pour finir, je pris une grande bouffée d'air pour calmer mon cœur meurtris.
Soudain, la voix du Maître du Jeu résonna dans les haut-parleurs :
- Rentrez tous chez vous, le village doit se préparer à dormir.
Mon cœur bondit dans ma poitrine. C'était le moment, j'allais plonger en plein cauchemar...
Peu de temps après, la voix résonna à nouveau :
- Le village s'endort.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro