Le repas se passa sans soucis. On aurait même dit que la scène avec ma mère dans ma chambre n'avait jamais eu lieu. Elle semblait heureuse et elle riait aux blagues stupides que faisait Léonard, mon beau-père. 

Mais, je remarquai quand même que quelque chose n'allait pas car, à chaque fois que ma mère croisait mon regard, elle détournait les yeux. 

Le repas se déroula sans encombre et, bientôt, je fus de retour dans ma chambre, en compagnie d'Eliot. Le vieux journal poussiéreux nous attendait sur mon lit. 

- Tu veux lire la suite maintenant ? demanda Eliot d'une voix rassurante. 

Je soupirai. A quoi bon attendre plus longtemps ? 

- Oui.

Je m'assis sur mon lit et m'emparai du livre. Eliot vint me rejoindre. 

***

8h10

Bonjour, Journal !

Aujourd'hui, le Maître du Jeu nous a tous réveillé à 8h pile avec sa voix robotique. Ah, oui Journal, j'ai oublié de te préciser : le Maître du Jeu est un robot. Pourquoi ? Sûrement parce que aucun humain ne serait capable de tuer autant de personne en restant sain d'esprit...

Bref, il nous a réveillé à 8h et on est obligé d'aller prendre un petit déjeuner dans la cantine. Cette obligation ne tient que le premier jour, après, on fait comme on veut !

Du coup, là, ben je vais aller prendre un petit déjeuner, même si je déteste manger le matin...

9h40

Bon... Il s'est passé des trucs pendant ce petit dej, Journal...

Premièrement, j'étais tranquillement en train de siroter mon jus d'orange tout seul dans mon coin, quand soudain, une fille pas très belle avec un nez qui prenait toute la place sur sa figure, s'est approché de moi. Elle s'est assise en face de moi sans mon autorisation et s'est mise à me faire la causette. Je l'ai observé et j'ai remarqué que son gros pull en laine était troué à quelques endroits. J'en ai donc déduis qu'elle était pauvre... Mais je n'ai rien écouté de ce qu'elle me disait, c'était trop insignifiant pour moi. Au bout d'un moment, elle est partit en me faisant un sourire et un signe de la main. Bon débarras, Journal ! Je n'ai pas envie qu'un fardeau comme elle me traine dans les pattes ! J'ai même oublié son prénom ! Donc je vais l'appeler Groné !

Deuxièmement, qui est bien plus intéressant que le premièrement, après le départ de Groné, j'ai terminé mon verre de jus d'orange et je suis aller débarrasser mon plateau. Manque de chance, en me retournant pour partir, j'ai bousculé JP et ses muscles en béton. Il s'est mit à grogner comme un chien enragé. Je pense même qu'il allait me frapper Journal ! Mais là, un ange tout droit tombé du ciel est venu me sauver ! Attends, je vais t'écrire notre discussion. Moi je serais en écriture normale, JP en gras et l'ange en italique :

- Oups, excuse moi...

- Grrrr 

- Gloups...

- Grrrr (en levant son poing)

- JP, qu'est-ce que tu fabriques ?

- Je vais me faire ce sale pauvre !!

- Hihihi (=ricanements), voyons JP, laisse le tranquille... On pourra le tuer cette nuit !

- Mmmmm (=marmonnements inaudibles) Ouais t'as raison Lise ! (puis il m'a pointé du doigt) J'en ai pas fini avec toi, sale pauvre, fais ta prière !

Puis ils sont partis. Tu te rends compte, Journal !? Elle m'a protégé !! La plus belle fille du monde m'a protégé !! Et en plus, je connais son prénom maintenant, elle s'appelle Lise !

Bon, ok, tu dois sûrement te dire que je suis fou et désespéré mais elle ne pourra plus me tuer une fois que je me serais mis en couple avec elle car, sinon, elle mourra aussi ! Je suis un géni !

21h30

Le Maître du Jeu nous a dit de rentrer chez nous et de nous préparer à dormir. Je suis dans les premiers à passer, après, normalement, je pourrais dormir tranquillement, à part si Lise a envie de mourir...

Bref, à part les deux évènements de ce matin, il ne s'est rien passé de spécial aujourd'hui, c'est pour ça que je n'ai pas écris jusqu'à maintenant... Mais, ce soir, les choses sérieuses vont commencer, Journal...

Ah, ça y est, le village doit s'endormir...

Le Voleur se fait appeler. Il doit choisir entre trois cartes le personnages qu'il incarnera.

Ah, c'est mon heure ! Le Maître du Jeu vient d'appeler le Cupidon ! Je reviens vite, Journal !

22h

Ça y est Journal, ma mission est terminée, je ne suis plus qu'un simple villageois sans pouvoir.

Je peux te dire que quand Lise a vue qu'elle serait en couple avec moi, elle ne semblait pas ravi du tout. Et oui, j'ai bouleversé ses plans, elle qui avait prévue de me tuer dès la première nuit !

Bref, je vais te retranscrire notre discussion (elle en italique, moi normale) :

- Oh, non, c'est pas vrai, putain de Cupidon de merde ! Pourquoi tu m'as mis avec un pauvre ?!

- Être pauvre ne me défini pas, je suis bien plus que ça, tu verras.

- Je ne verrais rien du tout, bouffon ! Je ne veux rien avoir à faire avec toi !

- Tu auras au moins une chose à faire avec moi, soit gagné, soit mourir.

- (là elle a soupiré) C'est pas faux... Je vais devoir te protéger si je ne veux pas mourir, moi aussi... Mais ne compte pas sur moi pour faire ami-ami avec toi, ne m'adresse surtout pas la parole et laisse moi gérer !

- Pas de soucis. Moi, je veux juste survivre.

En vrai, je lui ai dis pas de soucis mais si il pouvait y avoir un supplément à tout ça, je ne dirais pas non... Tu vois ce que je veux dire, Journal ?

Bref, après ça, le Maître du Jeu nous a dit de retourner nous coucher. Avant de rentrer dans ma maison pour venir écrire ça, je me suis retourné et ai regardé Lise disparaître par l'embrasure de sa porte. Elle est vraiment très belle, Journal...

Bon, du coup, je vais aller dormir un peu. J'espère être toujours vivant demain mais bon, je ne me fais pas trop de soucis pour l'instant !

Bonne nuit, Journal !

***

Je fermai le journal d'un geste lent. Je sentais le regard de Eliot me pénétrer la peau. 

- Tu ne veux pas lire la suite ?

Je secouai la tête. 

- Pas maintenant... J'aimerais me vider la tête avant de me coucher... Ça te dis une petite partie ?

Je lui tendis une manette sans qu'il eut le temps de me répondre. 

- Tu sais très bien que je suis nul aux jeux vidéos !

- Je sais, ce n'est pas grave.

Eliot prit donc la manette que je lui tendais et on commença à jouer.