Chapitre 11 : LES ANNÉES APRÈS LA VICTOIRE
1ère année après la victoire
J'ai 16 ans, c'est l'été, la 8ème édition viens de se terminer et les villageois (principalement composé de pauvres comme d'habitude) se sont fait décimer en un rien de temps.
Sinon, rien a changé. Mon père me prend toujours pour son esclave personnel et le frappe à la moindre occasion...
En fait, je mens Journal, quelque chose a changé. Je n'ai plus aucun ami. Pourquoi ? Je suis sans doute trop riche pour eux...
Oui, Journal, j'ai reçu le gros chèque de la victoire, je suis maintenant riche. Je devrais peut-être aller m'installer chez les riches, mais je n'ai nul part où aller là-bas... Peut-être que Lise accepterait de m'accueillir, mais j'en doute...
Bref, Journal, rien d'autre de nouveau à l'horizon.
2ème année après la victoire
J'ai maintenant 17 ans et la 9ème édition a fait les mêmes dégâts que la 8ème.
Ça va faire un an que je n'ai plus parlé à personne. Mon père continu de me battre. Heureusement, l'année prochaine je me tire de chez moi ! Pour aller où ? Ça, c'est une bonne question...
Des fois, je rêve de Leslie la nuit. Je me repasse les discussions qu'on avait sur des sujets inintéressants. Ce temps là me manque, Journal... Leslie me manque... Des fois, je me dis même que j'aurais dû lui laisser une chance au lieu de me faire avoir dans les filets de Lise... Mais bon... Ce qui est fait est fait, Journal...
3ème année après la victoire
Ça y est, j'ai 18 ans. Mon père s'est empressé de me chasser de chez lui comme il l'avait dit. Je me retrouve à la rue sans nul part où aller. Heureusement que j'ai gardé au chaud l'argent que j'ai reçu lors de ma victoire !
Mais je ne peux pas acheter de maison chez les pauvres parce que, je cite, ils ne veulent rien vendre à un riche. Je ne fais plus parti des pauvres à leurs yeux.
Bref, Journal, je ne me morfonds pas ! Puisque les pauvres ne m'acceptent plus car je suis trop riche, je vais traverser la frontière et être un véritable riche !
4ème année après la victoire
Je ne me suis pas fais accepté en tant que riche. Je n'ai pu acheter qu'une voiture avec le gros chèque que j'avais gagné. Tout est beaucoup plus cher ici...
J'ai donc commencé à vivre dans ma voiture, Journal. J'ai cherché des petits bouleaux par-ci par-là mais personne ne voulait de moi, personne ne voulait d'un "faux riche".
En plus, chez les riches, je suis connu comme celui qui avait piégé la belle Lise pour la mettre dans mon lit... On m'accuse aussi d'avoir utilisé Lise pour me hisser jusqu'à la victoire. C'est un peu vrai, Journal, je ne peux pas le nier... Mais, du coup, j'ai une très mauvaise réputation ici, tout le monde me déteste...
5ème année après la victoire
J'ai 20 ans et j'ai décidé que je ne pouvais plus vivre comme ça. J'avais besoin d'un toit autre que celui de la voiture, besoin d'argent... J'avais besoin d'aide.
J'ai décidé d'aller rendre une petite visite à Lise, elle aurait peut-être pitié de moi en voyant mon état... Je te passe les détails de comment j'ai réussi à trouver où elle habite, ce n'est pas très intéressant.
Bref, je me suis retrouvé devant la porte de sa grande et belle maison et j'ai toqué. Lise est venue m'ouvrir. Elle avait la même beauté que celle de mes souvenirs. Elle a semblé surprise de me voir. Voici notre discussion :
- Jo... Josef ? Que... Qu'est-ce que tu fais là ? (J'étais tellement désespéré que j'ai failli fondre en larme devant elle.)
- Je... Je peux entrer ? (J'ai pu apercevoir une lueur de dégoût dans ses beaux yeux bleus mais elle dû avoir pitié de moi car elle s'est écarté de l'encadrement de la porte pour me laisser passer.)
- Très bien, entre. (Je ne me suis pas fait prier. Elle m'a mené vers la salle à manger et m'a fait asseoir sur une chaise.) Tu veux boire quelque chose ?
- Je... Je veux bien un verre d'eau s'il te plaît. (Elle m'a servit, j'ai tout bu d'une traite.)
- Tu vas me dire ce que tu fais ici maintenant ? (J'ai hésité mais j'ai dis la vérité. À quoi bon mentir ?)
- Je... Je n'en peux plus.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? (Elle semblait sincèrement inquiète.)
- Les pauvres et mon père ne veulent plus de moi. Je suis trop riche pour vivre avec eux mais, je suis trop pauvre pour vivre chez les riches. Ça fait un an que je vis dans ma voiture, je suis fatigué. Je n'ai plus ma place nul part. J'aurais du mourir à Thiercelieux... (J'ai failli éclater en sanglot mais je me suis retenu, Lise semblait choquée.)
- Alors, c'est comme ça qu'ils félicitent un vainqueur chez les pauvres ? Chez nous, on a fait la fête pendant une semaine et j'étais devenue la fille la plus populaire toutes riches confondues ! Enfin bref, je vais te préparer quelque chose à manger, t'as l'air mort de faim. (Elle s'est levé et a commencé à s'affairer aux fourneaux.)
- Maman, c'est qui ce monsieur ? (Un petit garçon âgé d'à peu près 5 ans venait d'apparaître dans la salle à manger. Il était haut comme trois pommes, avait les mêmes yeux que Lise, bleus clair, des cheveux assez foncés et un très beau sourire. Il serrait dans ses bras une peluche lapin. Lise a eu l'air bizarrement horrifiée.)
- Chéri, retourne dans ta chambre. Je dois discuter avec le monsieur. (Le gamin avait obéit et Lise avait posé une assiette remplie de pâtes devant moi.)
- C'est ton fils ? (Lise s'est crispé et a soupiré.)
- Je suppose qu'il fallait bien que tu le saches un jour ou l'autre... (J'avais un mauvais présentiment, j'ai donc pris une bouchée de pâtes pour cacher mon malaise et ai demandé :)
- De quoi tu parles ?
- C'est notre fils. (Là, Journal, je me suis littéralement étouffé avec les pâtes.)
- Je... Tu es sûre ? (C'était vraiment la panique dans ma tête.) JP pourrait être son père aussi, non ?
- C'est ce que je pensais au début... Puis, il est né. Et là, j'ai su.
- Comment tu as pu le savoir ?!
- Enfin ! Tu l'as bien regardé ? Il te ressemble comme deux gouttes d'eaux !
- Il... Il a tes yeux... (Je ne voulais pas admettre ce qui était pour moi impossible.)
- Oui, mais il a le même sourire que toi et les mêmes cheveux soyeux et les mêmes mimiques. Je te reconnais en lui, malheureusement. (Cette dernière phrase avait eu l'effet d'un coup de poing. J'avais oublié à quel point Lise me détestait...) Bref, il s'appelle David. Tu pourras faire connaissance avec lui, si tu veux... (Cela voulait-il dire que je pouvais rester chez elle ? Enfin une lueur d'espoir, Journal !)
- Je... Je peux rester ? (Lise a, à nouveau, soupiré.)
- Je suppose que oui...
Je me suis donc installé chez Lise, Journal !
Malheureusement, je n'ai pas pu m'adapter. Lise me prenait pour son esclave personnel et David m'ignorait quand j'essayais d'établir un contact avec lui...
J'ai regardé la télé il n'y a pas longtemps, pour me changer les idées, Journal. Il veulent remplacé le Maître du Jeu robot par un véritable être humain. Il font actuellement des recrutements. Mais quelle idée ?! Qui va vouloir s'inscrire à une telle chose ?! Qui voudrait tuer des enfants pour le plaisir ?! Ça doit gagner beaucoup, certes, mais quand même !
6ème année après la victoire
Je me suis fait trahir, Journal. Lise s'est débarrassé de moi. Elle m'a vendue aux autorités de l'État suprême. Ils m'ont enfermés dans une prison sombre. Je suis tout seul et je ne sais pas pourquoi je suis là.
Chaque jour, quelqu'un vient me faire une piqûre. Je ne sais pas ce qu'elle contient mais j'ai de plus en plus l'impression de ne plus être moi-même...
7ème année après la victoire
Ça fait deux ans que je suis enfermé ici. Je ne ressens plus rien, ne comprends plus rien, me souviens de presque rien. Je ne sais même pas pourquoi j'écris dans ce stupide journal.
Il me reste juste quelques brides de souvenirs : j'ai survécu à la mort, je ne sais ni comment, ni pourquoi, ni où... J'ai un fils aussi, mais je ne sais plus comment il s'appelle et je ne sais pas comment il a pu arriver là... Tout ce que je sais, c'est qu'il me ressemble et que je n'ai pas pu être un père pour lui.
Un monsieur est venu me faire la piqûre habituelle. Il m'a parlé, voici notre discussion :
- Alors, comment tu t'appelles ? (J'ai réfléchis mais je n'ai pas trouvé.)
- Je... Je ne m'en souviens pas... (Le regard de l'homme s'est illuminé.)
- Tu es enfin prêt !
- Si vous le dites.
- Tu vas devenir le parfait Maître du Jeu pour les éditions suivantes ! Je vais tout de suite prévenir mon supérieur !
Je vais être libéré ? Mais je ne ressens rien face à cette annonce...
D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi j'écris dans ce journal, je l'ai déjà dis ?
Je pense que je vais arrêter tout de suite, ça ne sert strictement à rien.
***
Je levai les yeux, des larmes brouillaient ma vue. C'était bon, j'avais les réponses que j'avais toujours désiré et même plus.
Josef était mon père et ma mère l'avait vendue comme une vulgaire marchandise pour que l'État le transforme en une machine à tuer sans sentiments et sans souvenirs. Ce n'était plus qu'un robot sans émotion depuis dix ans.
Mais, pourtant, durant la 24ème édition (NDA : 52ème mais j'avais pas fais les calculs donc je m'étais trompé), celle où j'étais présent, il m'a semblé différent des autres éditions, plus humain. Peut-être que ma présence avait réveillée en lui des souvenirs qu'il pensait enfouis à jamais ?
Je fixai Eliot, une lueur de détermination dans le regard mais le garçon me coupa dans mon élan :
- Avant que tu ne dises quoi que ce soit, saches qu'il y a une dernière page à lire.
Je baissai mes yeux que le journal. En effet, il avait raison. Je soupirai :
- Lisons la au plus vite ! Il faut que j'aille parler à ma mère.
Eliot hocha le tête et on se concentra sur notre lecture.
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