Chapitre 8 : jour 3
Marina
Après avoir réussis a endormir mon frère, je sortis de chez lui. Une fois dehors, je prends une grande inspiration. Mes yeux se posèrent tout de suite sur le cadavre de Guillaume. Il était toujours au même endroit, sur la bûche. La tête, elle, avait étrangement disparu. Je fronçai les sourcils. Qui était assez psychopathe pour récupérer la tête d'un mort ? La réponse vint tout de suite a mon esprit : le Maître du Jeu.
Je frissonai tout en m'avançant vers le corps. Guillaume était peut-être un gros connard mais il méritait quand même qu'on l'enterre. Et puis, si on ne le faisait pas, l'odeur du cadavre allait empester dans tout le village... Je serrai les dents en empoignant le corps. Je le soulevai en le tenant par les aisselles. Il était vachement lourd !
- Tu veux de l'aide peut-être ?
Je lâchai le corps et me retournai vers Léana et toute son équipe qui l'accompagnait. La plupart faisait partit des loups Garou.
- Oui... Je veux bien...
Léana me fit un sourire et prit les choses en main comme elle savait si bien le faire. Elle se tourna vers ses amis :
- Vincent, Frédéric, Mélissa et Henri vous portez le corps. Matis, Marina et moi allons creuser le trou. Je vais aller chercher des pelles.
Elle partit me laissant seule face a une flopée de riche. Je croisai alors le regard vert de Matis. Il me fit un sourire rassurant. Je détournai le regard. La dernière fois que je lui avais parlé, il m'avait envoyé boulé... Je n'avais toujours pas compris pourquoi d'ailleurs...
Léana revint vite avec trois pelles qu'elle nous donna. Elle se tourna vers ceux qui avaient la corvée de porter le corps :
- Portez le dans la forêt a côté des autres tombes, on s'occupera du reste.
Ils firent ce que Léana avait demandé. Je la fixai. Elle avait vraiment l'allure d'un chef.
Matis
Je creusai frénétiquement la terre en compagnie de Léana et de la pauvre. De la transpiration dégoulinait sur mon front. Je n'en pouvais plus. Mes cheveux blond, mouillés de transpiration, tombaient dans mes yeux ce qui me brouillait la vue.
Enfin, le trou fut fini. Il était temps d'enterrer Guillaume ou du moins, ce qu'il en restait...
Léana se tourna vers nous :
- Allez-y, je m'occupe de reboucher le trou.
Marina allait répliquer mais je posais ma main sur son épaule tout en lui disant :
- C'était son meilleur ami... Laissons la lui dire au revoir.
Marina me lança un regard noir et se retira de mon emprise. Je pensais que le comportement que j'avais eu hier avec elle ne lui avait pas trop plu.
Nous repartimes vers le village dans un silence de plomb, laissant Léana seule. Je levai les yeux au ciel et demandai :
- Tu me fais la tête a cause de hier ?
Elle plongea son regard noisette dans le mien.
- Je ne te fais absolument pas la tête. Je ne vois juste pas l'intérêt de te parler, tu es un riche, je suis une pauvre.
Je ricanai et baissai d'un ton :
- Tu es aussi un loups-garous, comme moi.
Je la vis frissoner.
- Je regrette d'avoir fait ce choix, contrairement a vous, les riches, qui prenez du plaisir a tuer.
Mon sourire s'effaça. Elle avait raison. J'aimais beaucoup voir des pauvres mourir sous ma main... Cela faisait-il de moi un monstre ?
Nous arrivâmes au village. Je vis David se diriger vers nous. Marina ne semblait pas vouloir rentrer chez elle. Cela me rassurait. Si elle acceptait de rester en ma compagnie c'est que je n'était pas si monstrueux que ça, non ?
Léana
Je regardai le cadavre sans tête de Guillaume, au fond du trou. Une boule se forma dans ma gorge. J'avais voté contre lui. Je l'avais trahis, pour ma propre sécurité. J'avais été égoïste...
Je serrai les dents, retenant mes larmes de couler. J'avais grandis avec lui, on avait tout vécu ensemble... Il allait laisser un grand vide dans ma vie, même sa débilité allait me manquer. Et la dernière image qu'il a eu de moi c'était celle d'une traîtresse...
Je m'emparai de la pelle, détournant mon regard du corps. Je rebouchai le trou, laissant enfin mes larmes couler. A quoi bon les retenir ? Personne ne me voyait a cet instant.
Guillaume avait raison. J'avais sa mort sur la conscience. C'était de ma faute s'il était dans se trou a cet instant !
Quand le trou fut entièrement rebouché, je m'assis a même le sol, le dos appuyé contre un arbre. Je voulais rester seule. Je ne voulais voir personne.
Une peur panique me prit a la gorge. Aucun d'entre nous n'était a l'abrit. Les riches mourraient autant que les pauvres. Si on gagnait depuis des années, c'était juste qu'on avait eu de la chance. Mais la chance pouvait très bien tourner. Les pauvres pouvaient très bien gagner.
Je pris une grande inspiration. Il fallait que je me calme. Ça ne servait a rien de rester seule a ne rien faire. Il fallait que je me change les idées...
Je me levais donc et pris le chemin du retour jusqu'au village.
Eliot
Je me réveillai avec un mal de tête atroce. C'était toujours comme ça quand je faisais des crises de panique. J'allais dans la salle de bain et ouvrit le placard a médicament. Il y avait de tout là-dedans. Je pris un aspirine et refermai la porte.
J'avalais le cachet et décidai de prendre une bonne douche chaude. Je me déshabillai et allait rentrer dans la douche quand quelqu'un toqua a ma porte.
Ça devait être ma sœur... J'attachai une serviette autour de ma taille et allais ouvrir.
A ma grande surprise, ce n'était pas du tout ma sœur qui se trouvait derrière la porte mais David. Je fronçai les sourcils. Lui, fit les gros yeux et s'exclama :
- Wahou ! Quel accueil !
J'ignorais cette remarque un peu honteux de la tenue dans laquelle je me trouvais.
- Qu'est ce que tu veux ?
- Laisse moi entrer, je dois te parler.
Il me poussa et s'introduisit dans ma maison sans me demander mon avis. Je refermai la porte.
- Tu me dérange un peu là, j'allais prendre ma douche...
- Ça j'avais remarqué...
Il désigna ma serviette. Je ne pu me retenir de rougir.
- Bref... Pourquoi tes là ? Tu me veux quoi ?
- Je vais te parler de stratégie.
Je fronçai les sourcils. Il avait titillé ma curiosité.
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- Le Cupidon nous a mis ensemble, toi et moi. Il faut qu'on survive ensemble. Il nous faut une stratégie.
Je hochai la tête. Jusque là, son raisonnement était juste. J'attendis la suite.
- Et ?
- Je te dis contre qui voter et toi tu m'obéit, c'est clair ?
Je ricanai.
- Tes sérieux la ? Et pourquoi ce serait pas le contraire ?
Il leva les yeux au ciel.
- Ai confiance en moi.
Il me lança un regard qui voulait tout dire. Il n'était pas un Loup-garou. Nous étions deux villageois en couple... Nous n'avions aucune chance de gagner...
- Et ne les utilise pas avant la fin.
Je savais de quoi il parlait. Je compris que David était la Petite Fille. Qu'il avait tout vu. Qu'il savait qui était qui. Il détenait peut-être notre victoire...
Je hochai la tête en soupirant.
- C'est d'accord.
Il me tendit sa main. Je la serrai.
- Sache que je te déteste toujours autant sale pauvre.
- De même sale enfant pourri gâté.
Il sortit de chez moi et je retournai dans la salle de bain pour prendre ma douche, un sourire aux lèvres.
David
Je sortis de la maison du pauvre. Voilà une bonne chose de faite. J'espérais seulement que faire deviner son rôle n'était pas pareil que dire quel était notre rôle haut et fort...
Normalement, tout allait bien se passer. Je regardai le ciel. J'avais l'étrange impression que le soleil se couchait de plus en plus vite...
Je baissai les yeux et vis Matis marcher en compagnie de la sœur de Eliot. Je me dirigeai vers eux.
- Eh ! Salut Dave ! Tu vas bien ?
Je fis un sourire a mon meilleur ami et hochai la tête. Non, je n'allais pas bien, mais je ne voulais pas l'inquiéter. Je jouais un jeu dangereux. J'avais décidé d'être du côté des pauvres. En fait, c'était le seul choix sensé a faire... Mais, si je le disais a Matis, il serait briser. Alors, je faisais semblant que tout aller bien.
- Je peux marcher avec vous ?
- Bien sur ! Pourquoi tu demande ? Je suis ton meilleur ami je te rappelle !
Je lui souris. Je demandai, pour faire la conversation :
- Vous trouvez pas que le soleil se couche de plus en plus vite vous ?
Marina prit pour la première fois la parole :
- Si. C'est ce que je me disais aussi.
- C'est vrai que le temps est passé bien vite depuis l'exécution de Guillaume...
Je soupirai. Il faisait déjà presque nuit.
D'ailleurs, la voix du Maître du Jeu raisonna dans les hauts parleurs :
- Rentrez tous chez vous, le village doit se préparer à dormir.
Je jetai un regard horrifié a mon meilleur ami.
- Déjà ?! s'exclama-t-il.
Marina soupira. Elle nous fit un signe de la main et rentra chez elle sans rien dire.
Je fixai Matis en silence. Il se tourna vers moi en soupirant.
- Bon... A demain.
- Peut-être...
Je le vis frissonner avant de se détourner et de rentrer chez lui. Je rentrai chez moi a mon tour. Cette nuit, j'ai décidé de ne pas sortir. J'avais affreusement besoin de sommeil.
Je me brossai les dents, me mis en pyjama et me faufilai sous ma couette. Je fermai les yeux et m'endormais sur le champ. J'entendis a peine la voix du Maître du Jeu :
- Le village s'endort.
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