Chapitre 11 : jour 4
PDV David
Un haut le cœur me pris, l'odeur était abominable. Pourtant, je ne pouvais empêcher mes yeux de rester fixés sur le feu. Les cris de Zoé résonnaient encore dans ma tête. Des cris d'effroi et de souffrance extrême. Nouveau haut le cœur. Je n'avais pas mangé ce matin alors je ne savais pas ce qui allait ressortir...
Soudain, une grande main rassurante se posa sur mon épaule. Matis me fixait de ses yeux verts bienveillants.
- Aller, allons-nous en d'ici.
Machinalement je suivis mon meilleur ami jusqu'à sa maison. Il avait toujours sa main sur mon épaule et me guida jusqu'à une chaise du salon.
- Ça va Dave ? T'es tout pâle...
- Ne t'inquiètes pas, c'est juste cette odeur de chaire brûlée qui me retourne l'estomac...
Il hocha la tête sans rien dire. Je faisais mine que la mort de Zoé ne m'affectait pas mais c'était faux. Certes, je ne pourrais pas Zoé dans mon cœur, mais je la connaissais bien. Elle était dans ma classe et c'était mon binôme lors des TP de sciences...
- Dave ? Je peux te poser une question ?
Je fronçai les sourcils. Mon cœur se mit a battre plus vite. Ça n'annonçait rien de bon cette question... Il n'attendit pas que je lui réponde et se lança :
- Tu... tu as dormi où cette nuit ?
Je faillis éclater de rire. C'était quoi cette question ?
- Ben... Chez moi, où veux-tu que je dorme ?
Il secoua la tête.
- Tu peux tout me dire tu sais ? Je suis ton meilleur ami, je ne te jugerais jamais. Même si... c'est un pauvre quoi...
Je ne comprenais rien à ce qu'il me racontait. Je plissais les yeux, essayant de comprendre où il voulait en venir. Voyant mon incompréhension, mon meilleur ami poussa un profond soupire :
- Je t'ai vu ce matin sortir de la maison du frère de Marina... par la fenêtre.
J'écquarquillai les yeux et avalai ma salive de travers. Je me mis a tousser. Matis me tapota dans le dos, attendant que je me calme. Je repris peu a peu contenance et lançais un regard noir au blond.
- Tu me prends pour qui au juste ?
Il leva ses mains en signe d'excuses. Je secouai la tête. Bon, la prochaine fois, il faut que je me fasse plus discret...
Maintenant, Matis me regardait bizarrement. Il avait sûrement une autre question derrière la tête. Mais, avant qu'il ne puisse la poser, quelqu'un toqua a la porte, à mon plus grand soulagement.
PDV Matis
J'allais demander a mon meilleur ami qu'est-ce qu'il pouvait bien faire chez Eliot quand quelqu'un toqua à ma porte. Je serrai les poings avant de me lever pour aller ouvrir la porte. Je venais de perdre une occasion en or d'obtenir des informations, connaissant mon meilleur ami, il ne reviendrait jamais sur le sujet.
J'ouvris la porte sans grande conviction. Derrière m'attendait Léana, les bras croisés. Quand elle me vit, elle me sauta au cou et me donna un baiser pationné. Elle ne le brisa que lorsqu'elle n'eut plus de souffle. Mais elle resta quand même pendue a mon cou.
- Bon, je m'en vais moi.
J'avais presque oublié la présence de David...
- Non, attend ! Léana, pars s'il te plaît. dis-je sans même regarder la jeune fille.
Elle ouvrit de grands yeux étonnés. Elle semblait blessé.
- Non, vraiment, je préfère vous laisser... murmure mon meilleur ami.
Malgré mes protestations, il sortit de chez moi en refermant la porte, qui était resté ouverte, derrière lui.
Léana profita de cette intimité pour se débarrasser de son T-shirt. Elle se retrouva les seins a l'air devant moi, ce qui n'était pas pour me déplaire habituellement. Mais là, je n'en avais aucune envie.
- Pas maintenant, Léana.
- Hein ?! Mais pourquoi ?! Et quand alors ?
Je haussai les épaules en soupirant. Au début, je trouvais ça cool de sortir avec Léana. Elle était intelligente, belle, courageuse, battante, bref tout ce qui me plaisait. Mais ça faisait à peine quatre jours et, maintenant, j'en avais marre d'elle. Elle était bien trop collante pour moi...
Mais il fallait que je la garde dans mon camp pour survivre. Il ne fallait donc pas que je la blesse.
- C'est juste que...
Je ne savais que dire. En attendant ma réponse, Léana avait remit son T-shirt et s'était mis à l'aise sur mon canapé.
- Laisse tomber, c'est pas grave.
Je restais planté, les bras ballants pendant que Léana ferma les yeux, bien installé allongée sur mon canapé. Elle s'attendait sûrement à ce que je la rejoigne mais je n'en fis rien.
- Bon, je te laisse dormir, je vais aller prendre l'air...
Et sans attendre de réponse, je me précipitai hors de ma maison.
PDV Léana
Je n'y croyais pas. Matis s'était vraiment barrer en me laissant seule dans sa propre maison ! Certes, il n'avait pas eu envie de moi aujourd'hui, mais ce n'était pas une raison pour m'abandonner comme une vieille chaussette.
Je me levais du canapé, le cœur rempli de haine. Je me retins de tout détruire chez lui. Je devais rester calme et civilisée, il n'avait encore rien fait de grave... Il ne m'avait pas encore trahit...
Je pris une grande bouffée d'air et décidai de quitter la maison. Ça ne servait à rien de rester ici si Matis n'était pas là.
Je sortis donc dehors. À l'extérieur, une odeur étrange de barbecue flottait dans l'air me donnant faim. Puis, le souvenir de Zoé hurlant dans son bûcher me revint en mémoire. Je grimaçais.
Je me dirigeais vers ma maison pour manger un bout. Je n'avais pas envie d'aller a la cantine pour croiser des gens indésirables...
Mais, mon regard croisa quelque chose de vraiment indésirable. Matis discutait tranquillement avec Marina, la seule loup-garou pauvre. Et ils avaient l'air de bien rigoler...
Je serrai les dents en passant près d'eux et entrai chez moi en grognant. Si elle croyait pouvoir me le voler, elle se trompait pleinement !
Mais j'avais un moyen de pression sur elle. Un sourire diabolique vint se figer sur mes lèvres. Son frère. C'était un villageois, j'avais donc le pouvoir de le tuer la nuit ! Et comme j'étais riche, les autres m'obéiraient, même si Marina les suppliait de ne rien faire !
J'avais promis à Eliot de ne rien lui faire mais, seulement lors de la première nuit. Maintenant, ma promesse ne tenait plus !
PDV Marina
- T'es vraiment un abrutis.
Matis se mit à rire d'un rire mélodieux. Un rire de ce genre faisait du bien à entendre ces temps ci... Je secouai la tête avec un petit sourire.
- Yes ! Je t'ai fais sourire !
Il tourna autour de moi comme un enfant heureux. Je secouai la tête en levant les yeux au ciel.
- Bon, tu permet, je vais aller manger un bout !
Il s'en va en me faisant un signe de la main. Je le regardais s'éloigner, comme hypnotisée. Au début, je l'avais envoyé bouler, comme d'habitude, mais il avait résisté et était resté avec moi. On avait fini par discuter et, je devais bien l'avouer, j'avais bien aimé...
Je secouai la tête. Je devais arrêter de rêver, j'étais pauvre, il était riche. En plus, il sortait avec Léana...
D'ailleurs, celle-ci sortit de sa maison et marcha droit vers moi d'un pas assuré. Ça sentait pas bon...
- Euh... Salut Léana, ça va ?
Elle m'empoigna férocement par le poignet et m'entraîna derrière chez moi, là où personne ne pouvait nous voir, a part les caméras, évidemment.
Une boule de peur se forma dans ma gorge lorsque la belle jeune fille se tourna vers moi, ses yeux noirs brûlants de rage.
- Que... Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu oses me demander ça ?!
Elle grinça des dents. Mon cœur s'accéléra. Est-ce que j'allais mourir ici ? Je regardais autour de moi, cherchant une issue pour fuir. La seule issue était bloquée par Léana malheureusement... Mais, si j'étais assez rapide, je pourrais réussir ?
- Ça t'amuse de me voler mon copain ?!
J'écquarquillai les yeux. Mince, elle nous avait vue discuter...
- Je n'ai rien fais, on a juste parler !
Soudain, elle m'agrippa par le cou et me poussa contre un mur. Elle était trop forte, je ne pouvais même pas me défendre. Elle n'avait plus qu'à serrer pour me tuer. J'étais à sa merci. Mais, à mon grand étonnement, elle me lâcha en crachant au sol.
- Je te jure que si je te revoie lui parler, je ne m'en prendrai pas à toi...
Je fronçai les sourcils, assez perdue mais rassurée. Mais, malheureusement, elle continua sa phrase qui, à mon plus grand malheur, n'était pas fini :
- Je m'en prendrai a ton frère ! Si tu oses reparler encore une fois à Matis, ton frère sera le premier de ma longue liste à mourir ! Est-ce que ça en vaut vraiment la peine tu penses ?
Je la regardais, horrifiée. Un sourire méchant étirait ses lèvres. À cet instant, elle ne valait pas mieux que le Maître du Jeu. Elle me bloquait toujours le passage vers la sortie. Je compris alors qu'elle attendait une réponse de ma part. Je serrai les dents pour retenir mes larmes et hochai la tête :
- C'est... C'est d'accord.
Elle plissa les yeux, méfiante.
- À partir de maintenant, je te tiens à l'oeil. T'as pas intérêt a faire de conneries, je te préviens !
Après avoir dit ces mots, Léana se détourna et s'en alla, me laissant seule. Je pris une grande bouffée d'air, m'essuyais mes larmes du revers de ma manche et m'en allai à mon tour.
Maintenant, je n'avais qu'une envie : retrouver mon frère et passer du temps avec lui. Si ne plus parler à Matis était le seul prix à payer pour garder mon frère en vie, c'était évident que je le ferais !
PDV Eliot
Les cris de Zoé hantaient encore mon esprit. Mais il y avait un avantage à être mort par le feu : on n'avait pas à enterrer les corps après.
Je grimaçais. C'était vraiment moi qui venais de penser ça ? J'étais donc en train de me transformer en monstre moi aussi ?!
Je me levai de mon canapé et allai me regarder dans le miroir de la salle de bain. Mon visage était toujours le même. Toujours les mêmes cheveux bruns en bataille, quoi que peut-être plus longs. Toujours les mêmes yeux noirs profonds... Mon teint était peut-être un peu plus blafard que d'habitude et mes cernes un peu plus profondes, mais c'était tout ce qui avait changé...
Alors pourquoi j'avais des pensées aussi horribles ?! Il n'y avait absolument aucun avantage à mourir !
Quelqu'un toqua à ma porte d'entrée, coupant mes pensées obscures. Je poussai un soupire et sortis de ma salle de bain avec soulagement.
J'allais ouvrir. Ma sœur attendait. Je la fis entrer d'un signe de la main, puis refermais la porte derrière moi. L'odeur de brûlé qui trainait dans le village me donnait des haut-le-cœur.
Ma sœur s'assit sur le canapé du salon sans dire un mot. Je remarquais alors que ses yeux étaient rougeâtres, elle avait pleuré. Je ne lui demandais pas pourquoi. Je connaissais ma sœur, si elle voulait en parler, elle le ferait d'elle-même.
Je pris place à côté d'elle dans le canapé. Elle me regarda de la tête aux pieds.
- Tu as maigris...
Je haussai les sourcils. Comme pour confirmer ses mots, mon ventre se mit a gargouiller. Je soupirai et haussai les épaules pour toute réponse.
- Tu as mangé ce midi ? Et ce matin ? Je ne t'ai pas vu a la cantine...
- Écoute Marina, je n'ai pas trop la tête a manger ces temps ci...
Elle se leva et se précipita vers la cuisine. Je secouai la tête en levant les yeux au ciel et la rejoignis. Elle avait sortit une boîte de cookies d'un des placards. Elle m'en mit un sous le nez :
- Manges en au moins un !
Je m'emparai du gâteau et le fini en deux bouchées :
- Voilà, contente ?
- Demain matin, je viens te chercher pour qu'on prenne le petit déjeuner ensemble !
Une boule se forma dans ma gorge. Elle avait oublié que cette nuit, l'un de nous deux risquait de mourir...
Malgré mon mal être, je souris et hochai la tête :
- C'est d'accord.
Elle me prit dans ses bras et me serra étrangement fort. Je lui rendis son étreinte un peu perplexe. Pourquoi ce câlin semblait-il si désespéré ?
Elle me lâcha et retourna sur le canapé :
- Et si on regardait les dessins animés !?
Je souris. Je m'installais à côté de ma sœur et on commença a regarder des dessins animés plus débiles les uns que les autres. Et dire que tous les enfants riches regardaient ce genre de stupidité !
Malheureusement, le temps passait beaucoup plus vite dans le village de Thiercellieux. Il commença a faire nuit très vite. Et, très vite aussi, la voix du Maître du Jeu raisonna dans le village :
- Rentrez tous chez vous, le village doit se préparer à dormir.
J'éteignis la télé et Marina me serra à nouveau dans ses bras avant de s'en aller.
Je soupirai et décidai d'aller me coucher tout habillé. Je n'avais qu'une envie : dormir.
- Le village s'endort.
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