Chapitre 37 : Milena
Grâce à la lueur de la lune j'arrive à apercevoir sa silhouette. Je me détends et il s'écarte pour s'assoir à côté de moi.
Connard !
Dès que mes bras sont libérés, j'enfonce mon poing dans la joue de Zac.
- Salopard de merde ! hurlé-je.
Il rit en s'allongeant sur mon lit.
- T'es mignonne quand tu flippes, tu sais ?
- Va te faire foutre !
Je serre les poings en essayant de me calmer, mais j'ai eu tellement peur à cause de ce connard !
- Bon, dit-il en se redressant, nous devons parler d'une chose très importante...
- Ferme ta gueule je ne veux pas te parler.
Il se met à rire bizarrement.
- Tu sais... je ne suis pas comme mon frère, donc si tu te mets à m'insulter, je te promets que je vais te foutre mon poing dans ta sale gueule de gamine !
Je recule en serrant les poings.
- C'est pas comme ça qu'on parle à une fille !
Il rit et se penche vers moi.
- Le monde ne tourne pas autour de toi, gamine.
Je le repousse et tourne la tête.
- Tu voulais me parler de quoi ?
- Tu as des questions au sujet des rebelles ?
Je lève les yeux au ciel.
- Et c'est juste pour cela que tu viens me faire chier ?
- Oui.
Il m'énerve putain !
Je souffle en baissant la tête.
- Mon père faisait vraiment parti de votre groupe ?
- Oui.
- Pourquoi ?
Il s'allonge sur mon lit en tendant les bras vers le plafond.
- Ton père... je ne lui ai pas beaucoup parlé, car quand je suis arrivé, trois jours plus tard il est mort, mais la plus part du temps, quand tu es un rebelle, c'est parce que tu ne veux plus être sous la dictature de ce connard de Chef.
- Dictature ?
- Oui. Bon, le Chef nous laisse assez de liberté, mais si tu fais un pas de travers, ça ira mal pour toi et ta famille. De plus, c'est horrible de faire jouer à des enfants de ton âge un jeu aussi terrible, tu ne trouves pas ?
- Si...
Il rit.
- Tu vois ? tu penses comme un rebelle.
- Pas du tout !... ce n'est pas parce que je trouve ça horrible que je suis une rebelle... d'ailleurs, on m'a dit que vous êtes des violeurs et...
Il explose de rire.
- Vraiment ? qui a dit ça ?
- Le Maître du Jeu...
- Cette pute ? laisse-moi rire !
Je me racle la gorge en serrant les poings.
- Calme ton langage, jeune homme.
Il se tourne vers moi, en pouffant.
- Tu es vexé que j'aie insulté ta mère ? excuse-moi mais c'est la vérité, cette salope s'est tapé tous ses collègues de travail.
- Pourquoi vous vous intéressé tant à moi ? dis-je pour changer de sujet, je n'ai rien de particulier...
- Le peuple t'aime.
- Et alors ?
- Comment t'expliquer cela facilement... le peuple croit que le Chef est bon grâce à cette mini liberté qu'il nous laisse, quand c'est quelqu'un que personne ne connait qui parle pour dénoncer le Chef, personne ne l'écoute, alors que si toi, Milena, la fille de Robert Steven, et la star aimé dans toute l'île, tout le monde va t'écouter et te croire, surtout si tu as de bon argument.
Je souffle.
- Vous ne pouvez pas prendre quelqu'un d'autre ? vos problèmes de Chef et de peuple ne m'intéresse pas vraiment...
- Tu ne veux pas venger ton père et tous les enfants morts ici, au Loup-Garou ?
Je secoue la tête.
- Mon père... je peux le venger sans votre aide, et tous les enfants morts ici, ce n'est pas à moi de les venger, mais à leur famille.
- Mais c'est en nous joignant que tu leur permettras de les venger.
Je tourne la tête vers lui et fronce les sourcils.
- Et toi ? pourquoi es-tu un rebelle ?
Il se redresse vivement en me regardant.
- Pourquoi tu me demande ça ?
- Parce que, j'aimerai savoir pourquoi toi tu es un rebelle.
Il baisse la tête.
- Grâce à une fille.
- Une fille ?
- Oui, je suis tombé amoureux d'une fille qui était une rebelle et... et j'ai voulu l'impressionner en devenant moi aussi un rebelle. Mais ce n'était pas réciproque... elle aimait une autre fille, pour te dire à quel point je n'avais aucune chance... et elle est morte quelques temps plus tard à cause des soldats... et... elle était tellement jeune... voir que des soldats étaient capable de tuer des enfants... ça m'a révolté et je me suis promis de la venger...
- Oh...
Zac souffle puis secoue la tête.
- Bref, je ne suis pas là pour te parler de moi... tu as d'autres questions ?
Je croise les bras.
- Tu peux me parler de Bryan ?
Il secoue une seconde fois la tête.
- Je suis là pour te parler des rebelles, pas de ce con.
- Tu le déteste vraiment ?
- Je le déteste plus que le Chef lui-même.
Wow... comment on peut autant détester son frère ?
- Mais pourquoi tu le déteste ?
- Tu es sérieuse ? il a essayé de me tuer, je te rappelle.
- Oui mais... ce n'était pas lui, il avait le truc qui lui fait avoir les yeux rouge...
Il secoue la tête.
- Même sans ça il veut toujours me tuer.
- Mais Bryan est gentil... !
Il souffle et se rapproche de moi.
- Milena... tu crois vraiment Bryan ?
- O-oui... je suis sûre qu'il est gentil ! au fond de lui il l'est !
- Non, Bryan ne l'est pas.
Je secoue violement la tête.
- Tu mens !
Ma tête commence à me faire mal, je pose ma main derrière et sens un liquide chaud couler sur mes doigts.
Je me suis remise à saigner...
- Aïe... soufflé-je en ramenant ma main devant mon visage.
- Tu saignes ? demande-t-il doucement.
J'hoche la tête, il se met à sauter sur mon lit pour se rapprocher encore plus de moi, je baisse la tête, gênée quand je sens sa main gauche se poser sur mon épaule tandis que sa main droite fouille dans mes cheveux pour trouver la blessure.
- Milena, dit-il tout en cherchant, je n'ai pas reçus la même éducation que Bryan, parce que... parce que ma mère, ma vraie mère n'était pas une tueuse à gage.
Je fronce les sourcils.
- Tu veux dire que Bryan est ton demi-frère ?
- Oui, mais il ne le sait pas, car cela pourrai tacher l'image que portent les autres gens sur notre famille.
Waaaaa, l'histoire de cette famille est plus compliquée que la complication elle-même !
Quand il trouve ma blessure, il soulève son T-shirt et commence à le tamponner sur ma blessure.
- Jusqu'à mes cinq ans, j'ai vécu avec ma vraie mère, mais dès que Bryan est né, mon... mon connard de père m'a arraché à ma mère et... et il l'a tué. Sous mes yeux.
Il s'arrête de tamponner et garde un long silence. Je me racle la gorge et me tourne vers lui.
- Moi aussi mon père est mort sous mes yeux...
Il hoche la tête et reprend son travail.
- Je sais. Mais... pour en revenir au fait, Bryan a, dès sa plus tendre enfance, été influencé par les idées néfastes de ces parents. Il ne peut pas changer, c'est normale pour lui tout cela.
- Mais... mais pourtant je vois qu'il est différent !
- Il n'est pas différent, il te ment.
Je baisse la tête en me mordant la lèvre.
- Mais... il... il m'aime... non ?
- Ça, je n'en sais rien. Mais tu ne peux pas le changer, Bryan est comme il est, point.
Je serre les poings.
- Pourquoi... pourquoi il ne peut pas changer... ?
- Parce qu'il veut rendre ses parents fiers, je suis celui qui fait honte à la famille, donc tout le monde compte sur Bryan pour sauver notre "belle image", et il veut montrer aux autres qu'il en est capable.
Je souffle, il finit de tamponner son T-shirt sur ma blessure et s'éloigne de moi à une distance très raisonnable.
- Bryan n'est au fond de lui qu'un gamin qui veut montrer aux autres qu'il est le plus puissant. Et c'est aussi un bon manipulateur.
- Il ne me manipule pas.
Zac se met à rire.
- Tu ne t'en es même pas rendu compte ? Bryan te manipule depuis le début, avec son sourire charmeur et ses petits bisous sur le front qui, à ce que je vois, te font craquer.
Je me mets à rougir.
- Ça ne me fait pas craquer...
- Alors pourquoi tu continues de lui pardonner alors qu'il te traite comme une moins que rien ?
Je lève les yeux au ciel.
- Parce que je l'aime bien...
- Tu sais ce qui t'attend si tu sors de ce jeu vivante ?
- Non.
- Bryan va te tuer.
Etonnée par cette réponse si inattendue, je me mets à rire.
- Ce n'est pas une blague, insiste Zac, Bryan se moque de toi en permanence ! et à la fin, quand tu auras le dos tourné c'est un couteau planté dans le torse que tu vas recevoir !
- Et qu'est-ce que ça peu te faire, putain ?!
Il inspire profondément, sûrement exaspéré.
- Il faut vraiment avoir beau de patience avec les enfants... comme je te l'ai dit, nous, les rebelles, nous avons besoin de toi.
- Et moi je n'ai pas besoin de vous !
- Même si ton père est mort, veux-tu le rendre fière de toi ?
Je reste muette parce qu'il vient de dire.
- Comment ça... ? soufflé-je.
- Ton père, deux jours avant de mourir, nous as envoyé une lettre, nous expliquant qu'il préférait te voir morte qu'au côté de cet Enfoiré !
Je serre les poings.
- Jamais mon père ne souhaiterait ma mort !
- C'est écrit noir sur blanc, de sa propre main !
Je ferme les yeux et serre les dents.
- Et si je deviens une rebelle, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Nous te récupérons à la fin du jeu et ferons en sorte que toi, et tous les habitants de cette île, puissent avoir la vie qu'ils méritent.
- Et Bryan ?
Zac baisse la tête.
- Il sera sûrement jugé puis exécuté pour tous les crimes qu'il a commis.
Ma gorge s'assèche.
- Et si je reste du côté de Bryan ?
Zac lève la tête et grâce à la lumière de la Lune je vois son regard noir se poser lentement sur moi.
- Nous serons dans l'obligation de t'anéantir.
- Je ne veux pas que Bryan meurt.
- Bryan a tué plus que gens qu'il n'a de cheveux sur la tête !
Je ris.
- Menteur !
Il souffle et se lève en inspirant profondément.
- Tu commences à me souler donc je vais partir. Si tu oses parler à quelqu'un de cette discussion, à part à Amira, je t'envoie une i-araignée pour te faire vivre le pire cauchemar de ta vie. Et j'espère que tu pisseras dans ton lit pour te taper la honte devant tout le monde.
Une i-araignée ? oh, il doit sûrement parlé de l'araignée robot...
- Mais, pourquoi Amira ?
- Elle ne t'en a jamais parlé ? c'était une ancienne rebelle, avant qu'elle se fasse chopée.
Amira, une rebelle ? je ne m'étais jamais posée la question...
Je secoue la tête.
- Je n'en parlerai à personne.
- Promis ?
- Oui.
Il sourit et me tend quelque chose de rectangulaire en métal avec un petit bouton rouge sang au milieu.
- La nuit, quand tu es toute seule, si tu as d'autres questions, appuie sur le bouton et rentre dans ton armoire, je viendrai dans les dix minutes qui suivent.
- Mon armoire ? pouffé-je, très glamour comme lieu de rendez-vous !
Il rit.
- Range-le quelque part ou personne ne pourra le prendre.
- Où ?
Il me sort un petit sourire pervers.
- Devine.
Je plisse les yeux.
- Je n'en ai aucune idée.
Mais j'ai peur de la réponse.
- Dans ton soutient gorge, et fait bien attention à ne pas appuyer par mégarde... quoi que... d'ici, je vois qu'il y a un grand espace entre tes deux seins donc je pense qu'on a rien à craindre.
Il plisse les yeux en s'avançant plus près.
- Oui, on n'a rien à craindre !
Je rougis mais garde mon calme.
Ne le frappe pas, tu as déjà mal à la tête, pas besoin d'empirer les choses.
Je lui retire violement son petit truc des mains et le met dans mon soutient gorge pendant qu'il me regarde avec un grand sourire.
- Parfait, souffle-t-il.
- Ferme ta gueule, connard.
Il serre les poings et me donne un violement coup de poing dans le bras.
Je pousse un cri.
- Mais t'es fou ?! hurlé-je.
- Tu l'as mérité.
- Mais va te faire voir !
Il m'attrape la joue avec deux doigts, serre fort et se met à la secouer violement.
- Quand on est une gamine et qu'on est face à quelqu'un de plus grand que soit, on ferme sa gueule.
- Je ne suis pas une gamine !
- T'es pas fichu de prendre de vraies décisions matures et réfléchie et tu te mets à jouer la grande, c'est le comportement d'une gamine.
- Pfff, c'est toi le gamin ! on ne t'a jamais dit : jeu de main, jeu de vilain ?!
Il rit en secouant la tête.
- Dit la fille qui se bat avec presque tous les joueurs et les joueuses du Loup-Garou.
Je croise les bras.
- Maintenant, va-t'en, dis-je, je n'ai plus rien à te dire.
- Ne perd surtout pas le bip, s'il se trouve entre de mauvaises mains, ça peut être très dangereux pour toi et pour moi.
- Oui, oui, maintenant va-t'en !
Il rit en baissant les yeux sur ma poitrine.
- Joli soutient gorge, tu l'as gardé parce que tu savais que je venais ?
Je lui envoie un cousin en pleine face.
- Va-t'en tout de suite !
Il me renvoie le cousin et ouvre les portes de mon armoire.
- Fait vraiment attention à Bryan, et à Elena, enfin, le Maître du Jeu, compris ?
- Oui !
- Et quand tu changes de soutif n'oublie pas le bip !
- Tais-toi et tire-toi !
Il rit et referme les portes, trente secondes plus tard, la lumière se rallume et un silence arrive.
J'inspire profondément et m'allonge sur mon lit.
Bryan, ou les rebelles ?
Si je choisi Bryan, je meurs, si je choisi les rebelles, Bryan meurt...
La mort ou la vie...
Sauver le garçon que j'aime, ou les habitants de l'île...
...
Après m'être levée, je m'étonne moi-même de ma bonne humeur spontanée. J'ai bien dormie et j'ai une faim de loup ! cette fois-ci, je ne me contenterai pas de pommes !
Je sors de ma chambre avec un grand sourire, j'ai mis une longue robe blanche, un chapeau (car le soleil tape aujourd'hui !) et des sandales marrons qui sont magnifiquement confortables !
J'inspire profondément l'air chaud en écartant les bras.
Je sens que cette journée va être magnifique !
Du coin de l'œil, j'aperçois Amira, je la rejoins en trottinant.
- Coucou ! ça va ?
Elle fronce les sourcils.
- Oui...
- Super !
Elle s'éloigne un peu de moi, sûrement perturbée.
- Tu as l'air... heureuse... tu es sûre que tout va bien ?
- A cent pour cent ! j'ai super bien dormi cette nuit !
Mon ventre se met à gargouiller.
- Allons manger !
- C'est bizarre, tu ne devrais pas avoir la gueule de bois vu la cuite que tu t'es pris hier ?
- Je vais super bien !
Je rentre dans la cantine et prend deux verres de lait, cinq croissants, huit pain au chocolat (ils ont l'air trooop bon), deux chocolat chaud, du bacon, beaucoup de bacon (je ne savais même pas qu'ils donnaient cela ici !), des œufs brouillés, deux bols de céréales et, pour quand même équilibrer tout cela, une clémentine !
Amira écarquille les yeux en voyant tout cela.
- Tu vas vraiment tout manger ?
- Bien sûre ! tu veux que j'en fasse quoi !
En moins de vingt minutes, il ne reste plus rien, même pas une miette !
Je pousse un gros rot et me tourne vers Amira qui n'a même pas fini son premier bol de céréales.
- Si t'en veux plus tu me le dis, j'ai super faim.
- Tu n'as même pas mangé une pomme... tu as vus un fantôme ?
La discussion avec Zac me revient à l'esprit.
Je lui en parlerai plus tard...
Je secoue la tête.
- Non, non, j'ai juste bien dormie.
- Et... et ta blessure à la tête, tu n'as pas trop mal ?
Je passe ma main sur ma blessure et secoue encore la tête.
- Même pas !
- Tu ne veux pas de pommes ?
- Non... ça commence à me dégouter à force de trop en manger...
Bryan arrive, de gros cernes sous les yeux et fronce les sourcils en voyant autant d'assiettes vides autour de moi.
- Elle s'est mangé combien de pommes aujourd'hui ? demande Bryan à Amira.
Toujours en me regardant bizarrement, Amira secoue la tête.
- Zéro, pas même du jus de pommes... je crois de le choque d'hier l'a un peu perturbée...
Bryan fronce les sourcils.
- Coucou ! dis-je en le saluant de la main, tu vas bien ?
- Euh... ouais ?
- Tu as l'air fatigué, tu devrais aller te coucher.
Bryan se penche vers moi.
- Milena... est-ce que tu as bus ?
- Non, dis-je d'une voix de fille surexcitée.
- Est-ce que tu as pris quelque chose d'illicite ?
- Comme quoi ?
- De la drogue ?
- Beurk ! non merci !
Bryan se racle la gorge.
- Alors qu'est-ce que tu as pris pour être aussi joyeuse et... affamée ?
- De l'amouuuuur ! mentis-je en éclatant de rire.
Amira pose sa main sur mon avant-bras en me demandant de me calmer.
- Je pense qu'il faudrait que tu dormes encore un peu, en espérant que tu redeviennes normale...
- Alors quand je suis heureuse je suis bizarre ?!
- Eh bien, dit Bryan, on n'a pas vraiment l'habitude de te voir ainsi donc...
Je me lève en soufflant.
- Vous venez de gâcher ma bonne humeur, merci bande de méchant.
Je sors de la cantine et croise Arslan qui baisse la tête, comme pour cacher quelque chose. Je m'avance vers lui et l'oblige à s'arrêter.
- Coucou ! ça va ?
- Laisse-moi tranquille Milena...
Je fronce les sourcils.
- Arslan, lève la tête s'il te plait !
Il souffle et la lève, je frissonne en voyant sa tête.
Son œil droit est rouge, tout autour de cet œil du noir l'entour, son nez a la même couleur avec quelques taches de sang, sa lèvre inférieure est enflée et il a de drôle de marques autour du cou.
J'avale difficilement ma salive.
- Que... qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il serre les poings en baissant la tête.
- Tu n'as rien entendu... hier, avant que les invités ne partent ?
- Non... pourquoi ?
Il rit bizarrement.
- Bah va demander à Jekaterina, cette salope ! je paris qu'elle en sait plus que moi !
Il me bouscule violement et rentre dans la cantine. Je serre les poings.
Qu'est-ce qu'elle a encore foutue ?!
J'avance à grand pas jusqu'à sa chambre et ouvre violement la porte.
- Jeka ! qu'est-ce que ton cul de pute a encore fait à...
Mais je ne termine pas ma phrase, trop choquée de la voir ainsi.
Jeka est encore plus amochée qu'Arslan...
Elle est assise en tailleur sur son lit en regardant le plafond sans cligner des yeux. Elle n'a pas dut se soignée, car, même-ci le sang qui est sortie par sa bouche et son nez à séché, elle en a partout.
Je me racle la gorge.
- Jeka... ? tu vas bien ?
Elle ne me répond rien et commence à se balancer d'avant en arrière tout doucement.
- Jeka ?
- Tu diras à Arslan que je n'irai pas m'excuser.
- Mais... de quoi ?
Tout doucement, elle baisse la tête pour me regarder avec ses beaux yeux azur. Son visage est presque noir de coups, cela fait ressortir ses yeux et ça me fait très peur... elle me regarde comme un animal qui regarderai sa proie après une et épuisante course poursuite. Elle est épuiser, mais elle peut encore se battre.
- Ce n'est pas de ma faute. Je n'ai fait qu'obéir à mon père. Je sais très bien ce qu'il m'aurait fait si je n'avais pas suivi ses ordres.
Je déglutis difficilement et fronce les sourcils.
- Si tu n'avais pas suivi quels ordres ?
Elle sourit méchamment et j'aperçois sa bouche en sang avec une dent en moins.
- Mon père. Ce salopard. N'a même pas honte de violé une fille de douze ans devant des caméras.
Ella... Arthur a violé Ella... ?
Je secoue la tête.
- Et qu'est-ce que tu à avoir là-dedans ?
- Je l'ai aidé.
J'écarquille les yeux.
- Tu l'as violé toi aussi ?!
- Non, j'ai juste permis à mon père de faire ça en l'entrainant dans ma chambre.
J'ouvre la bouche, mais rien ne sort.
Comment elle ose l'aidé alors qu'il n'y a même pas vingt-quatre heures elle était presque en train de lui craché dessus ?!
Elle détend les jambes couvertes de bleu et pose un à un ses deux pieds à terre.
- Tout ça c'est à cause de toi, dit-elle avant de cracher un glaire de sang, tu as excité mon père, et quand t'es parti, il n'avait pas d'autre choix que cette gamine.
- Pourquoi tu l'as aidé... ?
Elle croise les bras.
- Tu crois que j'avais le choix ?! c'est mon père, je sais de quoi il est capable quand je ne lui obéis pas... il aurait très bien pu me vendre à un autre taré pour qu'il se serve de moi comme sa chose !... juste pour le fric et pour me faire comprendre que c'est LUI qui dirige, ici.
Elle fait un pas de plus vers moi et se met à rire.
- Mais toi... toi, tu n'en as rien à faire, tu mènes ta petite vie tranquille, en te plaignant que Bryan est un imbécile, en chialant pour un rien, alors, qu'autour de toi, tout le monde a eu une vie de merde ! tu n'as pas à te plaindre ! on sait très bien toutes les deux qui gagner ici !
Je serre les poings.
- Je vais tuer Arslan, m'annonce-t-elle, je vais le tuer, pour une fois que ce n'est pas la PETITE-FILLE qui va commettre un meurtre !
Soudain elle se jette sur moi en me plaquant contre un mur, je retiens ma respiration, de peur et de dégout, elle sent le vomi, la sueur et le sang, un mélange d'odeur qui me secoue l'estomac, surtout après ce que je viens de manger...
- Et oui, je connais ta carte ! alors, ça fait quoi d'être mise à nue, tu n'as pas peur que je la révèle à tout le monde ? non ?
- Comme tu l'as dit, nous savons très bien qui vas gagner ici, alors ça ne servirai à rien.
Elle sourit, les larmes aux yeux.
- Même dans des moments aussi... tragique, tu arrives toujours à être insolente... petite salope !
Mais en même temps qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça, imbécile !
Je baisse la tête.
- Pardon... pardon d'être sincère.
Elle me relève la tête avec un sourire cruel.
- Jusqu'à la fin... jusqu'à la fin tu vas me mener la vie dure, hein ?! mais tu sais quoi, je vais moi aussi te dire deux ou trois trucs... Bryan, tu vois, ton petit copain soit disant chaste, il a dû te dire qu'il n'avait jamais couché avec moi... ? hein ? eh bien il te ment ! il l'a fait ! j'ai couché avec tous les mecs de ce jeu ! Bryan est même venu avant-hier pour le faire ! et tu ne peux pas savoir à quel point il t'insultait de tous les noms ! tu n'es qu'un passe-temps pour lui, rien d'autre ! qui voudrais d'une gamine capricieuse comme toi ?!
Je serre les poings en plissant les yeux.
- Comment... soufflé-je.
- Ça t'étonne ? ça te blesse ? tant mieux ! avant de partir j'aimerai te voir détruite ! incapable de sourire, pour toujours ! tu nous as tous détruis, tous les joueurs, un par un ! et tu continues... c'est facile pour toi d'être ici, t'as qu'à regarder les autres mourir et attendre !
- Jeka...
- Arrête de m'appeler comme ça ! je ne suis pas ton amie ! je te hais ! crève salope !
Elle tend le bras et me gifle. Son coup était tellement puissant que je me retrouve projeté à terre, la main sur la joue et le souffle coupé. Elle s'agenouille face à moi avec un grand sourire.
- Ça t'a fait mal ? ma pauvre, tu veux qu'on te soigne en t'amenant des pommes sur un plateau en or ? avec tes foutue pommes de merde !
Cette fois-ci elle m'attrape les cheveux et me secoue dans tous les sens.
- Putain mais crève ! crève salope ! pourquoi tu ne peux pas juste crever et nous laisser tranquille, merde !
Elle me lâche et s'éloigne de moi, les mains devant les yeux et se met à sangloter.
- J'en... j'en ai marre de faire semblant... souffle-t-elle, j'en ai marre de faire croire à tout le monde que tout va bien alors que... alors que tout va mal... je t'ai fait croire que Bryan n'en avait rien à faire de moi parce que c'est lui qui m'y obligeait...
Elle tombe à terre en sanglotant plus fort.
- Milena... ferme la porte... s'il te plait...
- Tu veux que je sorte... ?
- Non, reste... il faut que je te dise quelque chose... mais je ne veux pas que quelqu'un puisse l'entendre...
Je me lève et ferme la porte, puis je m'avance de quelques pas vers elle, et m'assoit par terre.
Elle se met à rire en secouant la tête.
- Je ne sais même pas pourquoi je vais te le dire... à toi alors que tu es mon ennemi... mais avant de partir... il faut que je te raconte... des choses, sur Bryan... sur Bob...
Elle inspire profondément avant de se tourner vers moi.
- Si Bryan arrive à me manipuler c'est... c'est premièrement parce qu'il m'a rendue à croc à la drogue... il me dit souvent "ose dire quoi que ce soit à Milena, et tu peux dire adieux à tout ça" et... et je sais très bien que je ne peux plus m'en passer... j'en ai tout le temps besoin...
- Mais Bryan ne veut pas que tu me dises quoi... ?
- Que Bob...
Elle baisse la tête en serrant les poings.
- Bob... je le connaissais avant... avant d'entrer dans le Loup-Garou... là... là où j'habitais, je le croisais souvent...
- Et... et alors ?
Elle se racle la gorge.
- Fait vraiment... vraiment attention à Bob... et à Bryan... ils sont dangereux... ils te manipulent depuis le début... ils n'ont jamais été tes amis...
Je fronce les sourcils.
- Je ne te comprends plus... soufflé-je, je croyais que tu voulais me détruire, mais là... en me prévenant... tu...
- Dans tous les cas, que je te prévienne ou non, ils vont te détruire... Bryan est né pour ça.
Il ne faut quand même pas abusé...
Je me mords la lèvre.
- Tout le monde me dis que Bryan est méchant... pourtant... je n'arrive pas à décerner son jeu...
- N'essaye pas, ça va aggraver la situation... joue le même jeu que lui, soit hypocrite, ment. Suit ce qu'il te dit de faire... et quand il aura le dos tourné... tue-le.
Ma gorge se serre, je serai impossible de faire ça ! Bryan est... il est trop important !
- Fait ça pour moi, souffle Jekaterina.
- Je n'y comprends plus rien...
Elle rit en secouant la tête.
- Moi non plus... tout ça, c'est trop compliqué pour nous, nous n'avons que seize ans, après tout, nous ne sommes que des enfants...
Elle tend la main vers moi en baissant la tête, je m'avance doucement et la prend, elle me la serre doucement en posant son autre main sur le dos de la mienne.
Elle souffle et lève les yeux au ciel.
- Je n'ai pas peur de mourir, j'ai juste peur qu'on m'oublie... c'est pour ça que je te raconte tout cela, comme ça, s'il t'arrive de faire une erreur comme la mienne, tu te diras, "ah, Jekaterina m'avait prévenue qu'il ne fallait pas faire confiance à Bryan" et comme ça tu penseras à moi... je n'aime pas être oublié, je veux que tout le monde m'acclame et me respecte... mais je ne suis qu'un personne secondaire dans ce jeu... tout le monde veux ma mort pour que "Milena Steven gagne !", et dès la fin de ces jeux, tout le monde m'aura oublié, je ne serai qu'une fille morte, ici, dont tout le monde aura le nom... parmi tant d'autres...
Elle rit et crache un autre glaire de sang.
- Si un jour tu dois créer un club, ou un truc comme ça, appelle-le "Jeka", juste pour être sûre que personne n'oublie pas au moins mon surnom.
Je ris et hoche la tête.
- Comme ça j'aurai un club qui portera le nom de ma pire ennemi.
Elle hoche la tête, les larmes aux yeux.
- Oui... et j'espère que ton club sera un géant merdier, que tu perdes tout ton argent dedans pour que tu sois détruite, pauvre, et que meurt seule dans une rue abandonné, sans amis.
Tellement gentil, j'en ai les larmes aux yeux !
- Mon club sera une maison close alors, car les gens se souviendront de ton surnom, et de qui tu étais.
Elle rit.
- T'es qu'une salope, Milena...
Elle se tourne vers moi et me lâche les mains pour me prendre dans ses bras.
- T'es qu'une salope que je déteste, mais qui m'a fait comprendre une chose importante...
- Quoi ?
Elle s'écarte de moi et pose son front contre le mien.
- Que les meilleurs partent en premier.
Même après s'être fait tabassé, Jekaterina est toujours aussi prétentieuse !
Je souris, voyant un peu plus de joie dans son regard rempli de tristesse.
...
J'aperçois le Maître du Jeu et serre les poings.
Il fallait que je la défonce pour hier, non ?
Je souris cruellement et cours vers elle.
Mais ! Puisque j'ai tiré une leçon du charabia que m'a raconté Jeka, je vais la joué hypocrite !
Donc au lieu de la frapper, je vais lui faire plein de petits câlins !
- Hey ! crié-je pour attirer son attention.
Elle se tourne vers moi et je saute sur elle pour passer mes bras autour de son cou et la serrer fort contre moi.
- Qu'est-ce que tu fous ?! hurle-t-elle surprise.
- Merci ! merci, merci, merci, merci !
Elle me repousse violement et me fait tomber à terre.
- Merci pour quoi ?!
Je lui sors un joyeux sourire hypocrite.
- Mon père ! qu'elle belle surprise de l'avoir ramené ici ! lui qui était en voyage depuis si longtemps ! merci !
Elle plisse les yeux et s'écarte de moi.
- Tu as pris quelque chose d'anormale ce matin ?
- Merci ! je suis tellement heureuse qu'il soit venu me voir !
Je saute une fois de plus dans ses bras mais cette fois-ci en la serrant très fort, et en espérant qu'elle ait mal.
- Lâche-moi putain !
- Merci !
Elle arrive à me repousser et en reculant je me cogne contre Amira qui avait rappliquée en entendant le Maître du Jeu hurler.
- Milena, souffle Amira.
- Merci ! dis-je au Maître du Jeu.
- Va te faire soigner ! hurle-t-elle en rentrant dans sa maison comme une furie.
Quand elle est partie, j'explose de rire.
- Ça t'apprendra, salope !
Amira m'attrape par le bras et m'éloigne de la Maison Rouge.
- Qu'est-ce qu'il te prend ? tu n'as pas l'air bien.
- J'ai beaucoup réfléchie, et je me suis dit que ce n'est pas sympa pour ceux qui vont mourir de faire la gueule et de se plaindre de n'importe quoi, donc je suis heureuse, et j'essaye de rendre les autres gens heureux !
Elle plisse les yeux et s'éloigne un peu.
- Tu as beaucoup parlé avec Jekaterina, non ? c'est pas elle qui t'as rendue un peu folle ?
Je secoue la tête.
- Jeka m'a fait comprendre que, vu ma situation, je n'ai pas à me plaindre.
- Mais... ta situation n'est pas mieux que la sienne, tu peux encore mourir !
Je lève les yeux au ciel en riant.
- On peut mourir n'importe où et n'importe quand, que ce soit dans ce jeu ou en dehors, ta phrase ne veux donc rien dire.
- Tu sais très bien de quoi je veux parler, il suffit que le Merlin ne te protège pas pour le prochain Soir de Concertation et tu es morte !
- Alors c'est pour ça qu'on doit être heureux ! on doit profiter de chaque instant qu'il nous reste à vivre ici, de plus, le Merlin à intérêt à me protéger sinon je lui fais la tête au carré !
Amira se mord la lèvre et regarde Bryan arrivé vers nous.
- Il a trouvé une tactique pour qu'on gagne plus vite le Loup-Garou, elle est bien, mais je pense qu'elle ne va pas te plaire.
Bryan s'arrête devant moi, le regard déterminé.
- On tue Miranda, puis Jeka et il nous reste Brieg et on a gagné.
- Brieg en dernier ? dis-je.
Il hausse les épaules.
- Oui, c'est le plus gentil des Loups-Garous, alors pourquoi on ne pourrait pas le laisser vivre le plus longtemps possible ?
Gentil pour un salopard de menteur...
J'hoche la tête.
- D'accord, mais on devrait en premier s'occuper de Jeka ... non ?
Il secoue la tête.
- Jeka doit aussi vivre le plus longtemps possible.
Je lève un sourcil.
Parce que tu n'en as pas fini avec elle ? parce que son corps va te manquer ?!
- Pourquoi ? demandé-je simplement.
- Parce que, Miranda la première, point.
Je croise les bras.
- Miranda était avant Eva, je veux qu'elle vive le plus longtemps possible.
Il se mord la lèvre et serre les poings.
- Milena, écoute-moi, je sais ce que je dis, Miranda doit mourir la première.
- Et comment ?
Il fait une grimace.
- C'est à toi de la tuer.
Je secoue la tête en riant nerveusement.
- Jamais de la vie.
- Tu n'es pas vraiment obligé d'utiliser la force, tu peux faire en sorte qu'elle se suicide ou...
- Non !
Amira pose sa main sur mon épaule.
- Il faut le faire.
- Et pourquoi pas vous ?!
- Parce qu'elle nous fuit ! dit Bryan, depuis le début elle ne nous a jamais parlé, et elle ne veut toujours pas.
Je baisse la tête et la secoue.
- Je ne peux pas...
Je lève les yeux vers ceux de Bryan.
- Essaye de convaincre Jekaterina de nominer Miranda, mais jamais de la vie je ne pourrai le faire.
Il se pince les lèvres et ses yeux se mettent à pétiller.
- Je ne parle plus à Jekaterina depuis bien longtemps.
Menteur !
- Alors va parler à Brieg pour qu'il puisse parler à Jeka.
- Milena, ça va prendre trop de temps !
Je secoue la tête.
- Non.
Bryan regarde Amira qui hoche la tête et s'en va, il s'avance vers moi en posant ses mains sur mes hanches.
Joue le jeu, Milena, joue le jeu !
- Je t'en supplie, Milena... souffle-t-il en posant son front contre le mien.
- C'est impossible... Eva... enfin, c'est toujours elle à l'intérieur...
Sa main droite remonte jusqu'à ma joue, il m'embrasse sur le front et je ferme les yeux.
Et si Jeka me mentait ? elle n'a pas de preuve pour me prouver qu'il va la voir les nuits... elle veut peut-être jute me détruire... !
- Il faut que nous gagnions, dit-il, je ne supporte plus d'être ici... tu sais quoi ? si on gagne, j'irai dire à mes parents qu'ils aillent se faire foutre et on s'enfuira, juste toi et moi... je t'aime tellement Milena...
Il a l'air tellement sincère...
Je lève la tête vers lui et il pose ses lèvres sur les miennes.
Ce contacte doux, chaud et habituel qui avant me faisait des papillons dans ne ventre ne me fait plus rien, maintenant.
C'est à cause de tous ces gens, en me disant des méchancetés sur Bryan, j'ai fini par y croire !
Sa main gauche se pose dans le creux de mon dos pour m'attirer contre lui. Quelque chose de pointu et rectangulaire s'enfonce dans ma poitrine.
Le bip que Zac m'a donné !
Je m'écarte de Bryan en baissant la tête.
Je lui en parle... ou non ?
J'aimerai avoir son avis sur ça, mais je n'ai pas envie que d'autre problèmes commencent...
Je secoue la tête.
Ce qui s'est passé cette nuit avec Zac, n'a jamais eu lieux.
- Alors ? me demande Bryan.
Je veux bien faire semblant, comme me l'a demandé Jeka, mais je ne peux pas tuer, pour lui, mon amie.
Je fronce les sourcils.
Je comprends maintenant comment Jeka veut me détruire, elle m'aide et me détruit, elle veut que je suive ce me dit de faire Bryan, mais elle sait très bien qu'il allait me demander de tuer Miranda, puisqu'au prochain Soir de Concertation elle va tuer Arslan !
La salope... mais putain qu'est-ce qu'elle est aussi hyper intelligente !
J'hoche la tête.
- Je vais lui parler.
- Parler ne sert à rien, il faut agir maintenant !... et...
Il se rapproche encore plus et me susurre à l'oreille.
- Je suis là, moi, pour te réconforter quand tout sera fini...
Salopard, tu crois qu'en couchant avec moi je vais faire mon deuil plus rapidement ?!
Je ris.
- Si tu le dis...
- Donc tu vas le faire ?
- Je crois que je n'ai pas le choix...
Il me lâche avec un grand sourire.
- Bien, tu as fait le bon choix !
Il m'embrasse puis tourne les talons pour s'en aller vers sa chambre, il s'arrête à sa porte et se tourne vers moi avec un petit sourire.
- Quand tu auras fini, tu viendras me voir, hein ?
Je me force à hocher la tête en souriant bêtement.
- Oui, oui.
- Cool.
Il rentre et ferme la porte.
J'inspire profondément et m'avance d'un pas mécanique vers la chambre de Miranda.
Peut-être que Bryan à juste voulu me remonter le morale en disant ça, je pense qu'il ne voulait pas paraitre pour un pervers ou pour un salaud qui s'en fou que je tue quelqu'un...
Ça doit sûrement être ça...
Sans toquer, j'ouvre directement la porte, la main tremblante et le cœur lourd.
- M... Miranda...
Elle se tourne vers moi, le regard noir.
- Tu viens encore pour te battre contre moi ?
Je serre les dents.
Je ne peux pas, c'est impossible ! que Bryan aille se faire foutre, jamais je ne ferai cela !
Je secoue la tête.
- Non... je viens m'excuser...
Elle plisse les yeux.
- T'excuser de quoi ?
- De... de toutes les mauvaises choses que j'ai pu dire sur toi...
Je baisse la tête en serrant les poings.
- Tu le fais de toi-même ou c'est quelqu'un qui t'a obligé ?
- De... de moi-même... j'ai beaucoup réfléchit et... et je me suis dit que puisque c'est bientôt la fin du jeu... il vaudrait mieux le finir dans la bonne humeur...
Elle garde un instant le silence puis tapote sur son lit.
- Vient, assis-toi.
Je m'assois et la regarde. Elle a toujours la même forme de visage qu'Eva... c'est toujours Eva au fond...
Les larmes me montent aux yeux et j'explose en sanglots.
- Je ne peux pas ! je suis désolée !
Elle fronce les sourcils.
- De... de quoi tu parles ?
Je ne réponds rien et l'attrape pour la serrer fort dans mes bras.
- M-Milena... ! lâche-moi, qu'est-ce qui te prend à la fin !
- Je ne veux pas que le jeu se termine ! c'est... c'est trop dure ! je ne veux pas te quitter, je ne veux quitter personne... tu vas tellement me manquer...
Elle reste silencieuse et immobile.
- Je me suis trop attaché à toi... sangloté-je, je ne veux pas te voir partir... !
Je sens son bras passer autour de mes épaules.
- Milena, voyons... souffle-t-elle d'une voix rauque, il faut bien qu'il y ait des gagnants...
- Mais je ne supporterai pas te voir partir... une deuxième fois...
- Milena...
Sa voix se brise, je l'entends jurer puis me serrer fort contre elle.
- Tu sais très bien comment le jeu va se terminer... les Villageois vont gagner et les autres vont... partir...
- Je ne veux pas !
- Tu as d'autres amis, maintenant, tu n'as plus besoin de moi...
- Bien sûre que si j'ai besoin de toi Eva ! je te connais depuis que je suis née, tu es trop importante pour moi !
Elle baisse la tête, le corps secoué par des sanglots.
- Ne m'appelle pas comme ça...
- Bien sûre que si ! dans ton regard il y a toujours cette lueur que je connais si bien, cette lueur plein de vie et de joie, tu es et tu resteras Eva, et aucun jeu ne pourra te changer... tu es mon amie, ma meilleure amie !
- Milena... je t'aime tellement...
- Moi aussi...
Nous nous mettons à sangloter l'une contre l'autre. Et dire que j'étais venue pour la tuer... cela m'est impossible...
- Pourquoi es-tu là ? demande-t-elle souvent.
- Bryan voulait que... que...
Je secoue la tête, dans tous les cas, elle a très bien compris.
- Et pourquoi tu ne le fait pas ?
- Parce que... parce qu'il m'est impossible de te faire du mal.
Elle rit.
- Pourtant, nous nous battons assez souvent.
- Mais... ce ne sont que des chamailleries, jamais je ne pourrai te faire... ça...
Elle rit doucement et pose sa main sur ma tête pour que je la pose sur son épaule.
- Mon père t'a parlé, non ?
- Oui...
- Il était très ému quand il est revenu après votre discussion.
- Je sais...
J'inspire profondément et ferme les yeux.
Un silence paisible s'installe, ma tête posée sur l'épaule d'Eva, la sienne sur mon front, tout allait bien, je commençais à m'endormir, bercée par les battements lents de son cœur.
- Milena... souffle-t-elle.
- Oui ?
Son cœur s'emballe, elle me lâche et serre les poings, je me redresse en fronçant les sourcils.
- Qu'est-ce qu'il y...
- Je suis l'Infect des pères Loups, me coupe-t-elle.
Cette annonce résonne comme une alarme dans ma tête, je me mets à trembler de tous mes membres.
- Q-quoi...
- Je suis L'infect des pères Loups, répète-t-elle.
- Ferme-là ! hurlé-je.
- Que tous les joueurs se rassemblent aux troncs d'arbres pour une mise à mort, merci ! annonce le Maître du Jeu par les haut-parleurs.
Eva se lève, elle a le visage tout blanc, elle a peur.
- Eva ! dis-je le visage rempli de larmes, pourquoi t'as fait ça putains ?!
- Car j'en ai marre d'attendre mon heure...
Elle se tourne vers moi et se met à trembler.
- J'ai peur, Milena... je ne veux pas avoir mal...
Je tombe dans ses bras.
- Mais... mais pourquoi t'as dit ça... pourquoi !
- Je veux que tu gagnes, je veux que tu vives...
- Non ! arrête !
Elle se tourne vers la porte et commence à marcher, je la retiens par le bras en hurlant.
- Non ! non ! arrête ! je t'en supplie !
- Milena... ne complique pas les choses... je veux mourir !
- Non putain, non !
Je tire tellement fort que la fausse peau de son bras métallique s'enlève petit à petit, j'hurle, je la supplie, mais elle ne m'écoute pas.
- Eva ! sangloté-je.
- Arrête... laisse-moi...
Je suis tellement triste, désespérée que je n'arrive même plus à me tenir debout, ma tête tourne, mon cœur se brise, le souffle me manque, je m'agenouille en lui serrant plus fort le bras.
Soudain Bryan arrive, sans rien dire, sans même regarder Eva, il s'avance vers moi, me force à la lâcher et me pose sur mon épaule pour me faire sortir de sa chambre.
J'hurle à la mort, lui griffant le dos jusqu'au sang tandis qu'on s'éloigne de mon ami.
Elle s'avance pas à pas vers les troncs, des assistants l'équipe lentement et elle baisse la tête, se laissant faire.
Je ne sais même plus ce qui me prend, je suis comme possédée, l'idée que le Maître du Jeu puisse lui trancher la tête, la tuer de cette manière atroce me met hors de moi.
J'hurle, j'insulte tous ceux qui osent me toucher, je mords, je frappe, de fait tout mon possible pour rejoindre Eva, déjà à genou, tête posée sur le tronc, tremblant comme une feuille.
Je ne veux pas qu'elle meurt ! non ! pas elle !
Le Maître du Jeu se met devant moi, un sourire cruel à la bouche, m'empêchant de voir Eva.
- Laisse-toi faire, tu ne sentiras rien, toi, mais pas ton amie...
- Salope !
Elle rit. Des assistants arrivent, essayant de me m'attacher les mains, mais je donne tellement des coups dans tous les sens qu'ils n'osent même pas s'approcher.
- Allé, Milena, un peu de coopération de ta part ne te fera pas de mal !
- Va en Enfer pétasse !
J'arrive à libérer une main et lui envoie le plus puissant coup de poing que je n'ai jamais mis à quelqu'un.
Elle recule de quelques pas, bouche grande ouverte, surprise que j'ai réussie à la toucher. Puis elle se met à rire. Ces yeux deviennent deux grands trous noirs, remplient de cruauté et d'amusement.
- Ok, tu l'auras voulu, m'annonce-t-elle froidement.
Elle me tourne le dos et s'avance vers Eva, la hache à la main. Je pousse un long hurlement en la voyant lever son arme, et l'abaisser violement vers le cou de mon amie.
Crac.
C'est le seul son que j'arrive à entendre. Le bruit du craquement de son cou.
Des silhouettes bougent autours de moi, mais la seule chose que je vois, c'est la tête et le corps d'Eva séparé par une hache profondément planté dans un tronc d'arbre.
Je n'arrive même plus à respirer, je ne bouge plus. Bryan me pose à terre et me laisse là, à genoux, face à ma meilleure amie fraichement décapité.
Le Maître du Jeu enlève la hache puis, d'une manière tellement cruel, pousse violement le corps d'Eva loin de sa tête. Pour bien me faire comprendre que ce n'est pas faux ce qu'elle a fait, elle l'a vraiment décapité sous mes yeux, sous les yeux les yeux de tous les autres joueurs.
Je sens son regard cruel toujours posé sur moi, elle aime faire le mal... j'ai beau l'insulter de tous les noms, ça ne lui fera ni chaud ni froid.
Quelqu'un, sûrement Amira, s'assoit à côté de moi et me prend dans ses bras, disant des choses des choses que je ne comprends même plus.
Eva...
Celle avec qui j'ai passé toute mon enfance... celle avec qui je croyais, il y a encore un mois, passé ma vie avec elle, en discutant, assise sur un banc, regardant nos enfants jouer et en se moquant gentiment de nos maris...
Mais... cela n'arrivera jamais... Eva n'aura jamais, elle n'aura jamais de futur...
Eva... pardonne-moi... pardonne-moi d'avoir été aussi méchante avec toi... si seulement... si seulement je pouvais revenir quelques secondes en avant... j'aurai aimé avoir le temps de lui dire à quel point je l'aime, à quel point elle a été un pilier pour moi, avant d'entrer dans ce putain de jeu de merde...
C'est à cause de moi... tout est à cause de moi... si je ne lui avais pas dit que mon père était mort, elle n'aurait jamais participé à ce jeu, si j'avais prêté un peu plus attention à elle, elle aurait pu comprendre à quel je suis désolé pour tout...
Elle ne pourra jamais revoir sa mère qui était enceinte de quatre avant son départ.
Elle ne reverra plus personne, elle est partie.
Soudain, je me lève, Amira me parle, elle doit sûrement me demander si je vais bien, mais je ne lui réponds rien.
Je m'avance lentement vers le Maître du Jeu, qui venait tout juste d'annoncer qu'Eva était l'Infect des pères Loups. Quand elle me voit avancer, elle abaisse le sac contenant la tête d'Eva et tient un peu plus fermement sa hache.
Je la regarde droit dans les yeux et elle fronce les sourcils.
Que dire, que faire ? je n'en ai aucune idée, tout se mélange dans ma tête, je suis triste, énervée, je suis tout à la fois.
- Qu'est-ce que tu veux ? demande le Maître du Jeu, méfiante.
J'inspire profondément et serre les poings.
- Comment... comment...
Je ferme les yeux, en me mettant à trembler, l'image de la hache coupant en deux Eva est comme imprimée sur ma rétine.
Comment vont réagir ses parents, qui vont voir sur grand écran leur fille se faire décapité... leur première fille... elle les a tout le temps aidé, elle a abandonné elle aussi quand elle est rentré en quatrième pour aider sa mère... elle s'est toujours sacrifié pour sa famille... comment vont-ils réagir... comment vont-ils l'annoncer à ses frères et sœurs... ? et alors, quelle sera leur réaction...
J'ai envie de m'arracher la tête, c'est à cause de moi tout cela...
- Comment, quoi ? s'énerve le Maître du Jeu en voyant que je ne lui répond pas.
Je secoue la tête.
- Au revoir.
Puis je lui tourne le dos et rentre à toute vitesse dans ma chambre, je rentre dans ma salle de bain, la ferme à clé, allume ma douche et rentre dedans, sous l'eau froide, je sors de mon soutiens gorge le petit bip de Zac et appuie dessus.
C'est fini. Le jeu pour moi est fini, je vais lui pourrir la fin de cette saison.
Elle va souffrir.
Hey !
Je vous prévient juste que je ne posterai de chapitre la semaine prochaine car c'est mon anniversaire et je rentre en France le jour d'après, ce qui m'empêche d'écrire car en voiture ça me donne un peu la nausée !!
Bisous ! ❤
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro