Chapitre 29 : Milena
Je resserre mes lacets, mets des gants et un bonnet noir, pour passer inaperçu si quelqu'un me voit.
Je suis habillée tout en noir, mais ces cons qui m'ont passé les vêtements se sont plus amusé qu'autre chose.
Ils m'ont passé un haut en faux cuir moulant, la même chose avec le pantalon, et ils m'ont passé des bottes à talons hauts. Non mais comment ils veulent que je me batte comme ça ?!
J'inspire profondément et me regarde dans mon miroir. Quand je reviendrai, je ne serai plus la même.
Et alors ? tout le monde doit mourir ici, et Anil est, avec certains, le dernier à mériter une morte douce.
Je ferme les yeux.
Calme-toi... tu peux le faire...
Je vais prendre dans mon armoire un couteau. Décidément, ils me laissent tout faire ici.
D'un pas décidé, je sors de ma chambre et me dirige discrètement vers celle d'Anil.
J'ouvre lentement sa fenêtre et rentre dedans, tout en essayant de ne pas trop faire entendre mes talons.
Je m'arrête en regardant Anil dormir, il est torse nu, en sueur et le visage contracté par la peur. Comme s'il faisait un cauchemar.
Je me demande ce qu'il a fait pour rentrer dans ce jeu ? pff, peu m'importe, ici, tu parle en mal du Chef et tu es considéré comme un rebelle.
Il se retourne dans son lit et je fais un pas en arrière. Soudain, je remarque dans son dos, à la lisière de son pantalon un tatouage. Je m'approche et plisse les yeux. Dessus, il y a écrit REBELLE en gros, de la même écriture que la femme qui nous a attaqué quand le Maître du Jeu et moi étions parti toutes les deux nourrir ses loups.
Donc Anil était un rebelle ? il devait être trop jeune pour être exécuté donc il est parti ici, non ?
J'aimerai savoir ça, avant de le tuer.
Je le retourne violement, m'assoit sur lui en l'attrapant par la gorge, il se réveille en sursaut et ouvre grand les yeux.
- M-Milena... qu'est-ce que tu...
Si je lui dis que j'ai le droit de sortir la nuit, il va tout de suite découvrir ma carte.
- Je suis en mission, le coupé-je, le Maître du Jeu m'a autorisé à sortir la nuit pour ça.
- Et... quelle est ta mission... ?
Je m'approche plus près de lui.
- C'est quoi cette inscription dans ton dos ?
Il se tend et secoue la tête, je resserre ma prise sur sa gorge.
- C'est le symbole des rebelles, avoue-t-il directement.
Je fronce les sourcils.
- Tu étais un rebelle ?
- O-oui mais... tu peux me lâcher la gorge ? j'ai mal...
Je desserre ma prise, mais sans le lâcher.
- Alors ?
- Je... je n'ai pas le droit d'en parler...
J'attrape mon couteau et lui pose sur la gorge. Je lis dans ses yeux de la peur.
- De toute façon, dis-je avec un sourire cruel, tu vas mourir.
Il se met à trembler.
- Milena... dit-il en me regardant droit dans les yeux, ne fais pas ça, s'il te plait...
- Avoue tout et tu auras une mort un peu plus douce, mentis-je.
Il déglutit.
- Je... j'ai été rebelle jusqu'à mes dix ans. Mais je n'avais jamais voulu en être un, donc je les ai balancé sur certaines choses et... même-ci j'ai rendu service au Chef, on m'a placé dans une prisons pour mineurs jusqu'à ce qu'on m'amène ici... s'il te plait, ne me tue pas... je t'en supplie !
C'est à mon tour de trembler. Non... je ne peux pas faire ça... j'aurai préféré qu'il soit endormi, qu'il n'ait pas le temps de discuter avec moi, de me supplier de ne pas le tuer...
Mais ma décision est prise. Je vais le tuer.
Je serre les dents, je peux le faire.
Je me recule et lui plante le couteau dans la cuisse. Il pousse un cri en me regardant, les yeux exorbités. Je l'attrape fermement par les cheveux et le tire, même s'il résiste, je l'emmène de force en dehors de sa chambre.
- S'il te plait ! hurle-t-il, ne fait pas ça ! arrête !
Le Maître du Jeu apparait, une hache à la main. Mon cœur se met à battre plus fort quand elle me tend la hache. Je secoue la tête et lâche Anil.
- Ce n'est pas à moi de faire ça. C'est votre boulot.
Elle me regarde froidement.
- Tu as décidé de tuer quelqu'un, alors assume tes choix et fait-le.
- Non ! arrête ! hurle Anil.
Je serre les poings, je ne m'attendais pas à ça. Le soir où Eva est morte, Anil était sorti de sa chambre et le Maître du Jeu l'a prévenu que la prochaine fois qu'il en sort, il meurt, et je croyais que c'était elle qui allait le tuer.
Mais rien ne se passe comme prévu...
J'attrape fermement la hache et souffle, je vais réussir.
Je me tourne vers Anil, qui a disparu. Mais les gouttes de sang le trahissent.
Le Maître du Jeu m'enfonce soudain une serine dans le cou.
Je me tourne vers elle.
- C-c'est quoi ?
Elle me sourit cruellement.
- Quelque chose qui te permettra d'être à fond dans ta traque.
Elle pose ses mains sur mes épaules, approche sa bouche de mon oreille et me chuchote doucement.
- Amuse-toi bien.
Quelque chose d'assez étrange se déclenche chez moi. Je ferme les yeux et respire lentement, tout est devenue plus... détaillé. Les odeurs, surtout celles du sang. Le toucher, l'ouïe, j'arrive à entendre les pas d'Ani et à déterminer la distance qui nous sépare. Vingt-deux mètres, vingt-trois...
J'ouvre les yeux et tourne le dos au Maître. Ma vision a changé, tout ce que je vois est plus détaillé, mais, avec, ce qui est bizarre, une sorte de filtre rouge...
- Va le tuer. M'ordonne le Maître.
Sans réfléchir, je m'avance lentement vers ma victime. Mes lèvres se tordent en un sourire cruel, montrant toute ma jubilation.
Anil s'est enfui dans les bois, tant mieux, la chasse sera plus plaisante.
Je pénètre dans la forêt et marche d'un pas lent, pour ne pas faire de bruit, mais aussi pour faire montrer de plus en plus la peur chez Anil. Car j'arrive à la sentir, cette douce odeur qu'est la peur.
Il se met à hurler en me suppliant d'arrêter, ses paroles me donnent encore plus envie de continuer...
J'aurai bien aimé l'appeler, m'amuser avec lui en lui faisant peur, le seul problème qui ne faut pas oublier, c'est que les joueurs, même s'ils ne peuvent plus nous voir, puisqu'on est dans la forêt, ils peuvent nous entendre.
Soudain, je n'entends plus un bruit, je m'immobilise, je renifle et souris.
- Anil, chuchoté-je, pourquoi te caches-tu derrière cet arbre ? ça ne sert à rien d'essayer de monter, avec ta jambe, c'est peine perdue !
Je fonce soudain vers ma proie, il pousse un cri pendant que je le fou à terre.
Il reste immobile pendant que je me relève en tournant autour de lui.
- Alors, tu as peur de te faire battre par une fille ? pauvre petit garçon !
Avec la lueur de la lune, je remarque que ses joues sont remplies de larmes.
- S'il te plait... sanglote-t-il, j'ai peur...
Je ris.
- Tu as... peur ? quelle belle nouvelle !
D'un coup bien calculé, j'enfonce la hache à quelques centimètres de sa tête. Il pousse un hurlement et essaye de se relever, sauf que je pose mon pied sur sa gorge, en appuyant lentement avec mon talon.
- Tu sais, moi aussi j'ai eu peur, mais pour Bryan ! savoir qu'il allait mourir juste parce que je ne voulais pas baiser avec toi... !
- Milena... chuchote-t-il doucement.
- Ne gaspille pas ta salive, tu seras bientôt mort, de toute façon.
Soudain, il sort le couteau qui était planté dans sa cuisse et essaye de me l'enfoncer dans le pied, celui qui était posé sur son cou, j'enlève celui au bon moment et, le pauvre se l'enfonce lui-même dans la gorge.
Il me regarde, les yeux grands ouverts en crachant du sang, ses lèvres bouges, l'air de vouloir me dire quelque chose, le tend l'oreille en lui souriant méchamment.
- Quoi ? je n'entends rien, tu dois certainement avoir quelque chose dans la gorge qui doit t'empêcher de parler ! oh ! mais qu'est-ce donc que ce couteau si bien enfoncé dans ta gorge, te serais-tu suicidé ?
Pour seul réponse, il me fait un doigt d'honneur, je ris.
- Tu es en train d'agoniser et c'est la seule chose que tu trouves d'intelligent à faire ? et bien crève sale chien !
Je pose mon pied sur le couteau en l'enfonçant plus profondément, il tressaille une dernière fois et meurt.
- Mais non ! râlé-je, ce n'est pas juste de mourir si vite ! tu es très méchant, tu sais ?
Et comme punition, je lui enfonce ma hache dans le ventre une dizaine de fois.
A un moment toute cette... "adrénaline" disparait d'un coup et je tombe à terre, épuisée.
Je... mais qu'est-ce que je viens de faire...
Quand j'y repense, tout est allé si vite, mais qu'est-ce que le Maître du Jeu m'a foutu dans le sang... ?
Je regarde Anil, tourne la tête et vomi.
Je n'arrive pas à croire que c'est lui...
Je n'arrive pas à croire que j'ai pu faire ça...
Quand j'ai fini, je m'appuis sur mes deux mains et ferme les yeux en tremblant.
Il faut que je rentre... avant que quelqu'un s'aperçoit que c'est moi...
Je me lève et me mets à marcher doucement jusqu'à la chambre de Bryan.
Il faut que je lui parle, c'est la seule personne que je veux voir en ce moment même, je ne veux pas rester seule. J'ai besoin de lui parler...
Je rentre dans sa chambre et le regarde. Il est assis sur mon lit, la tête baissé, comme s'il m'attendait.
- Je savais que tu aillais le faire. Dit-il froidement.
Je me fige.
- C'est Amira qui me l'a dit en même temps qu'elle m'a annoncé qu'Anil voulait coucher avec toi.
Il se tourne vers moi, le regard vide.
- Tu sais, quand elle m'a dit ça, je ne l'ai pas cru. Je ne savais pas que tu pouvais être aussi... cruelle.
Je serre les poings.
- Pourquoi tu ne m'en as pas empêché ?
Il se met à rire, c'est un rire presque méchant, non, c'est plutôt un rire d'hystérie.
- Parce que tu crois vraiment que tu m'aurais écouté ?! je te connais, Milena. J'aurai pu te donner toutes les raisons pour ne pas le faire, tu ne m'aurais pas écouté.
Il fait un pas vers moi. Je lis dans ses yeux de la déception, mais aussi de la folie.
- Alors ? ça te fait quoi de tuer froidement un innocent ? ça te fait quoi maintenant de savoir qu'on va te considérer comme un assassin tout le long de ta misérable vie ?!
J'avale difficilement ma salive.
- Je l'ai fait pour Alejandro, c'est en vérité Anil qui l'a tué.
Il lève les yeux au ciel.
- Il y a bien d'autre moyen de punir que la mort.
- Ici, c'est la seule punition qu'on peut infliger à des connards comme lui.
Il croise les bras en hochant la tête.
- Alors tu ne t'en veux pas ? tu n'as pas honte d'avoir tué un gosse de seize ans ?!
Je baisse la tête.
- Je n'ai pas honte.
Même-ci j'aurai préféré le faire autrement.
Bryan se remet à rire, il se rassoit sur son lit en secouant la tête.
- Alors on fait quoi ? on oublie que tu viens d'assassiner quelqu'un et on s'embrasse en oubliant tout ce qu'il vient de se passer ? on se serre fort dans nos bras en se disant "ce n'est pas grave, l'erreur est humaine" ?
Je ne réponds rien.
- Eh bien non, tu viens de tuer quelqu'un, ça restera à jamais dans ton esprit, son visage restera à jamais dans ton esprit. Peut-être que maintenant tu ne t'en veux pas, mais après, les cauchemars vont arriver, et tu vas regretter peu à peu de l'avoir fait !
Je ferme les yeux.
A vrai dire, si je ne réponds rien, c'est parce que je sais que je mérite tout cela, et ça me fait presque du bien de l'entendre m'engueuler, ça me rassure.
Il se met à pouffer.
- Pourquoi j'ai l'impression de devenir fou ? demande-t-il, pourquoi quand tu fais du mal à quelqu'un, j'ai une terrible envie de t'arracher la tête ?
Je secoue la tête.
- Parce que tu as peur que je devienne comme ton père ?
Il hoche la tête.
- Oui, tu as raisons, mais là, tu as choisi la mauvaise voie. Tuer de sang-froid un homme, te rabaisse au même niveau de mon père.
Et je suis soulagée de l'apprendre, s'il me plaçait plus haut dans son estime, j'aurai été surprise.
J'enlève mes gans poisseux de sang, mes chaussures et mon bonnet, puis je m'avance vers lui.
- Je veux te protéger, Bryan.
Il secoue la tête.
- Tu n'as pas besoin de me protéger, je le fait très bien tout seul.
Je me penche vers lui en posant mes mains sur ses cuisses.
- Donc toi tu as le droit de me protéger, et pas moi, c'est quoi cette injustice ?
Il lève les yeux et me regarde froidement.
- Je ne veux pas être protégé par un assassin.
Je serre les dents.
- Et moi, alors ? j'ai bien en face de moi quelqu'un qui a tué un innocent à quatorze ans, je me trompe ?
Il serre les poings. Je m'agenouille pour le regarder droit dans les yeux.
- Nous sommes au même niveau, Bryan, nous avons tué tous les deux quelqu'un de sang-froid. Nous sommes aussi cruel l'un que l'autre. N'essaye pas de te valoriser en me faisant la morale, car tu as déjà fait pareil.
- Mais moi, je me suis rendu compte que ce n'étais pas bien.
Je secoue la tête.
- Moi aussi, mais je m'en fou, tant que c'est pour te protéger. Je peux devenir un monstre, cela m'est égale, je t'aime Bryan.
Je me relève et enlève mon T-shirt, me retrouvant en soutien-gorge face à lui.
Mais vu le nombre de fois qu'il l'a vu, je crois que ça ne lui fait plus rien. De toute façon, je ne suis pas là pour... ça. J'enlève mon pantalon et, merde, le sang a réussi à traverser mes vêtements...
Je vais dans son armoire et attrape un long T-shirt à lui et l'enfile. Je me tourne vers Bryan qui serre les poings.
Je devrais m'en vouloir, mais je n'arrive pas vraiment à me rendre compte de ce que je viens de faire, quand j'y repense, j'ai l'impression que ce n'est qu'un rêve.
Et j'ai envie d'oublier ce rêve.
Je regarde dans un miroir et pousse un soupir mes yeux sont... rouges. Non, pas autour, mais mes iris. Ce doit être le truc du Maître...
Je souffle, le jeu ne me détruit pas que mentalement, il me détruit aussi physiquement, mes cheveux, mes yeux, et après ce sera quoi ? mon corps en entier ? comme avec Miranda ?
J'espère que ça va disparaitre...
J'ai besoin de réconfort, j'ai besoin des bras de Bryan... je me tourne vers lui et m'assoit sur ses jambes.
- Je ne le referai plus jamais, soufflé-je, je te le promets.
Il me serre dans ses bras tellement fort qu'il me fait mal, mais je ne dis rien en lui faisant pareil.
- Le jeu commence maintenant, chuchoté-je.
Il hoche la tête, et la phrase que je viens de prononcer me fait terriblement pensé au rêve que j'ai fait à cause de l'araignée robot. Avait-elle un sens ?
Je me souviens à un moment que Bryan m'a embrassé, mais à la fin il a disparu. Les rebelles vont peut-être essayer de l'enlever, il faut que je fasse attention.
Après, quand la tête d'Eva roulait à terre pour se poser sur la tête d'une autre fille, c'était pour me prévenir qu'elle allait être transformée en Miranda. Mais pour Bob, et pour la pluie de sang, j'ai encore du mal à comprendre.
Enfin, non. Je pense avoir compris, mais je ne veux pas accepter la réalité. Je pense que je ne le supporterais pas.
Cette réflexion me taraude l'esprit, et plus j'y pense, plus...
Non. De toute façon, si je l'apprends, je devrais mourir, ce qui emportera Bryan avec moi, non. Même si je n'arrête pas de dire à Bob que je n'ai pas peur de mourir et que je ne lâcherai pas l'affaire tant que je ne connaitrai pas la vérité, je sais très bien que je mens, j'ai peur de mourir, comme la plupart des gens. Je ne veux pas abandonner Bryan. Donc pour mon bien et celui des autres, je suis dans l'obligation de rester dans l'ignorance. Il faut que je réprime mon envie de tout vouloir savoir.
Bryan me lâche et se lève m'obligeant à faire pareille. Il enlève son T-shirt et s'allonge dans son lit. Quant à moi, je me penche vers la fenêtre pour regarder le ciel. Celui-ci est couvert bleu nuit, comme les yeux de Bob.
Mon regard se pose sur la forêt où se trouve le corps d'Anil.
Je ne veux même pas imaginer la tête que ses parents vont faire quand ils vont apprendre sa mort.
Je secoue la tête, il ne faut pas que j'y pense, sinon... sinon je vais m'en vouloir. Et il ne faut pas, car je vais encore pleurer, et il faut, à partir de maintenant, que je sois à fond dans le jeu. Donc si je m'en veux d'avoir tué un Loup-Garou, je n'irai pas loin.
Je pose mes doigts sur mes cuisses et gratte le sang. Et dire que c'est celui d'Anil...
Je me redresse et inspire profondément.
Oublie toute cette histoire, ce n'était qu'un rêve.
Ce n'était qu'un horrible rêve.
...
Je rentre silencieusement dans la Maison Rouge et marche lentement jusqu'à sa chambre.
Heureusement qu'Amira l'occupe et qu'elle a enlevé son oreillette.
J'ouvre la porte de sa chambre et regarde autour de moi. Son lit est cramoisi, ça me fait penser à la couleur du sang. Autour de moi, tous les murs sont blanc, un blanc qui fait mal aux yeux. Seul l'armoire et la table de chevet est en bois, sinon son bureau a l'air d'être en métal et toutes ses lampes aussi.
Je me penche sur sa table de chevet et commence à chercher.
Cette nuit, j'ai raconté en détaille mon drôle de rêve à Bryan. Il m'a dit qu'il ne devait pas être entièrement fini et qu'il fallait que je me fasse mordre une seconde fois par l'araignée.
Cette fois-ci, j'ai accepté.
Sauf que l'araignée avait disparu. Donc là, je suis en train de risquer ma vie pour une misérable araignée robot...
Mais il faut que je la récupère.
Je fouille dans sa table de chevet, rien, si ce n'est que des préservatifs. Je vais chercher dans les tiroirs de son bureau, rien...
Je regarde autour de moi, où aurait-elle pu cacher cette saloperie ?!
Je me mets à genoux et regarde sous son lit. Là, j'y trouve plusieurs boîtes en carton. J'en attrape une au hasard et l'ouvre.
Dedans s'y trouve une rouge rose séchée, elle a l'air très vielle, sur le devant de la boîte, il y a inscrit quelque chose, mais je n'y comprends rien, j'ai l'impression que c'est un prénom, mais lequel ? je n'en sais rien.
Je regarde encore quelques secondes la rose et sourit. Le Maître du Jeu n'est pas si cruel que cela, non ?
Je souffle en me reconcentrant et range le carton.
J'en attrape un autre et fronce les sourcils.
Ce sont des livres, de gros livres, et avec une pointe au cœur, je reconnais la couverture en cuir noir que mon père prenait pour ses livres...
Je referme doucement la boîte et la range. J'en aperçois une toute petite, pas plus grosse que mon poing. Je l'ouvre et souris en voyant l'araignée robot.
La voilà !
Je referme la boîte et allais sortir quand j'entends des pas se diriger vers la chambre.
Je grimace et me cache sous le lit en poussant discrètement quelques cartons.
La porte s'ouvre sur le Maître du Jeu.
- Non. Elle n'est pas là.
- Portant je l'ai vu sur les caméras rentrer dans ta maison, râle l'homme d'hier toujours au téléphone.
Le Maître du Jeu fait quelques pas vers moi pour s'assoir sur son lit.
- On aurait dû mettre des caméras dans ta maison.
Le Maître du Jeu rit.
- Je ne crois pas que ça t'aurai plus quand Jules me rend visite, tu sais, Noah, il n'est pas très sympa avec moi.
J'entends ce certain Noah grogner.
- Ouais...
- Sinon, ça m'a fait plaisir de te voir hier, c'est dommage que Milena ait interrompu notre dîner pour assassiner Anil...
- Euh... o-ouais...
Elle rit.
- Tu es tellement timide !
- N-non, ce n'est pas ça... enfin, laisse tomber...
- Tu étais très mignon. J'ai beaucoup apprécié discuter avec toi.
Il se racle la gorge.
- Tu... tu crois qu'on pourra se revoir ?
Le Maître du Jeu s'allonge sur son lit.
- J'espère bien !
Je me retiens de râler, qu'est-ce que j'en ais à faire de leur histoire d'amour ?!
- Et... demande Noah, tu penses qu'on... qu'on pourra... passer à une étape supérieur ?
Le Maître du Jeu reste un long moment silencieuse. Son lit grince et elle se lève.
- Noah... tu sais, ce que je t'ai dit hier au téléphone... ? j'ai... j'ai laissé mes émotions parler et... je me suis emportée... même-ci je t'aime bien... je suis toujours amoureuse de Robert...
A-attend... elle parle de mon père, là ?!
- Mais il est mort ! s'écrit Noah.
- Je l'aime toujours...
- C'était un rebelle !
- Je sais mais...
- Je t'aime, moi !
Elle claque la porte de sa chambre et continue de lui raconter sa misérable vie.
Doucement je me lève et ouvre la fenêtre de sa chambre. Ouh... j'avais oublié de préciser qu'on était au premier étage ? et que ce foutu étage était assez haut ?
Je suis morte... c'est sûre... en plus j'ai appris des trucs sur le Maître du Jeu... qu'elle n'aimerait sûrement pas que je sache...
Soudain Bryan, Amira et Pablo apparaissent. Je leur fait signe que je suis bloquée.
- Je m'en occupe ! chuchote Bryan de là où il est.
Il allait partir quand j'entends les pas du Maître du Jeu revenir vers sa chambre. Je leur fait de grand geste en essayant de leur faire comprendre la situation.
Je suis dans la merde !!!
Paniqué, je passe par la fenêtre en me retenant par le rebord, les pieds dans le vide.
- Ce soir ? demande le Maître du Jeu, d'accord, je vais tout préparer, mais, excusez-moi de reposer cette question, c'est dans quelle chambre ?... d'accord... mais qui surveillera les caméras de surv-... d'accord... Attendez... il est l'heure d'annoncer la mort du joueur, je vous rappelle dans dix minutes. Au revoir.
Elle claque la porte et j'essaye de remonter, mais c'est impossible, je n'ai pas de force !!!
- Lâche ! dit Bryan, je vais te rattraper !
- Tu te crois dans des films ?! jamais de la vie ! on va se faire mal !
Je bats des pieds en serrant les dents, je vais lâcher !
Je regarde mes mains, merde ! j'ai oublié l'araignée robot sous le lit ! mais qu'est-ce que je suis conne !
- Tous les joueurs doivent se réunir autour des troncs, immédiatement, merci.
- Putain ! râlé-je.
- Lâche ! me hurle Bryan.
- Je l'ai oublié ! je l'ai laissé dans la chambre !
- On s'en fou ! tu n'as pas assez de force pour remonter !
Je fronce les sourcils.
- C'est parce que je suis une fille que tu dis ça ?! tu me crois faible parce que je suis une fille ?! imbécile ! on va voir qui est le faible !
Je prends une grande inspiration et essaye de monter mon pieds le plus haut possible, petit problème : la souplesse et moi ça fait deux.
Bon. Essayons autre chose...
Je pose mes pieds sur le mur pour monter petit à petit.
Second problème : l'escalade et moi, ça fait toujours deux.
Donc comme une conne, à un moment mon pied glisse, je lâche prise et tombe.
Je n'ai poussé aucun cri, j'étais toute contracté en attendant l'impact.
Sauf qu'au lieu de ça, un corps puissant me retiens et nous tombons tous les deux à terre.
J'ouvre grand les yeux et regarde Bryan me serrer fort dans ses bras.
- Tu vas bien ? demandé-je.
Il se met à rire.
- Tu m'as détruit... les bijoux de famille avec ton genou !
Je m'écarte de lui, ouïe... en me rattrapant pendant ma chute j'ai dû lui donner un coup brutal dans les zones sensibles.
Je me relève et l'aide à faire pareil. Amira et Pablo nous regardent avec un grand sourire.
- Il va falloir revenir, râlé-je pendant que Bryan se remet de son coup.
- Ouais, dit Pablo, mais à quoi ça va nous servir de chercher une araignée dans la chambre du Maître du Jeu ? il y en a plein autre part.
Je regarde Amira en fronçant les sourcils. Elle secoue la tête en me faisant signe de passer à autre chose.
Il n'a rien compris l'imbécile.
Pendant que nous marchons en direction des troncs, Amira s'approche de moi et me chuchote à l'oreille.
- J'ai trouvé un endroit où personne ne peut nous voir, ni nous entendre.
- C'est vrai ? c'est où ?
- Je t'y emmènerai plus tard. Mais il faut bien faire attention, le Maître du Jeu doit nous surveiller.
J'hoche la tête, un endroit où personne ne nous voit ? c'est cool, ça !
Nous nous réunissons tous autour des troncs, le Maître du Jeu me lance un regard noir avant de hurler :
- Anil est mort cette nuit ! c'était un Loup-Garou ! les Villageois feront la fête ce soir !
Je regarde autour de moi et vois Jeka tomber à terre. Arslan se place à côté d'elle en essayant de la réconforter, elle le repousse en lui hurlant des insultes.
Bryan se tend à côté de moi et s'avance vers Jekaterina, le regard noir.
- Parles un peu mieux à Arslan, crache-t-il, lui au moins il essaye de te réconforter.
- Ferme ta gueule sale profiteur de merde !
Il serre les poings, j'ai presque l'impression qu'il va la frapper.
- Non, Arslan se montre sympas avec toi, donc tu fermes sa sale gueule et tu le remercie de sa sympathie. Je pense qu'il est le seul à faire ça, surtout avec toi qui ne mérite rien de sa part.
- Va te faire foutre ! hurle-t-elle.
Soudain, il l'attrape par les cheveux, la soulève et la gifle. Tout le monde s'immobilise, même le Maître du Jeu regarde Bryan, les yeux exorbités.
- Tu me parles encore une fois comme ça et je te fais disparaitre de la surface de la terre, compris ?
Jeka effrayée hoche la tête. Bryan ouvre la bouche pour parler mais Arslan l'interrompt.
- Bryan, ce n'est pas à toi de prendre ma défense.
Bryan se tourne vers lui et lâche Jeka qui tombe violement à terre.
- Je ne fais que te rendre service.
- Donc tu m'ignores depuis presque le début du jeu, tu sors avec la fille que j'aime, tu lui brise le cœur, et après tu veux me rendre "service" ? tu ne serais pas plutôt en train de te défouler sur elle pour un rien ?!
Bryan reste silencieux et serre les poings.
- Je n'ai pas le droit de protéger mon meilleur ami ? Jeka n'est pas une fille pour toi, tu le sais très bien.
- Je fais ce que je veux ! tu n'as pas à prendre les décisions à ma place !
Je m'avance vers eux pour m'interposer, je sens que Bryan va craquer.
- Arslan, dis-je, je peux te parler ?
Il lance un dernier regard noir à Bryan puis se tourne vers moi, se montrant encore moins gentil qu'avec Bryan.
- Pourquoi ?
- C'est quelque chose de privé.
- Je n'ai pas envie de perdre mon temps avec toi.
Il s'éloigne de nous et s'agenouille devant Jekaterina en la consolant. Le Maître du Jeu souffle et s'en va. Tout le monde souffle et Amira m'attrape par le poignet.
- Allons-y, me dit-elle.
Je secoue la tête.
- Il faut que je reste avec Bryan.
Avec ce qu'il vient de se passer, Bryan a besoin de quelqu'un avec lui pour discuter. Sinon il va péter un câble et tout casser.
Elle me tire encore une fois.
- Pablo va rester avec lui, aller, vient.
A contrecœur j'accepte de la suivre. Nous nous mettons à courir derrière les maisons pendant même pas cinq minutes. Soudain elle s'arrête et se tourne vers moi.
- Prépare-toi à voir quelque chose d'étrange...
Je fronce les sourcils.
Elle se dirige vers un buisson et... le soulève ?
Je comprends juste après que ce n'étais qu'un faux buisson et qu'elle a soulevé une trappe.
Elle me sourit et descend l'escalier en me faisant signe de la suivre. Avec assez d'appréhension je le fais.. Elle referme la trappe derrière moi et appuie sur l'interrupteur qui, avec une lumière rouge sang, nous montre... le truc...
Ce... ce n'est pas un truc qu'on voit tous les jours... c'est même assez effrayant...
C'est une salle remplie d'os, de crâne humain...
Le truc encore plus bizarre, c'est qu'il n'y a aucune odeur de mort, ça sent presque la menthe...
Amira s'avance et s'arrête au fond de la salle.
- C'est la collection de squelettes du Maître du Jeu, à ce que j'ai entendue, ce sont les os de tous les assistants des anciennes saisons... et quand elle s'ennuie vraiment, elle y va et elle essaye de reconstruire le corps en entier. Sympa comme occupation, non ?
- C'est... bizarre.
- Je te comprends, au début, je n'en croyais pas mes yeux c'est trop... étrange...
Je touche du bout du doigt un crâne, c'est dégueulasse de faire ça...
Amira s'assoit au milieu de la salle.
- Si je n'ai pas dit la vrai raison pour laquelle tu es allé dans la chambre du Maître du Jeu, c'est parce que Pablo ne sait pas tenir sa langue. Il aurait tout balancé à Kenya...
- Ok...
- Et pourquoi tu veux tant cette araignée robot rebelle ?
Je m'assois en face d'elle, encore perturbé par la collection étrange de Maître du Jeu.
- J'ai eu un drôle de rêve et... je n'ai pas eu le temps de le terminer...
Elle hoche la tête.
- J'ai une autre question à te poser... ton père est vraiment mort ?
Je baisse tristement la tête.
- Oui...
- Mais... comment ça ?
- Il... il a été assassiné par le père de Bryan...
Elle me regarde, choquée.
- Bryan et son père son deux tueurs à gage, expliqué-je, mon père a été tué par lui.
- Oh... je... je suis... désolé...
Elle regarde autre part.
- Et... et tu peux m'expliquer l'histoire d'une rebelle qui a essayé de te tuer ?
Je secoue la tête.
- Je ne me souviens de rien... je ne sais même pas de quoi elle parlait... personne n'a essayé de me tuer...
Elle croise les bras.
- Je me souviens d'un soir, celui ou on a joué aux mariés, tous les joueurs ont entendu des coups de feu la nuit et je crois même t'avoir entendue hurler le nom de Bryan... tu ne te souviens pas ?
Je secoue la tête, perturbée.
- Non... quand je repense à cette soirée... tout m'a l'air vague... je me souviens être allée dans la chambre de Bryan et... et c'est tout...
Elle hoche la tête.
- Peut-être qu'après ça tu as dû être drogué pour être sûr que tu ne puisses pas t'en souvenir ?
- Je ne sais pas...
- Et tu penses que Bryan s'en souviens ?
Je secoue une nouvelle fois la tête.
- Lui non plus ne se rappel de rien...
- C'est étrange...
Je ferme les yeux et respire doucement en appréciant cet air mentholé.
- On va devoir y aller, dit-elle en se levant, si on reste trop longtemps ici, le Maître du Jeu va s'en douter.
J'hoche la tête et la suit. Nous remontons à la surface et allons directement dans la chambre de Bryan.
Quand j'ouvre la porte, j'aperçois Bryan et Pablo rire. Je lui souris et le prend dans mes bras.
- Vous parliez de quoi ?
Bryan et Pablo se mettent à rougir.
- De... de rien, me dit Pablo en secouant la tête, c'était des trucs... de mecs...
Amira fronce les sourcils et va s'assoir à côté de son frère. Bryan m'embrasse sur la joue et me chuchote :
- Où étiez-vous allée ?
Je regarde Amira, elle secoue la tête. Elle n'a pas tort, si nous avons ici des micros pour nous entendre, le Maître du Jeu va apprendre notre secret....
J'hausse les épaules.
- On était parti parler entre fille. Et toi, ça va mieux ?
Il hoche la tête. Quelqu'un frappe à la porte et la tête de Kenya apparait, elle nous sourit gentiment et j'aperçois du coin de l'œil Amira se tendre.
- Pablo, l'appelle-t-elle, tu peux venir s'il te plait ?
Il se tourne vers sa sœur qui a contracté tous ses muscles.
- Euh... j'arrive dans trente secondes.
Kenya se tourne vers Amira et lui sort un magnifique sourire, qu'est-ce qu'elle peut être belle cette fille !
Elle hoche la tête et ferme la porte, Amira souffle et me jette un coup d'œil, je grimace.
- Tu comprends maintenant ? demande-t-elle.
- Ouais, ce doit être dur...
Les garçons nous regardent incompréhensif.
- Qu'est-ce qui est dur ? demande Pablo.
Amira secoue la tête.
- Rien, va plutôt retrouver ta... chérie. Mais fais quand même attention.
- Oui, ne t'inquiète pas, Kenya n'est pas méchante.
Pablo l'embrasse sur la joue et nous regardons Pablo partir, quand celui-ci ferme la porte, Bryan me lâche pour s'assoir sur son lit.
- Il y a un problème entre Kenya et toi ? demande-t-il à Amira.
Je lève les yeux au ciel.
- Tu n'avais jamais remarqué qu'elle la détestait ?
Enfin, pas vraiment, mais je ne crois pas qu'Amira veut que je révèle son petit "secret" à Bryan.
- Si, mais il y a quoi de "dur" dans cette histoire ?
Amira secoue la tête et s'appuie contre un mur.
- Ça ne te concerne pas.
Rien qu'en regardant l'expression gêné d'Amira, Bryan sourit et hoche la tête.
- C'est bon. Je viens de comprendre.
Amira devient rouge.
- Comprendre quoi ?!
- Bah... que Pablo t'intéresse.
J'explose de rire.
- Mais Pablo est mon frère jumeau ! s'écrit Amira.
Il écarquille les yeux.
- Tu ne t'en étais pas rendu compte ? demandé-je.
- Merde ! s'écrit Bryan, ah oui ! j'avais oublié ce détail !
Il fronce les sourcils.
- Donc c'est Kenya qui t'intéresse ?
Amira redevient rouge. Elle secoue la tête.
- Ce ne sont pas tes affaires.
Bryan me regarde et j'hoche discrètement la tête.
- Tu as raison, répond-t-il juste après, ce ne sont pas mes affaires, excuse-moi si je t'ai offensé.
Elle lui sourit.
- Je te pardonne.
Elle regarde par la fenêtre et grogne, j'aperçois par-dessus son épaule Pablo et Kenya s'embrasser.
Tient, je me suis rendu compte que je n'ai même pas embrassé Bryan une fois depuis ce matin.
Amira se tourne vers moi et me chuchote à l'oreille.
- On retourne quand chercher l'araignée ?
J'hausse les épaules.
- Ce soir, quand le Maître du Jeu sera occupé avec la soirée à thème.
- Ok ! en plus, ça tombe bien, c'est une soirée ou on va faire des shootings photos, donc quand ce ne seras pas ton tour... tu vois ce que je veux dire ?
J'hoche la tête.
- Compris.
Elle me sourit et sort de ma chambre. Avec un petit sourire, je me penche sur la fenêtre et la regarde s'interposer entre Pablo et Kenya.
- Donc elle aime Kenya ? me demande Bryan.
- Non, Kenya est juste son style de fille.
Il vient se poser à côté de moi.
- J'espère qu'elle ne tombera pas amoureuse de toi, me souffle-t-il, sinon je vais devenir jaloux.
Je ris.
- Tu n'as rien à craindre, c'est toi que j'aime.
Il m'embrasse sur la joue et me prend dans ses bras.
- Je trouve ça un peu dangereux de ta part de retourner là-bas.
Je fronce les sourcils.
- Tu nous as entendus ?
- Non, mais je l'ai un peu deviné.
Je secoue la tête.
- Il le faut...
- Je peux le faire à ta place, si tu le veux.
- Non, je préfère le faire moi-même.
Il souffle.
- J'ai peur pour toi...
- Et moi je ne veux pas que tu y ailles, ça me concerne, donc c'est à moi de le faire.
Il hoche doucement la tête.
- D'accord, mais fait attention à toi.
- Promis.
Il m'embrasse en me serrant fort contre lui. Je ferme les yeux en m'éloignant un peu, juste assez pour lui parler.
- Amira m'a montré un endroit assez cool où on peut être tranquille tous les deux.
Il sourit.
- C'est vrai ? c'est où ?
- C'est un secret, je te le montrerai après ma mission achevée.
Il rit et me lâche.
- Je n'aime pas patienter !
- Mais de quoi tu parles ? dis-je avec un ton faussement innocent, je veux juste te montrer un endroit sympa, rien de plus !
Enfin, si "sympa" veut dire glauque...
Il pose ses mains sur le bas de mon dos.
- Et qu'est-ce qu'on y fera ?
Je m'écarte de lui en essayant de ne pas sourire.
- On va discuter.
- Nul...
Je lui tire la langue.
- Eh bien tu vas devoir t'habituer aux moments nuls !
La sonnerie nous annonce qu'il est l'heure d'aller manger. Je ne sais pas pourquoi, je tressaille, j'ai encore l'impression qu'Anil m'attends dans sa chambre pour... notre petite affaire...
Non, Anil est mort, je n'ai plus rien à craindre...
Bryan me prend par la main et nous nous dirigeons tous les deux tranquillement jusqu'à la cantine. Pour une fois, je vais m'assoir sur une grande table avec Bryan et Amira à mes côté.
Nous mangeons tranquillement, cette fois-ci, je peux prendre un vrai repas, sans être dérangé par qui que ce soit. Et je me rends compte à quel point j'avais faim !
J'avale toute ma ration en une seconde et Bryan se met à rire.
- Il faut reprendre des forces pour la suite !
Je frissonne, mon esprit pervers ayant pris le dessus.
Pourquoi esprit pervers arrives-tu dans des phrases si banales ! pourquoi ?!
Je ris en rougissant, il me prend par la main en me souriant.
Pour la première fois, je n'ai plus l'impression d'être dans le Loup-Garou. Là, j'ai l'impression d'être dans une colonie, où on discute, où on rit... où on n'a pas peur de mourir...
Je déglutis et continue de manger.
Arrêtes de penser à ça, ça plombe le morale !
J'aperçois de mon œil malicieux Naomi regarder intensément Amira. De mon coude j'attire l'attention de cette dernière et d'un geste discret du menton lui indique Naomi. Amira tourne la tête en rougissant.
- Je crois qu'elle te fait de l'œil, chuchoté-je la bouche pleine.
- Arrête... souffle-t-elle, depuis qu'on s'est embrassé, elle ne fait que ça !
- Bah... pourquoi tu ne sors pas avec elle ?
Elle me lance un regard froid.
- Car on ne sort pas avec des filles, ce n'est pas dans la nature de l'humain.
J'explose de rire.
- Tu vois, ma petite... qu'est-ce que t'en a à foutre de ce qui est naturel ou non ? le maquillage, ce n'est pas naturel, ce n'est pas dans la nature de l'homme de se maquiller, pareille pour les IMPLANT MAMMAIRES ! hurlé-je en regardant Jeka.
Amira pousse un petit cri.
- Arrête ! tout le monde va nous regarder !
Je ris.
- Et alors ? personne ne sait de quoi on parle !
Bryan se penche vers nous.
- Moi j'ai tout entendu. Et Milena a raison, l'humain est fait pour se reproduire avec quelqu'un de son sexe opposé, mais il peut tomber amoureux du même sexe que lui, tout n'est qu'un choix de préférence. c'est comme-ci tu allais détester ta fille parce qu'elle aime les pommes alors qu'elle devrait aimer les poires, c'est complètement débile. Et pour ma part, je préfère les filles.
Je secoue la tête pendant qu'Amira rougit encore plus.
- Non, non, non, tu ne préfères pas les filles, tu préfères Milena, point.
Il se redresse avec un petit sourire.
- Madame parle d'elle à la troisième personne ?
- Oui, car madame n'a pas D'IMPLANT MAMMAIRES ! Et madame se qualifie comme venir d'une espèce différente que celle qu'elle a sous les yeux. Car madame est comme un animal sauvage !
- Donc monsieur devrait aller voir ailleurs si madame est un animal sauvage, car monsieur n'aime pas la zoophilie.
- Qui dit à monsieur que madame veux faire des choses qui relèvent de la zoophilie ?
- Monsieur le lit dans les yeux de madame.
- Eh bien madame dit que monsieur se trompe.
Il rit.
- Et monsieur dit à madame que ça ne le dérange pas tant que ça d'être zoophile, surtout si c'est pour madame.
- Monsieur va avoir des problèmes.
- Monsieur aime les problèmes.
- Monsieur est suicidaire alors ! car si monsieur touche à madame, monsieur va se retrouver avec une partie qu'il chérie beaucoup en moins !
Il pousse un petit cri.
- Et si monsieur fait un bisou à madame. Madame lui pardonnera ?
- Si monsieur reste correcte, madame n'aura nullement le droit de lui en vouloir.
- Monsieur aime madame.
- Monsieur est zoophile, alors.
Soudain, je me rends compte qu'un grand silence s'est interposé, et que tout le monde écoutait notre discussion.
Bryan ris pendant que je me mets à rougir.
Bryan se penche à mon oreille pour me dire d'une voix moqueuse.
- Madame parle trop fort, car madame a une grande gueule.
Je serre les dents.
- Monsieur à intérêt à la fermer s'il a envie d'avoir un avenir.
- Monsieur ne veut pas un avenir, monsieur veut un présent avec madame.
- Quand monsieur va se retrouver émasculé s'il ne se tait pas.
- Monsieur demande à madame si elle connait vraiment le sens d'émasculer.
- Madame répond à monsieur qu'elle ne sait pas, mais qu'elle va quand même lui faire mal.
Il rit.
- Monsieur demande à madame sa définition de "mal".
- Madame répond à monsieur qu'elle va lui couper les parties génitales si monsieur ne se tait pas.
Il dégluti.
- Monsieur se tait alors.
- Madame le remercie.
Je me remets à manger pendant qu'Amira me regarde comme-ci j'étais devenu folle.
- C'était quoi ce... truc ?
- Madame n'en sais rien.
Merde... j'ai pris l'habitude maintenant...
Amira rit en secouant la tête.
- Vous êtes de gros tarés.
- Monsieur n'est pas d'accord, intervient Bryan.
Je ris en le poussant.
- C'est fini ! dis-je en riant.
- Monsieur aime bien parler comme cela.
- Eh bien monsieur a intérêt d'arrêter s'il ne veut pas que madame s'énerve.
Merde, ça reprends.
- Monsieur aime quand madame parle comme ça.
Je pose ma main sur sa cuisse en y enfonçant les ongles.
- Madame a une soudaine envie de faire très mal à monsieur. et quand madame dit "mal", ce n'est pas avec la définition de monsieur.
- Ok... j'arrête !
- Bien, madame est satisfaite !
Je me tourne vers Amira.
- Donc, revenons-en aux faits, tu sais, tu as le droit d'être amoureuse d'une fille.
- Mais je n'aime pas Noami.
- Oui, mais tu as le droit, ce n'est peut-être pas dans la "nature", mais l'homme a été tellement "dénaturé" que comparé aux IMPLANTS MAMMAIRES, ce n'est rien.
Amira rit.
- Tu adores énerver Jekaterina, je me trompe ?
J'hoche fièrement la tête.
- Oui ! c'est mon but dans la vie !
Bryan passe ses bras autour de ma taille.
- Je m'ennuie... souffle-t-il.
- Va t'amuser avec des garçons de ton espèce.
Il rit et se lève en m'embrassant sur la joue.
- Je n'aime pas trop les garçons "de mon espèce", je préfère les filles qui appartiennent à la tienne.
Je pouf.
- Tu n'en trouveras pas d'autre comme moi, je suis la seule de cette espèce.
Il pousse un cri d'étonnement.
- Comment ça ?! ton espèce est en voie de disparition ?! allons vite arranger tout ça !
J'explose de rire en secouant la tête et me tourne vers Amira.
- Allons dans ma chambre, entre fille.
Bryan souffle.
- Pourquoi pas moi ?
- Parce que nous allons parler entre fille.
- Mais moi je suis une fille ! j'ai moi aussi un chromosome X !
Je fronce les sourcils.
- Un chromo-quoi ?
Il secoue la tête.
- Laisse tomber... j'ai la flemme de te l'expliquer.
Amira m'attrape le poignet et m'emmène dans ma chambre.
- Je ne veux plus que tu me parles de Naomi, me dit froidement Amira, je n'aime pas cette fille, ce n'est pas un Villageois, ça j'en suis sûre.
Je lève les yeux au ciel.
- Comme tu veux... mais c'était mignon votre petit bisou.
- Ferme là, je t'ai dit que je ne veux pas sortir avec elle.
Ouh... elle a l'air énervée.
Je m'assois tranquillement sur son lit en croisant les bras.
- D'accord, admettons que tu n'aimes pas Naomi, et alors ? j'ai quand même le droit de dire que vous êtes mignonne ensemble.
Amira ferme les yeux, perturbée.
- Je ne veux plus qu'elle me regarde... souffle-t-elle à elle-même, je ne veux plus qu'elle me...
Elle reste un moment silencieuse puis secoue la tête.
Je fronce les sourcils, elle est livide.
- Il s'est passé quelque chose entre Naomi et toi ?
Elle s'immobilise et tous ses muscles se contractent. Son regard froid se pose lentement sur moi, je me mords la langue.
Note à moi-même : ne plus jamais parler de Naomi à Amira.
Puis soudain, comme-ci elle revenait à la réalité, elle cligne des yeux et secoue la tête.
- Rien qui puisse te concerner.
- Tu ne me fais pas confiance ? ne puis-je m'empêcher de demander.
Elle se pince les lèvres.
- S... non.
Puis elle s'en va en claquant la porte, je serre les poings, bon, elle est sympa mais j'aime bien quand on me raconte ce qui ne va pas ! je fais au moins preuve de gentillesse en m'intéressant à elle, elle pourrait elle aussi avoir la gentillesse de me répondre !
Je me lève, la rattrape et la reteint par le poignet.
- Amira, dis-je froidement, Naomi t'a fait quelque chose.
Elle se retourne violement vers moi.
- Laisse-moi tranquille, ok ?! je ne t'ai rien demandé !
- Mais je veux que tu me dises si...
- Est-ce que ça te concerne personnellement, non ? c'est ma vie privée ! et ma vie privée t'emmerde !
Bryan arrive, voyant une animosité naissante, et se place entre nous. Pablo fait pareil et se retrouve face à Bryan.
- Moi au moins j'essaye de faire attention à toi ! hurlé-je en essayant de pousser Bryan pour voir Amira.
- Tu ne veux pas faire attention à moi, tu veux juste connaitre ma vie ! ma vie m'appartient ! et c'est à moi de décider ou non si je veux te la raconter ou non.
Bryan toujours face à moi pour me protéger pose une main dans le creux de mon dos et me place doucement contre le sien.
- Pablo, dit à ta sœur de se calmer.
Pablo lève un sourcil.
- Et toi dit à ta copine d'arrêter de se mêler des affaires des autres.
Bryan serre les poings.
- Ce n'est pas Milena qui est en tort dans l'histoire.
- Bien sûre que si ! hurle Amira.
- Ferme ta gueule ! crié-je, je voulais juste faire attention à toi.
Je pense que pour Amira, le "ferme ta gueule" était le mot de trop. D'un mouvement de bras, elle pousse violement son frère et fonce sur moi. Sauf que Bryan fait un pas en face et la regarde méchamment en le surplombant grâce à sa grande taille.
- Touche-la et je jure que je t'arrache la tête.
- Va-t'en, Bryan, je n'ai pas envie de te faire mal.
Celui-ci lui sort un rire moqueur.
- Toi ? me faire mal ? laisse-moi rire !
Soudain Amira lui donne un violent coup dans les parties intimes, Bryan pousse un petit cri aigue et tombe à terre.
- Putain ! dit-il avec une octave de plus dans la voix, c'est la deuxième fois en une journée !
Amira s'avance vers moi, m'attrape par le poignet et se met à courir, j'aurai bien aimé rester avec Bryan, mais Amira me serre tellement le poignet que je n'ose même pas lui résister un instant.
Quand nous arrivons derrière une maison, Amira fait un faux pas et tombe à terre, en m'entrainant dans sa chute. Je tombe sur elle en me cognant violement la tête contre la sienne.
Je grogne en me la frottant.
- Pourquoi tu m'as amené ici ? demandé-je en me redressant.
- J-j'avais besoin... besoin de...
Elle se met à trembler en regardant le sol. Je fronce les sourcils en me penchant vers elle.
- Tu vas bien ?
- O-oui...
Elle est encore plus pâle, je commence à m'inquiéter.
- Amira ? qu'y a-t-il ?
Une larme roule le long de sa joue et vient s'écraser au sol.
- Ne me regarde pas... je ne veux pas que tu me voies pleurer...
- Ce n'est pas grave, tu sais, je suis ton amie...
- Je ne veux pas... tourne toi...
Je fronce les sourcils et la regarde, elle a l'air fragile vu d'ici, tremblante, livide et maigre comme mon petit doigt.
- Tu as mangé ? demandé-je.
- Tourne-toi...
Je me tourne et regarde moi aussi le sol, pourquoi est-elle comme ça ? je n'y comprends rien...
Quelques minutes plus tard, je l'entends se lever.
Je me tourne vers elle et me lève aussi, quand j'arrive à sa hauteur, je remarque à quel point elle est faible.
D'apparence forte et froide, là je vois en face de moi une fille de seize ans, les joues creusés, le regard empli de douleur, de souffrance, de gros cernes sous ses yeux. Mon cœur se serre.
- Tu n'as pas mangé depuis combien de temps ?
Elle hausse les épaules.
- Je ne sais pas... je n'ai pas faim de toute façon.
Mais... quand elle était à côté de moi, elle n'avait pas une assiette remplie de nourriture ? ou peut-être que c'était moi ? putain... les détails et moi ça fait deux...
Je fais un pas vers elle, mais elle recule.
- Je n'ai pas besoin de ton aide, dit-elle à bout de souffle rien qu'en ne faisant qu'un pas. Je ne veux pas de ton aide...
- Amira... pourquoi tu es si distante avec moi ?
Elle ferme les yeux et essaye de tenir sur ses pieds.
- Parce que... tu es dangereuse...
- Moi ?
- Oui, toi. On m'avait pourtant dit de ne pas devenir ton amie...
- Qui t'a dit ça ?
Elle tourne de l'œil et s'écroule à terre en se cognant violement le crâne contre un rocher. J'écarquille les yeux et m'agenouille à côté d'elle.
- Bryan ! hurlé-je.
Celui-ci arrive quelques secondes plus tard. Je soulève doucement Amira et vois du sang couler à l'endroit où son crâne a touché la roche. Ma tête se met à tourner.
- Que s'est-il passé ? demande Bryan en attrapant Amira pour la porter.
- Elle... elle est tombée d'un coup à terre... je pense qu'elle n'a pas mangé depuis un bon bout de temps...
- Ok, je l'amène dans ma chambre, en attendant, préviens le Maître du Jeu.
J'hoche la tête et cours vers la Maison Rouge, avant que je n'ouvre la porte, j'entends un cri de la part du Maître, puis des bruits de verre qui cassent. Je m'arrête, hésite, puis ouvre.
Ce que je vois me fait froid dans le dos.
Le Maître du Jeu, les vêtements en lambeaux, le maquillage qui a coulé à cause des larmes, la hache à la main.
Et autour d'elle, sa maison complètement détruire.
Quand son regard se pose sur moi, je me raidis.
- C'est toi ! hurle-t-elle, c'est toi qui l'as volé !
- Q-quoi ?
Elle m'attrape par la gorge en me plaquant violement contre un mur.
- Tu l'as pris ! c'est toi !
Elle me serre tellement fort que j'ai l'impression que me yeux vont sortir de mes orbites.
Soudain elle lâche la hache pour m'attraper la gorge avec ses deux mains.
- Dis-moi ! dis-moi où tu l'as caché ou je devrais te tuer !
Je cherche désespérément de l'air, mes ongles s'enfoncent dans sa peau en essayant en vain de la faire lâcher prise, mes pensées sont confuses, tout s'est passé si vite, je n'arrive pas à réfléchir...
Elle m'envoie violement valsé dans les airs avant de me foutre son pied en pleine mâchoire et me mettre à terre.
J'ouvre grand la bouche en respirant à pleins poumons. Le Maître du Jeu ferme la porte de sa maison, nous enfonçant dans l'obscurité.
Je la voie se baisser et ramasser sa hache avant de tourner lentement autour de moi.
- Dit-le ! hurle-t-elle.
Sa hache s'enfonce à quelques centimètres de mon visage.
Je pousse un hurlement et me lève en fonçant vers la porte, elle m'attrape par les cheveux, me tire vers elle en posant violement un couteau sur ma gorge.
- Où est-elle ?
- Qui ! je ne sais pas de quoi vous parlez !
Des larmes coulent le long de mes joues et je me mets à trembler de tous mes membres. Toujours en me tenant fermement par les cheveux, le Maître du Jeu ferme la porte à clé et repose le couteau sur ma gorge.
- L'araignée ! où est l'araignée !
Je secoue la tête.
- Je ne sais pas ! s'il vous plait ! lâchez-moi !
Au même moment, Bryan cogne violement contre la porte et je pousse un cri.
- Je n'y ai pas touché ! mentis-je.
- Menteuse !
Elle pose sa lame sur mon avant-bras et me l'entaille profondément, je pousse un cri en lui suppliant de me lâcher.
- A cause de toi si je ne la retrouve pas avant seize heures je vais me faire exécuter !
Elle m'entaille la cuisse.
- Donc tu as intérêt à me dire tout de suite ou elle est sinon je te tue !
- Je l'ai laissé dans votre chambre ! je n'y ai pas touché !
- Arrête de mentir ! tu mens comme tu respires, salope !
Cette fois-ci, au lieu de m'entailler la cuisse, elle l'enfonce profondément, je pousse un hurlement grave pendant que ma vue se met à se brouiller par la douleur.
La seule voix que j'entends maintenant, c'est celle de Bryan à travers la porte qui m'appel en essayant en vain de l'enfoncer.
Il faut que je trouve un moyen de m'en sortir... il le faut sinon elle va me tuer...
Je serre les poings en essayant de contrôler ma voix.
C'est dangereux ce que je vais faire, car la dernière fois elle s'était vraiment énervée.
Mais là, c'est la seule idée qui me vient à l'esprit.
- S-s'il te plait... ne fais pas ça... maman...
Elle s'immobilise pendant un long moment, un moment interminable, où même Bryan s'est arrêté de m'appeler. Le monde c'est arrêté de vivre pour voir sa réaction.
Son étreinte sur mes cheveux et le couteau se relâche, je roule à terre en m'éloignant d'elle et en m'arrachant d'un coup le couteau, je pousse un petit gémissement puis m'arrête en la regardant. Elle n'a toujours pas bougé, elle me regarde, les yeux remplie à la fois de colère et de stupeur.
J'essuie d'un revers de la main une goutte de sueur qui coulait sur mon front et la regarde, en essayant de calmer ma respiration.
Ses larmes se mettent enfin à tomber. Elle fait quelques pas vers moi et s'agenouille en me regardant droit dans les yeux.
- C-comment tu le sais... ?
- J-je... je m'en suis doutée...
D'une main tremblante et ensanglanté, elle la pose sur ma joue.
- Pourquoi tu m'as... appelé... comme ça... ?
J'avale difficilement ma salive.
- Car tu l'es... tu... tu es ma mère...
Sa main posé sur ma joue retombe à terre, son regard se refroidi et fait place à de la colère.
- Où est l'araignée ? demande-t-elle froidement en se relevant pour me tourner le dos.
J'essaye de me relever, mais ma blessure à la jambe me lance et je retombe à terre en grognant de douleur.
- J-je... je pensais l'avoir laissé dans votre chambre...
- C'est toi qui a laissé ma fenêtre ouverte, je me trompe ?
- O-oui...
- Donc elle s'est enfuie.
Soudain, elle se tourne vers moi le visage inondé de larme.
- Merci Milena. A cause de toi, je vais mourir. A cause de ta connerie, je vais me faire exécuter, merci beaucoup.
Bryan cogne violement à la porte.
- Je l'ai ! hurle-t-il. Elle est avec moi !
En trois enjambées, le Maître du Jeu se pose devant la porte et l'ouvre. Bryan sort d'une main tremblante l'araignée, lui donne, puis fonce vers moi en me prenant dans ses bras. Il me serre fort puis se met à voir le nombre de mes blessures.
Il explose en sanglot.
- Excuse-moi Milena... c'est à cause de moi tout ça...
- C-comment ça...
- J'ai demandé à Pablo qu'il aille me la chercher, puisque je n'avais pas envie que ce soit toi qui y retourne... c'est à cause de moi tout ça !
Derrière lui, le Maître du Jeu regarde l'araignée puis se met à trembler de rage.
- Vous avez désobéit aux règles... souffle-t-elle. Un de vous doit en payer le prix.
- C'est de ma faute tout ça ! cri Bryan en se tournant vers elle.
- Non ! hurlé-je, c'est de la mienne !
Le Maître serre les dents.
- Rentrer dans ma chambre, fouiller dans mes affaires, me voler des affaires importantes... c'est Milena la fautive ! c'est elle qui doit se faire punir !
Elle allait s'avancer vers moi quand quelqu'un prends la parole.
- Non. C'est moi qui ai demandé à Milena de faire ça, c'est de ma faute.
Je tourne la tête vers Amira, qui c'est à peine remise de sa chute. Elle a le regard vague et est toute chancelante. Le Maître du Jeu se tourne vers elle, ne cherche aucune autre explication, l'attrape par les cheveux et la traine dans son sous-sol. Je pousse un cri en essayant de les en empêcher, mais ma douleur à la cuisse devient de plus en plus insupportable.
Je ferme les yeux et tourne de l'œil.
...
Quand je me réveille, je n'ouvre premièrement pas les yeux.
La première chose que j'ai remarqué, c'est l'odeur mentholée qui flotte dans l'air.
Une main se pose dans le creux de mon cou et des lèvres chaudes et humides sur mon front.
J'ouvre un œil et voit Bryan penché sur moi.
Tous les évènements me reviennent à l'esprit, je me redresse violement.
- Amira... soufflé-je.
Je ne vois autour de moi que des crânes et des os, nous sommes dans le musée du Maître du Jeu.
- Elle va en quelque sorte bien. Me souffle doucement Bryan. Repose-toi, tu en as grandement besoin.
- Où est-elle ?
- Le Maître pour la punir lui a attaché les mains sur un poteau, elle va passer une nuit comme ça.
Je secoue la tête et m'accroche à Bryan, le monde tourne autour de moi.
- Mais... ce n'est pas de sa faute... c'est de la mienne...
- Milena... c'est elle qui a décidé de se faire punir à ta place, comme pour moi.
- Mais... pourquoi !
Une larme coule le long de ma joue et il l'essuie avec le revers de son pousse.
- Parce qu'on t'aime, Milena, on préfère souffrir que de te voir souffrir.
Je secoue la tête.
- Vous êtes injuste... c'est moi qui mérite cette punition...
Bryan m'embrasse sur le front.
- Pourquoi nous sommes ici ? demandé-je.
- Car j'avais besoin d'être seul avec toi.
- Mais il faut rester avec Amira, il faut la soutenir...
- Pablo et Kenya s'en occupent...
Il me serre fort contre lui et se met à renifler.
- Le Maître du Jeu ne va pas se rendre compte qu'on a disparu ?
- Non, elle s'est enfermé dans sa maison et n'en sort plus depuis au moins deux heures, je pense que toute cette histoire l'a beaucoup perturbée.
- Mais... pourquoi elle avait tant besoin de l'araignée ?
Il hausse les épaules et dit d'une voix enrouée :
- Je ne sais pas... peut-être qu'ils voulaient voir ce que contenait l'araignée.
- Tu parles de mon rêve ?
- Sûrement.
Il ferme les yeux.
- Je suis désolé... dit-il d'une voix tremblante, je n'aurai pas dû demander à Pablo de me ramener cette araignée... excuse-moi Milena... je ne voulais pas qu'il t'arrive ça...
Je regarde ma jambe bandé et secoue la tête.
- Je ne t'en veux pas, Bryan, tu ne savais pas...
- J'ai vraiment cru qu'elle allait te tuer... j'ai eu si peur...
Il se met à trembler et me lâche pour sécher ses larmes. Je m'allonge et l'attire contre moi.
Je remarque en même temps que Bryan a ramené des couvertures, depuis quand je suis ici, moi ?
- Bryan, chuchoté-je, tu ne savais pas ce qui allait arriver... même-ci j'aurai préféré le faire moi-même, ce n'est pas de ta faute, tu pensais bien agir.
- Milena, je t'aime tellement...
- Moi aussi, Bryan, je t'aime fort...
Ses lèvres se soudent aux miennes, j'oublie ma douleur à l'avant-bras pour poser mes mains dans son dos en le serrant plus fort contre moi.
Et c'est avec un mélange de tristesse et d'envie que Bryan répond presque instantanément à mon baisé. Sa main se pose sur le bas de mon dos pendant que nos respirations s'accélèrent.
Je ferme les yeux et une larme roule de ma joue jusqu'à mon cou.
Cette fois-ci, personne ne nous arrête. Personne ne parle, on ne fait qu'agir.
Alors ma première fois se passera dans un endroit aussi bizarre que ça ?
Suis-je donc née pour vivre avec des morts ?
Depuis que mon père n'est plus de ce monde, je n'arrête pas d'en voir, et depuis que je suis ici, tout s'accélère.
Est-ce un message pour me faire comprendre que je suis la prochaine ?
Je n'espère pas. Car maintenant, je veux vivre, je veux vivre avec Bryan. Je ne veux plus mourir, je veux grandir, avoir des enfants, vieillir, je ne veux pas que ma vie ne s'arrête dans un simple jeu.
Je veux aller plus loin, je ne veux pas m'arrêter là.
Je veux que tout s'arrête, je veux vivre une vie normale avec Bryan, je veux avoir des enfants avec lui, me marier, habiter dans une maison ou il n'y a aucune caméra, où je peux avoir une vie privée, ou je ne vois pas les gens mourir un par un autour de moi.
Je ne veux plus jouer à ce jeu... je veux juste avoir une vie normal...
Je ne demande rien de plus que : Bryan et une maison sans caméra très éloignée de cette île de malheur.
Le reste, je m'en fou.
Bryan est maintenant la seule chose qui me maintient en vie.
...
Bryan et moi sommes restés toute l'après-midi dans le musée du Maître du Jeu. Nous avons discuté, il a pu m'avouer d'autre chose sur lui, sur les rebelles, sur le Chef.
Mais à force, cette conversation a commencé à me rendre triste...
Je secoue la tête et le prends dans mes bras. Qu'est-ce que j'aime le prendre dans mes bras, sentir sa peau chaude contre la mienne, son cœur qui bat à une vitesse régulière, rien que ça, c'est un délice pour moi...
- Tu sais, je paris que mon père t'aurai adoré, soufflé-je.
- Je ne suis pas vraiment sûre de ça, vu mes antécédents, il n'aurait pas vraiment été d'accord.
Je lève les yeux au ciel.
- Ouais, mais à force il aurait fini par t'aimer ! d'ailleurs, tu penses que si le Loup-Garou n'avait pas existé, on se serait rencontré ?
- Je ne pense pas, j'habite très loin de toi.
- Oh... donc c'est le seul aspect positif de ce jeu...
- On peut dire ça.
Je l'embrasse.
- Dit, chuchote-t-il en se mettant à me caresser doucement le dos. Tu peux me chanter une chanson ?
Je rougis.
- L-laquelle ?
- Celle que tu m'avais chantée quand tu étais venu dans ma chambre, mais cette fois-ci, j'aimerai que tu la chante en pensant à moi.
Je me mords la lèvre.
- Mais... je vais chialer à la fin...
- Eh bien je serai là pour te consoler.
Je ris et me redresse en attrapant un bout de couverture pour cacher ma poitrine. Je me racle la gorge et me mets à chanter en le regardant droit dans les yeux. Il a un grand sourire avec le regard empli d'émotion, sentant que les larmes me montent aux yeux, je les ferme et chante encore plus fort en essayant de contrôlé ma voix.
Mais je n'ai même pas le temps de terminer la chanson que Bryan m'interrompt en m'embrassant.
- Je t'aime, souffle-t-il entre deux baisé, j'aime quand tu me chantes cette chanson.
Je m'écarte de lui et colle mon front contre le sien.
- Promet-moi que si on sort vivant de ce jeu, on fou une bonne raclé à cet Enfoiré.
Il rit en hochant la tête.
- Promis, nous l'achèverons lui et son fils ensemble.
Puis il m'embrasse.
Hey !
Donc, je vous poste le Soir de Concertation et le chapitre 30 demain !
Biiisous et merci pour votre soutient !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro