
Chapitre 2 :
Version corrigée.
Non... C'est impossible, pas moi !
Tandis que mes yeux balayent rapidement les alentours, je sens que mon cœur s'emballe. Je commence à paniquer. Je regarde autour de moi et commence à reconnaître les lieux.
Ce n'est pas possible...
Je me couvre le visage en essayant de me calmer.
Il fallait s'y attendre... Je le sentais, au fond de moi, mais... Mais j'ai peur... J'ai très peur...
Après quelques minutes à m'apitoyer sur mon sort, je finis par me dire que, de toute façon, je suis bloquée ici et rien n'y changera. Je dois donc aller de l'avant, et faire tout mon possible pour gagner. Tout en inspirant profondément, je prends un air assuré et m'avance jusqu'au le Village.
Le Village est arrangé en cercle, avec vingt-deux constructions. Il y a d'abord les vingt chambres des joueurs. Ce sont des toutes petites maisons faites d'un bois assez sombre. Ensuite, il y a la cantine et les toilettes. Ce bâtiment est un bloc rectangulaire tout gris avec d'un côté la cantine et de l'autre les toilettes. Pour finir, le bâtiment le plus imposant du Village est bien évidement la Maison Rouge, maison où vit le Maître du Jeu. Comme dit dans son nom, c'est une maison en bois peinte d'un rouge tomate sur les murs extérieurs, tandis que le toit est plutôt 'un rouge bordeaux. La maison possède un étage, contrairement aux chambres des joueurs.
En plein milieu du cercle que constituent ces bâtiments, il y a vingt troncs d'arbres, eux aussi organisés en cercle. A la vue de ces troncs d'arbres, je sens un frisson me parcourir le dos. C'est ici que se fera les mises à mort, les lendemains des Soirs de Concertation.
Vingt adolescents de mon âge sont réunis autour d'une femme. Elle est habillée d'un haut très court avec un imprimé léopard et une jupe tout aussi courte. Cette femme grande et forte tient dans sa main sa fameuse Hache, qui sert à trancher la tête : c'est le Maître du Jeu.
- Te voilà enfin, dit le Maître du Jeu sans même me regarder. Prends ta place et ne te fais pas remarquer, si cela n'est pas déjà fait.
Je déglutis difficilement et m'avance vers ma place qui est juste à côté d'une fille qui a la tête baissée. Lorsque celle-ci lève la tête, ma bouche s'ouvre toute seule, c'est Eva.
Au départ, je suis vraiment triste et inquiète pour elle... Mais juste après m'être inquiétée, je me rappelle ce qu'elle ma souhaitée hier : de me trouver dans le Jeu et de mourir. Je ne peux m'empêcher de sourire, qui se retrouve avec moi dans le Jeu, maintenant ?
J'avance jusqu'à ma place, un petit regard en coin et la tête haute. Pendant que le Maître du Jeu explique les consignes, je regarde les joueurs. Je ne connais pas la plupart d'entre eux, mis à part Eva. En regardant mieux, je reconnais aussi trois visages : celui d'Arslan, de Bryan et d'Alice. Merde...
- Le Soir de Concertation se fera dans une semaine. Entre temps, amusez-vous bien !
Le Maître du Jeu fait un tour sur elle-même pour tous nous regarder, puis pose sa hache sur son épaule pour disparaître dans la Maison Rouge. Eva se tourne vers moi pour me dire quelque chose, mais je me lève en l'ignorant complètement et marche vers Arslan. Celui-ci tente de me prend dans ses bras, mais je le repousse gentiment.
- Nous ne pouvons pas rester amis, dis-je tristement. Si nous sommes dans un groupe ennemis, je ne supporterai pas vous voir mourir...
Bryan me regarde dans les yeux en fronçant les sourcils, Arslan secoue la tête.
- Et si nous sommes des alliés ? Me demande Arslan.
Je secoue tristement la tête. Mis à part si nous sommes tous les quatre des Loups ou des Traitres, nous ne connaîtrons pas nos cartes. C'est donc trop dangereux de partir du principe que je peux leur faire confiance...
- Nous avons une semaine pour faire la fête et se dire adieu, nous propose Bryan. Après ça, on verra en fonction de nos rôles.
Alice explose en sanglot et le prend dans ses bras. Il la serre fort et me regarde.
- Je te conseillerai d'aller dire pardon à Eva. Si elle meurt, tu n'auras pas de remords... Et inversement.
Je plisse les yeux. Pourquoi me donne-t-il des conseils ?
- Tu es bien plus bavard qu'hier, dis donc, remarqué-je.
Il baisse la tête en rougissant. Me retournant pour trouver Eva, mais celle-ci semble s'être déjà fait de nouveaux amis. Mon cœur se serre quand je la vois rire. Elle m'a déjà remplacée ?
Une musique entrainante sort des haut-parleurs tandis que des assistants soulèvent des tables pleines de nourriture et d'alcool pour les ramener vers nous. D'autres assistants ramènent des boites qui contiennent des vêtements.
Arslan attrape Alice par la main et les deux se trouver de nouveaux habits. Je me retrouve seule avec Bryan, qui reste silencieux.
- Tu veux aller manger ? Proposé-je pour essayer de le faire parler.
Il secoue silencieusement la tête avec un petit sourire, je lève les yeux, il recommence...
Je n'ai pas non plus envie de manger ni de boire, il est vraiment trop tôt pour commencer à faire la fête...
Nous partons donc nous promener tous les deux dans la forêt. Je regarde les grands arbres qui nous entourent en inspirant profondément, j'adore l'odeur de la forêt humide...
- Alice est ma cousine.
Je me tourne vers Bryan en riant nerveusement, pourquoi me dit-il cela ? Je ne lui ai rien demandé !
- Je m'en doutais, dis-je. Vous avez à peu près la même couleur de cheveux.
- Ses cheveux ? C'est une couleur, elle n'est pas brune naturellement.
- Ah.
Cette discussion m'ennuie un peu. Finalement, c'était peut-être mieux quand il s'amusait à rester silencieux...
Je regarde alors les alentours et lui dis :
- C'est drôle, depuis toute petite, je regarde cette émission et je pensais connaître par cœur ces endroits. Mais là, en me retrouvant à la place de ceux que je regardais, je ne reconnais plus rien.
- Je n'ai jamais regardé cette émission, m'avoue Bryan.
Les yeux grands ouverts, je me tourne vers lui.
- Tu n'as jamais regardé la seule émission qui passe à la télé ?! M'écrié-je. Tu vis dans une grotte ?
Il rit en se grattant la nuque.
- Non, mais dans une école assez spéciale... M'explique-t-il.
Ah, je vois. Ce doit être un boueux. Des camarades de mon école m'ont dit que du côté boueux de la ville les habitants vivent dans des "immeubles" et n'ont pas tous des télévisions (de ce qu'on m'a dit, les "immeubles" sont des sortes de maisons empilées les unes sur les autres). J'imagine que les boueux ne vivent pas du tout la même vie que moi... Les pauvres... Mon père me parlait beaucoup de la différence de qualité de vie entre nous et les pauvres, il me demandait si je trouvais ça normal, mais je n'ai jamais trouvé de réponses.
Ce n'est pas normal car tout le monde mériterait de vivre correctement, mais notre société est faite ainsi, donc...
Je lui demande :
- Vous avez accès à l'eau courante ?
Bryan bégaye, surpris par ma question.
- Bien sûr que oui, me dit-il. Pourquoi tu me demandes ça ?
Je hausse les épaules en regardant les arbres.
- Mon père m'a toujours dit que la vie chez les boueux était très différente... Chez nous, l'eau courante sort d'un robinet... Tu sais ce qu'est un robinet ?
Bryan explose de rire en secouant la tête.
- Oui je sais ce qu'est un robinet ! Je ne vis pas chez les boueux ! Et je crois que même les boueux ont de l'eau courante, mais pas tous ont le courant.
Je fronce les sourcils.
- Alors tu vis où ? Chez nous, il n'y a qu'une seule école et durant nos pauses on peut regarder des épisodes du Jeu.
Il reste silencieux et continu de marcher. J'allais lui répéter ma question, mais Arslan nous appelle au loin et nous demande de venir. Bryan se gratte la nuque et nous revenons vers le Village. Arslan nous montre ses nouveaux vêtements.
Il a un costar blanc avec une cravate et des chaussures blanches, ce qui lui va très bien.
- Comment je suis ? Demande-t-il.
- Tu es magnifique ! Dis-je en l'applaudissant.
Il me fait un clin d'œil puis se tourne vers Bryan, mais celui-ci détourne simplement le regard et s'avance vers Alice qui porte une longue robe argentée et une paire de talons hauts noirs. Les assistants amènent un nouveau stand où il y a marqué quelque chose que je n'arrive pas à lire. Des filles s'y précipitent en poussant des cris aigus et Bryan part se changer pendant qu'Alice se dirige elle aussi vers le stand.
- Tu ne vas pas te changer ? Me demande Arslan.
- Non, je suis très bien comme je suis, dis-je en tournant sur moi-même.
Il hoche la tête en riant. Quelques minutes plus tard, Bryan revient et nous sourit timidement. Il a opté pour un look plus simple qu'Arslan : pantalon noir, chaussures noires, et chemise blanche.
Arslan prend un air charmeur.
- Salut, beau gosse... Dit-il d'une voix grave à Bryan. J't'ai vu toi et ton déhanché et j'ai directement senti le courant passer entre nous... Ça te dirait de m'faire un p'tit bisou ?
Arslan se jette sur Bryan en essayant de l'embrasser tandis que lui essaye de le repousser. La tête de Bryan devient toute rouge, ce qui me fait exploser de rire. Quand il arrive à le repousser, Bryan baisse la tête en se grattant la nuque.
- On devrait faire connaissance avec un peu plus de monde, suggère Arslan, qui se met soudainement à observer les autres.
Je hausse les épaules et le suis. Il se dirige instinctivement vers un groupe de fille et sort un sourire charmeur (une fois de plus) tout en se mettant à les draguer, ce qui les fait glousser (je ne sais pas si c'est parce qu'il semble ridicule ou si sa technique de drague marche vraiment).
Bryan, lui, ne nous a pas suivis. Il est parti s'asseoir sur un des vingt troncs d'arbres, l'air triste.
Je vais m'accroupir à côté de lui en posant ma main sur son bras.
- Quelque chose ne va pas ? Demandé-je.
- J'ai peur de... Voir ma cousine mourir. C'est la seule famille qui me reste et... Je me retrouverai seul sans rien si je gagne, c'est pareil pour elle si je meurs...
Ne sachant pas quoi lui dire, je le prends simplement dans mes bras. Au début, il semble tendu face à ce câlin surprise, mais il finit vite par y prendre goût et me serre plus fort.
Je ne peux pas lui dire que tout va bien se passer, car se serait un mensonge. Mais lui dire la vérité ne ferait que le rendre encore plus triste... Le câlin est donc la meilleure des solutions.
Quand je m'écarte de lui, Bryan me remercie pour ce câlin. C'est vrai que je fais de très bons câlins, je suis même la meilleure ! Je finis par l'embrasser sur la joue et retourner vers Arslan qui continue de rouler des mécaniques face aux filles.
J'allais l'arrêter (car vu le regard blasé des filles, il semble déjà devenir saoulant), mais la musique s'arrête pour qu'une voix nous annonce aux haut-parleurs :
- Milena doit se rendre dans la Maison Rouge tout de suite, annonce le Maître du Jeu.
Mon ventre se noue pendant que tous les regards se tournent vers moi. Je me dirige vers cette imposante Maison Rouge et, avant que je ne puisse toquer, la porte s'ouvre sur le Maître du Jeu. Elle me sourit bizarrement et me laisse entrer. Cette femme étrange me fait m'asseoir sur un fauteuil vert et me tend une tisane.
- Ne t'inquiète pas, elle n'est pas empoisonnée, plaisante-t-elle.
Je pose la tisane sur la table basse avant de demander :
- Pourquoi m'avez-vous fait venir ici ?
Habituellement, les joueurs n'ont pas le droit de rentrer, donc je suis un peu angoissée à l'idée de me faire convoquer ici pour aucune raison...
- Je t'ai fait venir ici pour te parler de ton père, m'explique-t-elle. Tu sais, les autorités t'ont ordonné de ne pas parler de sa mort, non ?
La gorge serrée, je hoche tristement la tête.
- Et bien ici c'est pareil, sauf que si tu le racontes à quelqu'un, tu risques l'élimination. Tu sais ce que l'élimination signifie ?
Je déglutis avant de lui répondre :
- Mourir ?
Elle me sourit avec son rouge à lèvre rouge sang avant de boire une gorgée. Je fronce les sourcils.
- Mais, pourquoi je n'ai pas le droit d'en parler ? Demandé-je.
J'aimerais en parler à tout le monde, qu'on arrête enfin de me poser des questions sur mon père. C'est épuisant d'inventer des mensonges tous les jours et ça m'empêche de faire correctement mon deuil...
Le Maître du Jeu repose sa tasse et croise les jambes.
- Tu es trop jeune pour comprendre, ma jeune fille, me dit-elle avec un petit sourire. Maintenant, finis de boire la tisane, pose-moi des questions si tu en as et va-t'en. Je déteste avoir de la visite.
Bien. Elle ne veut pas me faire plaisir en me laissant parler aux autres de mon père ? Je vais rester ici le plus longtemps possible, alors.
Tout en tapotant mes doigts sur mes cuisses, j'observe un peu mieux les alentours. Nous sommes assises dans la partie "salon" de la Maison Rouge. C'est un tout petit espace dans lequel se trouve un canapé vert émeraude assez sombre avec juste en face un fauteuil de la même couleur et entre les deux une table basse rectangulaire en bois sombre. Derrière moi se trouve une grande table elle aussi rectangulaire et du même bois que la table basse où est posé en plein milieu un joli vase blanc, mais sans rien dedans. A droite de cette table j'imagine que se trouve la cuisine, mais l'entrée de celle-ci est cachée par un escalier qui mène au premier étage.
Après avoir lentement observé cet endroit, j'attrape ma tisane et lui sort un sourire mielleux avant de lui demander :
- Vous avez le droit de me tuer sans raisons ?
- Non, malheureusement, me répond-elle en secouant tristement la tête.
Parfait.
Je commence à boire doucement ma tisane en posant lourdement mes chaussures pleines de sable du Village sur sa table basse. La table tremble sous ce choc et un peu de sa tisane se déverse sur celle-ci. Je vois le Maître du Jeu serrer la mâchoire.
- Bois rapidement ta tasse et va-t'en.
Je la regarde avec une lueur d'amusement.
- Une tasse ne se boit pas, rétorqué-je.
Elle lève les yeux au ciel, se relève et me pointe du doigt.
- Je ne peux pas te tuer, mais je peux te mener la vie dure en te faisant faire des missions compliquées et peut-être mortelles. Donc si tu n'as pas envie que cela t'arrive, enlève tes chaussures pleines de merde de ma table et va-t'en.
Ce coup de pression semble très bien marcher sur moi, car j'avale d'un coup d'un seul ma tisane et m'en vais. Elle claque violemment la porte derrière moi et je ne peux pas m'empêcher de rire malgré ces menaces.
Chez les Villageois, un silence de mort règne ici. Tout le monde me regarde, se demandant certainement combien de temps il me reste avant de tomber à terre et de convulser pour au final mourir dans d'atroces souffrances. Mais non, je ne mourrais pas !
Enfin, pas aujourd'hui...
Sur le comptoir de nourriture, j'attrape une pomme rouge et m'avance seule dans la forêt. Je finis par m'allonger sur un lit de feuilles mortes et fermer les yeux en me demandant dans quel état sont maman et Parik en ce moment même. Parik, je suis sûre qu'il pleure, mais maman... Peut-être qu'elle pleure, ou bien peut-être qu'elle s'en fou. Je n'ai jamais réussi à savoir si elle m'aimait réellement...
Elle m'a déjà démontré de l'affection, mais c'est tellement rare... J'ai l'impression que ce qu'elle fait pour moi semble toujours être un calvaire ou une punition. Quand j'étais petite, j'ai pensé que c'était ça, le rôle d'une mère, mais quand j'ai vu celles de mes amis, j'ai compris que c'était simplement la mienne qui était spéciale...
J'entends quelqu'un s'asseoir à côté de moi, ou plutôt, plusieurs personnes.
- Tu crois qu'elle est morte ? L'une des personnes.
- Non, je ne crois pas... Dit un autre. On la voit respirer.
J'ouvre les yeux sur un garçon et deux filles penchés sur moi, ils sursautent et se mettent à rigoler.
- Excuse-nous, dit le garçon. On se demandait si tu allais bien... Bref, je m'appelle Pablo, voici Kenya et ma sœur Amira.
Je pourrais parier tout ce que j'ai de plus cher, mais je suis sûre que Pablo et Amira sont jumeaux. Ils ont le même bleu sombre dans les yeux, les mêmes cheveux blonds. La seule chose qui les différencie, c'est que Pablo a un grand sourire, tandis qu'Amira, non.
Kenya, elle, a aussi les yeux bleus mais ceux-ci sont beaucoup plus clairs. Ses cheveux sont longs, d'un noir ébène, et bouclés. Je la trouve magnifique...
Je les salue d'un geste de la main et me présente.
- Pourquoi le Maître du Jeu t'as appelé ? Me demande Pablo.
Je secoue la tête en souriant.
- Pour... Euh... Me faire la morale, parce que je suis arrivée en retard... Euh... C'est tout.
Il hoche avec Kenya la tête, mais Amira me lance un regard noir.
- Allons-nous en, dit Amira en me regardant de travers.
- Pourquoi ?! Demande Pablo, je suis bien là !
- Elle a raison, dit timidement Kenya en lui prenant la main. Je n'aime pas la forêt, il y a trop d'araignées et elles me terrifient...
Pablo sourit en levant les yeux au ciel.
- D'accord...
Il passe un bras autour des épaules de Kenya et s'en va, Amira reste avec moi et attend qu'ils soient assez loin pour me dire :
- Personne ne touche à mon frère, ok ? Et si tu es un Loup-Garou et qu'il meurt, je t'arrache la gorge, compris ?
Je hoche la tête en fronçant les sourcils.
Eh bien, bonjour la courtoisie...
- Ok... Finis-je par dire.
Elle tourne les talons et rejoint son frère. Je sens que je ne vais pas m'entendre avec celle-là. Les personnes trop agressives ont tendance à me rendre agressive, il vaut mieux que je l'évite.
Pourtant, je sens que son jumeau, Pablo, a l'air vraiment sympa. Mais si c'est pour me coltiner Amira et sa bonne humeur à chaque fois que je m'approche de lui, autant l'éviter lui aussi.
Eh merde, elle a réussi à me rendre de mauvaise humeur. Pour qui s'est-elle prise à me parler ainsi ?!
Arslan, Bryan et Alice arrivent. Arslan me fait un grand sourire, m'attrape par les épaules et me secoue dans tous les sens.
- Je crois que j'ai une touche avec Jekaterina ! Me dit-il tout excité. Une grande brune super belle !
Je secoue la tête.
- A quoi ça sert de faire ça, si c'est pour la voir mourir après ?
Il lève les yeux au ciel.
- Profitons un peu du temps qui nous reste ! M'explique-t-il. C'est vrai que si je m'attache à elle et que je la vois mourir je serais triste, mais au moins je n'aurais rien regretté ! Et puis ça fera plaisir au public. Si j'ai le public dans ma poche, j'ai quand même moins de risque de me faire décapiter.
- Si tu le dis... J'aurais vraiment du mal à faire ça, à ta place.
Il tourne la tête vers le Village et aperçoit au loin celle que je pense être Jekaterina se faire draguer par d'autres garçons.
- Personne ne touche à Jekaterina ! Hurle-t-il en nous abandonnant pour défendre sa bien-aimée.
Les deux autres s'assoient à côté de moi et Alice finit par poser une main sur mon épaule.
- Il a raison, me dit-elle. Pour survivre dans ce jeu, il faut aussi se faire apprécier par le public... Moi j'opte plus tôt pour la chialeuse, car les histoires d'amour dans ce jeu, il y en a trop, et à moins de réussir à en créer une spéciale, c'est inutile.
Elle se lève et s'en va. Tout le monde vient pour me dire deux mots pour s'en aller juste après, ces gens sont vraiment étrange...
Je m'allonge en soufflant.
Bon, en écoutant ce qu'Alice m'a dit, je pense que depuis toutes ces années je n'ai pas assez bien analysé le Jeu. J'ai oublié de prendre en compte le public, qui est quand même assez important. Si je ne plais pas au public, j'aurai beaucoup moins de chances de gagner. Il faut que je trouve une façon de devenir spéciale aux yeux des téléspectateurs...
Je roule sur le côté et me cogne contre Bryan, j'avais oublié qu'il était là, il est tellement silencieux... Trop silencieux. Je pose ma tête sur sa cuisse en jouant avec les feuilles de lierre. Bryan semble gêné et fini par me repousser gentiment.
Bob, lui, ça ne l'aurait pas dérangé. Il aurait même fini par me caresser les cheveux... J'adore quand on me les caresse...
Je repose donc ma tête au sol et regarde ma main, sans ma bague. J'ai vraiment merdé... Pourquoi j'ai menti à Bob ? Mon comportement a vraiment été ridicule ! Je comprends pourquoi ça a énervé Eva, j'étais sensé être sa meilleure amie, j'aurais dû la soutenir... Mais de là à souhaiter ma mort, elle y va un peu fort !
- Tu vas devenir qui ? Me demande Bryan.
Je lève les yeux vers lui. Que veut-il dire par là ?
- Quoi ? Demandé-je.
- Aux yeux du public, qui vas-tu devenir ?
Je secoue la tête et me tape le torse.
- Je serai moi-même. Si ça ne leur plaît pas, et bien tant pis !
C'est mon ego qui me pousse à parler ainsi, mais je sais qu'au fond ce n'est peut-être pas la meilleure des solutions. On verra avec le temps, si ça marche...
Il me sourit.
- Alors... Moi aussi.
Je passe mon bras par-dessus ses épaules en riant.
- Tu es un super pote, dis-je. J'espère que je n'aurais pas à te voir mourir.
Il rit et me repousse à nouveau.
- C'est comme ça que tu déclares aux gens que tu les apprécies ? Se moque-t-il.
- C'était sincère ! Je voulais dire que je t'apprécie beaucoup et te voir mourir me ferais beaucoup de peine ! C'était censé être mignon !
- T'as une façon assez morbide de déclarer des choses mignonnes !
Je lui tire la langue et il fait de même. Nos visages étaient tellement proches l'un de l'autre que nos langues ont failli se toucher. Nous nous reculons en riant.
- Ça aurait été plutôt dégueulasse comme premier baiser, remarque-t-il.
Le sourcil levé, je me tourne vers lui.
- Un beau gosse comme toi n'a jamais embrassé quelqu'un ? Demandé-je.
Bryan secoue la tête, gêné.
- Si, j'ai déjà embrassé ! Quand je parlais de premier baiser, je voulais dire... Entre nous deux...
C'est à mon tour de devenir toute rouge. Pourquoi dit-il ça comme ça ?! C'est vraiment trop gênant !
Pour soulager ma gêne, je lui donne un coup de poing dans le bras.
- Roh, deux langues qui se touchent involontairement, ce n'est pas un baiser ! Dis-je en me massant le poing.
(Note à moi-même : ne plus jamais lui donner de coup de poing dans le bras, son bras est vraiment trop dur...)
Après ce que je lui ai dit, Bryan me répond que j'ai raison avec un petit sourire timide.
Ce genre de situation me met vraiment mal à l'aise... Ce n'est pas Bryan qui me met mal à l'aise, mais plutôt moi-même. Je m'imagine l'embrasser, ce qui me gêne énormément... Non pas que je n'aimerais pas l'embrasser, c'est juste que... Enfin... Comment dire... Je... Bref, tais-toi Milena.
On finit par en rire tous les deux quand un beau garçon musclé s'avance vers nous. Il me lance un sourire ravageur et nous dit :
- Venez profiter de la fête, dans quelques jours ça ne le sera plus.
Je me lève et regarde Bryan qui reste assit.
- Je vous rejoins après... Nous dit-il en se grattant la nuque.
Je hoche la tête et m'avance vers le garçon. Il m'attrape la main, l'embrasse en faisant la révérence. Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire.
- Anil, me dit-il en relevant les yeux vers moi. Enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle Milena.
Je ris et rentre dans son jeu en faisant moi aussi la révérence.
- Moi de même !
- Voulez-vous m'accorder une dance ?
- J'en serai ravie !
Toujours main dans la main, il m'entraîne dans le Village où la fête bat son plein. Nous nous mettons à danser ensemble, il pose ses mains sur mes hanches pour m'attirer vers lui et je passe mes bras autour de ses épaules. Nos visages sont vraiment très proches, vraiment trop proches, donc je décide de regarder ailleurs tout en dansant. Je remarque alors que tout le monde nous regarde d'un œil bizarre.
Evite de faire une connerie devant tout le monde, Milena... Evite de faire une connerie...
Avec la plus grande des surprises, cette danse se passe pour le mieux. Je ne lui ai pas marché une seule fois sur les pieds et personne ne s'est ridiculisé à cause de moi (pour une fois).
Finissant par ne plus supporter le regard des autres, je mets fin à cette danse quand la musique s'arrête pour aller m'asseoir sur un banc. Anil me rejoint avec un groupe d'ami.
Ce sont trois garçons, d'après les présentations d'Anil, les deux autres garçons qui me font face s'appellent Alejandro et Brieg. Alejandro est blond avec les yeux noisette tandis que Brieg a les cheveux courts et frisés, aussi noirs que les miens avec de magnifiques yeux gris. Les trois garçons sont juste magnifiques... Il fait un peu chaud, ici, non ?
- J'ai l'air d'être bien entourée ! M'exclamé-je en attrapant le col de mon tee-shirt pour m'aérer un peu.
Anil et Brieg rient sauf Alejandro qui me regarde en plissant les yeux.
- Tu me rappelles quelqu'un... Dit-il avec un léger accent espagnol. Comment tu t'appelles ?
- Milena Steven.
Ses yeux s'éclaircissent et il claque des doigts.
- Mais oui ! Tu es la fille de Robert Steven ! Tu dois vraiment avoir de la chance d'être sa fille ! Comment va-t-il ? On n'a plus de nouvelles de lui, dernièrement !
Je souffle.
C'est reparti...
- Je n'ai pas envie de parler de mon père... Lâché-je en détournant le regard.
Anil se tourne vers lui.
- C'est vrai, lui dit-il. On vient à peine de quitter nos parents, ça serait bien de ne pas en parler...
Anil me sort encore son sourire ravageur et j'aperçois Alejandro serrer les poings en me voyant lui rendre son sourire.
- Anil, dit Alejandro. Je ne me sens pas bien, tu peux m'accompagner aux toilettes ?
Anil râle, mais fini par accepter car Alejandro insiste. Brieg s'assoit à côté de moi en soufflant.
- Tu ne trouves pas qu'Alejandro semble attiré par Anil ?
Je fronce les sourcils en me tournant vers lui.
- Tu veux dire qu'Alejandro est amoureux d'Anil ?
- Peut-être...
Je hausse les épaules.
- C'est vrai qu'il avait l'air jaloux qu'Anil me sorte son sourire de tombeur... Dis-je en me grattant le menton.
Il hoche la tête en riant.
- Si c'est le cas, essaye de ne pas rendre trop jaloux Alejandro, me conseille-t-il. Je ne le connais que depuis une heure mais... Il m'a l'air assez sensible.
Je hoche la tête en le regardant s'en aller rejoindre d'autres garçons. J'aperçois à travers son léger tee-shirt ses muscles de son dos... Pourquoi je suis entourée uniquement de beaux gosses ? Il ne fait pas déjà assez chaud comme ça ?!
La porte de la Maison Rouge s'ouvre sur le Maître du Jeu. Elle commence à se balader dans tout le Village pour nous observer, en laissant trainer à côté d'elle sa hache. Je lui souris quand nos regards se croisent. Elle détourne les yeux, l'air énervée. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'amuse beaucoup de l'embêter.
Pendant que j'observe le Maître du Jeu, je sens quelqu'un s'asseoir à côté de moi. Je tourne la tête en voyant Eva. Oh, merde ! Pourquoi vient-elle me voir ?!
Mon corps se raidit tandis que j'essaye de lui sourire gentiment. J'espère qu'elle n'est pas là pour retourner le couteau dans la plaie...
- J'espère qu'un jour quelqu'un la tuera... Râle Eva en regardant le Maître du Jeu.
Tout en fixant le Maître, je lui sors :
- Ce n'est pas elle qu'il faudrait tuer, elle n'est qu'un pion dans tout ça.
- Ce n'est pas qu'un pion, me répond-elle en secouant la tête. C'est elle qui décide de tuer ou non, elle a le choix ! Elle est autant coupable que le reste des organisateurs.
Je suis plutôt d'accord avec elle, mais mon ego (encore blessé par ce qu'elle m'a dit hier) préfère lui répondre :
- Et alors ? Qu'est-ce que tu veux que j'te dise ? Maintenant qu'on est là, se plaindre ne va servir à rien ! Et si tu es venu ici pour m'entendre m'excuser, tu peux te mettre le doigt dans l'œil.
Je me relève tout en me dirigeant vers la forêt. Eva semble me suivre et de loin elle me dit :
- Je n'étais pas venu pour te demander des excuses, juste faire la paix !
- La paix ?! Répété-je. Tu as souhaité ma mort !
Eva se met à courir pour me rejoindre. Pendant que nous pénétrons dans la forêt, elle me dit :
- J'étais énervée et j'ai dit ça sans vraiment le penser. Je suis vraiment désolée et j'espère que tu me pardonneras... C'est juste que tu as menti à Bob et...
Je me racle la gorge et finis par dire :
- Je suis désolée de lui avoir mentis, j'ai été débile... Mais moi aussi je l'aimais...
Silencieuse, Eva hoche la tête. Mon ventre me fait mal, j'ai peur de ce qu'elle va me dire... Va-t-elle me pardonner ?
Après un moment à marcher dans les bois sans rien dire, Eva me prend par la main.
- Ne nous prenons plus la tête pour ça, me dit-elle. Bob n'est plus là donc il n'y a plus de raisons de se battre pour lui...
- Eh puis, dis-je en riant, je pense qu'avec tous les beaux garçons qui nous entourent, on a assez de choix pour que l'on soit chacune satisfaite !
Eva explose de rire en hochant la tête.
- Oui, j'ai remarqué que beaucoup de garçons te tournaient autour ! M'avoue-t-elle ?
Je la regarde en rougissant.
- Tu penses qu'ils essayent de me conquérir ?
- Celui avec qui tu as dansé, j'en suis convaincue. Après, il y a aussi Bryan, j'aime bien les petits regards qu'il te lance...
Mes mains se posent sur mes joues, elles sont bouillantes, ce que dit Eva me fait trop rougir...
Si Eva dit vrai, Bryan aurait des vues sur moi ? Non... Je ne suis pas son style... Enfin... Ce qu'il a dit sur le baiser qu'on aurait pu partager était étrange, mais... Enfin, peut-être que... Ou plutôt, pourquoi... Roh, ferme-la Milena !
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