Chapitre 9 : Adei
Até m'attire doucement à l'écart du groupe.
- Il faut qu'on parle, chuchote-t-elle doucement.
Je baisse la tête en la suivant, je sais très bien de quoi elle va me parler.
- Je suis désolé, commencé-je, je n'ai p...
- Tais-toi, il faut d'abord trouver un endroit où personne ne pourra nous voir.
Elle m'attrape le poignet et accélère la cadence.
Até est un peu plus grande que moi, elle est très sportif donc quand elle, elle trottine, moi je suis au pas de course.
Elle s'arrête enfin et se met à grimper à un arbre, je la regarde monter en râlant.
- On ne peut pas simplement discuter ici ?
- Non ! on risque de nous entendre et nous voir.
- Et tu crois qu'en étant tout en haut d'un arbre on ne risque pas non plus de nous entendre ?
- On risque, mais on ne nous verra pas, monte !
Je lève les yeux au ciel et la suis, je ne suis pas à l'aise en hauteur, à vrai dire, je suis mieux quand je suis sous terre. Mon père était mineur et j'aimais bien l'accompagner et jouer avec du charbon en attendant qu'il finisse son travail.
Até, en baissant la tête, remarque que j'ai des difficultés pour grimper, elle redescend un peu et me tend la main. Je l'attrape et elle m'aide à monter jusqu'à sa hauteur. Quand je relève la tête, je me retrouve à quelques centimètres de son visage.
Une brise fait voler ses longs cheveux noirs qui encadrent son visage fin et fait ressortir ses yeux d'un marron tellement clair qu'on pourrait presque dire qu'ils sont orange.
J'inspire profondément et son doux parfum à la rose que j'aime tant m'oblige à fermer les yeux.
- Je ne comprends pas comment tu arrives à galérer pour grimper à un arbre ! C'est pourtant simple ! tu attrapes une branche, tu te hisses, tu en attrape une autre...
- J'ai compris... soufflé-je en rouvrant les yeux.
Je connais Até bien avant le Loup-Garou. On est sorti ensemble pendant une semaine lors d'un voyage où deux écoles se sont rencontrées pour participer à un concours sportif.
Bien sûre, Até était la première des filles dans le concours.
Mais quand ce voyage s'est terminé, notre relation, elle aussi, a pris fin.
Je commençais à tomber amoureux d'elle vers la fin de la semaine, mais quand nous nous sommes quitté, je l'avais complètement oublié, même si elle me manquait à certains moments.
Et maintenant qu'elle est ici...
Non, ça ne sert à rien, elle m'a dit qu'elle avait un petit ami en dehors du jeu.
Quand elle finit de grimper à l'arbre, elle s'assoit sur une branche assez épaisse et me fait signe de m'assoir à côté d'elle.
- Donc, commence-t-elle en croisant les bras.
Merde, quand elle croise les bras ça signifie que je vais m'en prendre plein la gueule...
- Tu es sourd où tu n'as pas compris que j'ai dit que c'était moi qui venait dans ta chambre ?
Ça commence...
- Merde, Adei, qu'est-ce qui t'a pris de rentrer dans la chambre de Calix ?!
- Je me suis trompé de chambre...
- Franchement tu as de la chance qu'elle n'avait pas ses lunettes quand tu l'as réveillé sinon tu serais mort !
- Pourquoi ?
- C'est un Loup-Garou !
Ah ouais...
Até souffle et pose sa main sur mon épaule.
- La prochaine fois, c'est moi qui viens dans ta chambre. D'ailleurs, comment as-tu réussi à la réveiller ?
Je grimace en baissant la tête.
Non, je ne peux pas lui dire que, croyant que c'était Até, j'ai essayé de l'embrasser, ayant un peu trop bu.
- Euh... j'ai glissé sur un de ses T-shirt et je suis tombé à terre...
- Non mais sérieux plus silencieux que toi tu meurs !
- Calme-toi, Até, l'erreur est humaine.
- C'est toi l'erreur, ici !
Je serre les poings et lui dit d'aller se faire voir.
Até tourne la tête et fixe un arbre en essayant de se calmer, puis elle souffle et se gratte la tête.
- Excuses-moi, chuchote-t-elle en posant sa tête sur mon épaule, c'est juste que... ce jeu me met les nerfs à vif... je n'ai pas envie de te voir mourir...
Je pose ma main sur sa joue et ferme les yeux.
- Bon ! dit-elle après quelques secondes de silence, on redescend ?s
Je lève un sourcil.
- Sérieusement ? tu m'as fait monter juste pour ça ?!
- Ouais, allé, descend j'ai envie d'aller pisser !
- On n'aurait pas pu juste parler de ça dans ta chambre ?!
- Non, des gens peuvent nous écouter et découvrir facilement nos cartes ! il faut vraiment faire attention à ça.
Je lève les yeux aux ciels et me met à descendre.
Quand je lève la tête, je ne peux m'empêcher de glousser sur la vue que j'ai d'Até.
- Tu n'as pas pris un peu de fesses depuis la dernière fois ?
- Regardes plutôt où tu poses les pieds au lieu de mater mon joli derrière.
- Joli ? je n'attribuerai pas ce synonyme à ton derrière.
- Si c'est pour me dire qu'il est gros tu peux te taire !
- Non mais quand je dis qu'il est gros, je veux dire qu'il est musclé, c'est une bonne chose !
- Bref regardes où tu poses les pieds sinon tu vas...
Crack !
Au moment où Até me dit ça, la branche où je pose mon pied casse sous mon poids. Surpris, je n'ai pas le temps de me retenir que je tombe comme une pierre vers le sol.
Quand je m'écrase à terre, toute l'air s'échappe de mes poumons et j'entends Até râler "je te l'avais dit !".
J'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec le Maître du Jeu.
Me relevant en m'excusant, j'enlève la poussière de sur mon pantalon et me met presque au garde à vous.
Le Maître du Jeu fronce les sourcils, Até descend et pousse un petit juron en remarquant qui est en face de nous.
- Qu'est-ce que vous faites là ? dit-il, l'air furieux.
- Euh... on se promenait...
Il lève un sourcil et souffle. Il attrape sa hache, la pose sur son épaule et nous tourne le dos.
Après une certaine distance, il s'arrête et parle dans un talkiewalkie qu'il cachait dans la poche arrière de son pantalon, parle quelques secondes à quelqu'un. Je crois entendre quelque chose comme "je vais franchir la limite, ne tirez plus".
Até ouvre la bouche et attend que le Maître du Jeu s'éloigne avant de s'avancer vers la certaine limite.
- C'est donc là... souffle-t-elle.
- De quoi ?
- Bah la limite, si tu la franchie, tu crèves.
- Ah oui, c'est vrai...
Je regarde cette limite invisible et frissonne, c'est vraiment flippant de savoir que si je fais un seul pas en avant, c'est la fin pour moi.
Até attrape une branche et trace un trait assez profond dans le sol. Quand c'est finie, elle m'attrape par le poignet et s'avance vers la cantine.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je.
- Il faut prévenir les autres, on ne va pas les laisser crever comme ça !
Quand elle arrive dans la cantine, elle se racle la gorge et dit haut et fort.
- Excusez-moi, j'aimerai un peu d'attention s'il vous plait !
Tout le monde se tourne vers elle en fronçant les sourcils. Gênée, Até basse la tête en rougissant.
- Euh... Adei doit vous dire un truc.
- Quoi ?! mais c'est à toi de parler !
- Tu sais très bien que je n'aime pas parler devant tout le monde ! chuchote-t-elle, en plus t'es en quelque sorte mon représentant alors tu fais ce que je dis !
Je souffle et me tourne vers la foule tandis que certaines filles gloussent, nous prenant certainement pour un petit couple tout mignon.
Malheureusement, non.
- Euh... on a trouvé la limite dans les bois, on a tracé une ligne dans la terre donc... je vous conseille de ne pas la dépasser... si vous tenez à votre vie.
- Et qui nous dit que c'est la vraie limite ? dit Calix, en se levant, qui nous dit que tu ne l'as pas faite un tout petit peu plus loin pour qu'on se fasse tous buter ?
- T'es conne où quoi ?! s'énerve June, comment ils auraient puent tracer la limite s'il l'avait déjà dépassé ? ils seraient déjà morts !
Et bim, une engueulade explose entre ces deux grandes gueules.
Je vais m'assoir à côté de Mikay qui se plait à regarder le joli décolleté d'Hect.
- Tu t'amuses ? demandé-je en riant.
- C'est très intéressant, tu vois, chuchote-t-il, quand elle rigole, ça bouge.
- C'est un peu normal, imbécile, dit Até en se rajoutant dans la conversation, tu croyais vraiment que c'était rigide une paire de nibars ?
- Bah je croyais que c'était du muscle, mais avec Hect, j'ai la réponse...
Soudain, Hect se lève avec un grand sourire, se penche pour le plus grand plaisir de Mikay et pose une main sur mon épaule.
- Merci de nous avoir prévenu pour la limite, t'es vraiment gentil !
Puis elle s'en va en prenant Nathan par la main.
Mikay se tourne vers moi les yeux remplis de jalousie.
Até rit et pose sa main sur mon bras.
- Je crois que t'as une touche !
- Connard... souffle Mikay.
Je secoue la tête en riant.
- Elle m'a juste remercié, pas la peine de s'exciter ! et, dans tous les cas, elle a Nathan et je ne...
- Nan mais Nathan c'est autre chose, je pari qu'ils n'osent même plus s'embrasser à cause de son truc. Ils sont bien mignons mais je suis sûre qu'il lui fait un peu peur, maintenant. Faut bien s'occuper d'elle, hein ?
Je la regarde en levant un sourcil.
- Merci mais non merci, je n'aime pas servir de bouche trou.
Até rit.
- Mon p'tit gars, c'est un peu la fonction première des hommes d'être des bouches trou.
Mikay et moi mettons un bon moment avant de comprendre son arrière pensé. Quand j'ai enfin compris, je secoue la tête, affligé.
- T'es dégueulasse, dès fois...
- Faut bien qu'il y ait quelqu'un pour relever le niveau, en même temps !
- Je ne comprends pas comment tu peux être aussi à l'aise pour parler de ça devant nous mais, quand c'est pour dire à tout le monde qu'on a trouvé la limite, il n'y a plus personne !
Até hausse les épaules et attrape le plateau repas qu'Hect avait abandonné pour picorer dans son assiette.
- Mais franchement, Hect c'est ton style de fille ? parce que si c'est le cas je pourrai essayer de t'arranger un coup avec elle.
- Et Nathan, tu l'oubli ?
- Nathan a beau bien s'intégrer, je ne pense pas qu'il va durer longtemps, boire des soupes tout le temps, à force je pense qu'il va manquer d'énergie.
Je secoue la tête.
- Hect n'est pas mon style de fille.
- Alors c'est quoi ton style ?
Toi...
- Je ne sais pas, laisse-moi réfléchir, je t'en reparlerai plus tard.
- Euh... par contre, dit Mikay en levant la main, Hect c'est totalement mon style.
- Ah bon ? demande Até, je croyais que c'était Jodie ?
- Ouais mais non, j'aime les filles qui croquent la vie à pleine dent.
- Ok, je verrai ce que je peux faire, dans tous les cas, j'avais demandé à Jodie si tu lui plaisait, et elle a en quelques sortes répondu que non.
Até se lève et s'en va. Mikay s'approche de moi en chuchotant.
- Sérieux Hect tu ne la trouves pas sexy ?!
- Si, mais c'est avec Até que j'aimerai être...
Il se redresse en ouvrant grand les yeux.
- Ah bon ?!
Il s'exclame tellement fort que même Calix et June arrêtent de s'engueuler pour nous regarder. Até, qui n'était pas encore totalement sorti de la cantine se retourne vers nous en fronçant les sourcils.
Voyant qu'il n'y a rien d'intéressant à voir, tout le monde reprend leur discussion, ou leur dispute.
- Mais, dit Mikay un peu moins fort, Até elle n'a pas déjà un mec ?
- Si, et c'est ça le problème !
Je souffle en baissant la tête.
- Je suis déjà sorti avec elle, mais il n'y avait rien de sérieux entre nous et là...
- Mec mais t'es un putain de chanceux ! t'es déjà sorti avec Até et Hect te fait des avances, comment tu peux t'estimer malheureux après ça ?!
- Hect ne m'a pas fait d'avance...
- En plus, Até elle a un de ces derrière ! bien musclé et...
- T'as fini ?! on t'a pas autorisé à regarder son derrière à ce que je sache !
Mikay s'arrête de parler et me sourit bizarrement.
- Quoi ? dis-je, énervé.
- T'es jaloux ?
- Non.
Son sourire s'agrandi.
- T'es jaloux !!
- Non !
- Oh, tu rougis, t'es trooop meugnon, tu sais ?
- Ferme là, tout le monde nous regarde !
Pour continuer de m'embêter, il m'attrape par les joues en criant devant tout le monde que je suis le plus beau et plein d'autres absurdités.
Il peut vraiment être lourd celui-là...
...
Le soir arrive et, avant que commence la soirée, le Maître du Jeu nous réunit tous autour de nos tronc pour que nous puissions entendre les mots que les joueurs on écrit anonymement.
C'est cette variation, le Mur-murs, si on a envie d'écrire quelque chose pour quelqu'un, on l'écrit sur un papier et on le met discrètement dans une petite boite aux lettres se trouvant devant la porte du Maître du Jeu et celui-ci les liras le soir même devant tout le monde.
Pour ma part, je n'ai rien marqué, je ne savais pas quoi dire et cette variation m'ennuie un peu, ça nous fait perdre du temps sur la fête.
- Comme toujours, dit le Maître du Jeu, je vais lire vos lettres mais s'il y a un seul prénom marqué dessus, je le donnerai à la personne et brûlerai la lettre juste après. Si cette personne parle du contenue de la lettre à qui que ce soit, ça ira mal pour elle.
C'est bizarre, le Maître du Jeu n'est pas comme d'habitude, il a l'air vraiment énervé...
Prenant une première lettre dans la boite, il l'ouvre doucement et dit à haute voix :
- Une certaine fille aux cheveux violets aime et aimera pour toujours un certain garçon avec la bouche cousue.
Tout le monde se tourne vers Nathan et Hect qui se regardent tendrement.
Leur relation parfaite m'exaspère, dès fois. Et dire qu'avec Até nous avions eu la même...
- Un garçon avec les yeux vairons et les cheveux brun-blond, dit le Maître du Jeu, en pince pour une fille avec les yeux marron clair et les cheveux noir.
J'écarquille les yeux quand tout le monde se tourne vers moi. Qui a osé écrire ça ?!
Juste à côté de moi, Mikay pouf discrètement.
Salaud !
Até me regarde en fronçant les sourcils. Merde, elle va encore me dire qu'entre nous c'est fini et me parler de son petit copain...
Pourquoi je suis le seul mec à avoir les yeux vairons ?!
Je baisse la tête, tout rouge et essaye de respirer calmement pour ne pas me jeter sur Mikay et le détruire. Merde, ce connard ne sais pas garder des secrets ou quoi ?!
J'arrête d'écouter les lettres en espérant qu'il n'y en ait pas tant que ça. A un moment, tout le monde se met à rire. Je relève la tête et demande à Mikay la raison.
- La lettre que le Maître du Jeu a lu c'était un truc du genre : que la Petite Fille ne vienne plus dans mon lit pour essayer de me pécho.
Merde...
Je jette un coup d'œil vers Até, elle me regarde droit dans les yeux, le regard noir.
Merde !!!
Le Mur-murs se termine et Até se lève et fonce sur moi, elle m'attrape par le poignet et essaye de me tirer à l'écart du groupe. Je secoue la tête.
- Il faut qu'on parle, dit-elle.
- Non, je n'ai pas envie de parler.
- C'est toi qui a écrit ça ? comme quoi tu en pinçais pour moi ?
- Non ! c'est Mikay !
Elle me lâche le poignet et croise le bras.
- Ah bon ? et pourquoi il aurait écrit ça ?
- Parce que je lui ai dit qu'on était déjà sorti ensemble !
Elle s'avance vers moi et chuchote doucement.
- Et c'est quoi cette histoire comme quoi... la Petite Fille a essayé de "pécho" quelqu'un ?
Je baisse la tête et souffle.
- Calix a dû me prendre pour la Petite Fille, c'est tout...
- C'est pas ça le problème ! tu as essayé de l'embrassé en croyant que c'était moi ?!
- J'avais trop bu !
- Adei, comment veux-tu que je te fasse confiance et que je dorme dans ta chambre si je risque à n'importe quel moment de me faire agresser sexuellement ?!
- Jamais je ne ferai ça !
- Tu as pourtant essayé !
Enervé, je lui tourne le dos et m'en vais. La fête a déjà commencé. J'attrape une bière et m'assois sur une chaise, regardant les gens danser.
Mikay vient s'assoir à côté de moi.
- Alors ? glousse-t-il, t'ai-je arrangé un coup ?
- Ferme là connard, au contraire t'a tout gâché.
Voyant que je ne suis pas d'humeur à plaisanter, il s'en va en râlant. Quelqu'un d'autre s'assoit à côté de moi en soufflant.
Je tourne la tête et vois Jodie, un verre d'eau à la main.
- Tu ne vas pas danser ? demandé-je.
Elle me regarde en fronçant les sourcils puis secoue la tête.
- Non, je n'aime pas danser.
Je lui tends ma bière, elle secoue à nouveau la tête.
- Je n'aime pas boire.
- Tu as l'air énervé ?
- Je t'en pose des questions ?! explose-t-elle.
J'écarquille les yeux et m'excuse rapidement.
Isalys, un mec qui a déjà eu le droit à gouter à ses poings, m'a dit qu'il ne fallait surtout pas l'énervé, sinon notre derrière allait en pâtir...
Elle regarde droit devant elle en serrant les poings.
- E-excuses-moi, dis-je doucement, je ne voulais pas...
- On me prend vraiment pour une brute, ici ?
Je me stoppe dans mes excuses et reste muet. Que faut-il répondre pour ne pas l'énerver encore plus ?!
- Euh... je ne sais pas...
Elle tourne la tête et pose ses yeux bleu glacé, presque blanc, sur moi.
- T'en est sûr ?
- Euh... bah, non, j'en sais rien moi, y en a qui disent que tu l'es, mais... moi je ne juge pas quelqu'un par ça...
Elle fronce à nouveau les sourcils puis un sourire se dessine sur ses lèvres.
- Tu as peur de moi ?
- Oui, beaucoup, lâché-je sans le vouloir.
Elle rit timidement en secouant la tête.
- Comment une petite fille comme moi peu instauré la peur chez les gens ?
- Sûrement ton regard, tu as toujours ce regard si froid ?
Elle hausse les épaules.
- Je ne sais pas, je n'y fais pas attention.
- Tu devrais arrêter de froncer les sourcils quand tu regardes les gens et sourire un peu plus, je suis sûre qu'ils auraient vraiment moins peur de toi.
Elle me sort un rire sarcastique et regarde droit devant elle.
- Comme-ci j'allais sourire à des personnes que je ne connais pas.
- Comment veux-tu les connaître mieux si tu les fais fuir ?
- Et si je te disais que je n'ai pas envie de les connaitre ?
Elle se tourne vers moi en levant un sourcil, je hausse les épaules et prend une gorgée de ma boisson.
- Peut-être qu'il faudrait que tu essayes d'être un peu moins agressive ou vexante avec les autres.
- Je n'ai jamais été agressive.
Je la regarde et me met à rire.
- Tu ne sais pas mentir, Jodie !
Elle détourne le regard en grognant.
Je lui tends à nouveau ma bière.
- T'es sûre que tu ne veux pas boire ? je pense que ça te rendrais plus... amicale ?
Elle regarde un long moment la bière en se pinçant les lèvres.
- T'es sûre ? me demande-t-elle.
- Ouais, à moins que tu ais l'alcool mauvais.
Elle plisse les yeux puis attrape la bière et la renifle deux ou trois fois. Je ris en secouant la tête.
- Ça se boit, tu sais ?
- Bien sûre ! me prend pas pour une imbécile, non plus !
Soudain elle porte la bouteille à sa bouche et se met à boire sans s'arrêter. J'écarquille les yeux puis lui arrache la bouteille, voyant qu'elle n'allait pas s'arrêter.
- Ne bois pas si vite ! dis-je, surpris.
Elle frissonne et se met à grimacer.
- J'aime pas du tout...
- Alors pourquoi t'as continué de boire ?!
Elle hausse les épaules en riant.
Wow, déjà qu'elle est belle même quand elle nous lance des regards noirs, mais là elle est magnifique en souriant...
Jahane arrive et s'assoit à côté de Jodie, je la salue en lui souriant gentiment.
- Vous faites quoi ? glousse-t-elle.
- J'initie Jodie à l'alcool.
Jahane rit et pars se chercher une bière.
- Cool, tu viens, on va danser !
Elle attrape Jodie par la main qui grimace encore du gout de la bière qu'elle vient presque de boire cul sec.
Je tourne la tête et croise le regard d'Até. Toujours énervé, je tourne la tête et rentre dans la cantine pour manger un petit truc. Je tombe sur Calix qui, elle aussi, veut se remplir le ventre. Elle me regarde et me sort un petit sourire accompagné d'un clin d'œil.
Je frissonne, sait-elle que c'est moi qui... a essayé de l'embrasser ? ou est-ce juste un petit "salut beau gosse" ?
J'attrape une chips et m'assois face à elle. Je plisse les yeux et rit, surpris par la couleur de ses yeux.
- Tes yeux rouges... ce sont des lentilles ?
Elle rit en secouant la tête.
- Tu as mis autant de temps pour te rendre compte que j'avais les yeux rouges ?
- Bah, on ne traine pas souvent ensemble donc je n'avais pas vraiment remarqué...
- Ah, sinon, non ce ne sont pas les lentilles, j'ai fait une opération pour qu'ils le deviennent définitivement.
J'écarquille les yeux.
- Mais... comment ils ont pu faire ça ?
Elle hausse les épaules.
- A vrai dire, j'en sais rien, on m'a dit qu'ils avaient besoin d'un cobaye pour essayer ça, et puisque c'était gratuit j'ai accepté, d'ailleurs c'est pour ça que je porte des lunettes, ça rend ma vision assez trouble.
Elle est folle...
Voyant ma grimace, elle se met à rire. D'un revers de la main, elle chasse ses cheveux noir et me laisse une vue prenante sur... son décoté assez plongeant...
Je me racle la gorge et détourne le regard.
- Donc c'est toi qui es amoureux d'Até, c'est ça ? demande-t-elle en se penchant vers moi.
- Non ! pas du tout c'est Mikay qui écrit n'importe quoi sur les papiers !
- Mais tu restes souvent avec elle, non ?
- Oui mais... c'est différent...
- Donc tu ne l'aimes pas ?
- Oui, enfin...
Elle pose ses mains sur les miennes avec un grand sourire.
- Sort avec moi.
Sa déclaration si soudaine me laisse sans voix.
- Alors ? demande-t-elle avec un petit sourire.
- Bah... je... non mais, enfin...
Je deviens tout rouge et me met à bégayer, mais pourquoi me demande-t-elle ça ?!
- Alors ! s'impatiente-t-elle, je ne vais pas attendre cent ans j'espère ?!
- Je... je vais réfléchir à ta demande...
- Non mais c'est pour maintenant que je veux une réponse !
- Mais... pourquoi ?
Elle lève les yeux au ciel en soufflant.
- Y a Steve qui ne veut pas sortir avec moi, donc il faut que je lui montre ce qu'il ratte !
J'en reste bouche bée.
- Alors ?! t'as fini de réfléchir ??
Je secoue la tête.
- Je... j'ai besoin d'encore un peu plus de temps... désolé...
Je me lève et sors de la cantine, une main m'attrape et m'emmène à l'écart, je tourne la tête et vois Até.
- Quoi ?
Elle se retourne en serrant les poings.
- Ne sort pas avec Calix.
Je lève un sourcil.
- Pourquoi ?
- Parce que ! ne sort pas avec elle !
Je ris en posant mes poings sur mes hanches.
- Pourquoi, t'es jalouse ?
- N-non ! c'est juste que Calix n'est pas une bonne personne...
- Ah bon ? et pourquoi ?
Até et moi sursautons et nous retournons pour faire face à Calix qui a un grand sourire, presque malsain.
- Qu'est-ce que tu fou là ?! demande un peu top violement Até.
- Rien, je venais juste demander à Adei quelque chose quand j'ai entendu votre discussion.
- Dit plutôt que tu nous espionnais !
- Parles pour toi, toi aussi tu nous as espionnés !
Até serre les poings en devenant rouge.
- Je suis désolé, ma chérie, dit Calix, mais Adei ne t'aime pas, ça ne sert à rien de lui faire ces petites crises de jalousie !
- Je ne suis pas jalouse !
Calix se tourne vers moi.
- Adei, tu viens ? j'ai à te parler, glousse-elle.
- Adei tu restes ! s'énerve Até.
Les deux filles se tournent vers moi, attendant sûrement que j'en choisisse une.
Je secoue la tête.
- Je suis désolé, Calix, mais on ne se connait pas assez pour que je vienne avec toi.
- Tu es sérieux ?! cette fille te traite comme ton chien et tu vas la suivre ?!
J'hausse les épaules en souriant.
- Oui, mais je suis fidèle en amitié, je n'abandonne pas une amie qui m'est chère pour une simple fille qui veut juste se servir de moi.
Calix écarquille les yeux, grogne et tourne les talons et s'en va.
Je regarde Até qui a un petit sourire satisfait. Quand elle tourne la tête vers moi, nos regards se rencontrent et elle rit.
- Ta carte te correspond assez bien en fait !
Elle s'avance vers moi et m'enlace en posant son menton sur mon front. Ça fait toujours bizarre d'enlacer une fille plus grande que soit, mais avec Até, j'aime bien, j'aime beaucoup même...
- Merci... souffle-t-elle.
- Pourquoi tu me dis ça ?
- Tu restes toujours avec moi, même-ci je te traite des fois comme de la merde.
Je ris et secoue la tête.
- Je serai toujours là pour toi.
Elle écarte sa tête pour me regarder, ses yeux son rempli d'émotions, elle se mord la lèvre, sûrement pour se retenir de sangloter.
Je la prends dans mes bras en essayant de calmer ses pleurs. Je crois qu'elle s'en veut, elle sait que si elle fait une erreur, je mourrai à sa place.
Je veux la rendre heureuse, même-ci pour cela je dois oublier les sentiments que j'ai pour elle.
Je serai capable de tout pour ça, quitte à mourir pour qu'elle puisse revoir l'homme qu'elle aime.
...
Je regarde l'horloge posé au-dessus de ma porte d'entrée.
Ça fait vingt minutes qu'elle devrait être là !
Merde mais qu'est-ce qu'elle fou ?! me dit pas qu'elle s'est faite chopper par un joueur et qu'il est en train de la tuer ?!
Cette réflexion me fait frissonner et m'oblige à aller voir les alentours par la fenêtre arrière de ma chambre. Aucun cri, tout va bien, alors.
Mais pourquoi est-elle en retard ?
Soudain, j'entends un rire, son rire. Je regarde autour de moi et la vois arriver, morte de rire.
- Eh, ça va ?
Elle hoche la tête et rentre dans ma chambre tout en riant.
- Pourquoi tu ris ?... et je te signale que ça fait vingt minutes que tu devais être là !
- Désolé... dit-elle en essuyant ses larmes, mais... mais j'ai vu la scène la plus gênante et marrante de ma vie !
Puis elle explose à nouveau de rire et se roule à terre. J'essaye de la relever en lui demandant ce qu'elle à vue, elle essaye de parler, mais à chaque fois qu'elle commence, elle se remet à rire et m'empêche de connaître la suite.
- T'es chiante ! dis-je en croisant les bras.
- J-Jodie a...
Et elle rit encore...
- Allé ! raconte !
- Y a Jodie qui a essayé de... de draguer le Maître du Jeu !
J'ouvre grand la bouche, choquée, je m'assois près d'elle et demande plus d'information.
- Je crois qu'elle était bourrée, dit-elle en se calmant lentement. Quand je suis arrivée, ils étaient en train de discuter d'amour tout en buvant du vin, je crois. Puis c'est parti en n'importe quoi et elle a même essayé de l'embrassé !
- Ah bon ?!
- Oui, mais le Maître du Jeu l'a repoussé en lui disant qu'il n'en avait pas envie.
- Aïe... ça doit faire mal...
- Ouais, en plus elle s'est vexée et a essayé de sortir de sa chambre pour se venger mais il l'a retenu en lui disant : « Rentre, Jodie, je n'ai pas envie de te tuer. Enfin, pas maintenant. ».
- Et elle a fait quoi ?
- Elle s'est énervée et lui a parlé d'une blessure qu'il avait sur le torse, il s'est lui aussi énervé et l'a giflée quand elle lui a dit qu'elle était presque sûr que c'était Milena Steven qui lui a fait ça. Puis quand j'ai vu qu'il était presque sur la point de se battre, j'ai préféré partir... c'était tellement marrant !
Je fronce les sourcils. Moi, je ne trouve pas ça si marrant que ça. En plus, c'est un peu à cause de moi que Jodie soit dans cet état. Bon, après, Até est un bon publique elle se tape des fous rires à des blagues pour des gamins de trois ans donc ça doit être normal que ça la fasse rire.
- Bon ! dit-elle en se relevant, il faudrait aller dormir, tu ne trouves pas ?
- Ah, oui, c'est vrai...
Je m'allonge dans mon lit et lui tourne le dos, gêné. Elle fait de même et un silence assez gênant s'impose entre nous. Je suis sur le bord de mon lit, pour être sûr de ne pas la toucher, elle aussi, je crois.
Ce n'est pas la première fois que nous dormons ensemble, hier, je n'ai pas dormi avec elle, j'ai préféré dormir par terre, mais lors de notre sortie scolaire, on s'était une fois retrouvé tous les deux, on a dormi ensemble, sans rien faire d'autre que s'enlacer et s'embrasser, et dormir, bien sûre. C'était la plus belle nuit de ma vie, je ne l'oublierai jamais.
Je souffle et ferme les yeux.
Até a un copain, il faut que j'arrête de me faire des idées, elle ne sortira jamais avec moi !
J'entends des sanglots étouffés, c'est Até. La nuit dernière elle pleurait aussi. Mais je n'ai pas su quoi faire alors j'ai juste attendu qu'elle se calme en faisant semblant de dormir.
Cette fois-ci, je ne la laisserai pas pleurer seule.
Merde, mais qu'est-ce que je peux faire ?! je me vois mal me retourner et la prendre dans mes bras, elle va sûrement me repousser !
Je me racle la gorge et, tout en restant de dos à elle, regarde par-dessus mon épaule et lui prend sa main.
Je repose ma tête sur mon oreiller et ferme les yeux. Elle reste immobile et ses sanglots se calment peu à peu, elle serre doucement ma main en soufflant un petit « Merci ». Je reste silencieux et un sourire niais se fige sur mes lèvres. Nous nous tenons par la main !
Je préfère ne pas penser que nous sommes dans le Loup-Garou, je préfère ne pas penser que plus de la moitié des personnes que nous voyons ici vont mourir. Je préfère ne pas penser que nous serons sûrement dans le tas.
Je préfère effacer notre malheur par ces petits instants de bonheur.
Hey !
Je ne sais pas encore quand je posterai le prochain chapitre, mais je suis en vacances donc je pense que ça ne sera dans pas longtemps !
Bisouuus !
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