En nous levant, on apprend qu'Estelle est morte et qu'elle était une Villageoise (mais anciennement le Voleur qui avait volé à l'ancien Soir de Concertation la carte de Jahanne).

Le reste de la matinée a été plutôt calme, en réalité personne n'a trop été affecté par la mort d'Estelle, car c'était une personne assez à l'écart et qui ne se mêlait trop aux autres. J'ai juste entendu certains râler en disant que les Loups-Garous commencent à prendre trop l'avantage, et qu'il faut vraiment que les rôles importants pour les Villageois se manifestent maintenant.

Quant à moi, j'ai vraiment du mal à me mettre dans mon rôle, certainement parce qu'il ne sert à rien tant de Nathan ne meurt pas (ce que je ne souhaite pas, bien évidement, je préfère être inutile que de voir Nathan mourir). Enfin si, je devrais en théorie aider les Villageois, mais je n'ai juste pas envie de faire plaisir à tous ces connards qui me regardent à travers leur poste de télé et qui espèrent me voir jouer mon rôle, bien que ça puisse jouer en ma défaveur et me coûter la vie, mais tant pis.

Mis à part ça, depuis hier, Hect, Nathan et moi devons-nous coltiner Mikay et Calix, car, vu qu'Adei et moi faisons toujours semblant d'être ensemble, nos deux "groupes" ont fusionnés. Até fait aussi partie de ce groupe recomposé, mais sa présence me dérange moins que les autres, vu qu'elle n'essaye pas de m'adresser pas la parole. A l'inverse, les deux autres idiots n'arrêtent pas d'essayer de faire ami-ami avec moi, comme-ci ça allait réellement marcher. Mais ils se foutent les doigts dans les yeux jusqu'au coude, j'ai vraiment un mauvais pressentiment concernant ces deux-là, surtout Calix.

Hect a l'air un peu mal à l'aise quant à la présence de Calix. D'ailleurs, quand Calix s'adresse à elle, sa voix change et devient beaucoup plus dur, voire menaçante, et cette voix est encore pire quand elle s'adresse à Nathan, qui lui, tente d'être ami avec tout le monde.

Nathan est vraiment trop gentil, je crois qu'il ne comprend pas que les autres peuvent avoir un côté sombre bien dissimulé derrière leur sourire de façade.

Mais personne n'a l'air d'être à l'aise dans cette situation. Même Adei semble ne pas apprécier cette atmosphère.

Et puis, entre Calix qui drague Adei et Mikay qui me drague, moi, on est tous les deux perdus. Je ne sais pas si je dois faire semblant d'être jalouse et défoncer Calix, ou tabasser tout simplement Mikay pour ses propos.

Finalement, la matinée n'a pas été calme. Elle a été insupportable. J'ai presque été heureuse quand Bryan nous a appelé pour commencer les nominations.

On s'est tous assis, chacun sur un tronc. Bryan a à peine eu le temps d'ouvrir la bouche que Calix lève la main en lui coupant la parole.

- Je vote soit pour Nathan, soit pour Hect !

June, qui pousse un grognement d'incompréhension, et intervient :

- Mais pourquoi Nathan ? c'est le Petit Frère, il est bénéfique au Village !

Calix lève le doigt, un petit sourire de fierté au visage.

- Sauf si le Petit Frère aide les Loups-Garous ! en effet, sa copine est un Loup-Garou, alors forcément il ne sera pas bénéfique au Village mais aux Loups ! c'est pour cela qu'il faut le tuer !

Hect se lève en hurlant. Mais Bryan pointe sa hache vers elle et lui ordonne de se rasseoir.

Elle s'exécute en hurlant à Calix des mots incompréhensibles.

J'avais raison de ne pas lui faire confiance à elle, c'est une vraie vipère.

- Mais comment tu peux être sûr que Hect est un Loup-Garou ? intervient Steve.

Steve est un joueur pas très présent, qui est plutôt à l'écart du reste du monde, tout comme Estelle.

- Je ne vais pas vous révéler ma carte, répond Calix, mais je vous assure jouer un rôle important qui me permet de savoir qui est bon, ou non pour le Village.

Calix a l'air tellement sincère qu'elle me donne presque envie de la croire.

Steve fronce les sourcils.

- Ah bon ? et tu connais les cartes de qui, alors ?

- Quelques Loups-Garous, dit Calix en croisant les bras. C'est pourquoi je m'adresse au Merlin en lui demandant de me protéger aux prochains Soirs de Concertations.

- Et comment peux-tu connaître ces cartes ?!

- J'ai un rôle qui me permet de... "retourner" les cartes des joueurs et donc de découvrir leur rôle, si vous voyez ce que je veux dire... depuis le début du jeu je connais donc l'identité de deux Loups-Garous.

- C'est une menteuse ! s'écrit Steve en la pointant du doigt, elle n'est pas celle qu'elle prétend être ! c'est moi qu'il faut croire ! Je connais les cartes !

Calix le regarde en levant un sourcil.

- Alors tu veux te faire passer pour la Voyante ? si c'est le cas tu peux me dire la carte d'Hect ?

- J-je... je ne connais pas sa carte... mais je pense qu'elle est innocente...

Steve regarde Bryan, craintif. Il ne sait pas s'il peut en dire plus sur sa carte ou non.

- Tout ce que je sais, c'est que tu es un Loup-Garou, déclare Steve.

Calix explose de rire en secouant la tête.

- C'est trop simple comme accusation ! elle se tourne vers nous autre en pointant Steve du doigt, c'est le comportement d'un Loup ça, vous ne trouvez pas ?

Une bonne partie des Villageois ont l'air d'accord avec elle.

Steve ne fait pas le poids face à Calix. Ce petit gringalet à la voix trop aigue en impose beaucoup moins face à Calix, une femme forte qui fait naître à la fois le désir, mais aussi l'obéissance chez la plupart des personnes qui l'écoute et la regarde.

- Regardez, continue Calix. Je pense que Steve est Loup-Garou et qu'il essaye de protéger Hect, elle aussi Loup-Garou. Donc ce qu'on peut faire c'est tuer Steve maintenant, et à la prochaine journée, après le Soir de Concertation, on tue Hect, qui je suis sûre à cent pour cent est un Loup-Garou, ça vous va ?

J'aperçois plus de la moitié des Villageois hocher la tête. Hect, elle, a baissé la tête et tente certainement de contenir sa rage. Mais pourquoi ne réagit-elle pas ? Calix la menace de la tuer et elle ne dit rien ?

- Je ne suis pas d'accord, dit Até. Pourquoi ne pas tuer Hect dès maintenant si tu es sûre que c'est un Loup-Garou ? pourquoi ne pas faire confiance à Steve, qui a l'air quand même sincère ?

Tout le monde se tourne vers Até, surpris. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas parlé avec un ton aussi assuré. Le regard d'Até se fait insistant, comme s'il y avait une conversation non-verbale entre ces deux filles.

- Aurais-tu des informations à nous partager ? connais-tu les cartes de certains ? demande Calix avec un sourire malsain.

Até, prise de court, réagi bizarrement en bredouillant des mots pas très compréhensible, ce qui nous indique que Calix a visé juste. A côté de moi, je sens Adei se tendre.

Até vient juste de faire comprendre à tout le monde, et surtout aux Loups-Garous, qu'elle jouait un rôle important.

Elle finit par baisser la tête et ne plus parler.

- Avez-vous un nom ? demande Bryan, qui commence à en avoir marre d'être debout.

- Steve, annonce Calix.

- Bien, qui vote pour Steve ?

Tout le monde sauf Nathan, Hect, Até, Adei et moi levons la main.

- Pas d'autre nom ?

Personne ne répond.

- Bien. A dans une heure alors. N'oubliez pas que la Sorcière a peut-être voté pour quelqu'un cette nuit. Si c'est le cas, les téléspectateurs choisiront qui mourra aujourd'hui.

Il fait demi-tour et rentre dans sa maison.

Steve, le regard vide, reste assis tandis que tout le monde se lève en le dévisageant.

Personne ne le soutient, il est impuissant face à la majorité, et le fait d'avoir ouvert sa bouche alors qu'il était habituellement calme et discret ne l'a pas aidé. D'un autre coté, je ne voulais pas le défendre car c'était soit lui soit Hect, malheureusement le choix est vite fait.

Nathan s'avance vers Hect qui tremble de rage. Il lui caresse les bras en essayant de la calmer.

Até, gênée, s'avance vers Adei qui, lui, me prend par le poignet et m'emmène à la lisière de la forêt, loin des oreilles indiscrètes.

Jusqu'à ce que nous y arrivions, il me tournait le dos et je ne pouvais voir son expression. Quand nous sommes arrivés, il se tourne vers moi, les larmes aux yeux, et tombe dans mes bras en sanglotant.

Surprise, je ne réagis pas et reste complètement stoïque.

- Je ne veux pas mourir ! sanglote-t-il. J'ai trop peur, Jodie...

- M-mais, pourquoi tu dis ça ?

Il s'écarte de moi en essayant de calmer ses sanglots.

- Até vient de dire à tous les Loups-Garous son rôle. Cette pauvre conne vient de signer mon arrêt de mort !

Ses sanglots repartent de plus belles et je m'assois par terre avec lui en lui caressant doucement le dos.

- N'oublie pas qu'il y a Merlin, il va certainement protéger Até au prochain soir.

- Oui, mais il ne pourra pas la protéger indéfiniment ! Oh Jodie, j'ai tellement peur de mourir !

Au loin on aperçoit Bryan s'avancer vers nous avec sa petite brouette remplie de bouts de bois. Mais que fait-il avec, sérieusement ?

Il passe devant nous en regardant bizarrement Adei, mais je décide de n'en pas tenir rigueur et continue de consoler Adei.

Cela met plusieurs minutes avant qu'il cesse de pleurer. Quand il s'est enfin calmé, il me regarde tristement.

- Je fais pitié, non ?

Je secoue la tête.

- On s'en fou de ça, dans ce genre de situations, ce n'est pas le plus important. Il faut trouver un moyen d'empêcher Até d'être choisie par les Loups-Garous.

Il hoche la tête.

- Até est quand même la déesse des erreurs. Elle ne sait faire que ça, j'ai l'impression.

- Ce n'est pas faux...

Elle a quand même tué Jahanne par erreur et a avoué, par erreur, devant tout le monde être soit la Petite Fille, soit la Voyante. Je me demande qu'elle sera sa prochaine gaffe ?

- Adei... chuchote Até.

On se tourne tous les deux vers elle. Ses jambes tremblent et ses joues sont inondées de larmes. Adei croise les bras.

- Quoi ? dit-il, tu veux me dire que tu es désolé ?

- Oui...

Sa voix se casse et elle s'assoit face à lui en lui attrapant les mains.

- Je vais tout faire pour me rattraper.

- Tu aurais pu te taire !

- Mais il fallait que je protège Steve !

- Au final c'est moi que tu mets en danger !

Il retire ses mains et me fait face.

- J'ai raison d'être énervé ? me demande Adei.

- J-je...

Até me coupe la parole en lui explant à nouveau qu'elle va tout faire pour essayer de réparer ses erreurs, mais Adei, bras croisé, l'ignore complètement.

- J'aime Adei, finit-elle par sangloter en me regardant, je t'en supplie, fais lui comprendre que je vais me battre pour tout arranger !

Gênée, je me tourne vers Adei.

- On n'est pas sûr que les Loups-Garous aient deviné la carte d'Até. Si elle se fait discrète, peut-être que les Loups vont l'oublier.

- Ou peut-être qu'ils ne vont pas l'oublier et que je vais mourir au prochain Soir de Concertation ! cri-t-il en se tournant vers Até, après la nuit qu'on a passé, tu oses me faire ça ?!

Adei se tourne vers moi.

- Tu aurais réagi de la même façon, non ?

- J-je... je ne sais pas...

La tentative d'excuse se transforme finalement en une engueulade où chacun essaye de me convaincre que j'aurai réagi d'une certaine façon ou d'une autre. Je finis par agir sans trop réfléchir en alternant entre hocher et secouer la tête à chaque fois que l'un d'entre eux me pose une question.

Je hoche donc trois fois la tête puis je la secoue et je fais ça en boucle plusieurs fois avant d'inverser l'ordre. J'ai l'impression que cette méthode est plutôt efficace et qu'ils ne se rendent pas compte qu'en réalité je regarde le petit écureuil qui est en train de monter à l'arbre derrière Adei.

J'aperçois du coin de l'œil June me regarder, en tout cas, j'ai l'impression qu'elle regarde dans ma direction. Quand elle se rend compte que je l'ai remarquée, elle me fait signe de la suivre et se dirige vers sa chambre.

- Jodie ! me dit Adei en me secouant par les épaules.

- Quoi ?!

Voyant que j'ai l'air agacée par la situation Adei s'éloigne un peu de moi.

- Je... marmonne-t-il.

- Qu'est-ce qu'il y a ?! m'énervé-je, crache le morceau, merde !

- Rien, rien...

C'était le mot de trop.

- Oh mais bordel de merde j'en ai ras le bol de vous ! hurlé-je, je n'ai pas signé pour arranger vos querelles de couple alors laissez-moi tranquille ! déjà que je sers de couverture pour cacher votre couple, je n'ai pas envie de devenir sexologue, fait chier !

- Je suis déso... commence Adei.

- Oh mais ferme ta gueule ! Adei je te "quitte", tu me casses trop les couilles !

Je me lève pour partir et Adei se jette sur mon pied.

- S'il te plaît, Jodie, non !

Du coin de l'œil, j'aperçois Bryan qui nous observe, amusé par la situation.

De base, j'ai accepté la proposition de sortir avec Adei pour me venger de ce qu'il a fait avec Hect, mais j'ai l'impression que ça lui fait ni chaud ni froid finalement.

J'arrive à me détacher de l'emprise d'Adei et commence à marcher en direction du Village. Derrière moi, l'engueulade entre Adei et Hect repart de plus belle et j'entends les bruits de la brouette que pousse Bryan se diriger vers moi.

- C'est la relation la plus rapide que je n'ai jamais vue ! finit-il par me dire en riant.

- Oui, mais elle était moins chaotique que celle que tu entretenais avec Milena.

Il secoue la tête.

- Ce n'était pas chaotique, mais passionnel.

Je ne peux m'empêcher de rire.

- Je ne savais pas que, quand on aime passionnellement quelqu'un, on finit par tenter de le tuer !

Il fait mine de ne pas avoir reçu le pic que je lui ai lancé et regarde ailleurs.

- Tu vas finir par déboiser toute la forêt, dis-je en pointant du doigt sa brouette maintenant vide.

Il m'ignore toujours. Je croise les bras. Il veut jouer à ça ?

- Au fait, j'ai dit à tout le monde que tu avais agressé sexuellement Hect, j'espère que ça ne te dérange pas ?

C'est totalement faux, j'essaye juste de l'énerver.

Mais il ne répond toujours pas.

J'ai l'impression que ça l'amuse de m'énerver !

Agacée, je finis par lui faire un croche-patte, qu'il réussit à éviter.

- Mais répond moi ! dis-je.

Il finit par sourire, mais sans me répondre.

Si c'est comme ça, moi non plus je ne lui parle plus.

On sort enfin de la forêt et je me rends compte que nous nous dirigeons tous les deux vers la chambre de June.

M'accompagne-t-il jusqu'à chez June pour me faire chier jusqu'à la fin ?

Il parait lui aussi surpris que je me dirige vers sa chambre. Quand on arrive devant sa porte, il se tourne vers moi en fronçant les sourcils.

- Pourquoi tu me suis ? demande-t-il.

- C'est toi qui me suis !

- June m'a demandé de la rejoindre.

Je cligne des yeux.

- C'est à moi qu'elle a demandé ça.

Il secoue la tête, mais je continue d'insister, je suis pourtant persuadée qu'elle me regardait !

- Pourquoi voudrait-elle que tu viennes dans sa chambre ? dis-je.

Il croise les bras en souriant.

- Devine.

Je rougis et m'éloigne de lui.

- Tu es vraiment pourri jusqu'à la moelle !

Soudain, June ouvre la porte et nous regarde tous les deux en fronçant les sourcils.

- Euh... Jodie, tu fais quoi ici ?

Bryan, l'air triomphant, me regarde avec un grand sourire.

- Jodie pensait que tu l'avais appelé, dit-il à June.

Elle secoue la tête en s'excusant. Mon ego blessé, je tourne les talons pour me diriger vers ma chambre en essayant de ne pas faire attention aux railleries de Bryan.

- Jodie ! hurle Isalys en m'attrapant par le poignet. Il faut que tu nous aides !

Je me retourne en lui lançant un "quoi ?" assez froidement.

- June est en train d'occuper le Maître du Jeu, on a besoin que tu nous aides à aller récupérer quelque chose chez lui !

Je cligne des yeux.

- Et pourquoi je ferai ça ? débrouillez-vous !

Je commence à faire demi-tour mais Isalys tire à nouveau sur mon poignet et se met à genoux.

Ils se sont tous mis d'accord pour me supplier aujourd'hui ?

- Je t'en supplie ! tu es la seule qu'il ne tuera pas si tu te fais choper !

- C'est pour récupérer quoi ? dis-je en levant les yeux au ciel.

- Euh...

Il baisse la tête en rougissant.

- Un paquet de clopes... il nous a surpris avec et nous l'a confisqué car c'est interdit...

- Pardon ?! tu penses que je vais vraiment risquer ma vie pour ça ?! tu n'as qu'à en demander à l'armoire !

- Mais tu ne risqueras pas ta vie, il est trop gentil avec toi ! puis la cigarette est interdite, ici... donc je n'en aurai pas si je le demande à l'armoire...

- Tu en as ramené de l'extérieur ? Comment tu as pu le faire ?

Il ouvre grand les yeux en secouant la tête.

- Tu n'as vraiment pas envie de le savoir.

Je souffle et regarde la chambre de June.

- Tu penses qu'elle va le retenir combien de temps ?

- Ça va dépendre de lui ! me répond-t-il en riant.

Je lui jette un regard noir, ce qui le fait taire instantanément.

- En réalité, dit-il, il lui a donné une action à faire qu'elle ne peut pas faire et elle tente juste de négocier avec lui.

C'est vrai, les gages... il nous demande de faire quelque chose et en retour on obtient autre chose. J'avais oublié tout ça.

- Tu sais où il aurait pu ranger vos merdes ? demandé-je.

Heureux que j'ai accepté ce qu'il me demande, il se relève en sautant sur place tout en me remerciant mille fois.

- Je ne sais pas du tout ! peut-être dans son salon ou dans sa chambre.

- D'ailleurs, j'ai quoi en retour si je vous ramène votre paquet ?

Il hausse les épaules.

- Une cigarette ?

Je secoue la tête.

- Ça n'est pas du tout proportionnel au risque que je cours !

Il se jette une nouvelle fois à terre en me suppliant.

- Je ne sais pas encore ce qu'on te donnera mais je t'en supplie, aide nous !

Je lève les yeux au ciel et il me sort un regard de chien battu.

- Bon, d'accord. Mais si je me fais choper je vous dénonce !

- Merci ! dit-il en se jetant dans mes bras.

Je le repousse violemment et cours jusqu'à la Maison Rouge. La dernière fois que j'y suis allée c'était pour me faire tabasser par Bryan.

J'ouvre doucement la porte et me faufile à l'intérieur.

L'endroit est vraiment calme quand il n'y a pas un Bryan qui tente de me tuer. On dirait presque que ce n'est pas la maison d'un assassin !

Je regarde autour de moi : où aurait-il pu ranger ce paquet de cigarettes ? il n'y a aucun rangement dans ce salon.

Je pars dans la cuisine et commence à fouiller les placards et les tiroirs, rien.

J'ouvre une porte au hasard et tombe sur un escalier en pierre qui mène vers un sous-sol. Mon cœur se serre en comprenant que c'est l'escalier qui mène vers l'endroit où logent les assistants, donc cet escalier mène directement vers Emeric...

Je referme doucement cette porte et en ouvre une autre. Cette fois-ci, mon sang se glace : c'est l'endroit où sont détenues les haches. C'est un vrai bordel ici, la dizaine de haches présentes sont éparpillées au sol, la moitié d'entre elle sont tâchées par ce qui me semble être du sang, c'est une sale de l'horreur, cet endroit. Des armes à feu sont aussi exposées fièrement sur le mur avec des petites étiques collées en dessous d'elles.

Un sourire apparaît sur mon visage et je m'approche pour confirmer ce que je vois.

Il donne des noms à ses armes ?

Je ne peux m'empêcher de rire à l'idée qu'il chouchoute ses flingues comme de réelles personnes.

Alors, il y a : Bertha, Mathilde, Joelle, Elena, Beatrice, et encore quelques autres noms de femme. Pourquoi des noms de femme, d'ailleurs ? parce que ce sont ses jouets ? Belle preuve de misogynie.

Je ressors de cette salle tout en refermant doucement la porte. J'emprunte l'escalier et commence par fouiller la salle de bain. Je frissonne de dégoût en voyant ses caleçons joncher le sol. J'ouvre un tiroir, mais ne trouve que des crèmes hydratantes et un gel pour cheveux. J'ouvre l'autre tiroir et, euh... on va refermer ça...

Je soulève de la pointe des pieds quelques caleçons mais ne trouve rien non plus. Pourquoi je fais ça ? pourquoi Bryan irait cacher un paquet de clopes sous ses caleçons encore tout trempés ? je secoue la tête et sort de cette seconde salle de l'horreur.

Je me dirige vers sa chambre et hésite avant d'ouvrir. Ça me fait vraiment bizarre de pénétrer dans l'intimité de quelqu'un, je suis en train de découvrir de côté bordélique et bizarre de Bryan sans son autorisation.

J'étais à deux doigts de faire demi-tour et d'aller dire à Isalys et June d'aller se faire voir quand j'entends la porte de salon s'ouvrir avec June qui supplie Bryan de l'écouter encore un peu.

- J'ai dit non ! s'énerve Bryan, soit tu exécutes le gage et tu as ce qui t'es promis, soit non et tu n'as rien, c'est tout !

Mon cœur fait un bon et j'ouvre sans réfléchir la porte de la chambre de Bryan tandis qu'il continue de s'engueuler avec June.

Sa chambre est tout aussi en bordel que sa salle de bain.

Juste au-dessus de son sommier, il a dessiné une tête et sur celle-ci est plantés profondément plusieurs couteaux très pointus.

Je me précipite vers sa table de chevet et l'ouvre. Mis à part un livre de Robert Steven, ce fameux écrivain et père de Milena Steven, je n'y trouve rien.

Je saute sur son lit et ouvre le tiroir de sa deuxième table de chevet, bingo ! le paquet de clope est rangé ici parmi plusieurs autres bouquins.

- Que fais-tu ici ?

La voix dure et froide de Bryan me fait sursauter et je me retourne en cachant dans mon dos le paquet.

- Je... je me suis trompée de maison ?

Bryan lève un sourcil, plus sceptique que jamais.

- Donne-moi ce paquet, finit-il par dire en tendant la main vers moi.

Je range discrètement le paquet dans mon pantalon puis lui montre mes mains en riant nerveusement.

- Je n'ai rien !

Il s'assoit sur le lit et me regarde en souriant.

- Tu sais que tabac n'est pas interdit ?

Je fronce les sourcils, sérieusement ? Alors pourquoi Isalys m'a dit que Bryan lui avait confisqué ?

Il me tend la main une nouvelle fois et je lui donne en soufflant. Bryan se met debout sur son lit et décroche le couteau planté en plein milieu du dessin, puis se rassoit à côté de moi. Il ouvre le paquet et le vide sur sa couverture. Parmi les cigarettes qui en tombe, un petit objet métallique en forme d'araignée en sort et se met à se balader sur son lit.

Plutôt surprise par cette découverte, je me tends.

- Tu as peur des araignées ? se moque Bryan.

Je ne réponds rien et ne quitte pas des yeux cette bête bizarre qui commence à se diriger vers le sommier de son lit.

- C'est quoi cette merde ? soufflé-je.

- Un robot espion, me dit-il en jouant avec son couteau. C'est un petit cadeau des rebelles.

Lorsque l'araignée commence à escalader son mur, Bryan jette le couteau qui part couper en deux ce bout de métal.

Je le regarde en ouvrant grand les yeux, surprise par autant de précision. Il hausse les épaules.

- Ce n'est rien de bien compliqué. D'ailleurs, pourquoi tu as voulu récupérer ce paquet alors qu'il appartient à Isalys ?

Son regard interrogateur m'examine entièrement, il doit certainement penser que je suis complice.

- Isalys m'a juste demandé d'aller le chercher à sa place, car, si je me faisais prendre, tu n'allais pas me tuer.

Ce regard suspicieux disparaît et il sourit.

- Il n'a pas tort, lâche-t-il.

Je fais mine de n'avoir rien entendu et fixe les cigarettes.

Bryan se lève pour aller décrocher le couteau et commence à jouer avec.

- Maintenant range ce bordel et va-t'en, dit-il en pointant du doigt les cigarettes éparpillées sur son lit.

Je m'exécute sans dire quoi que ce soit. Puis, me rendant compte que je viens d'obéir à ses ordres sans broncher, je m'arrête en le regardant, les sourcils froncés. Lui aussi il s'est rendu compte que je n'ai pas bronché, il a l'air agréablement surpris.

Et puis zut, j'ai commencé à le faire alors autant le finir.

Après cela, je commence à me diriger vers sa porte, mais il m'interpelle.

- Quoi ? dis-je en me retournant vers lui.

- Tu as fouillé quelle pièce ?

Je détourne mon regard en me raclant la gorge.

- Euh... mis à part ta chambre ? le salon, la salle où tu ranges tes armes...

Bryan devient tout rouge et détourne lui aussi le regard, comprenant que je sais qu'il nomme ses armes.

- D'accord. Tu peux t'en aller.

Je me retourne et m'apprête à partir, mais m'arrête en posant ma main sur sa poignée.

Bryan est déjà super gêné, pourquoi ne pas lui apporter le coup fatal dès maintenant ?

Je me retourne vers lui avec un petit sourire.

- J'ai aussi fouillé la salle de bain... et surtout le tiroir de gauche...

- Va-t'en ! hurle-t-il, son visage ayant maintenant pris une couleur cramoisie.

- Tu sais, c'est normal de...

- Tais-toi et casse-toi !

Il me lance le couteau qu'il tenait toujours en main et celui-ci vient s'enfoncer à quelques centimètres de mon visage dans la porte. Je croise les bras, sachant très bien qu'il souhaitait juste me faire peur.

- Ça ne sert à rien d'essayer de me faire peur, tu as perdu toute crédibilité à mes yeux ! peut-être qu'en foutant Bernadette sur mon front ça me fera un peu plus peur, mais...

- Ce n'est pas Bernadette mais Bertha !

Je hausse les épaules.

- Si tu le dis...

- Maintenant dégage et ne revient plus jamais ici !

Je souris et ne bouge pas d'un poil, décidée à le faire chier jusqu'au bout.

Il s'avance vers moi pour tenter de m'intimider, mais je reste toujours stoïque.

- Tu ne me laisses pas le choix, lâche-t-il.

Il m'attrape par les hanches, me soulève puis me pose sur son épaule. Je me débats et lui donnant les coups dans le dos, mais il ne réagit pas et descends tranquillement les escaliers.

- Les clopes ! m'écrié-je en me rendant compte que je les ai laissées tomber devant sa porte.

J'entends Bryan râler et se retourner rapidement. J'évite de peu le mur. C'était moins une ! J'aurais pu avoir un sacré bleu à la tête si je me l'étais pris, dis donc !

Bryan se baisse pour récupérer le paquet, se relève en se retournant et là, je n'ai pas le temps d'éviter l'encadrement et me le prends violemment dans en pleine face.

***

J'ouvre les yeux, face à moi, une mer scintillante sous le coucher du soleil qui teint le ciel de chaudes couleurs orangées. Je suis perchée sur un balcon tout en haut d'une tour blanche qui fais face à ce qui me semble être une ville, mais pas comme celle sur l'île, cette ville est beaucoup plus colorée, vivante et avec des citoyens qui ont l'air heureux. Je baisse la tête et regarde comment je suis habillée : je porte une robe bohème blanche et de jolies fleurs roses sont déposées sur mes cheveux tressés.

- Jodie !

Je me retourne et fais face à Bryan qui vient de m'interpeller.

Ses cheveux sont longs et volent au gré du vent, sa chemise est ouverte et me dévoile sa musculature parfaitement sculptée. Il a un regard intense qui me traverse entièrement, de la tête au pied, son sourire, d'un blanc pur, m'éblouis presque, mais remue aussi mes tripes... il est beau comme ça...

Des oiseaux viennent déposer dans ses mains une guitare qu'il se met à jouer en chantant mon prénom.

Pour une raison qui m'échappe, je me mets à danser sur cette chanson en tapant le rythme des mains. A un moment, mon pied se prend dans un caillou invisible et je tombe. Bryan lâche sa guitare qui se décompose en plein de petit papillon violet qui viennent voler autour de nous et me rattrape au dernier moment. Je plonge mon regard dans le sien et pose mes mains sur son torse-nu.

Cette fois-ci son regard est coloré d'émotions beaucoup plus belles que celles que j'ai pu voir auparavant : il a l'air heureux.

- Bryan... soufflé-je.

Il passe sa main dans mes cheveux en souriant tendrement.

- Yé té désirrr, Jodie ! Ton parrrfoum m'envoûte, ton corrrps m'attirrré tel oun émant y yè né peux rrrésister ouna seconde dé plous, yé besouin de t'embrrrasser !

Bizarrement, je ne fais pas attention à cet accent espagnol très prononcé et très cliché. Je passe mes bras autour de son cou et m'abandonne dans les siens.

- Embrasse-moi, mon amour !

- Yé né té ferrré pas plous attendrrrre !

Sa bouche se pose sur la mienne et les papillons qui dansaient autour de nous viennent se loger dans mon estomac. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que les ailes de ces papillons, qui étaient douce comme de la soie et venaient me chatouiller le ventre, se transforment petit à petit en lame de rasoir. Quand la douleur devient insupportable, je mets un terme à ce baiser pour regarder mon ventre : les papillons ont ouvert mon ventre et je commence petit à petit à me vider de mon sang.

Je me mets à hurler et mets fin à ce rêve.

***

Je me relève violemment en hurlant. Bryan, lui, me regarde, inquiet.

La seule chose que je trouve à faire, c'est le gifler.

J'attrape le paquet de clopes, descends à toute vitesse les escaliers et ouvre la porte.

Quand je me rends compte que tout ce que j'ai vécu n'étais qu'un rêve, je commence à m'en vouloir de l'avoir giflé pour aucune raison. Je me retourne donc vers lui en baissant la tête.

- Je... je suis désolée...

Il ne me répond rien, mais son regard en dit long : il n'est pas du tout content.

Dans un silence pesant il se lève et par chercher quelque chose dans sa salle où il range ses armes. Quand il revient, il tient une hache à la main et se dirige vers un micro posé sur la table de son salon et annonce d'une voix grave et froide, il me fait frissonner :

- Que tout le monde se réunisse pour la mise à mort.

Heyyy !

Bon j'ai fais une petite pause d'une semaine car j'avais mes partiels à passer et il faillait que je révise !! 😭😭

D'ailleurs, j'ai depuis quelques temps des retours concernant une chose et je voulais me mettre au clair avec vous :

Sur les résumés que j'ai faits de mes histoires il y a écrit "plagiat interdit" et j'ai vu certaines personnes contester cela.

Au jour d'aujourd'hui (vive les pléonasmes), si je laisse l'inscription "plagiat interdit", c'est juste parce que OUI, je ne souhaite pas que l'on plagie mon histoire (comme tout le monde quoi). Mais quand je dis plagier, je veux dire reprendre les idées que j'ai construites autour du concept de ce jeu. Bien sûr que ce concept ne m'appartiens pas, libre à vous de créer une histoire qui le reprend ! Par contre, reprendre ce concept plus quelques idées, par exemple la décapitation dans le jeu du Loup-Garou c'est un peu comme ma signature pour moi (genre c'est mon bébé) donc quand je vois quelqu'un reprendre ça, je grince un peu des dents, mais c'est tout.

Tout ça pour dire que NON, vous n'avez pas besoin de me demander mon autorisation pour reprendre le concept de ce jeu ! 

Breeeeef si ça vous intéresse on peut continuer de discuter de ça dans l'espace commentaire, je trouve que ça peut être un sujet de discussion assez intéressant et je suis curieuse d'avoir votre avis !❤

Ou bien on peut parler de cette version hispanique de Bryan que Jodie s'est inventée, as u want 🤷🏻‍♀️ (mis à part son accent bien cliché ça me plairait bien un petit Bryan hispanique eheh 😏)

On se retrouve pour un nouveau chapitre en fin de semaine si j'ai pas trop la flemme de le corriger (parce que en parallèle je suis en train d'écrire un autre chapitre (21 ou 22 je ne sais plus) qui va me demander beauuuuucouuuup de courage (un indice : ça risque d'être triste 😢))

Gros bisouuuus ❤❤❤