Je suis rentrée à la maison.

Maman m'a sautée dessus dès que j'ai passé le pas de la porte et papa m'a assommée de questions.

Je leur ai juste dit que je ne me souvenais de rien, que je m'étais réveillée au matin, dans l'herbe humide d'un parc. Ça n'a pas été difficile de les convaincre. Papa a tout de suite accusé les vampires mais je lui ai dit qu'ils m'auraient au contraire vidée de mon sang. J'ai caché les marques de dent avec une veste que j'avais déniché dans la chambre au manoir. Heureusement, ils ne m'ont pas demandé de l'enlever, sinon j'aurais été grillée.

Ils m'ont alors gardée bien précieusement à la maison, tout en prévenant la police qu'un rôdeur agressait des jeunes filles.

Tout avait été bizarre. Ma vie allait sûrement radicalement changer, juste parce que j'avais été pendant un instant au mauvais endroit au mauvais moment. Je ne savais pas encore ce qui m'attendait et je commençais à regretter mon choix.

Puis, le premier jours de cours à l'université est arrivé.

J'étudie l'histoire, malheureusement avec ce bon vieux Travis Blake.

J'essaie de me tenir loin de lui et de sa bande de brutes. Il n'y avait qu'une seule université à Lost Hollow, par conséquent j'ai retrouvé tous mes anciens camarades de classe, que je détestais pour la plupart.

Je suis assise à la cafétéria, avec mon meilleur et seul ami, Félix.

J'hésite à lui parler de ce qu'il s'est vraiment passé, le week-end dernier. Il était la seule personne à qui je pouvais me confier. J'avais besoin d'avoir un avis extérieur sur le deal que j'avais accepté. Tout été arrivé très vite et je n'avais pas vraiment réfléchi au conséquence de cette décision.

— Félix? Je lance, alors qu'il s'empiffre de spaghettis.

— Qu'est-ce qu'il y a, Tha? Répond-il la bouche pleine.

— Il faut que je te dise un truc.

Il avale tout rond  l'intégralité de la nourriture qui était contenue dans sa bouche.

— Me dire quoi? Rien de grave, Thalie? Commence-t-il à s'inquiéter.

Je m'approche de lui et me mets à parler tout bas.

— Tu sais le week-end dernier...

— Quand tu t'es faite droguée?

— C'est ça, mais non. Personne ne m'a droguée. Je me souviens de tout ce qui c'est passé.

Il me lance un regard d'incompréhension, caché par ses boucles rousses.

— Qu'est ce qu'il s'est passé alors? Tu me fais peur...

— Des vampires m'ont trouvée et j'ai passé un deal avec le chef des vampires. Je murmure.

Félix sursaute et se lève brusquement.

— Pardon?! Des vamp...

Je le fais s'asseoir et lui plaque ma main sur sa bouche pour éviter que toute la cafétéria nous entende.

— Chut, Félix! C'est un secret. Si tu le dis à mes parents, je risque de me faire tuer!

Ses yeux verts sont écarquillés.

— Par qui?

— Par tout le monde.

— Qu'est-ce que le chef des chauve-souris t'as demandé?

— Que je lui révèle des informations sur mon père.

— Tu ne peux pas faire ça, Thalie!

— Si je ne le fais pas, ils me tueront! Et puis Max, le chef des vampires a promis de me protéger, si j'accepte.

— Ok, ok. Admettons que ce nouvel inconnu aussi inquiétant que séduisant soit-il t'ai proposé de t'aider à son tour. Comment être sûr qu'il ne te tueras pas quand il n'aura plus besoin de toi?

Je lève les yeux au ciel.

— Je n'ai jamais dit qu'il était séduisant, Félix.

— Oh pitié, Thalie! Les vampires sont si sexy, même si ce sont des créatures assoiffées de sang! C'est un fantasme commun de vouloir se les taper! Réplique-t-il les yeux rêveur.

Félix est gay. Et actuellement célibataire, donc s'il s'imagine que je vais lui présenter un pote de ce cher Max, il se trompe.

— Tu dis n'importe quoi, Félix. Je ne veux me taper personne. Je me suis déjà fait mordre par l'un des leurs, je ne veux pas les toucher d'un poil.

— Pardon?! Tu t'es fait mordre? Dit-il tout haut.

Je lui tape la main.

Je l'adore mais il est tellement impulsif.

— Tais-toi, Félix! Et oui, je me suis fait mordre, et j'aimerais pas que ça recommence. Max m'a promis qu'il interdirait quiconque de me toucher si je remplis ma part du marché.

— Et tu penses vraiment que tu peux le croire?

Je soupire.

— Oui. Puis, de toute façon je n'ai pas le choix.

— Donc, tu vas trahir ta famille du coup, en plus de la ville...

— Félix...

— Je veux t'aider. Mais seulement pour te protéger.

— Non, Félix. C'est à moi de me sortir toute seule du pétrin dans lequel je me suis mise.

— Je sais qu'on vit dans une ville de fou, mais les vampires le sont peut-être aussi.

— Ils veulent juste rétablir la justice.

— Et toi, qu'est que tu veux, Thalie Hamilton?

Je reste quelques secondes à réfléchir. Mais je sais au fond de moi ce que je veux.

— La liberté. Je tonne. Et Max me l'a promise si je fais ce qu'il dit.

— La liberté...Souffle Félix.

— Félix, écoute-moi. Je sais que ce n'est pas éthique ce que je fais, mais c'est ma seule chance de survivre. Les vampires me tueront pour de bon, sinon.

— Et, si tu t'enfuies de Lost Hollow? Propose le rouquin.

— Pour aller où? Je ne connais personne en dehors de la ville!

Il pose sa main sur la mienne.

— Alors, fait attention. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive du mal.

— Je vais me sortir de là, mais toi, reste en dehors de tout ça, si tu tiens à ta vie et à la mienne.

— Promis, Tha. Soupire Félix.

— Max m'a invitée à une soirée, aux manoirs, cette nuit. J'ajoute.

— Et, tu vas y aller?

Je hausse les épaules.

— Je n'ai pas le choix de toutes façon.

Le visage de Félix se refroidit.

— Fais attention Thalie. Ce gars n'est pas net et il commence déjà à te donner des ordres. Méfie-toi de lui, il se sert de toi.

— Je sais, Félix, je sais. Mais, je dois faire profil bas avant de trouver un plan pour me sortir de la situation.

J'avais, en réalité, peur de cette fête. Je savais qu'il pouvait m'arriver quelque chose de grave à tout moment, et j'étais obligée de faire confiance au type de plus dangereux du coin.

Alors qu'on est assis tranquillement dans la cafétéria, Travis Blake passe à côté de notre table. Il me lance un regard pervers insistant et dérangeant, et je baisse les yeux.

Si seulement Max et sa troupe de chauves-souris pouvait le vider lui de son sang, ça m'arrangerait.

**

23h. Je suis chez moi, dans ma chambre et je décide à partir pour la soirée. Il faut que mon départ se fasse en douce. Si mes parents me voient, je suis fichue.

Je porte un pantalon noir serré et une veste perfecto de la même couleur qui habille mon haut blanc. Je préfère ne pas mettre de robe. Je laisse mes cheveux détachés et passe un coup de brosse qui casse mes boucles naturelles.

Je réfléchis à une solution pour sortir sans éveiller les soupçons. Je pourrais sortir par la petite porte du garage, derrière la maison, personne ne se rendra compte qu'elle a été ouverte. Je ferme alors la porte de ma chambre et descends les escaliers sur la pointe des pieds. Les marches craquent sur mon passage, ce qui me fait fortement angoisser. Mais je finis par me retrouver au rez-de-chaussée, dans un silence angoissant. J'emprunte alors le petit escalier de pierre qui mène au garage, et arrive près de la petite porte donnant derrière la maison. J'attrape une petite clé qui traîne à côté, et je déverrouille la porte.

L'air glacial me balaye le visage.

Me voilà enfin dehors, libre.