Le jour du mariage est arrivé.

Je suis dans le salon, assise sur une chaise et je me fais maquiller.

Les employés s'empressent d'organiser la salle pour la réception, pendant que ma mère s'active en cuisine, en faisant des aller-retours incessant au salon pour vérifier l'apparence exacte de mariée parfaite qu'elle avait imaginer et qu'elle voulait que j'ai.

Est-il possible de détester autant sa fille pour la marier de force?

En tout cas, moi je la détestais du plus profond de mon être.

J'appréhende beaucoup ce qu'il va se passer. J'essaie de trouver une manière de faire comprendre à Max que je suis bien vivante et que j'attends son aide, mais sans marque, il est dans incapacité de me trouver et il va sûrement même penser que je suis morte.

Une onde mince de soulagement se répand en moi quand je vois Félix passer le pas de la porte. Il avait dit à ma mère qu'il l'aiderait à installer la réception.

Il me fait un signe et va aux toilettes avant de revenir dans le salon.

Après m'être fait maquiller, je me lève et je m'isole dans un coin de la pièce avec lui.

— J'ai déposé ton test de grossesse dans la poubelle. Me chuchote-t-il, discrètement, à l'oreille.

Mon cœur se réchauffe maigrement.

J'avais au moins une personne, ici, sur qui compter, un véritable ami qui ne m'avait pas abandonné et qui ferait tout pour moi alors que je n'avais pas été à la hauteur pour lui.

— Merci infiniment, Félix.

Mon ami me frotte l'épaule, en signe de réconfort.

— Est-ce que ça va?

— Je ne sais pas trop...Je murmure.

— Qu'est-ce que tu comptes faire?

— Je ne peux rien faire. Le seul moyen que je m'en sorte serait que Max soit au courant de l'endroit où je suis.

Félix me lance un regard rempli de tristesse.

— Je déteste te voir malheureuse...

— Eh bien va falloir que tu t'habitues parce que je le serait jusqu'au restant de mes jours.

— Qu'est-ce qu'on peut faire pour que Max puisse te trouver?

— Autrefois, la marque aurait suffit pour qu'il me retrouve, mais ils l'ont brûler. Il n'y a plus aucun moyen.

— Et, si...je vais le voir?

J'écarquille les yeux.

Félix venait-il de proposer de lui rendre visite en personne?

Je n'en croyais pas mes oreilles.

— Tu veux te rendre au manoir?

— C'est la seule solution...

— C'est bien trop dangereux, Félix! Les vampires vont te prendre pour un imposteur et sûrement te tuer!

— Je suis prêt à prendre le risque pour toi. Si Max t'aime, il ne me fera pas de mal.

— Si il t'arrive quelque chose de mal par ma faute, je ne m'en remettrais pas. C'est complètement insensé comme plan!

— Et, si je ne fais rien, je ne m'en remettrais pas non plus, Thalie!

Je laisse échapper un soupire.

—... Laisse-moi me rendre au manoir. On parle de ton avenir là, et si je peux te rendre la vie plus belle qu'elle ne le sera, je suis prêt à prendre le risque.

Une larme coule sur ma joue.

Je n'avais pas beaucoup d'ami, mais Félix avait le mérite d'en être un vrai. Il serait mort pour moi. Je comprenais enfin la valeur de l'amitié. Son regard est rempli d'amour à mon égard, et c'est le seul humain qui m'en témoignait dorénavant.

— Merci...pour...tout...

— Ne culpabilise pas pour moi, Thalie. Il faut, par tous les moyens, te sortir de là.

— Je ne sais pas quoi te dire...

— Est-ce que tu as quelque indication à me donner avant que je parte?

Je réfléchis quelques instants.

— Tu n'auras pas de mal à reconnaître Max. C'est le type avec qui j'avais parlé, quand on était au café tous les deux.

— Ah, je me disais bien qu'il n'était pas net!

— Désolée, je ne pouvais pas te dire la vérité, à ce moment là...

— C'est pas grave, c'est du passé.

— Sinon, si tu croises une jeune fille qui lui ressemble avec de longs cheveux noirs ondulés et des tenues plutôt affriolantes, c'est sa sœur jumelle, Nala. Et, si tu remarque un vampire au très longs cheveux blonds et habillés à l'excentrique, c'est Élia. Tous les deux sont mes amis, ils te seront utiles pour me sortir de là.

— Et, si je croises d'autres vampires? Je fais quoi? Poursuis Félix.

— Tu leur dis que tu es un de mes amis, que je suis en danger et que tu viens chercher l'aide de Max. Ils savent tous que Max a pour volonté de me protéger. Même s'ils doutent de toi, s'ils entendent mon prénom, ils seront obligés de t'amener à Max.

Félix hoche la tête.

— Le plan me convient. Je vais prévenir ta mère que je ne me sens pas bien, pour prétexter mon départ et je me mets en route maintenant.

— Sois prudent, Félix. Je murmure.

— Je le serai, je te le promets.

Je frissonne quand je me rends compte que maman nous regarde en fronçant les sourcils. J'espère qu'elle ne nous a pas entendu...Je pense qu'on devrait stopper la discussion maintenant, avant qu'elle se doute de quelque chose. Félix va la prévenir qu'il part et, moi, je lui demande si je peux aller aux toilettes. Elle m'accompagne d'elle même et reste de l'autre côté de la porte pour être sure que je ne m'enfuis pas. La règle était de ne jamais me laisser toute seule...

...Comme une vulgaire prisonnière.

Je fouille dans la poubelle en essayant de faire le moins de bruit possible et déniche le test de grossesse que Félix m'a acheté. Je l'ouvre et l'utilise, toute tremblante.

Sauf qu'il faut attendre quelques minutes avant que le résultat s'affiche.

Je n'aurai jamais imaginé faire un teste de grossesse aussi jeune.

Je n'avais que dix-huit ans, après tout.

— Qu'est-ce que tu fais, Thalie? S'impatiente maman.

— Encore deux minutes! J'ai un peu mal à ventre. Je réponds.

Elle râle un coup, mais ne répond rien.

Je me mets à convulser.

L'angoisse me monte. J'allais enfin savoir si j'étais enceinte de Max.

Mais, malgré ce que pensait Félix, je ne croyais pas, moi, que j'étais enceinte. C'était impossible.

Et pourtant...

Deux barres bleues apparaissent sur l'écran du test.

Deux barres, c'est quoi?

Pourtant, je connais pertinemment la réponse.

Tout semble disparaître autour de moi, quand je m'aperçois que ces deux barres indiquent que je suis enceinte.