Chapitre 33
Ce chapitre est à lire avec la musique ci-dessus. Bonne lecture!
***
J'ai passé la journée enfermée dans ma chambre, avec pour seul accès, une salle de bain communiquant avec la pièce.
Je me sentais tellement seule et j'avais totalement perdu espoir.
J'avais pourtant cherché pendant plusieurs heures une façon de m'échapper de la maison, mais la porte était verrouillée et la fenêtre condamnée. Je n'avais plus mon téléphone, donc je n'avais aucun moyen de contacter qui que ce soit.
Vers dix-huit heure, maman vient de me chercher dans ma chambre et m'amène au salon.
Une couturière m'attend avec un nombre incalculable de robes blanches, toute plus extravagantes les unes que les autres. Je lui adresse un regard glacial, le visage dénué de tout sourire.
— Bonsoir, Thalie. Je suis là pour t'aider à trouver la robe de mariage de tes rêves. Déclare la nouvelle venue, avec un sourire insupportable sur les lèvres.
Je me serais abstenue d'utiliser le mot « rêve ». Cette situation se révélait être plus un cauchemar
qu'autre chose. Ma vie avait basculé, en quelques heures, en une véritable tragédie.
Je ne réponds rien, je reste figée au sol, les bras croisées et les yeux assassins. Maman me fait signe discrètement de me bien me tenir, mais je l'ignore royalement. Ils allaient peut-être réussir à me marier contre mon gré, mais jamais je ne plierai devant eux.
Maman me demande de me déshabiller, et là, je commence à paniquer parce que sur mon poignet demeure encore la marque que Max m'a faite. Discrètement, je change ma montre de bras, en espérant qu'elle camoufle suffisamment la cicatrice.
Une fois en sous-vêtements devant la couturière et ma mère, on me tend une robe énorme, ornée de perles de nacre. Avant de l'enfiler, on me noue un corset extrêmement serré qui me coupe instantanément la respiration. Puis on m'oblige à essayer la robe, je fais quelque pas et je remarque Je que peine à marcher avec tellement elle est lourde.
Je me tourne vers le miroir, et observe ma tenue. Trop voyante, trop exubérante, trop peu pour moi.
Maman acquiesce et désigne une autre robe à dentelle.
— J'aimerais la voir dans celle-là.
La couturière ne se fait pas attendre et m'enlève la précédente pour me mettre la suivante. J'ai terriblement mal au niveau de la taille. Le corset me compresse très douloureusement, me donnant l'impression d'être emprisonnée de la pire façon dans le vêtement. Je ne m'imagine pas porter cet instrument de torture pendant tout une journée.
La couturière finit d'agencer la nouvelle robe et je me plante une nouvelle fois devant le miroir. Elle est près du corps, les bras couverts intégralement de dentelles, et un col en V dévoile une partie de la poitrine.
— C'est exactement la robe qu'il lui faut! S'exclame maman, enjouée.
Je fixe silencieusement mon reflet. Dans cette glace, ce n'est pas moi que je vois. La seule personne qui se tient à travers est une jeune fille triste et malheureuse, soumise à l'autorité et au libre arbitre d'autres personnes.
Quelle triste mariée je vais faire.
***
Je me retrouve à nouveau dans ma chambre, étendue sur mon lit, dans un ouragan de pensées destructrices.
Pourquoi, moi?
Pourquoi j'étais vouée à un destin si terrible alors que je m'efforçais d'être toujours une bonne personne?
Je n'aurais donc jamais le droit de faire mes propres choix? Pourquoi tant d'injustices? Je voyais dorénavant la vie comme une prison.
Pourquoi certains coulent des jours paisibles et choisis, alors que d'autres vivent dans la soumission et l'angoisse?
Quelle loi universelle avait décidé que certains seraient plus heureux que d'autres?
Certains disent que tous les mauvais moment qu'on traverse ont pour but de nous apprendre de nouvelles choses, de générer une avancée de l'esprit. Mais je n'arrivais pas à m'imaginer quelle leçon je pouvais tirer de ce que je vivais actuellement. Il n'y avait rien de positif et ça me plongeait de plus en plus dans une spirale infernale de douleur et de désespoir.
Et puis c'est comme si la Vie avait décidé de briser le lien que j'avais établi avec Max. On avait eu la possibilité de s'aimer mais elle nous avait été brutalement retirée par la cruauté de l'univers. Comme si je n'avais pas le droit au bonheur, comme si j'étais destinée à ne pas être aimée.
Je repense au dernier moment passé avec Max, et la douleur infligée est encore plus grande, comme si les souvenirs qui me restaient de lui avaient pour unique but de m'infliger une douloureuse nostalgie, comme pour me narguer.
J'avais enfin trouvé quelqu'un qui me regarde avec sincérité et bienveillance, qui m'accorde toute l'affection dont j'ai besoin. Mais toute cette perspective de bonheur venait d'être piétiné et réduit en cendre.
Alors c'était ça, la Vie?
Suivre les ordres de quelqu'un et souffrir du manque de liberté?
Et d'ailleurs, je commençais à ne plus croire au concept de liberté. Ce n'était qu'un idéal envisagé dans les contes utopiste, qui s'éloignait éperdument de la triste réalité.
J'aurais préféré mourir que de ne pas être libre.
Je suis restée un long moment à me laisser submerger par les émotions destructrices, dans un tsunami de solitude et de lassitude.
J'étais lassée de l'être humain, lassée de ce qu'était apparemment la vie et que je n'avais pas imaginé être aussi cruelle.
Puis, une explosion pas loin de la maison a retenti.
J'ai entendu mes parents pousser des cris, et j'ai perçu par la suite le bruit des talons de ma mère s'extirper de la maison, et apparemment suivie de mon père, puisqu'un silence de mort a enseveli la maison.
Je crois que je me suis retrouvée seule entre les murs et j'ai commencé à me poser des questions.
Qu'est-ce qu'était cette explosion?
Un incendie? La détonation d'une arme à feu?
Je n'avais pas la réponse et des questions fusaient dans mon esprit peu tranquille.
Puis j'ai entendu des pas dans les escaliers.
Des pas discrets mais déterminés qui semblaient se rapprocher de plus en plus ma chambre...
J'ai commencé à paniquer. Mon cœur s'est mis à battre très fort, de tel point que je pouvais entendre la résonance de ses mouvements.
Mes mains sont devenue moites à mesure que l'angoisse grandissait.
Quelqu'un se rapprochait doucement mais sûrement de ma chambre...
...Et ce quelqu'un n'était visiblement pas seul.
J'ai attrapé un miroir de poche que j'ai frappé sur mon bureau en essayant de faire le moins de bruit possible, afin de le briser pour me fabriquer une sorte d'arme tranchante.
J'ai récupéré le plus gros débris de l'ai attrapé de ma main, avant de l'avoir recouverte d'un linge pour ne pas me couper.
La poignée de la porte à tournée avant de se bloquer à cause de verrou.
Je me suis éloignée de quelques pas de la porte, et mon souffle s'est coupé. Je suis restée planter face à la surface, sur mes gardes, en attendant le moment exact où la porte pourrait exploser.
Puis ce qu'il devait arriver arriva.
La porte vole subitement en éclat, dans un bruit sourd et angoissant, et un nuage de fumée recouvre partiellement l'entrée de ma chambre.
Je m'accroupis, en plaquant mes mains sur mes yeux, afin de les protéger d'éventuel impact de plâtre.
Puis je les lève timidement vers la scène.
Trois silhouettes se dessinent à travers le nuage épais de fumée. A leurs pieds se dressent une montagne de débris, donnant à la situation un côté presque épique.
Le nuage de fumée se dissipe progressivement, et je me relève doucement pour dévisager les nouveaux arrivants qui venaient de détruire instantanément une porte verrouillée pourtant extrêmement épaisse.
Un humain n'aurait jamais pu faire ça...
...Évidemment puisque se trouvent devant moi, un sourire puissant aux lèvres et un regard téméraire en guise de traits: Nala, Élia et Max.
— On t'a manqué, Thalie?
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