Je tourne subitement les talons et m'éloigne de la scène, ne voulant pas me retrouver face à face avec Max. Sauf qu'il me rattrape et m'empoigne le bras pour le stopper dans ma fuite.

— Thalie...Lâche-t-il.

Son visage est partiellement taché de sang, et une lueur animal brille dans ses yeux clairs.

J'ai vraiment peur à ce moment là, alors d'un geste brusque, je retire mon bras de sa main en sursautant d'effroi.

Je vois pourtant la leur animale laisser place progressivement à une lueur plus humaine.

— Ne me touche pas. Je lui lance, apeurée par la scène que je viens de voir.

— Thalie...je ne voulais pas que tu me vois dans cet état...Tente de m'expliquer le vampire.

Je commence à trembler.

— Elle est innocente...? La femme que vous avez tuée...? Je murmure les larmes aux yeux...

— Thalie...On est des vampires...On a besoin de sang humain...Réplique doucement Max.

Je le savais qu'il se nourrissait de ça. Mais le voir de mes propres yeux était juste insupportable.

— Mais cette femme n'y est pour rien. Je réplique.

— Je comprends que tu réagisses comme ça...Et je ne sais pas ce que je dois te dire...

— En fait, c'est le fait de te voir avoir recours à de telle pratique qui me choque, Max. Je sais que tu es un vampire, je sais que tu veux te venger de la ville mais ce qui me glace le sang, c'est de savoir que j'aurais pu être, moi, à la place de cette jeune femme...

— Jamais je ne t'aurais fait du mal, Thalie. Jamais.

Max tente de poser sa main sur mon bras mais je l'en empêche.

— Comment tu peux affirmer une chose pareille? Si tu ne me connaissais pas, tu m'aurais tuée sans hésiter, si j'avais été à sa place! Je hausse la voix.

— Tu te trompes! Et je vais te dire pourquoi. Je t'ai croisée pour la première fois dans un café alors qu'on ne s'était jamais vu auparavant, et tu m'as tout de suite interpelée. J'avais prévu de te tuer parce que le sang des jeunes filles est celui le plus convoité, mais je n'ai pas pu le faire. Tu m'as pétrifié ce jour là, et j'ai été incapable de t'approcher comme si tu m'avais jeté un sort...

Je ris jaune.

— Tu délires complètement...

— Non, Thalie. Je ne délire pas. J'ignore pourquoi, mais tu es différente. Seulement, une chose est sûre, c'est que tu es bien trop pure pour que je puisse te tuer. Ajoute-t-il fermement.

Je reste figée sur ces explications et me calme instantanément.

Je sais qu'il dit la vérité et je ne m'attendais pas à une révélation pareille.

— J'ai envie de t'aider à accomplir ce que tu veux Max, mais un côté de moi m'oblige à croire que ce que tu fais est mal...Je réplique calmement.

— Je suis comme ça, Thalie. Je ne suis pas un humain. Je suis un vampire et j'ai des besoins. Alors oui, je ne pourrais pas justifier éternellement tous les meurtres que je commets, mais une fois que j'aurais assez de force pour prendre le contrôle de la ville, j'arrêterai de faire des victimes.

J'avais du mal à le croire.

Mais, je ne pouvais pas lui reprocher sa nature.

La ville de Lost Hollow avait fait naître en lui une certaine haine, et elle en payait aujourd'hui les conséquences.

La vengeance n'est pas la meilleure des solutions, mais elle n'est pas pour autant quelque chose de moralement condamnable.

Max essuie le sang sur sa bouche.

— Je sais pas si j'arriverai à supporter une situation pareille...Je murmure les yeux humides.

— Tu doutes...

Un silence douloureux se place dans la conversation.

— Oui, Max.

Je vois le visage de Max de fermer et s'assombrir.

— Alors je ne t'obligerais pas à rester de mon coté. Tu n'es pas ma prisonnière, Thalie. Si tu as envie de partir et de rompre le contrat, je ne vais pas t'en empêcher.

Max venait de m'autoriser clairement à rompre notre accord.

Je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion soudaine. J'avais assez joué.

Il était peut-être temps que je redevienne Thalie Hamilton, la jeune étudiante de Lost Hollow.

— Je suis tellement désolée qu'on en arrive là...Je réplique, d'une voix basse.

— Ne t'excuse pas, ça ne sert à rien. Soupire le vampire.

— Ça me fait mal de te laisser...

— Arrête, Thalie. C'est comme ça. Tu as dorénavant choisi ton camp.

— Je ne fais pas partie du camp de ma ville pour autant, Max. Loin de là...

— Mais, tu vas retourner avec eux, donc ça revient au même. Je te dirai juste une dernière chose, Thalie: Le jour où je ferais l'assaut, pars loin, très loin. Je ne veux pas que tu meures comme ça.

— Max...Je murmure les larmes aux yeux.

J'avais vraiment l'impression de l'abandonner et ça me déchirait le cœur.

— Promets-moi juste que tu te tiendras à l'écart de tout ça, Thalie.

Une larme coule doucement sur ma joue.

Cette dualité entre les deux camps me rendait malade. Je ne savais plus lequel supporter, lequel avait raison, lequel était en tord...

La frontière entre le bien et le mal était tellement fine. Comme si l'un enveloppait forcément une partie de l'autre.

Comme le Ying et le Yang...

Il n'y avait pas de mauvaises ou de bonnes personnes, de mauvaises ou de bonnes décisions.

C'était beaucoup plus subtile que ça et je m'en rendais dorénavant bien compte.

Et cette séparation je la ressentais éperdument dans mon cœur.

Mais, je n'avais qu'une parole.

— Je te le promets.