Je suis en train de chercher un livre traitant des vampires. Mais j'ai retourné intégralement le rayon Histoire, mais je n'ai rien trouvé. Comme si on avait boycotté le sujet, comme si on cherchait à tenir dans l'ignorance les habitants de la ville pour qu'ils ne soient pas tentés de s'intéresser aux vampires.

Je me rends compte que même les livres sont censurés, ici. Je ne peux même pas me fier aux écrits.

Je décide de fouiller une dernière étagère quand je sens une main se poser sur mon épaule.

Je laisse alors échapper un hurlement de sursaut, avant de me retourner.

C'est Max.

Il a le don d'apparaître dans les circonstances les plus bizarres.

Je reprends mon souffle, mais reste légèrement angoissée. Bien qu'il avait été plutôt gentil avec moi ces derniers temps, je me méfiais un peu de lui.

— Je t'ai fait peur? Sourit-il, en clignant des grands yeux bleus pétillants.

Je lève les yeux au ciel.

— Tu aurais pu faire quelque chose pour signaler ta présence comme racler ta gorge ou toquer à la porte, comme font les gens normaux.

Il s'assoit sur la table.

— Mais, vois-tu, je ne suis pas quelqu'un de normal. Réplique-t-il avec une lueur de malice dans les yeux.

— Ça j'avais compris. Je réplique, un peu gênée.

— Qu'est-ce que tu fais là? Me demande-t-il.

— Et toi, qu'est-ce tu fais là? Je renchéris.

— Sauf que c'est moi qui ai posé la question le premier.

— Donc tu t'attends à ce que j'avance une réponse?

— Exactement. Tonne-t-il en passant sa main baguée dans les cheveux noirs ébouriffés.

Je soupire discrètement.

— Je fais des recherches.

— Des recherche sur quoi? Demande Max.

— Sur l'histoire de la ville et les vampires. Je lui réponds. Mais je n'ai rien trouvé d'intéressant.

— Évidemment. Lève-t-il les yeux au ciel.

— Pourquoi « évidemment »? Je relève.

— Parce que ce n'est pas dans leur intérêt de vous apprendre l'histoire, quand on sait qu'ils ont été des mercenaires. Ils ne veulent pas entacher leur image.

Je hoche la tête.

— Ma vie est basée sur des mensonges, alors...Je murmure, en m'asseyant.

— Oui. Mais ça peut changer si tu nous fais confiance. Réplique Max.

Il me regarde intensément de ses beaux yeux bleus. Il est tout près de moi et je sens son parfum masculin m'enivrer.

Un sentiment étrange balaye alors mon ventre.

Max est un homme attirant.

Mais, est-ce que je devais me laisser me rapprocher de lui?

Il m'était déjà difficile de résister à son sourire charmeur et son charisme inestimable.

N'importe quelle fille aurait craqué sur lui.

Max prend en chaise et s'assoit à côté de moi.

En s'exécutant, sa main frôle mon bras, ce qui me fait frissonner.

— Je vais t'aider, si tu veux. Pose moi des questions et je te réponds. Je suis le mieux placé pour ça, n'est-ce pas? Me sourit-il.

Il a un beau sourire. Pas trop prononcé mais assez pour rendre son visage, tout de suite, plus tendre.

J'essaie de dissimuler tout de même la couleur de mes joues qui se mettent à me brûler.

— D'accord. Première question: Comment devient-on un vampire?

— Trois étapes. Un: se faire mordre par un vampire et ne pas mourir. Deux: boire du sang de vampire. Trois mourir.

— Et, on devient un vampire tout de suite après?

Max secoue la tête.

— Après ces trois étapes, s'en suivent deux journée de Transformation. Ton corps va subir de lourds changements et je peux te dire que ce n'est pas la période la plus agréable.

— Et pour tuer un vampire, il faut vous enfoncer un pieu dans le cœur? Je demande.

— Généralement, c'est ce que se disent les humains. Mais on peut aussi en tuer en les décapitant.

— Radical. Je réplique.

— Mais, c'est bien plus simple de nous tuer par un pieu parce qu'on ne se laisse pas approcher facilement, donc difficile de nous décapiter.

J'esquisse un petit sourire discret.

Ça n'avait pas été difficile pour moi de l'approcher...

Une question plus sombre me traverse l'esprit.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé lorsque les humains vous ont chassé de la ville?

Je vois le regard de Max se perdre dans ses pensées, comme si une onde de tristesse s'était abattue sur nous à ce moment précis.

— Un matin, ils ont surgis dans nos maisons, et ils ont essayé de nous traîner dehors, alors qu'ils étaient armés de lance de pieux de bois. Ceux qui n'ont pas voulu sortir se sont fait tirer dessus et sont morts. Ceux qui sont sortis se sont fait brûler la peau a cause du soleil, avant de rejoindre le Manoir actuel, qui était autrefois abandonné. On a tous subi le génocide.

Son regard est tellement triste. Ma gorge se noue douloureusement lorsque Max partage son histoire.

— Et toi dans tout ça? Je murmure.

— Je faisais partie des résistants. On m'a alors tiré dessus, mais par chance, le pieu a manqué de quelques centimètres mon cœur. J'ai alors quitté la ville et j'ai réuni tous les vampires restants au Manoir pour créer un ordre. C'est là que je suis devenu leur chef.

Je hoche doucement la tête.

Mais une onde de colère me brûle alors le ventre.

Comment notre ville avait pu vouloir éliminer certains de ses habitants, sous prétexte qu'ils étaient différents? Et puis à cette époque, les vampires ne buvaient que du sang animal. Ils n'avaient à mes yeux aucune excuse valable pour les exclurent.

Plus je discutais avec Max, plus je basculais de son côté et plus je me détachais de ma famille.

— Je vais vous aider à arriver à vos fins. Je te le promets. Je déclare.

Max esquisse un sourire qui me fait fondre sur place.

— Je suis déterminé à faire changer les choses. Moi, vivant, je ferais tout pour arriver à mes fins.

Max avait l'air d'être un homme ne connaissant pas l'abandon. Il avait la détermination et la puissance d'esprit d'un guerrier. Mais, jusqu'à où pouvait-il aller pour impacter cette querelle ancestrale?

Max a fermé les livres que j'avais sortis et les as remis sur l'étagère. J'ai jeté un regard sur son visage et j'ai remarqué que ses pupilles s'étaient grandement dilatées. Il convulsait discrètement.

J'ai compris qu'il était en manque de sang.

Pendant un instant j'ai eu peur pour moi, malgré le fait qu'il m'ait dit qu'il ne me ferait pas de mal.

— Thalie? A-t-il dit.

— Oui? J'ai répondu.

— J'organise une fête, demain soir, au manoir. J'aimerais que tu viennes. Tu fais partie des nôtres, après tout.

Je savais qu'il allait être compliqué de sortir en douce et de duper encore une fois mes parents.

Mais bizarrement, cette fois-ci, cette fête me tentait. Comme si une voix intérieur et intense me poussait à désobéir et à y aller.

Et puis je m'entendais bien avec certains vampires, comme Nala et Flynn. Et, je m'étais réconciliée avec Elia.

Et je ne sais pas pourquoi, j'avais envie de découvrir la personnalité si cachée de Max.

Je lui ai alors dit que je viendrais et il a sourit.

Il s'est levé et il est parti comme il était venu.

Et je me suis retrouvée seule, avec encore plus de questions qu'avant qu'il n'arrive.

Ces questions me poussait à aller toujours plus loin, à transgresser les règles qu'on m'avait imposées.

Mais c'était le jeu et j'étais prête à y jouer.