Chapitre déconseillé au jeune public. Résumé dans le chapitre suivant.

Elle réfléchit à son nom.

On lui avait donné Crow, et d'après les Gardiennes du Destin, son père l'avait appelée Fang of Night. Elle même s'était dite Queen with a crown of feathers's crow. Mais il lui fallait un autre nom, un nom à elle, un nom qui lui ressemble. Elle retourna chez elle. Elle s'arrêtait désormais car son coeur la brûlait et lui intimait que la réponse n'était pas chez elle. Mais elle lui répondit que pour trouver la réponse à une grande question, il faut d'abord répondre à de petites interrogations. Et elle ne savait pas encore quelle était le grande question. Lorsqu'elle arriva près de sa maison, elle s'enroula dans de grandes feuilles, les attacha entre elles et fabriqua ainsi une robe précaire. Elle ne dit pas bonjour, ne posa qu'une seule question. Son frère et sa mère étaient dans le salon, devant l'âtre de la cheminée.

- Pourquoi vous appelez vous ainsi ?

Sa mère poussa un cri en la voyant, se cacha sous ses bras. Son frère se leva avec colère.

- Où étais-tu ?

- Je suis allée voir les Gardiennes du Destin.

- Mais qu'est ce qui t'as pris bon sang ? Pourquoi ne pas nous avoir prévenus ?

- Vous me détestez. Je ne vois pas ce que ça aurait changé pour vous.

- C'est vrai, tu es une sœur indigne. Qu'est ce que tu fais encore là ?

- Je veux savoir, pourquoi t'appelles-tu Hawk ?

- Parce que le faucon chasse le corbeau, qu'il a d'assez bons yeux pour les voir venir de loin et les faire fuir.

- Pourquoi s'appelle-t-elle Tear ?

- Parce qu'en te voyant, indigne que tu es, elle verse des larmes amères. Va-t-en.

- Bien. Une dernière chose.

- Quoi ?

- Le corbeau est plus intelligent que le faucon, et les rôles se sont inversés.

Elle se saisit à la gorge et son visage se transforma en bec de corbeau qui se mit à lui piquer les yeux, le visage, le fit saigner, et sa prise était si ferme sur son cou qu'il suffoqua, il ne put l'attraper, bien qu'il fut un Râkshasa, et ses griffes n'eurent aucun effet sur elle. Elle le piqua et le dépeça, toujours et encore, même après qu'il soit mort, elle lui arracha la beau, et les organes, but son sang et les mouches vinrent dans son corps par la bouche, le museau ou les yeux. Elle dévora ses organes, les oiseaux vinrent s'engouffrer dans la masure et se joindre au festin. Quelques Légendes intriguées s'avancèrent mais devant l'horreur du spectacle, reculèrent et s'égarèrent, atteinte d'une folie destructrice. Un corbeau s'envola. Son bec était couvert de sang et un croassement résonna dans le vacarme des charognards agglutinés. Quand ils se furent envolés, on dit qu'une créature rampante se glissa par l'ouverture et traina la cadavre dans la forêt. Personne ne sut où elle le fit disparaitre. On dit que cette créature tirait sa charogne par les dents et qu'elle était d'apparence humanoïde, quoique vêtue de plumes noires.

Des murmures se répandirent. Une ignoble créature, impossible à saisir, attaquait des Légendes de toutes sortes et les dépeçaient. Elle laissait ensuite les charognards se nourrir de sa chair et revenait chercher les restes pour les faire disparaitre. Les nuits se troublèrent, devinrent oppressantes et les soleils de jour semblaient éblouir ou trop peu éclairer plutôt que réchauffer. Les attaques s'enchainèrent, les Légendes commencèrent à paniquer. Comment attraper cette chose, personne ne saurait la décrire et personne ne parvenait à l'identifier.

Une silhouette marchait. Elle semblait tranquille, savait où elle allait. Mais depuis quelques minutes, les cris des charognards affamés résonnaient dans la direction où il se rendait.

- Tu m'as écoutée, tu as forgé ta propre légende.

Une chose, de corps humain mais avec une énorme tête de corbeau se tourna vers lui. Elle se releva et s'essuya la bouche d'un revers de manche tendis que son bec se transformait en visage.

- Pourquoi as-tu voulu être cette légende là ?

- Parce que l'on m'a méprisée, prise pour quelqu'un qui ne deviendrait jamais rien. Parce que les gens me craignent désormais.

- Voudrais-tu changer ?

- Je ne sais pas.

Il sortit d'une sacoche qu'il portait des vêtements et les jeta devant elle.

- Je n'ai besoin de nulle vêture.

- Oui mais elle peut servir à se fondre, changer d'une personnalité à une autre. N'est-ce pas ce que tu aimes faire.

- Un instant.

Elle se saisit du paquet d'habits et s'éclipsa entre les arbres. Elle plongea dans un petit lac proche, se lava entièrement et se rhabilla. Il avait raison. Elle était une autre.

- Pourquoi m'avoir appelée Fang ? Fang of Night ? demanda-t-elle lorsqu'elle revint.

- Parce que je savais que tu serais attirée par la nuit, comme je l'ai été. Parce que tu deviendrais quelqu'un comme personne ne l'avait jamais été, parce que tu leur apprendrais à voir. Qui veux-tu être ?

- Les Légendes ne meurent pas. Je serais leur Faucheuse.

Un arbre s'ouvrit et laissa sortir une faux. Elle s'en saisit, la brandit.

- Comment t'appelles-tu ?

- Lightning. La lumière si belle mais terrible et inaccessible, fugace et meurtrière.