I don't want to be Spider-Man anymore
Note : voici le premier OS de ce WhumpBook, sur une commande de ma très chère odinsonswife ! J'ai commencé certaines autres commandes, mais je fais surtout au feeling, vous me connaissez.
Cet OS prend place après Endgame.
Bonne lecture :)
I don't want to be Spider-Man anymore
- Peter ? tu viens manger quelque chose ? s'écria Tante May après avoir tapé à la porte de sa chambre.
Clignant lentement des yeux, Peter se retourna dans son lit, les mots ayant du mal à faire sens dans son esprit. Il se sentait totalement engourdi, et vide.
- J'ai déjà mangé, May, répondit-il d'une voix un peu rauque, qu'il ne reconnut qu'à peine.
Depuis combien de temps n'avait-il pas parlé, déjà ?
Il avait l'impression que ça faisait des siècles...
Derrière la porte, May fronça les sourcils. Elle savait très bien que Peter n'était pas sorti de sa chambre depuis le vendredi soir, depuis qu'il était rentré de l'école, à vrai dire. Évidemment, elle ne pouvait pas parier sur ce fait, parce qu'elle savait aussi que son neveu faisait régulièrement des patrouilles en tant que Spider-Man, notamment la nuit, mais à chaque fois qu'elle était venue le voir dans sa chambre, il était là.
Le visage pâle, l'esprit embrouillé. Allongé dans son lit et emmitouflé dans ses couvertures. Sans bouger. Elle le trouvait toujours dans la même position et, à dire vrai, cela commençait à l'inquiéter. Ça faisait bien deux semaines qu'il était dans cet état-là ; il allait à l'école en traînant des pieds, parlait très peu, mangeait à peine, et ne sortait plus de sa chambre.
Et cela lui rappelait désagréablement les quelques mois qui avaient suivi la mort de Ben.
May se mordit la lèvre, inquiète, et hésita derrière la porte, avant de se décider à l'ouvrir et de rentrer à l'intérieur. Tout était sombre, les stores étaient fermés, et la seule chose qui brillait dans l'obscurité était le costume de l'IronSpider, dans sa capsule. Elle fronça les sourcils et se dirigea vers le lit de son neveu, et s'assit sur le bord.
Peter ne bougea pas. Il était amorphe, vide. Il avait vaguement conscience que sa tante était rentrée. Il sentit à peine la main douce qu'elle posa sur son front.
- Peter, chuchota-t-elle d'une voix douce, en brossant ses cheveux en arrière. Tu vas bien ?
Il lui fallut une minute complète pour comprendre qu'elle lui posait une question. Sa vision était floue, son esprit embrumé. Il n'était pas là. Pas vraiment. Finalement, il hocha la tête de façon un peu mécanique.
Il avait envie de disparaître. Parce que ce trou noir, qui tournoyait dans sa poitrine, menaçait de l'aspirer à tout moment. S'il bougeait, s'il respirait de travers, il pourrait disparaître. Il en avait envie. Mais pas vraiment non plus.
- Je m'inquiète pour toi, continua-t-elle tout doucement. Je sais que toute cette situation est très... compliquée, mais je sais aussi que tu es fort et que tu vas t'en sortir. Je suis là, et je suis pas la seule, Peter... Tu as tes amis, tu as Ned, MJ... Tony, aussi...
Peter se tendit à ce nom. Ce nom qu'il n'avait plus entendu depuis ce qui lui semblait des siècles. Et cela résonna dans son esprit, comme un mauvais écho.
Tony.
Ça faisait combien de temps ? Une semaine ? deux ?
- Tu sais que tu peux venir me parler à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, pas vrai ? Peter ?
Elle continuait à caresser doucement ses cheveux, mais cela ne le réconfortait pas. Au contraire, le trou dans sa poitrine s'était agrandi et grondait méchamment. Il finirait par le happer sans autre forme de procès, s'il se laissait aller.
Parce qu'il y avait trop d'horreurs cachées derrière ses paupières. Trop de larmes, de cris, de doutes et de peurs. Il ne pouvait pas tout simplement s'y abandonner à corps perdu, comme il aurait aimé le faire. Non, il préférait fermer la porte à clé. Garder sa vision brouillée et sa respiration faible. Son pouls calme. Son esprit bloqué.
Bloqué sur des mots et des images qui se rejouaient sans cesse, comme une litanie mortifère qui le brûlait de l'intérieur. Et puis, à force, il s'était anesthésié. Tout seul, avec une aiguille chauffée au fer rouge et du fil à coudre. Il avait tissé une cicatrice autour de la plaie purulente et il ne la sentait presque plus, maintenant. Elle résonnait encore, au loin, dans sa tête, sans jamais cesser de le tourmenter, mais les mots ne faisaient plus sens.
Son esprit s'était brisé.
- Tu ne voudrais pas qu'on... je ne sais pas, et si on allait voir Happy et Tony, à la Tour Stark, cette après-midi ? Huh ? Qu'est-ce que tu en penses ? chuchota May, en passant son index le long de sa joue froide.
Et c'était comme si on avait versé de l'acide sur ses plaies tout juste cicatrisées. Il se recroquevilla sur lui-même pour tenter d'endiguer la douleur, resserrer les bords de sa blessure, mais rien n'y fit. Le trou noir était trop grand.
May fronça les sourcils en le voyant faire, et frotta gentiment son dos, les larmes aux yeux.
Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Elle aurait tellement voulu l'aider, mais trop de choses lui échappaient. Trop de choses s'étaient passées.
- Tout va bien, Peter... je suis là. Dis-moi ce qui se passe...
Mais Peter n'était déjà plus là, lui. Le trou noir avait tout aspiré, sans rien laisser derrière.
Plus de Peter.
Plus de Parker.
Plus de Spider-Man.
Plus de Tony.
Plus de Tony.
Il n'avait même pas l'impression de respirer. Tout d'un coup, son esprit s'était brouillé. Il aurait aimé tomber dans l'inconscience bienfaisante qui l'appelait comme une forcenée. Il aurait aimé fermer les yeux.
Mais quand ses paupières recouvraient ses iris brûlantes, il ne pouvait supporter le flot d'images qui le submergeaient, s'ajoutant aux mots qui le torturaient.
Pourquoi vous êtes venu me chercher ?
Peter frémit quand il revit ses sourcils froncés lorsqu'il avait prononcé cette phrase. Cet air blessé dans son regard.
J'ai pas besoin de vous. Je me débrouille très bien tout seul.
Sa voix faisait comme un écho. Ses yeux étaient brouillés, sa gorge douloureusement obstruée par un énorme nœud. Le corps secoué de sanglots silencieux.
Parce qu'encore une fois, il avait tout gâché. Il avait tout perdu. C'était la seule chose qu'il savait faire, de toute façon. Et il en avait marre.
Il en avait marre d'être lui, Peter Parker, orphelin responsable de la mort de son oncle. Il comprenait pourquoi tout le monde s'éloignait de lui, maintenant. Il comprenait pourquoi personne ne voulait de lui. D'ailleurs, il se demandait quand est-ce que Tante May en aurait assez de le voir se morfondre, emmitouflé dans ses couvertures, sans vouloir bouger, parler, manger.
Et puis, il l'entendit soupirer doucement avant de se pencher vers lui pour embrasser son front, avant de se lever du lit et de quitter la chambre, refermant la porte sans faire de bruit.
Il était seul. Encore.
Il ne savait pas depuis combien de temps il était dans son lit à fixer le plafond sans le voir. L'obscurité l'avait englouti tout entier.
Tony lui avait bien envoyé des messages, les premiers jours. Peter les avait lus. Tous. Et relus, même. A tel point qu'à la fin, ça n'avait plus aucun sens.
Peter, je suis désolé de m'être emporté comme ça. Je ne voulais pas être intrusif ni te blesser. Reviens et on en parlera.
Écoute, j'aimerais qu'on discute. Après tout ce qui s'est passé, je n'ai pas envie qu'on reste comme ça. Rappelle-moi, ou donne-moi un signe de vie, au moins.
Je sais que je dis des conneries, quand je m'emporte, et je suis vraiment désolé. Peter. S'il-te-plait.
Rappelle-moi quand tu seras prêt.
Peter n'avait jamais répondu. Pourtant il savait. Il savait que Tony n'avait pas l'habitude de faire le premier pas, qu'il était quelqu'un de fier. Il ne voulait pas rester fâché avec lui, et il avait pris la peine de lui envoyer des messages pour essayer d'aplanir les choses entre eux.
Mais Peter avait trop honte des mots qu'il avait prononcés ce jour-là. Il se sentait comme s'il ne méritait plus l'affection de Tony. Tony qui lui avait tout donné. Peter méritait simplement de souffrir comme il était en train de souffrir.
Il souffrait déjà depuis qu'il était revenu. Depuis qu'il s'était réveillé, seul, sur Titan, et qu'il avait suivi le Docteur Strange à travers le Portail pour rejoindre les autres Avengers et les aider à vaincre Thanos une bonne fois pour toutes. Il avait disparu pendant cinq ans, et s'était réveillé comme s'il s'était évanoui pendant cinq minutes.
Et Tony ne comprenait pas. Tony ne comprenait pas ce trou noir qui le menaçait. Tony ne comprenait pas l'engourdissement dans ses doigts, ni le flou de son regard.
Tony ne comprenait pas qu'il ne voulait plus être Spider-Man.
- Tu sais, gamin, ça serait bien qu'on travaille tous les deux sur l'IronSpider, lui avait-il dit, ce jour-là, quand il était venu le voir à la Tour.
C'était le seul endroit où Peter se sentait encore un peu en sécurité. Près de Tony. Parce que Tony le gardait près de lui. Parce que Tony avait des fantômes qui dansaient dans ses yeux, et qu'ils se dissipaient à chaque fois qu'il posait les yeux sur Peter.
Ils passaient de longues soirées ensemble, simplement assis dans le canapé à regarder des vieux films. Peter était étrangement silencieux, mais Tony ne s'en formalisait pas. Il se contentait d'être là, à côté de Peter. De le prendre dans ses bras quand il l'entendait renifler. D'enrouler une couverture autour de ses épaules et de le serrer contre lui quand l'épuisement s'abattait finalement sur lui.
Tony était là. Et Peter était en sécurité.
- Tony, je n'ai pas – est-ce qu'on pourrait pas simplement continuer à bricoler cette voiture que vous avez achetée ? avait murmuré Peter d'une voix basse, sans oser regarder son mentor.
- Écoute, Peter..., avait soupiré Tony en s'asseyant près de lui, sur une chaise attablée au comptoir. Depuis que tout est revenu... à la normale...
Tony faisait toujours attention à choisir ses mots, avec Peter.
- Depuis que tout est revenu à la normale, je ne t'ai plus vu faire une seule patrouille, ni même parler de Spider-Man. Il est temps que tu réenfiles ce costume, non ? avait-il dit gentiment.
Et Peter s'était tendu. Ses poings s'étaient serrés à tel point que ses jointures avaient blanchi, et ses sourcils s'étaient froncés. Tony l'avait regardé avec incompréhension.
- Laissez tomber Spider-Man, d'accord ? avait-il sifflé entre ses dents serrées.
Et ça l'avait fait suffoquer. Parce que c'était de la colère, tout à coup, et c'était le premier sentiment intense qu'il ressentait depuis qu'il était revenu de Titan.
Mais il en avait marre que Tony essaie de le pousser à redevenir Spider-Man sans même essayer de comprendre. Il en avait marre qu'il ne comprenne pas. Il en avait marre de tout ça. Tous les jours, sans relâche, Tony parlait de Spider-Man, sans s'arrêter, comme si ça pouvait aider Peter à se retrouver.
- Je comprends pas, qu'est-ce qui se passe, Pete ?
- Il se passe RIEN, avait-il éructé, j'ai juste plus envie d'être Spider-Man, qu'est-ce que vous comprenez pas là-dedans ?
- Wow, petit, avait soufflé Tony en semblant étonné de sa soudaine colère.
Et Peter pouvait comprendre sa surprise, parce que ça faisait des semaines qu'il ne disait plus un mot et que la seule émotion qu'il ressentait, c'était le vide. Le vide et rien d'autre.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Arrêtez de me demander d'être Spider-Man, de faire comme Spider-Man, de – de – travailler sur Spider-Man, JE NE VEUX PLUS ÊTRE SPIDER-MAN !
Le soudain éclat qui traversa sa poitrine fit danser des points noirs devant ses yeux, et il crut qu'il allait s'évanouir. Mais il sentait cette rage brûler soudainement en lui, après des semaines à ne rien ressentir, et tout ça était trop.
- Peter, avait murmuré Tony avec un air inquiet. Tu ES Spider-Man, tu ne peux pas décider de –
- Pourquoi vous êtes venu me chercher, hein ? Pourquoi ?
Tony fronça les sourcils. Il essayait de ne pas s'énerver devant la soudaine colère de Peter, parce qu'il avait attendu cette crise depuis longtemps – le gamin allait forcément finir par exploser à un moment donné – mais il n'avait pas pensé qu'elle serait dirigée contre lui. Et ça piquait le coin de ses yeux, soudainement.
- Ecoute, gamin, j'essaie juste de t'aider, d'accord ?
- J'ai pas besoin de votre aide ! je me débrouille très bien tout seul ! Je – j-j'ai pas besoin de vous !
Et ça lui avait fait mal, il devait bien le reconnaître. Ça avait fait comme un coup dans sa poitrine, mais il l'ignora. Il l'ignora du mieux qu'il put, mais ne put s'empêcher de lui répondre.
- Alors quoi, Peter ? Tu vas tout lâcher ? Tu vas te cacher ?
Fulminant, Peter n'avait pas répondu tout de suite, même s'il en brûlait d'envie. Sauf que les mots de Tony l'avaient blessé. Mais il l'ignora. Il l'ignora du mieux qu'il put, mais ne put s'empêcher de lui répondre.
- Ouais, je vais me cacher comme vous le faites avec l'alcool à chaque fois que quelque chose ne va pas, avait-il craché sans même réfléchir, en se levant de son tabouret pour fixer Tony avec colère.
Parce qu'il avait été blessé. Il ne pensait même pas ce qu'il disait, mais Tony était là, Tony était le seul qui lui parlait, le seul qui essayait de l'aider, de le faire se bouger, de le relever. Tony le portait. Tony était là. Et naturellement, la colère de Peter se retournait vers lui, car il était le seul pour qui il ressentait un sentiment quelconque.
Alors, non, ce n'était pas juste envers lui. Mais Peter ne pouvait rien y faire. Parce que le trou béant dans sa poitrine s'était changé en bête griffue et lui dévorait l'estomac. Sa vision était floue, son cœur cognait contre ses côtes, et ses muscles étaient tendus.
Il ne savait même pas pourquoi il était en colère. Il ressentait, juste. Et c'était tout nouveau, pour lui.
Et Tony était blessé par les propos de Peter. Son cœur lui faisait mal, mais parce que c'était Peter. Parce qu'il lui faisait confiance. Est-ce qu'il avait eu tort ?
- Tu ferais mieux de surveiller ton langage et de changer de ton avant que –
- La vérité vous fait mal ? continua Peter en le regardant avec colère.
Tout son être vacillait. Il tremblait de part en part, mais il ne savait pas si c'était à cause de la fureur qui le concernait, ou de la peur qui dansait dans ses veines. Parce qu'il était terrifié, en cet instant, parce que les mots sortaient de sa bouche sans qu'il puisse les contrôler, et qu'il craignait que Tony ne veuille plus jamais le voir ou lui parler, après ça.
Jamais, jamais il ne s'était disputé avec Tony de la sorte.
Il avait même oublié pourquoi ils avaient commencé à se crier dessus comme ça.
- C'est pas la vérité qui me fait mal, Peter, répondit doucement Tony, et cette douceur était pire que n'importe quoi d'autre. Ce qui me fait mal, c'est que tu t'en serves contre moi. Ce qui me fait mal, c'est que tu piétines la confiance qu'on a construit ensemble.
Et alors, ça l'avait heurté. La colère était retombée d'un seul coup, comme un soufflé. Mais c'était déjà trop tard. Il y avait trop de douleur dans les yeux de Tony, et cet air de trahison qu'il arborait lui rappelait douloureusement celui qu'il portait déjà quand il était revenu de Sibérie.
Il avait fait du mal à Tony. Et ça lui faisait aussi mal qu'un poignard en pleine poitrine.
Peter recula d'un pas et ses oreilles bourdonnaient. La honte était trop forte et lui rongeait l'estomac.
Il avait tout gâché. Tout piétiné.
Tony ne l'aimerait plus jamais après tout ça. Peter le savait. Et le froid l'avait rattrapé. Ce jour-là, il était rentré chez May le cœur meurtri. Tout était de sa faute. Tout était de sa faute.
Parce qu'il y avait des horreurs sous ses paupières. Et qu'il ne pouvait plus fermer les yeux sans qu'elles le hantent. Qu'il ne pouvait plus dormir sans le revivre, encore, et encore.
Et c'est ce qui arriva cette nuit-là encore.
Cette nuit-là encore, quand il se redressa dans son lit, en sueurs. Qu'il se pinça, fort, à tel point qu'un gémissement lui échappa.
Il mit ses deux mains devant lui, et sa vision se brouilla. Sa respiration hachée lui faisait mal, parce qu'elle était inefficace et n'apportait aucun oxygène à son corps.
Parce qu'il était de retour là-bas, encore.
Parce que ses mains étaient couleur carmin et qu'il était engourdi.
Il ne se rendit compte qu'il sanglotait que lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit à la volée pour laisser entrer une May inquiète au possible.
- Mes mains, pleurait-il alors qu'elle s'asseyait près de lui, dans le lit, en le tenant par les épaules.
- Hey, hey, hey, Peter, tout va bien, tout va bien ! murmura-t-elle. Tu vas bien, Peter –
- Mes mains, continuait-il, comme une litanie mortifère.
Ses mains disparaissaient.
- Peter, regarde-moi... Regarde-moi, bébé, regarde-moi.
Ses mains fraiches s'étaient posées sur les joues de Peter et cela l'avait fait violemment sursauter. Mais d'une certaine manière, cela n'arrangea rien ; au contraire, Peter continuait à sangloter à s'en déchirer la poitrine, s'empêchant presque de respirer alors que des larmes dévalaient ses joues et qu'il continuait à parler de ses mains qui disparaissaient.
Et May paniqua. Elle ne comprenait pas ce qui se passait avec Peter, Peter qui ne mangeait plus, Peter qui ne sortait plus, Peter qui ne parlait plus...
Alors elle fit la seule chose qui lui traversa l'esprit. Tenant Peter contre elle en lui chuchotant des mots rassurants, elle attrapa son téléphone sur la table de nuit et appela Tony.
Quelques tonalités retentirent et elle jura entre ses dents, inquiète à l'idée que l'homme ne réponde pas quand Peter avait le plus besoin de lui.
- Peter ? murmura Tony en répondant finalement, d'une voix un peu rauque.
- Tony, souffla May avec soulagement. Chut, Peter, ça va, mon cœur, ça va –
- May, qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que Peter va bien ?
L'inquiétude avait point dans sa voix. Il s'était immédiatement levé pour enfiler un t-shirt avant de sortir de la chambre pour rejoindre le garage.
Si Peter avait un problème, il fallait qu'il soit là. Deux semaines qu'ils s'étaient disputés et que le remord le rongeait. Deux semaines sans voir ce gamin qui lui avait tellement manqué, pendant cinq ans. Il ne voulait plus perdre une seule minute avec lui, mais quand Peter était parti, après leur dispute, il s'en était tout de suite voulu. Il savait qu'il l'avait blessé. Et il ne le voulait pas. Parce qu'il connaissait le gamin, parce qu'il savait qu'il n'allait pas bien.
Il lui avait laissé des messages. L'avait appelé. Mais Peter ne lui avait pas répondu, alors il lui avait laissé de l'espace.
- Il faut que tu viennes, lui dit May d'une voix tremblante, comme si elle retenait ses larmes.
- Je suis là dans quinze minutes.
Et pour May, ce furent les quinze minutes les plus longues de sa vie. Peter ne s'était pas calmé et, au contraire, commençait à devenir hystérique en parlant de ses mains, et d'un énorme trou et du froid, et May avait peur, elle était terrifiée.
- J'ai tout le temps froid, May, sanglota-t-il en serrant et desserrant les poings, ses mains toujours tendues devant lui.
- Shhhh, se contenta-t-elle de répondre en reniflant, incapable de retenir ses larmes. Tu vas bien, Peter... Tu vas bien aller...
Et puis, enfin, la porte de la chambre s'ouvrit de nouveau et Tony entra dans la chambre, avec un air terriblement inquiet. Il ne s'était pas vraiment attendu à ça.
Pourtant, Peter avait déjà fait des crises dans ce genre, avant leur dispute, depuis qu'il était revenu. Mais ils n'en parlaient jamais, se contentant de s'étreindre jusqu'à s'endormir. Peut-être que Tony avait eu tort de garder sous silence les terreurs nocturnes de Peter. Mais il était là pour tout arranger.
Aussitôt qu'il arriva, May leva un regard baigné de larmes vers lui, et son cœur se brisa quand il vit l'état dans lequel se trouvait Peter. Sa tante lui laissa la place et Tony s'assit à côté de l'adolescent, en prenant ses mains dans les siennes, les serrant fort.
- Peter, murmura-t-il doucement en cherchant son regard.
Il n'eut pas besoin d'insister davantage. Le jeune homme leva ses yeux d'enfant vers lui. Ses paupières étaient rougies et il respirait difficilement, comme atteint d'un hoquet répétitif.
- Peter, hey, je suis là.
- T-Tony ?
- Ouais, c'est moi. Tout va bien, petit. T'es en sécurité. Tout va bien.
- J-je – j-je suis dé-désolé, T-Tony, j-je –
- Shhhh, shhhh. Ne t'excuse pas. Calme-toi, Peter.
Tony glissa une main sur la joue mouillée de l'adolescent et celui-ci sursauta, mais Tony maintint le contact. Doucement, avec son pouce, il chassa les larmes à mesure qu'elles coulaient, et de son autre main, dégagea le front de Peter en brossant gentiment ses boucles brunes en arrière.
Jamais leurs yeux ne s'étaient lâchés. Parce qu'ils étaient comme deux naufragés, en cet instant. Abîmés. Un peu cabossés. Mais là. Juste là.
Et Peter le savait. Les fantômes s'étaient soudainement dissipés, dans les yeux de Tony.
- M-mes mains – bégaya-t-il entre deux respirations hachées, son regard déviant légèrement.
- Regarde-moi, ordonna doucement Tony.
Peter obéit, et l'adulte attrapa de nouveau ses mains, fermement. Il les serra, fort.
- Tu sens ?
Peter hocha la tête, respirant toujours difficilement.
- Tes mains sont là. Entières. Moi, je les sens. Elles sont là. D'accord ?
Il hocha de nouveau la tête, alors que de brusques inspirations coupaient sa respiration, mais Tony savait que c'était le signe que la crise commençait à se calmer.
Il serra donc Peter contre lui. Doucement, d'abord, puis fermement. Et Peter s'accrocha à lui comme s'il allait se noyer. Et ça brisa le cœur de Tony un peu plus.
Bon sang, ce gamin causerait sa perte.
May était partie, les laissant tous les deux, sans doute pour se calmer.
Doucement, quand les sanglots de Peter se tarirent et qu'il ne restait plus que les quelques hoquets qui lui bloquaient occasionnellement la gorge, Tony le coucha dans son lit sans jamais défaire son étreinte. Il se mit contre lui et continua à le serrer dans bras.
Le silence s'étira. Longuement. Si bien que Tony crut que l'enfant s'était endormi.
- T-Tony ? murmura-t-il cependant, son visage caché contre sa poitrine.
Tony continua à passer ses mains dans ses boucles.
- Mh ?
- J-je suis désolé pour... pour la dernière fois, pour... pour ce que j'ai dit... je le pensais p-pas...
- Je sais, Peter. Tu es pardonné, chuchota Tony en déposant un baiser contre son front. Je te demande aussi pardon pour ce que j'ai dit et... pour ne pas avoir compris.
- Vous êtes pardonné aussi, marmonna Peter, sa voix étouffée par le t-shirt contre lequel il était appuyé.
Tony souffla un petit rire, soulagé. Son cœur apaisé.
Et de nouveau, le silence. Mais un silence doux, cette fois. Avec seules leurs respirations calmes. La paix.
Tony caressa doucement la joue de l'enfant qui commençait à s'endormir, épuisé.
- Je t'aime, Peter, souffla-t-il en fermant les yeux.
Peter ne répondit rien. Tony ne savait même pas s'il l'avait entendu. Mais ses bras qui étaient enroulés autour de sa taille se resserrèrent légèrement, et il soupira doucement, apaisé.
Et pour Tony, c'était le plus beau cadeau du monde.
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