Chapitre 4
— Enlève ce sourire de ton visage, je peux encore changer d'avis, dis-je à l'égard de Raphael qui me fixait depuis dix minutes avec un sourire collé aux lèvres.
— Désolé, c'est plus fort que moi.
Je venais de finir le maquillage. J'avais fait quelque chose d'appuyé, mais pas trop lourd.
Quand à mes cheveux, j'avais décidé de les laisser détaché, c'était mieux comme ça.
Je me tournai alors vers la robe en soupirant.
Elle était posée sur le lit pour ne pas qu'elle froisse avec Raphael à côté.
J'avais pourtant dit à Libby que je ne voulais pas mettre de robe, seulement un jean, mais elle avait insisté en sortant une phrase complètement débile :
— Toutes les filles seront en robe et talons, si tu viens en jean, tu seras comme le vilain petit canard dans la mare.
Elle m'avait finalement déniché une robe noire, basique et un peu courte à mon goût, mais pas vulgaire.
Punaise...
Le week-end était arrivé bien plus vite que je ne l'avais imaginé.
Et qui disait week-end disait fête.
Je soupirai pour la énième fois en prenant la robe entre mes mains.
— Tu m'aides à la mettre ? Demandai-je à Raphael.
Il hocha la tête et sans un mot, il la passa par-dessus mes épaules.
Avant de remonter la fermeture éclair qui se trouvait dans mon dos, il posa ses lèvres humides juste au dessus de mon omoplate.
Des frissons me parcoururent.
— Je te déteste, tu le sais, ça ? Murmurai-je en nous regardant tous les deux dans le miroir.
Raphael sourit contre ma peau.
— Je t'aide à mettre ta robe et toi, tu dis que tu me détestes. J'aurais très bien pu te laisser en petite culotte, tu le sais, ça ?
— Oui et j'aurais très bien pu demander à Steve de me la mettre, tu le sais, ça ?
Il m'attira fortement contre lui pour coller son corps au mien.
— Steve n'aurait pas pu profiter du spectacle, tu le sais, ça ?
Il écarta mes cheveux pour embrasser mon cou.
Ses mains, posées sur mes hanches, remontèrent le long de mon corps pour tenter de s'infiltrer sous mon décolleté.
Je repensais au marché que j'avais fait avec lui.
Pour un avant goût, c'était divin.
— La vache, c'est serré, souffla Raphael en désignant ma robe.
— Je ne te le fais pas dire.
Le tissu s'accrochait à chaque millimètre de mon corps.
— Je vais devoir l'arracher, je crois...
Il dut sentir mes tremblements et mes épaules se relâcher, il dut sentir mon corps entier se détendre à son contact, et il dut partager mes pensées, parce que ses doigts s'arrêtèrent, sa main saisit mon sein, il se pencha en avant et m'embrassa avec fougue, cette fois-ci sur la bouche.
Je lui rendis son baiser, aussi langoureux et intense que possible.
Mes mains tâtonnèrent jusqu'à sa ceinture, mais il m'arrêta et les plaqua contre ma poitrine.
— Ce soir. Souffla-t-il comme une promesse.
Sans lâcher mes mains, il déposa un dernier baiser sous mon oreille.
Il dominait la situation à la perfection.
En bas, Steve, Libby et Logan nous attendaient.
Je souris à ce dernier, contente qu'il soit là.
— Alice, s'écria ma meilleure amie en me voyant descendre les escaliers. Tu es magnifique !
Normal, je portais sa robe.
Quand à elle, elle portait une robe blanche aussi serrée que la mienne, parfaitement assortie avec ses cheveux courts.
Steve acquiesça.
— Petite Alice s'en sort plutôt pas mal, au final, pas vrai Raphael ?
— Ultra-sexy, commenta-t-il en m'adressant un sourire complice.
Je m'apprêtai à les remercier quand mon attention dériva soudainement sur la table à manger.
Un pack de bières était posé dessus avec une bouteille de whisky et une autre de vodka.
— C'est quoi, ça ?!
Libby suivit mon regard.
— De l'alcool. Ça se voit, non ?
— Tu croyais peut-être que c'était de l'eau, s'esclaffa Steve, hilare.
Je leur lançai un regard noir.
J'allai me faire tuer si mes parents voyaient ça.
— Bon, on y va ? Intervint Raphael en sortant ses clés de voiture de sa poche.
Pendant le trajet, je restai muette, trop nerveuse pour parler sans vraiment savoir pourquoi.
J'avais pris la place du mort et Libby se retrouvait à l'arrière du monospace, coincée entre Logan et Steve et avec le pack de bières sur les genoux.
Elle n'était pas particulièrement enchantée de se retrouver à côté de lui.
Il était 20 heures passées quand la voiture se gara sur le côté d'une rue animé bordée de hautes maison qui se ressemblaient.
La "soirée" semblait déjà battre son plein.
Des rubans de papier toilette en vrac décoraient les buissons, et plusieurs personnes étaient rassemblées devant la maison, avec des gobelets rouges à la main.
La musique résonna dès que nous sortions de la voiture et je me retrouvais à porter la fameuse bouteille de vodka, avec l'impression soudaine de devenir une alcoolique.
Je levai la tête vers les maison alentours, je pariais que les voisins nous espionnaient à travers les fenêtres, prêts à appeler le commissariat.
— Vous êtes sûr que c'est bien ici ? On dirait une soirée étudiante et je rappelle que nous sommes tous mineurs ici...
— Détends-toi, Alice ! Ça va être génial ! Me lança Steve en me prenant par les épaules.
Il slaloma entre des gens bourrés et m'entraina vers la maison, suivi de près par les autres.
À l'intérieur, c'était pire.
Bien plus pire.
— Bon sang, je n'aurais pas du venir, soupirai-je.
Ça sentait la transpiration et l'alcool à plein nez.
Et il faisait très, très chaud.
Alors que je m'apprêtai à mourir sur place, un type s'avança vers nous en levant sa bière.
— Bienvenue à ma soirée ! Vous avez ramené des bouteilles ?
Logan brandit le pack de bières.
Sous la pression de Steve, je levai aussi la mienne, honteuse.
— Parfait ! Maintenant éclatez-vous ou cassez-vous !
C'était sûrement Tyler, l'hôte de la soirée.
Si lui était déjà éméché, de quoi était-il question pour les autres ?
— Ça, il l'a dit, on va s'éclater ! Répéta Steve.
Il disparut entre quelques rares personnes tenant encore debout.
— Venez, nous lança Raphael.
On se faufila jusqu'à la cuisine et je contournai avec précaution les verres à shot sur le carrelage pour aller déposer la bouteille de vodka dans le coin d'une table.
La cuisine était bondée de monde, impossible de faire demi-tour.
— Je te sers quelque chose, ma jolie ? Me demanda le barman en se penchant par-dessus le bar avec un large sourire.
— Sers-moi un Fanta, s'il te plaît.
Il me fixa un bref instant, incrédule, avant d'éclater de rire.
— Ce n'est pas une soirée pyjama, ici, ma belle !
Il renversa un liquide marron dans un verre.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Un Whisky Coca. À prendre ou à laisser.
Il me tendit le verre et je le pris avec prudence dans ma main avant de boire une petite gorgée de la boisson.
— Allez ! Si tu bois cul sec, je t'en sers un double.
— Non merci.
— Tant pis !
Il se tourna pour servir un autre type, bourré comme jamais.
Je rejoignis Raphael qui s'était affalé dans le canapé.
Libby et Logan avaient disparu eux aussi.
Mon copain trinqua sa bière sur mon verre et passa son bras par-dessus mes épaules.
— Tu as dis que tu n'allais pas boire.
— Je ne voulais pas non plus!
Je fus obligée de crier pour me faire entendre par-dessus la musique.
Elle devenait de plus en plus forte et me vrillai les tympans.
— Tiens, prends-ça, ce sera moins fort.
Raphael prit mon verre encore plein et me donna sa bière.
C'était une Beck's.
— Merci !
Je bus une gorgée.
— Où sont les autres ?
— Steve est avec Emily, dit-il en levant les yeux vers la piste pour me les montrer. Et ton cousin, je ne sais pas.
Je les regardai danser pendant quelques secondes avant de reporter mon attention sur Raphael.
— Et Libby ? Tu ne l'as pas vu ?
Il secoua la tête.
Au même instant, un grand costaud blond m'accosta. C'était Paul.
— Salut ! Hurla-t-il.
Il sentait l'alcool, la weed et le tabac.
— Ça te dit de venir boire un verre avec moi en haut, belle inconnue?
Je réprimai un haut-le-cœur.
Raphael se crispa et lui lança un regard assassin.
— Mec, dégage, elle est déjà prise.
Le gars remarqua enfin sa présence et le fixa d'un air de défi.
— Qui te dit qu'elle veuille de toi ?
Mon petit-ami posa sa main sur ma cuisse.
— C'est ma copine, crétin !
Le gars posa une dernière fois ses yeux dilatés sur moi et s'éloigna en sirotant sa bière.
Autour de nous, on commençait à dépasser la frontière entre éméchés et totalement saouls.
Et plus ils la dépassaient, plus ils se pelotaient sans aucune retenue.
— Putain... Lâcha Raphael.
—Je vais prendre l'air, sinon je vais vomir, annonçai-je juste après.
Je me redressai pour poser ma bière parmi des tas d'autres sur la table basse.
— Je viens avec toi.
— Non ! Enfin, je veux être seule.
Raphael m'observa puis dit à contre cœur :
— Comme tu voudras.
Je l'embrassai furtivement sur la bouche.
Il commençait à faire sombre dans cette baraque. Il fallait absolument que je sorte de là.
Alors que je me dirigeai vers la porte par où nous étions rentrés, je trébuchai sur un pack de bières écrasé au sol et fonçai dans une fille.
— Hé !
Elle venait de renverser du liquide sur elle.
— Excuse, c'est-ce carton qui m'a fait...
— Mais je te connais toi ! M'interrompit-elle.
Je relevai les yeux pour la regarder. Elle me faisait un large sourire et ses cheveux collaient sur son visage transpirant.
Sa robe beige tâchée ne faisait ressortir aucune poitrine.
Elle n'avait pas de seins.
— Eva ?
Elle rit et agita son verre dans ma direction.
Je me demandais ce qu'elle buvait. Elle empestait l'alcool à des kilomètres.
— C'est ça ! Et toi c'est quoi ?
— HEIN ?
— TON PRÉNOM ? Tu t'appelles comment ? Cria-t-elle.
J'avais l'impression de devenir sourde avec cette musique.
— Alice !
— Alice comme Alice au Pays des Merveilles ?
Je ris nerveusement avec elle.
— Ouais. Tu as tout compris !
Eva était morte de rire et surtout pompette.
— Oh, dis-je en examinant le verre rempli à ras bord. Tu as bu combien de verres ?
— Non, mes yeux ne sont pas verts !
Elle écarquilla les yeux et se pencha vers moi en s'esclaffant.
— Donne-moi ça !
J'attrapai le gobelet rouge et le sentit. Mon estomac menaça de nouveau de vomir.
— La vache ! C'est quoi cette merde ?
Sans attendre de réponse, je jetai le continu par la fenêtre.
— Hé ! C'est pas cool ce que tu as fait, gloussa Eva, les yeux fermés.
Punaise, un verre de plus et elle risquait le coma éthylique ou la cirrhose.
— Écoute moi Eva, hurlai-je en la secouant. Il faut que tu bois de l'eau !
Elle s'efforça de rigoler.
— Mais l'alcool, c'est de l'eau.
Je soupirai en levant les yeux au ciel. Je la forçai à s'assoir sur une des rares chaises encore libres.
— Je vais te chercher de l'eau, tu ne bouges surtout pas !
Eva tenta, malgré sa situation, de hocher la tête.
Je courais jusqu'à la cuisine. J'étais devenu la personne désigné de la soirée.
Tandis que je fermai le robinet, je me retrouvai nez à nez avec un type de terminal.
— Ravi de rencontrer quelqu'un de sobre, pour une fois, dit-il une bière à la main, en désignant mon verre d'eau.
— C'est pour une amie. Et toi, alors ?
— Un tout petit peu éméché, fait-il en passant sa main dans les cheveux.
Je lui souris.
— Un conseil, évite de boire ces cocktails !
Il suivit mon regard jusqu'au bar.
— Je n'y comptais pas, de toute façon.
Je me faufilai entre les gens amassés dans le salon, piétinai les packs vides sans tomber cette fois-ci et retournai dans l'entrée.
Eva n'avait pas bouger d'un pouce.
Elle pourrait être morte. Je lui tendis le verre.
— Merci. Sincèrement, dit-elle avec le peu de lucidité qu'elle avait.
— Dis-moi, tu n'aurais pas vu une fille blonde aux cheveux courts et les yeux bleus ? Elle s'appelle Libby.
Elle réfléchit.
— Peut-être, elle est montée à l'étage il y a plus d'une heure avec un type roux.
— Brandon Miller ? Demandai-je.
— Je ne sais pas, je crois.
Pendant qu'elle buvait son verre d'eau et que Libby était à l'étage en train de faire je ne sais quoi, j'imaginais que c'était à moi de surveiller l'état de la maison, puisque j'étais la seule personne assez sobre ici.
J'aurais deux mots à toucher à ce fameux Tyler !
En attendant, je m'occupais l'esprit en sortant une fille évanouie de la baignoire puis sortit de la maison pour apporter de l'eau à un gars en train de vomir au fond du jardin.
En revenant près de l'entrée, je reconnus le type à la cigarette, en train de fumer, sur un banc.
Mon cœur s'arrêta.
— Sacrée soirée, tu ne trouves pas ?
Sa voix était forte, claire et lucide. Il n'était pas ivre.
— C'est clair, soupirai-je.
Merde, pourquoi je lui parlais ?
— Tu veux une clope ? Fit-il en me tendant le paquet.
— Je ne fume pas ! Répondis-je sèchement.
Sérieusement, il croyait vraiment que j'allais accepter ?
Avec un sourire, il se pencha vers moi.
— Je sais. Je te le propose juste, enfin tu sais, la politesse, tout ça...
Je secouai la tête et m'assis finalement à côté de lui, fatiguée.
Mon genou cogna contre le sien et il s'écarta un peu pour me laisser de la place sur le banc.
Je crus d'abord que ma présence le rendait mal à l'aise, mais en le regardant, il avait toujours son allure décontracté et son sourire collé aux lèvres.
Il avait dû me remarquer en train de le fixer parce qu'il me lança un regard en portant sa cigarette à la bouche.
— C'est quoi ton nom ? Demandai-je à la hâte pour fuir le silence.
— Zachary. Mais Zach pour les intimes.
Le type à la cigarette - ou officiellement Zach - semblait heureux que je lui avais demandé.
Il me fit un clin d'œil.
— Et toi, c'est Alice.
Ce n'était pas une question. Plutôt une affirmation.
Il ferma les yeux en mettant sa clope dans la bouche et inspira longuement avant de souffler la fumée dans l'air.
D'une main, j'écartai les volutes.
Zach tourna la tête vers moi.
— Tu n'aimes pas ça ?
— Non j'évite le tabagisme passif au maximum.
Il rit.
— Quoi ? Je ne tiens pas à avoir un cancer de je ne sais quoi.
Il interrompit son activité pour me regarder avec un sourire résigné.
— Dommage. C'était ma seule distraction...
Il écrasa sa cigarette au sol.
Elle n'était pas terminée et il l'avait jeté pour me faire plaisir.
Troublant pour un dépendant à ces choses là.
— Au fait, tu fais quoi tout seul dehors ? Tu ne vas pas à l'intérieur ? Demandai-je pour changer de sujet.
Il secoua la tête.
— À vrai dire, je surveille mes potes.
Je ne comprenais pas.
— Tu vois ces gens ? Dit-il en désignant le groupe caché derrière un arbuste.
Ils avaient l'air d'être complètement à plat.
— Oui. Ils s'ennuient à mourir, non ? Pourquoi vous ne partez pas, dans ce cas là ?
Zach s'esclaffa.
— Bien au contraire. Ils sont défoncés.
— Défoncés ?
Mon regard dériva lentement vers le groupe.
Il avait raison : ses potes n'étaient pas en train de s'ennuyer.
Il avaient tous les yeux injectés de sang, les pupilles dilatées et ils regardaient le ciel avec insistance.
J'en reconnus un en particulier.
— Bon sang, c'est Matthias Evans!
— Ouais, railla Zach d'une voix indescriptible.
— Mais c'est illégal, ils vont se faire prendre ! Paniquai-je en me levant.
— Ce n'est pas ton problème.
Je vis volte-face vers lui, en colère.
— Toi aussi, tu consommes de la drogue ?!
Je cherchai la cigarette au sol pour m'assurer que ce n'était pas en réalité un joint.
Heureusement non.
— Hé, Zach ! S'exclama un garçon assez petit, deux bouteilles de vin à la main, empêchant l'interpelé de répondre à ma question.
Pourtant il continuait à me fixer.
Dégoutée, je secouai la tête.
— Mate un peu ce que j'ai déniché dans la cave de notre cher Tyler ! Deux bonnes bouteilles de vin qui vient de France ! Continua l'intrus.
J'arrachai une bouteille de ses mains et la portai à mes lèvres.
J'avais envie de boire.
Je devais boire.
Cette soirée me rendait folle.
Et le vin n'avait rien à voir avec la vodka ou encore le whisky.
C'était différent.
— Doucement, ma jolie, c'est précieux. Il faut la savourer à la française.
Le type rit.
— Merde. Austin, t'es con. Lâcha Zach derrière moi.
— Roh... Zach a rit. Zachary !
J'éclatai de rire et bus deux gorgées de vin. Le dénommé Austin m'imita avec la sienne.
Juste après 3 heures du matin, j'en avais bu au moins deux et j'avais piqué la Budweiser d'un autre type.
Et je commençais sérieusement à avoir mal à la tête. J'étais au-delà de pompette.
Avec Austin, on se déhanchait comme des idiots sur la pelouse tandis que Zach avait les yeux rivés sur nous, assis sur le banc.
Il avait allumé une autre cigarette.
Je fis une pause et m'effondrai à côté de lui, yeux clos.
— Ça va ?
Comparée à nous, il était toujours sobre.
— Oui ! Oui !
Ce n'était pas le cas.
— C'est quoi ta musique préférée ?
— Subtil, comme approche ! Dis-je d'une voix traînante.
— Ce n'est pas une approche, objecta Zach, c'est pour savoir si tu t'en rappelle. Et ça m'intrigue.
Ma vision trouble se posa sur son profil. Il se mordait la lèvre.
— Hum... Je dirais How to save a life de The Fray.
Il sourit.
— Pas très original.
— Je m'en fiche, dis-je. C'est aussi la préférée de mon copain.
Il y eu un silence. Je le remarquai à peine, sachant que j'étais saoule.
— Tu as un copain ? Répéta finalement Zach.
— Ouais.
J'ai un copain.
Raphael.
— Merde, m'écriai-je, il faut que je te laisse !
Je sautai sur mes deux jambes, mon mal de crâne s'intensifia.
— Je vais baisé ce soir !
Il ne dit rien et me regarda partir, j'attrapai au passage une cannette de bière près de la porte d'entrée.
Dans le salon, Raphael était toujours sur le divan.
Il n'avait pas l'air saoul. Bien au contraire.
Son visage se détendit aussitôt en m'apercevant. Mais ça, avant de remarquer que je n'étais pas dans mon état normal.
— Salut, dis-je en faisant mon sourire le plus séducteur, l'air innocent.
J'étais peut-être ivre, mais je me rappelai parfaitement notre marché.
Tout ce vin avait boosté ma confiance en moi. À fond.
J'avais tellement confiance que j'ignorais totalement le fait que nous étions au milieu d'une soirée pleine de monde.
Je m'assis sur lui et l'embrassai comme si ma vie en dépendait.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Je mis un doigt sur sa bouche et passai ma jambe par-dessus les siennes.
Cette fois-ci je voulais dominer.
Je lui piquai son verre et je l'avalai cul sec sans même savoir ce qu'il y avait dedans.
Si j'avais été dans mon état normal, je ne l'aurais pas bu, mais je n'en étais plus là.
Quand Raphael essaya de me l'arracher, je plaquai une main sur son torse.
— Souviens-toi, susurrai-je, ton marché.
— Alice, tu es saoule.
Je ne savais pas s'il était déçu ou énervé ; je pense que c'était la dernière option, parce qu'il ferma les yeux en soufflant.
J'en profitai pour l'embrasser, mais ça ne dura pas longtemps.
— Alice, fait-il en s'éloignant de moi. Pas ici.
— Mais, Raphanou !
— Je suis sérieux. Arrête ça tout de suite.
Comme pour me défendre, un gars passa devant nous en annonçant :
— Je crois qu'il reste une chambre à l'étage. Les capotes sont dans la salle de bain.
Je souris à mon copain. Pourtant, j'étais énervée contre lui.
Il ne respectait pas sa putain de promesse.
— Relève-toi, ordonna Raphael en me soulevant. On s'en va.
Devant son air sérieux et pressant, l'alcool sembla s'évaporer de mon organisme.
Mais mon bref instant de sobriété ne dura pas et je me remis à tanguer entre ses bras sans le faire exprès.
— Nooooon! Cette soirée est géniale. J'ai l'impression d'être un papillon !
Je dansais, vaguement consciente que j'avais l'air tout à fait idiote. Pourtant, je ris aux éclats.
— Alice, je t'en supplie, viens, souffla mon copain en m'enlaçant plus fort pour m'empêcher de remuer.
— Mais je suis un papillon !
Je gigotai sous sa poigne, ce qui me fit glousser de plus belle.
Soudain, la musique s'arrêta brutalement.
Cela déclencha un bourdon dans mes oreilles, après des heures soumises au son.
La moitié des convives râlèrent - moi y compris - mais la plupart ne réagissait pas, trop ivre pour comprendre.
Puis quelques secondes plus tard, elle redémarra.
Mais c'était une musique triste.
Pas n'importe laquelle.
Celle de The Fray.
Pour moi, ce fut comme plonger la tête dans l'eau glacée après une cuite.
En poussant légèrement Raphael, je fis volte-face vers le DJ.
Il levait les mains en l'air, ce n'était pas lui qui contrôlait le son.
Je fixai la personne, les yeux effarés et soudainement lucide.
Zach releva la tête vers moi et me fit un clin d'œil, avec toujours le même sourire en coin.
— Ce n'est pas une approche, avait-il dit.
Alors, c'était quoi ?
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Chapiiiitre long, je suis contente *-*
Dîtes-moi ce que vous en avez pensé, c'était un moment important.
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Emma.
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