Chapitre 3
À mon retour à la maison, en fin d'après-midi, j'eus envie de courir.
J'attrapais mes affaires le plus vite possible dans ma chambre pour ne pas avoir à être attirée par l'ordinateur ou la télé.
Après m'être démaquillée, je mis cinq minutes à me préparer et quitter la maison, non sans avoir prévenu mes parents.
C'était tellement agréable de se retrouver seule avec un vent frais qui m'effleurait le visage.
Ma rue était calme, ce n'était pas encore l'heure de pointe mais j'entendis des gens crier dans le voisinage.
Au départ, je ne comptais faire que quelques kilomètres et revenir sur mes pas.
Mais c'était tellement relaxant que je finis par en faire le double, soit dix kilomètres, en faisant une boucle par le centre commercial.
Moins d'une heure plus tard, j'étais de retour, fatiguée, à la maison.
Je suais toute l'eau de mon corps et je mourais d'envie de prendre une douche froide.
À chaque fois que j'allais faire un peu de sport, il faisait chaud à en tomber dans les pommes.
Quelle idiote.
Je gravis les quelques marches qui séparaient le trottoir de ma maison à vive allure, pour arriver à bout de souffle, à la porte.
C'était ma tante, Kate, qui l'ouvrit en m'examinant de la tête aux pieds.
— Est-ce que ça va ?
— Très bien.
J'avais peut-être l'air à l'article de la mort, mais ce n'était qu'une apparence.
En réalité j'étais satisfaite des kilomètres que j'avais englouti, même si maintenant, je souffrais physiquement.
— Le dîner est presque prêt, m'informa Kate quand je la dépassai, mains sur les hanches, en essayant de maîtriser ma respiration.
Mince, le barbecue.
J'avais complètement oublié que mon père avait dit à ma tante de venir à la maison ce soir.
Kate était la sœur de mon père et elle était accompagnée de mon oncle, Daniel, ainsi que mon cousin, Logan.
Ce dernier avait un an de moins que moi, malgré que tout le monde lui donnerait trois ans de plus.
— Donnez-moi quinze minutes, articulai-je en montant les marches quatre à quatre.
Je m'apprêtais à pénétrer dans la salle de bains quand mon téléphone vibra pour me rappeler que sa batterie allait bientôt mourir.
J'étais tellement en sueur qu'après l'avoir branché, je me jetai sous la douche et j'y restais un bon moment, assise à me prélasser dans la vapeur.
En sortant, je dénichai dans mon placard un sweat et un jean.
Ça ne dérangeait pas ma famille si je me pointais en survêtement dans le jardin. Nous n'étions pas comme ça.
Je m'habillai puis me séchai les cheveux, quand je sentis soudain des effluves de grillades.
Je suivis l'odeur jusque dans le jardin.
Par la porte-fenêtre, je vis ma mère en pleine discussion avec Kate sur son nouveau passe-temps : le jardinage.
Dans un coin, mon père était en train de retourner des saucisses sur le barbecue, tout en buvant une bière avec Daniel.
— Alice !
Mon cousin me sauta dans les bras.
Je ris avec lui. Il y avait une éternité que je ne l'avais pas vu.
— Bon sang ! M'écriai-je. Tu es géant, Logan !
Il me dépassait d'une tête, peut-être même deux.
Son corps était plus dessiné que dans mon souvenir.
Il avait les bras musclés, mais pas massifs et sa mâchoire était plus carrée.
— Et toi, tu es toujours aussi petite, dit-il en m'enlaçant.
— Attends deux secondes.
Je me reculais pour l'observer avec curiosité.
Sa peau était bel et bien plus blanche que la mienne.
Difficile à croire qu'il était originaire de Floride.
— Je rêve ou... Tu es pâle ! On dirait presque un gars du Nord.
Il se frotta la nuque.
— Tu trouves ? Pourtant, il ne fait pas si humide que ça dans l'Ohio.
Logan s'était installé en début d'année dans cette région du Nord pour y faire ses études dans une grande école spécialisée dans le football américain.
Ça avait été difficile de convaincre Kate.
Voilà pourquoi je ne l'avais pas vu depuis les fêtes de Noël.
— Mais comment est-ce possible que tu sois là, questionnai-je. On est en milieu de semaine.
— J'ai réussi à négocier quelques jours de vacances. Je repars dimanche.
— Ah, c'est cool. Et moins cool que tu t'en vas déjà.
On se dirigea vers la table de jardin où la nourriture était déjà exposée.
— Sinon, toi, comment vas-tu ? Me demanda Logan en prenant des cacahuètes dans le creux de sa main.
— Bien, je crois.
Un hochement de tête. Sa bouche était remplie.
— Et ton copain ? Raphael, c'est ça ?
Mon cousin l'avait vu que deux fois, la première par hasard, et la deuxième fois à Noël.
— Il va bien. Il a été retenu pour le poste au Starbucks cet été.
— Ah oui, je me souviens qu'il m'en avait parlé.
Mon père détourna notre attention une fraction de seconde en criant que les saucisses étaient prêtes.
— C'est bizarre quand même, ajouta Logan, que vous êtes toujours ensemble.
Je plissai les yeux. En voyant ma tête, il éclata de rire.
— Je déconne ! Je suis content que ça marche entre vous. Ce mec est un type bien.
On pourrait croire qu'il était mon grand frère.
— Et toi, tu n'as pas de petite copine ? Demandai-je en m'intéressant soudainement à sa vie amoureuse.
Il mit un moment à répondre.
— Je flirte avec une fille depuis quelques temps.
Voir mon cousin devenir tout timide me fit sourire. Il était trop mignon.
— Et elle s'appelle comment ?
— Hannah. Elle est originaire de Manchester, en Angleterre.
Je lui lançai un regard surpris.
— Un accent britannique, adorable.
— Ouais... bredouilla Logan. Encore heureux que je ne l'ai pas déjà chopé.
J'adorais l'accent anglais. Moins compréhensible que le nôtre, c'était pour moi l'accent le plus sexy au monde.
— Elle me fait penser à Emma Watson, des fois.
— Emma Watson, carrément, m'esclaffai-je.
— Son portrait craché, lança mon cousin en rendant mon sourire.
Pour me le prouver, il sortit son téléphone de sa poche arrière et me montra une photo d'elle.
En effet, elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à Emma Watson. Avec ses petits yeux, elle fixait l'objectif.
Logan était juste à côté, avec un sourire enfantin collé aux lèvres et un casque de football américain sous le bras.
— Plutôt mignonne, l'anglaise, confirmai-je.
On se mit tous à table.
En moins d'une heure, Logan avait fait une razzia des merguez et des chips.
Ma mère avait pourtant acheté trois paquets de Doritos.
Ils partirent avant minuit, quand la nuit nous empêcha de voir plus loin que notre nez.
Je promis à Logan qu'on se reverrait avant qu'il reparte dans l'Ohio, et je faillis lui proposer de venir à la soirée de samedi, avant de me rappeler moi-même que je n'y allais pas.
Affalée dans mon lit, je décidai d'appeler Raphael.
Il répondit dès la première sonnerie.
— Alice.
Des frissons me parcoururent. J'adorais entendre sa voix.
— Raphael.
— Salut.
Je ris. Je l'imaginais sourire à l'autre bout du combiné.
— J'ai vu mon cousin, commençai-je.
— Ton cousin, le balaise ?
— Ouais. Logan.
— Bordel, il est à Jacksonville? Il faut que je le voie.
— Il repart dimanche, précisai-je.
J'entendis Raphael se déplacer.
— Quoi ? Déjà ? Lâcha-t-il.
Je hochai la tête. Mais il ne pouvait pas me voir.
— Oui. Soupirai-je finalement.
— Je ne sais même plus si j'ai son numéro. Il vient samedi ?
J'écartai le portable de mon oreille avec une grimace.
Il voulait le voir à cette soirée merdique.
Mal à l'aise, je m'assis en tailleur sur le matelas.
— Je ne lui ai pas demandé.
Il ne répondit pas tout de suite. Je l'entendis soupirer au bout du fil.
— Tu ne veux toujours pas venir, c'est ça ?
— Non.
— Pourquoi ?
Il savait la raison. Elle était plus qu'évidente : je détestais les party.
Voyant que je ne répondais pas, Raphael n'insista pas.
Un long silence s'ensuivit alors.
Ce n'était pas le genre de silence gênant où on essayait de boucher les blancs, mais plutôt un silence reposant que l'on pouvait avoir avec une personne.
Je m'en voulais de le décevoir comme ça, mais il ne laissait rien paraître.
Il respectait mes choix.
Je fermai les yeux en me concentrant sur sa respiration.
— Tu fais quoi ? Demandai-je au bout d'un moment.
Phrase pathétique.
— Euh... Des trucs de mecs.
— Des trucs de mecs ?
Je fronçai les sourcils.
— Ne me dis pas que tu te...
— Que je me branle ? Non. Je n'ai plus treize ans.
La spontanéité de ses mots me fit éclater de rire. J'en avais besoin.
— Je ne te juge pas, tu sais.
— Alice, je ne me masturbe pas.
— Tu penses à moi quand tu te... ?
L'idée ne me déplaisait pas.
— Arrête ! Ça devient gênant pour moi. Et on ne parle pas de ça avec les filles.
Je riais encore.
— Mais je suis ta copine.
— Raison de plus.
Je l'entendis marmonner.
— Bon sang, maintenant, j'ai envie de toi, souffla-t-il.
J'étais diabolique.
Pourtant, chaque parcelle de ma peau s'embrasa après ça.
J'avais l'impression de suffoquer. J'essayais de me convaincre que c'était la chaleur qui me faisait transpirer et non le fait que j'avais très, très envie de lui aussi.
— Et si on passait un marché ? Murmura Raphael d'une voix pleine de désir à mon oreille.
— Un marché ?
Ma voix était un couinement. Je comprenais quel type de marché il s'agissait.
— Tu viens à la soirée de samedi...
Sa respiration devenait haletante. La mienne aussi.
— ...Et je fais en sorte que tu passes la meilleure nuit de ta vie.
Mon cœur explosa.
Il raccrocha juste après, me laissant fiévreuse comme jamais dans mon lit.
Quel connard.
Il savait l'effet qu'il avait sur moi et l'effet que je lui procurais également.
Et il profitait littéralement de la situation pour me convaincre d'aller à cette foutue soirée.
Il avait tout planifié.
Mais j'aimais encore plus la proposition. C'était tellement tentant.
Soudain, le besoin d'ouvrir la fenêtre se fit de plus en plus pressant.
Un vent frais frappa doucement mon visage et des mèches de cheveux tombèrent sur mes yeux.
J'en avais la chair de poule.
Dehors, la température s'était rafraîchit.
Je vis la chambre de ma meilleure amie, quelques mètres plus loin, grande ouverte.
— Libby !
Un son horrible sortit de ma bouche, pas assez fort malheureusement.
Pourtant un chien commença à aboyer.
Je l'appelais un peu plus fort. Rien.
Elle devait sûrement dormir.
Mince, il était quel heure exactement ?
J'attrapais mon téléphone qui était resté sur le lit. 1:20am était affiché.
Alors je décidai de l'appeler sur son portable.
En face, la sonnerie de Crazy Frog retentit. Je soupirai, exaspérée.
Au bout de trois appels manqués, je crois, j'entendis enfin du mouvement.
— Allô ? Souffla Libby, ensommeillée.
J'entendis sa voix à la fois dans le téléphone et dans sa chambre.
— Alice, c'est toi ?
— Lib', va à ta fenêtre.
— Hein ?
— Va à ta fenêtre, répétai-je.
La lumière s'alluma. Quelques secondes plus tard, elle apparut à sa fenêtre. Nos regards se croisèrent.
Elle secoua la tête en mettant fin à l'appel.
— Bon sang, qu'est-ce que tu fous ? Tu as vu l'heure ?
Je lui racontais la conversation que je venais d'avoir avec Raphael. Libby m'écoutait.
Elle était morte de rire.
— Quel enfoirée, dit-elle toujours en riant. Plus que l'on pourrait le croire.
— Je ne te le fais pas dire, je soupirai.
— Il n'empêche, l'idée reste brillante.
Je lui lançai un regard noir. J'avais oublié qu'elle aussi était pour que j'y aille.
— Il a l'air de te dominer, ton Raphael.
Je confirmais ce qu'elle venait de dire.
Plus qu'être dominée, j'étais dépendante de lui. Complètement accro.
— On dirait presque Christian Grey, continua-t-elle. Tu sais, dans Cinquante nuances de Grey, là.
Pas la peine de préciser. Je savais très bien qui était Christian Grey.
— C'est une blague ? Dis-je, incrédule.
— Non. Bien sûr, il manque les abdos, mais sinon, c'était ça.
Nouveau regard assassin.
Libby insinuait-elle que Raphael n'avait pas de muscles ?
Elle ne l'avait jamais vu à poil !
Je me tranchai la gorge avec mon pouce pour lui faire comprendre qu'elle allait regretter ses paroles.
Heureusement pour elle que plusieurs mètres nous séparaient.
D'un autre côté, Libby n'avait pas tort. Raphael avait un petit air de Christian Grey. Même coiffure, même regard, même bouche...
— Eh ! Ne commence pas à fantasmer, Anastasia !
— Je ne... Argh !
Elle rit de plus belle.
— Bon, du coup, qu'est-ce que tu vas faire ?
— Je ne sais pas.
Elle disparut derrière le mur.
— Lib' ! La rappelai-je paniquée.
L'interpellée réapparut presque aussitôt, une veste sur les épaules.
— C'est bon, détends-toi, j'ai juste froid.
Je soupirai, soulagée. Je croyais qu'elle était partie.
— Tu sais, reprit-elle, soudain sérieuse. Ce n'est pas un drame si tu ne vas pas à cette soirée. Raphael restera toujours ton petit-ami, ce n'est pas comme si vous alliez plus jamais couché ensemble.
— Oui mais...
Elle leva la main.
— Attends, je n'ai pas fini. Par contre, si tu y vas, tout le monde sera content. Moi la première. Tu es jeune, Alice, il faut que tu profites. Tu as de bonnes notes et tes examens, tu es sûre de les avoir. Alors pourquoi rester ici à te morfondre ? Viens t'éclater. En plus, tu as tout à gagner, si tu vois ce que je veux dire.
Elle me fit un clin d'œil.
Pendant un instant, je restai muette. Libby guettait ma réaction.
— Alors, tu l'acceptes ou pas, ce marché pourri ?
Elle avait raison sur tout.
Pourquoi rester dans ma chambre à contempler le plafond ?
Pourquoi refuser de m'amuser un peu ?
Pourquoi refuser à la personne que j'aimais ?
Finalement, je relevai la tête et regardai ma meilleure amie.
Elle me sourit, ses yeux bleus plus étincelants que jamais.
— Marché conclu.
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Voilà :) J'espère que le chapitre vous a plu malgré que quelque chose me chiffonne...
Bref,
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Emma.
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