Les gens s'afféraient autour de lui. Tout le monde tentait de se contenir, en particulier, Clayton, le chef du poste de police. Ce dernier hurlait de ordres hasardeux à ses sous-fifres de sa grosse voix de baryton.

- FAIRE TAIRE CES MAUDITS JOURNALISTES!

À l'extérieur, on entendait le cliquetis des appareils photos. Les curieux s'affolaient et les journalistes semblaient vouloir forcer les portes du commissariat. Les collègues de Quentin les retenaient et n'hésitaient pas à employer la force pour les empêcher d'entrer. Le jeune détective s'enferma dans son bureau, afin de trouver un peu de répit. La dernière fois qu'il avait vu une telle folie, ça s'était produit lorsque les Devils du New Heaven était venue affronter l'équipe locale de Los Diablos.

À peine assis sur sa chaise que Quentin dut se relever. Quelqu'un venait de cogner.

- Oui, j'arrive, s'impatienta-t-il quand on frappa à nouveau.

Il ouvrit.

- QUENTIN!

Ce dernier soupira. Son patron ne pouvait s'empêcher de hurler lorsqu'il parlait. Deux traits caractérisaient le gros homme à la carrure imposante et aux épaules larges : sa voix de hurleur et les immenses cigares qu'il enfilait l'un après l'autre dans son bureau. Il semblait penser que personne n'était au courant de ses petites habitudes, mais son haleine empestait le tabac et les postillons qu'il projetait à gauche et à droite sur ses interlocuteurs ne pouvaient laisser planer le doute.

- Oui, chef.

Quentin hocha la tête en signe de salutation.

- OÙ EN EST L'ENQUÊTE?

- Je viens de commencer...

- EH BIEN, TU DEVRAS FAIRE PLUS VITE! l'interrompit Boss Clayton.

Le jeune détective ne pouvait s'empêcher de se demander qui appelaient sa progéniture « Boss ».

- LA PRESSE NOUS COLLE AU CUL ET IL Y A EU DES FUITES. LES GENS SE QUESTIONNENT ET LES CITOYENS PANIQUENT.

- Oui, chef.

Quentin se garda de répliquer qu'il s'apprêtait à débuter son enquête, mais qu'il était sans cesse interrompu, cela n'avancerait pas. Mais il savait que s'il débattait de la situation avec son patron, il n'en finirait pas ou, pire encore, on lui imposerait du travail de bureau. Le chef Clayton n'était pas quelqu'un qui entendait à rire.

- J'y vais de ce pas, chef.

Ce dernier hocha la tête en signe d'approbation, puis il se tourna vers les policiers qui s'affairaient.

- JE DOIS ALLER PRÉPARER CE FOUTU DISCOURS : QU'ON NE ME DÉRANGE PAS!

Le bruit des pas lourds qui s'éloignaient indiqua à Quentin qu'il allait pouvoir enfin travailler.

Quentin referma discrètement la porte derrière lui et retourna s'asseoir à son bureau. Il devait poursuivre ses recherches au plus vite s'il voulait obtenir des résultats.

Il mit la main sur sa souris, la fit bouger jusqu'à ce que l'interface de la page d'accueil apparaisse, un fond d'écran bleu avec le logo officiel de la ville de Los Diablos, et ouvrit le logiciel de recherche de la centrale.

Il tapa sur le clavier les lettres du nom du défunt homme : MAXIME BASTIAN.

Une série d'informations apparut à l'écran.

MAXIME BASTIAN.

ADRESSE CONNUE : 601, PROMENADE DES QUAIS, LOS DIABLOS

NÉ EN 1970 (50 ANS)

MARIÉ À WENDY BASTIAN, NÉE EN 1975 (45 ANS), DEPUIS 1997.

DEUX ENFANTS : ZACHARY BASTIAN, NÉ EN 2005 (15 ANS), ET ELISA BASTIAN, NÉE EN 1999 (21 ANS)

YEUX BLEUS, CHEVEUX BRUNS

TAILLE : 1,80

POIDS : MOYEN

EMPLOIS CONNUS :

1988 - 1995 : JOURNALISTE POUR LE DAILYDIABLOS

1995 - 1999 : DÉPUTÉ PROVINCIAL

1999 - 2010 : SÉNATEUR

2010 - 2018 : JOURNALISTE POUR LE DAILYDIABLOS

2018 - 2020 : MAIRE DE LA VILLE DE LOS DIABLOS

AUTRES DÉTAILS :

ELENA HUBERT, EX-FEMME (1994-1996)

Quentin plissa des yeux. Cette dernière information éveilla son intérêt. Il devait interroger la femme et les enfants de Bastian, mais peut-être passerait-il d'abord chez l'ex-femme du maire. Il tapa le nom de cette dernière dans la bande de recherche et nota son adresse sur son bloc-notes.

Puis, il se leva.