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Lorsque résonne le silence

***

     Auguste regarda autour de lui, le regard pétillant. Partout, des lumières résonnaient entre les étoiles minuscules. Elles éclataient, assourdissantes dans le ciel, le colorant d'une fumée joyeuse. Le bouquet final s'éternisait mais Auguste n'avait pas perdu du bonheur que lui avait procuré la première fusée. Les feux d'artifice l'envoûtaient, le maintenaient dans un rêve fantastique qui lui faisait momentanément oublier la réalité. Enfin, la dernière lumière explosa et le silence suivit. Auguste garda longtemps les yeux rivés vers la fumée qui se dispersait. Il la trouvait presque aussi belle que le feu qui l'avait provoquée.

     Auguste ne détourna le regard que lorsqu'une voix, derrière lui, l'y encouragea :

- Auguste, tu viens ?

Sixtine, sa sœur aînée, lui faisait de grands signes en sautillant sur place. Ses cheveux rebondissaient sur ses épaules dans un mouvement disgracieux. Dans les lumières de la ville, et malgré la pleine nuit, on pouvait les voir briller d'or. Auguste s'éloigna à regret du pont sur lequel il s'était assis durant le spectacle et s'en alla rejoindre sa sœur. Sixtine lui prit vigoureusement le bras et l'emmena vers sa voiture tout en lui décrivant le feu d'artifice avec force détails. Auguste soupira et lui fit signe qu'il y avait assisté lui aussi. Elle s'excusa rapidement mais n'arrêta pas pour autant son résumé de la soirée.

     Malgré leur huit ans d'écart, Auguste avait souvent l'impression d'être l'aîné de sa sœur et non l'inverse. Il constatait souvent le manque d'autonomie de Sixtine avec inquiétude. Cela le gênait, il aurait voulut pouvoir utiliser sa vie comme il l'entendait. Peut-être guérir, ou s'accommoder de ses problèmes pour avancer... Mais il savait qu'elle ne se rendait pas compte de son état, qu'elle se reposait sur lui. Il savait qu'elle comptait sur lui et ce poids lui pesait car il savait également qu'il ne pourrait éternellement l'assumer. Mais cette pensée, jamais il ne l'avouerait à sa sœur. Ce serait admettre que son handicap le mettait en difficulté. Jamais.

     Rentrés chez eux, Auguste se précipita dans sa chambre. La demi-heure de voiture en compagnie de sa sœur, décidée à expirer jusqu'à son dernier souffle en paroles futiles, l'avait épuisé. A présent seul, il voulait profiter de son feu d'artifice. Il gardait dans sa mémoire chaque minute du défilé des lumières. Sa tête était remplie d'éclairs roses et jaunes, de paillettes crépitantes et de rosaces vertes. Il se les repassait en boucle, repérant chaque nouvelle fois une lueur différente. Pour Auguste, ces images mentales permettaient de mettre des couleurs sur ses émotions. Les mots, dont chacun se paraît pour exprimer ses pensées, lui étaient interdits. Il les maniait difficilement dans son esprit, ne concevait pas la parole comme une nécessité. Il la voyait passer sur les lèvres des autres mais jamais ne l'avait utilisée. Ce n'était pas un choix, bien au contraire, il voulait ces mots qui mettaient une forme aux idées, ils voulaient ces mots qui le reliraient aux autres, mais cela lui était impossible. Son mutisme l'obligeait à vivre à l'intérieur. Et il en devenait fou.

Telle était la réalité d'Auguste lorsqu'il sortit de sa chambre pour se glisser sous la douche froide.

***

     Le lendemain matin, Sixtine sortit du sommeil, une odeur délicieuse lui chatouillant les narines. Elle frotta ses yeux endormis et jeta sa couette sur ses pieds. La chaleur lourde de juillet l'assomma et elle referma les yeux en retournant son oreiller. La fraîcheur qu'il dégageait lui suffit à replonger dans un sommeil léger.

     Sixtine aimait son lit. Elle le trouvait doux, et moelleux, et confortable. Le plus difficile chaque jour, était de le quitter pour entrer dans la réalité. Mais elle devait se lever, pour son frère. Sixtine avait douze ans lorsqu'elle avait compris. Jusque là elle en avait voulu à Auguste, elle criait, pleurait, hurlait. Ses parents ne l'aimaient pas. Sinon, pourquoi la laissaient-elle ainsi de côté. Pourquoi partaient-ils chaque semaine elle ne savait où avec son petit frère. Sans elle. Pourquoi n'avait-elle pas le droit aux mêmes attentions maternelles que lui. Pourquoi ? A douze ans, lorsqu'elle avait compris, sa colère s'était tournée vers ses parents. Ils l'avaient laissée penser qu'elle ne comptait pas, qu'elle n'était que le premier prototype de leur bonheur. Elle ne leur parlait plus, et c'est dans ces périodes-là, alors qu'elle tournait le regard devant le leur, qu'elle se rapprocha de son petit frère. Elle ne voyait plus que les inattentions de ses parents, elle les pensait incapables de s'occuper de lui, elle seule pouvait le rendre heureux. Elle le savait. Et il le savait. Sa colère s'était retournée. Complètement.

     Vingt ans plus tard, ses pensées n'avaient pas changées. Elle continuait de penser qu'elle seule comprenait Auguste. Elle savait qu'il avait besoin d'oublier son handicap, et c'est pour cela qu'elle se montrait immature et irresponsable. S'il s'occupait d'elle, il oublierait sa solitude. La sienne n'était rien en comparaison. Alors elle devait être là pour lui. Toujours.

     Alors Sixtine se leva. L'odeur sucrée avait disparu.

***

     La vie avançait. Chaque jour creusait un peu plus le fossé de l'incompréhension qui s'était installé entre Auguste et Sixtine. Chacun s'imaginait la pensée de l'autre. Mais personne ne voulait la confronter.

***

     Auguste changea de position, encore. Il regarda son réveil, et regretta aussitôt son réflexe. Seulement dix minutes s'étaient écoulées depuis une heure qu'il regardait le plafond blanc. La dispute $avec sa sœur le tourmentait. Son cœur se serrait chaque fois qu'il repensait à son geste. La gifle était partie toute seule, mais il savait que, sur le moment, il en avait eu envie. Il voulait crier. Crier son désespoir. Il voulait hurler à sa sœur toutes ses pensées. Il voulait qu'elle l'entende. Oui, il voulait tellement lui dire qu'il ne pouvait plus. Que c'était trop, qu'il aurait voulu partir loin. Vivre sa vie sans que s'occuper d'elle lui rappelle constamment qu'il en était incapable. Il sentait son cœur vibrer dans sa poitrine. Celui-ci criait. Mais personne ne sait entendre les cris des cœurs meurtris. Surtout sa sœur. Il se détestait de la détester ainsi. Ou plutôt de détester sa présence, comme un rappel de son vide à lui. Il devenait violent. Il hurlait sa peine à coup de pied. Il la balançait avec ses yeux meurtriers.

Mais quels autres moyens de transmettre sa tempête lui restait-il ?

Il avait toujours vu les autres se disputer, puis se réconcilier. S'aimer et se le dire. Se jalouser et se le dire. Se détester et se le dire. Mais lui ne pouvait pas. Il ne pouvait même pas l'écrire car il ne connaissait pas les sens de cette langue inconnue. Il ne pouvait que renfermer ses émotions dans son corps. Il avait renoncé à sa liberté pour sa sœur. Mais elle ne l'avait pas vu.

Les larmes coulaient sans bruit sur ses joues rouges.

***

     Sixtine ne comprenait pas. Elle avait tout fait parfaitement, tout régi parfaitement pour que son frère soit heureux. Elle l'avait occupé, accaparé pour qu'il ne sombre pas. Elle avait joué l'idiote pour lui, elle avait renoncé à sa liberté pour lui. Mais il ne le voyait pas.

Elle était sortie marcher sur les routes de campagne qui entouraient leur maison. La nuit se reflétait dans ses yeux. Sa peine se reflétait dans le ciel. Sixtine ne voulait pas en vouloir à son frère, mais c'était plus fort qu'elle. Elle le punissait pour son silence.

Pourquoi ne voulait-il pas lui dire, ou lui écrire, ce qu'il avait sur le cœur ? Pourquoi résolvait-il tout par un grand coup sur ses malheurs ? Sans chercher à les expliquer.

Elle voulait partir. Mais le pouvait-elle ?

***

     Auguste n'avait pas dormi de la nuit. Il s'inquiétait. Sixtine n'était pas rentrée. Peut-être avait-elle fini par comprendre qu'elle se méprenait. Qu'elle n'avait pas à l'attacher pour l'empêcher de tomber, mais à le laisser voler. La veille, elle lui avait hurlé son jeu. Son incapacité feinte pour lui. Il se souvenait de chaque minute de ce feu d'artifice. Chaque minute. Mais lui n'avait pu lui répondre son propre mensonge. Alors elle était partie, tout simplement. Il s'en voulait et lui en voulait.

***

     Sixtine avait dormi chez une amie. Mais lorsqu'elle se réveilla, l'oreiller trempé, elle sut ce qu'elle devait faire. Elle prit son téléphone en reniflant bruyamment. Et tapa quelques mots,:

Je te libère de moi. Je suis désolée.

Une heure plus tard, son téléphone vibra alors qu'elle était sous la douche :

Je te libère de moi. Je t'aime. 

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