Jisung avait toujours détesté les examens, et encore plus celui-là. Il était une machine à stress que personne n'arrivait à calmer. Son examen de fin d'année était décisif, et il se devait de le réussir. Au moins pour son frère.

Ce fut dur et long pour Jisung, et il fut soulagé quand la dernière épreuve prit fin. Ne restait plus qu'à attendre les résultats.

Et face à l'immense liste, il chercha désespérément son nom, il vit celui de Romy et de Jeongin, mais ne trouva pas le sien. Il avait échoué. La déception s'empara de lui, les larmes commencèrent à monter, mais il devait les retenir, il ne devait pas craquer devant tout le monde. Jeongin et Romy s'étaient approchés de lui et avaient chacun posé une main sur son épaule. C'était dur de faire face à un échec, alors ils allaient le soutenir.

   — Ce soir on fait une petite soirée sur la plage, tous les sept, personne d'autre, ça nous permettra à tous de nous vider la tête, lui proposa Romy, la douceur s'entendait dans sa voix.

Et ils rentrèrent chez eux, ce qui permit à Jisung d'évacuer son désespoir, seul dans sa chambre, avec pour seule témoin, la mer qui l'observait à l'horizon. Comme lors de ce soir, où il avait confié son passé à Minho. Seungmin lui avait passé le savon de sa vie quand il était revenu au petit matin avec Minho, mais quand il avait vu ses yeux encore rouges et le regard de l'hybride, il n'avait pas insisté et l'avait laissé aller se coucher. Minho était resté jusqu'à ce qu'il s'endorme, et quand il s'était réveillé quelques heures plus tard et qu'il ne l'avait pas vu, il avait senti son cœur lui peser dans sa poitrine. Il aurait voulu qu'il soit là à son réveil.

Le soir-même, Romy et Félix vinrent le chercher, Seungmin devait arriver plus tard, il avait un truc à faire avant, avait-il dit. Affublé de son t-shirt favori, et de ses Converse qu'il ne quittait presque jamais, il se fit entraîner par ses amis jusqu'au spot qu'ils avaient établi sur la plage. Proche de la route s'ils avaient besoin d'aller acheter quelque chose, mais caché par les arbres et quelques tas de sables. Jeongin et Hyunjin les attendaient, ils avaient déjà fabriqué un petit feu de camp et sirotaient leur bière en discutant de tout et rien. Ils les saluèrent, puis s'installèrent confortablement et les discussions reprirent dans la joie et la bonne humeur. Seungmin arriva quelque temps plus tard, se fondant dans la masse comme s'il n'avait jamais été en retard. Ils rigolèrent longtemps, permettant à Jisung d'oublier sa déception, il se laissait aller au rire de ses amis, à l'amertume de l'alcool sur sa langue et au roulement des vagues en fond sonore. Il était en compagnie de gens qui soulageaient sa peine sans qu'ils ne le sachent. Mais Jisung sentait qu'il manquait une personne pour complètement être dans sa tranquillité. Et ce n'était nul autre que Minho.

   — Oh d'ailleurs ! lança Hyunjin alors qu'il venait de boire une gorgée de sa bière, Minho et moi avons réussi notre examen !

Tout le monde le félicita, sauf Jisung qui se renferma sur lui-même. Il était donc le seul à avoir échoué. Il essayait de mettre sa déception de côté et de se réjouir pour ses amis, mais c'était dur de réaliser qu'il n'avait pas été capable de faire ce que son frère avait fait. Il était seul, sans possibilité d'avenir.

Minho arriva quelques minutes plus tard avec sa voiture, il salua tout le monde et tendit simplement sa main à Jisung. Dans l'incompréhension, il l'attrapa, se releva et se fit entraîner vers le véhicule.

   — Mais ? Qu'est ce que tu fais ?

Il se retourna vers lui, un sourire malicieux peint sur ses lèvres.

   — Une surprise. Je t'emmène en weekend surprise.

   — C-comment ça ?

Il se tourna vers ses amis qui leur faisaient des signes de la main comme un au revoir.

   — Vous êtes au courant ??

Seungmin lui lança un grand sourire, puis s'approcha de lui. Il prit sa main disponible dans la sienne et le regarda droit dans les yeux, son regard était à la fois sérieux et bienveillant.

   — J'ai compris que quelque chose n'allait pas quand je t'ai vu la première fois. Tu avais si peu d'affaires, comme si tu fuyais quelque chose, même si tu essayais de cacher ça avec un sourire. Tu m'as aidé avec Hyunjin, alors à moi d'en faire de même.

Seungmin le poussa presque à entrer dans la voiture, un sourire sincère et reconnaissant illuminait son visage. C'était celui qu'on délivrait à une personne proche. A son ami. Jisung se sentit reconnaissant envers Seungmin, il l'avait toujours soutenu même s'il ne savait pas la vérité. Et ça le rendait encore plus cher à ses yeux.

   — Alors profite de ce weekend bien mérité !

La voiture démarra et s'éloigna dans le noir de la nuit. Quand elle ne fut plus visible à l'horizon, Seungmin leva les yeux vers le étoiles, et murmura :

   — Et ne reviens pas, je t'en prie...

Le vent s'engouffrait dans les fenêtres de l'habitacle, les paysages défilaient, questionnant toujours Jisung sur leur destination. Au-dessus d'eux, la lune les suivait, les protégeant de leur éclat, comme une mère qui veille sur ses enfants. Elle était la gardienne de ce qu'ils créaient ensemble.

   — Mes affaires !! J'ai oublié de prendre mes affaires ! réalisa Jisung alors qu'il roulait depuis déjà une demi-heure.

   — T'inquiètes pas pour ça, pouffa Minho, Seungmin t'as préparé un sac, il est dans le coffre.

Jisung se tourna vers lui, les sourcils haussés vers le ciel, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte.

   — Quel enfoiré !

   — Je te signale que toi aussi tu as organisé un truc pour lui dans son dos, répliqua Minho, un sourire malin collé aux lèvres.

Jisung s'enfonça dans son siège, les bras croisés et la mine boudeuse, il savait que Minho disait la pure et simple vérité, mais il n'aimait pas trop ça. Les surprises n'étaient pas son péché mignon. Le voyant bouder, Minho posa affectueusement sa main sur sa cuisse et la secoua pour le revitaliser.

Quand Minho commença à ressentir trop de fatigue pour pouvoir conduire sereinement, ils décidèrent de s'arrêter au premier môtel qu'ils croisèrent sur le bord de la route. Le réceptionniste ne fut pas surpris de voir deux jeunes hommes arriver à une heure si tardive, ou plutôt si matinale. Il leur donna leur clé après que Minho eut payé et leur souhaita une bonne nuit.

La chambre était minuscule, mais elle ferait bien l'affaire pour une nuit. Le plafonnier jaune les éblouit, leurs yeux étaient habitué à l'obscurité, les faisant cligner frénétiquement pour qu'il s'habitue. Les murs étaient recouverts d'une tapisserie de bien mauvais goût qui devait au moins dater des années soixante. Ils posèrent les quelques affaires qu'ils avaient pris avec eux sur un des meubles présents, Jisung se décida de faire un rapide tour de la pièce, et malgré le matelas trop dur du lit, ils pouvaient au moins jouir d'une salle de bain convenable.

Ce fut Jisung qui se rinça le premier, il en avait bien besoin, les températures étaient élevées depuis quelques jours, et même si la nuit les rafraichissait, il préférait dormir en se sentant propre. Minho le suivit, et quand il en sortit, il découvrit Jisung déjà allongé sur le lit, les yeux plongés sur le plafond jauni. Il ne fit aucun bruit, aucune remarque, se contentant simplement d'éteindre la lumière et de rejoindre Minho. Dans le silence et l'obscurité de la chambre, ils laissèrent leur respiration s'élever librement, jusqu'à ce que Jisung ouvre enfin la bouche.

   — J'ai échoué, Minho, lamentablement.

Minho lui lança un sourire contrit, il ne le pensait pas le moins du monde, mais voir Jisung aussi dévasté lui fendait le cœur. Il se tourna vers lui, et même s'il pouvait à peine distinguer son visage dans le noir de la chambre, il prit ses mains dans les siennes et murmura :

   — Peut-être que cela veut dire qu'il est temps que tu vives pour toi ?

La vie était faîte de choix, de réussites et d'échecs, et malgré la dureté de ce dernier, il permettait d'avancer. Jisung l'observa, surpris par ses paroles sérieuses, mais en même temps, terriblement vraies. Il savait, au fond de lui, qu'il avait raison. Qu'en échouant, il pouvait aller de l'avant. Ces pensées tournèrent en lui un long moment, avant que la fatigue ne le ravage complètement et qu'il ne s'endorme enfin. Pour être réveillé quelques heures plus tard et reprendre la route.

Le reste du trajet se déroula dans la bonne humeur, tantôt des éclats de rire, tantôt des regards qui voulaient dire de nombreuses choses. Ils s'arrêtaient dès que la fatigue les englobait, face à face dans des lits de motel, au goût particulier, le regard dirigé leur compagnon de voyage, un éclat d'amour qui planait au-dessus d'eux.

Et quand le panneau indiquant l'entrée de Philadelphie apparut à ses yeux, Jisung se figea. C'était sa ville d'enfance, la ville à l'origine de ses démons.

Par réflexe, il s'enfonça dans son siège, espérant se fondre dedans et disparaître. Ça ne lui plaisait pas. Mais, ils pouvaient très bien ne faire que passer dans la ville pour rejoindre leur destination mystère. Cette idée frappa Jisung, et il se redressa, si ce n'était que ça, il n'avait rien à craindre. Cependant, ses espoirs furent réduits à néant lorsque Minho sortit de l'axe principal pour s'enfoncer dans le cœur de Philadelphie.

   — M-minho... On va où ?

Sa voix tremblait, il n'était pas à l'aise et se sentait observé. Comme si toute la ville avait conscience de ce qu'il s'était passé et que son retour était une chose importante. Minho tourna légèrement son regard vers lui, ses sourcils se froncèrent en apercevant de la peur au fond de ses yeux. Il lui devait au moins des explications.

   — Après la soirée au diner, j'ai envoyé une lettre à un producteur qui habite sur Philadelphie, et j'ai reçu sa réponse il y a quelques jours, qui m'invitait à le rencontrer. Avec toi.

   — Mais pourquoi t'as fait ça ??

   — T'es doué Jisung, super doué et on est tous d'accord sur ce point. Alors pourquoi ne pas tenter ? Tu n'as pas déjà dit à Seungmin que ton rêve était la musique ?

   — Si, mais...

Sur un moment d'égarement, avec un peu d'alcool dans le sang, il avait laissé échapper ça. Mais il n'était pas censé l'avoir cru sur parole.

Ils s'arrêtèrent face à un bâtiment à la structure moderne, tout de verre vêtu. Jisung n'avait aucun souvenir de ce bâtiment, sûrement qu'il avait été construit le temps de son absence. Minho sortit du véhicule, et invita Jisung à faire de même.

   — Oublie pas de prendre ton violon.

   — Quoi ? T'as aussi prévu ça ?

   — Seungmin.

Jisung grinça des dents à l'entente du prénom de son ami, mais en même temps ça lui paraissait logique, Seungmin était une personne prévoyante. Il prit son instrument et suivit timidement Minho dans le hall du bâtiment, se cachant presque derrière l'hybride. L'endroit l'impressionnait, il ne se sentait pas à sa place, ce n'était pas luxueux comme il avait pu le voir dans de nombreux magazines, mais il y avait quelque chose qui s'en dégageait qui était particulier. Jisung se cogna presque à Minho quand celui-ci s'arrêta à l'accueil. Quelques regards s'étaient tournés vers eux quand ils étaient entrés, surpris de voir un hybride entrer dans une telle infrastructure. Doucement, Minho prit la main libre de Jisung dans la sienne, lui signifiant que tout allait bien et qu'il n'avait rien à craindre.

   — J'ai un rendez-vous avec Monsieur Smith, au nom de Lee Minho, se présenta-t-il.

La secrétaire releva à peine la tête de son écran, Minho avait anticipé sa question avec brio. Il lui fallut quelques instants pour trouver son nom, et elle indiqua à une de ses collègues d'aller prévenir Monsieur Smith de l'arrivée de ses invités. Elle les fit s'installer dans la salle d'attente attenante, les prévenant qu'il arriverait dans quelques minutes. Seuls, Jisung sentit la pression monter en lui de plus en plus, comme une tempête prête à tout ravager. Minho sentit son stress et lui attrapa les mains pour le calmer.

   — Tout va bien se passer Jisung.

Il plongea son regard dans celui affolé de Jisung, un sourire rassurant pour lui montrer que tout allait bien. Le contact de Minho apaisa assez Jisung pour l'empêcher de faire sauter frénétiquement sa jambe, et le faire respirer convenablement.

Quelques secondes plus tard, Monsieur Smith faisait son entrée, augmentant la tension de Jisung en même temps qu'elle redescendait. Il était entre deux feux, à la fois soulagé de voir l'homme avec qui Minho avait pris contact, et angoissé de ce qui allait advenir. L'homme se présenta et Jisung fut impressionné par son aura, sa manière de parler, on voyait que son métier lui plaisait et qu'il se donnait à fond dedans. Qu'il allait vers les opportunités. Et celle qu'était Jisung l'avait intriguée.

Le producteur les invita à le suivre jusqu'à son bureau pour qu'ils puissent parler au calme et plus sérieusement. Cela fit remonter la bile dans l'estomac de Jisung. Dans l'ascenseur, Jisung faisait de son mieux pour répondre aux questions du producteur, mais bien souvent Minho s'exprimait à sa place, il était impressionné mais il faisait de son mieux, ce n'était pas à Minho de répondre.

Le bureau de Monsieur Smith était immense, il devait être un producteur de renom. Où Minho l'avait diable trouvé pour contacter une personne pareil ? Il leur indiqua de s'asseoir sur les deux fauteuils face à son bureau, où il entra un peu plus dans les détails.

   — S'il s'avère que tu as effectivement du potentiel comme me l'a dit ton ami, nous signerons un contrat. Tu intégreras l'agence et je serai ton producteur.

Il plaqua ses deux mains sur son bureau noir et se releva, le regard dirigé vers Jisung.

   — Mais avant ça, vas-y mon garçon, joues moi quelque chose pour que je me fasse une idée de ton talent.

Les mains tremblantes, Jisung souleva le couvercle et prit le violon entre ses mains. Minho lui lança un sourire réconfortant qui soulagea Jisung. Minho croyait en lui. Il inspira lentement et fit glisser son archet sur les cordes. C'était une mélodie différente de celle que Minho avait entendue cette nuit-là sur la plage, c'était plus joyeux, plus clair, de l'espoir tout simplement. Il réussit même à intercaler quelques paroles, permettant à sa voix de résonner et de montrer l'étendu de son talent. Jisung était doué, c'était indéniable. Minho se tourna vivement vers le producteur quand Jisung termina, il croisait les doigts dans son dos, il voulait que Jisung réussisse. Monsieur Smith était resté silencieux durant toute la performance de Jisung, son regard impénétrable posé sur sa potentielle nouvelle recrue.

   — Quand dis-tu si je deviens ton producteur ?

Jisung le regarda, ébahi par une telle proposition, jamais dans ses rêves les plus fous il n'aurait pu croire à une telle situation. Et pourtant, il y faisait face.

   — Je... Je ne sais pas...

Il ne savait pas, parce qu'il avait perdu de vue qui il était, ce qu'il voulait être, et c'était dur de récupérer une partie de soi qu'on avait laissé en silence pendant si longtemps. C'était l'inconnu, et ça effrayait Jisung.

L'homme se frotta le menton alors qu'il réfléchissait. Laisser passer un tel talent était du gâchis.

   — Je vais être honnête avec toi Jisung, tu es doué et je n'ai pas envie de voir une personne comme toi filer entre mes doigts. Alors je te propose une chose : je te laisse la journée pour réfléchir. Si tu acceptes mon offre, viens me voir demain à la même heure ici même, et si tu ne reviens pas, je saurai que tu ne l'as pas accepté.

Jisung hocha la tête pour accepter même si pour lui le choix était fait. Ils se saluèrent alors, Jisung quittant le bâtiment sans un regard en arrière. Revenir ici n'était pas pensable.

De nouveau installé dans la voiture, Minho lança un coup d'œil à sa montre pour se rendre compte qu'il était trop tard pour repartir sur le champ. Jisung comprit où il venait en venir en voyant son sourire contrit. Résigné, il murmura :

   — Je sais où on peut s'arrêter pour ce soir.

Jisung le dirigea dans les rues de la ville, comme s'il la connaissait déjà parfaitement. Alors à un feu rouge, il se tourna vers lui prêt à lui poser la question, mais celui-ci répondit avant qu'il n'ouvre la bouche.

   — Je suis né et j'ai grandi à Philadelphie. L'endroit que j'ai fui, c'est cette ville.

Ça expliquait tellement de choses. La peur dans ses yeux quand il avait vu le panneau d'entrée de la ville, la capuche qu'il avait rabattu sur sa tête, et ses bras qu'il avait serré si fort contre lui, comme pour disparaître.

   — Tout va bien se passer, Jisung. On repart demain, donc ne t'inquiètes pas.

Jisung hocha doucement la tête, et lui indiqua de tourner à gauche quand le feu se mit au vert. Ils se retrouvèrent face un immeuble à la façade d'un blanc éclatant, qui pourtant avait quelques années. Jisung composa le code qui leur permit d'entrer dans le hall du bâtiment. Ils montèrent les escaliers dans un silence pesant, Jisung devant, Minho le suivait, une multitude de questions se formaient dans sa tête mais il ne voulait pas les laisser sortir. Il comprendrait bien assez tôt. Ils s'arrêtèrent au cinquième étage, face à une des nombreuses portes de l'immeuble. Jisung inspira profondément et appuya sur la sonnette. La porte s'ouvrit si lentement que Minho crut qu'il n'allait jamais voir l'habitant des lieux. Mais quand se fut fait, il fut frappé par la ressemblance frappante entre la femme face à eux et Jisung.

   — J-jisung..?

   — Bonsoir...maman...

La ressemblance s'expliquait. La forme douce du visage avec des joues bombées, leurs yeux couleur chocolat et même le grain de beauté placé sur leurs joues. Quelques rides montraient le temps qui avait passé pour elle, néanmoins, Minho était sûr qu'elle avait été une très belle femme dans sa jeunesse. Jisung tenait d'elle.

Passé le choc, la femme se jeta sur Jisung et le serra dans ses bras, répétant qu'il lui avait terriblement manqué. Sûrement que revoir sa mère après tout ce temps eut un effet sur lui, car il se mit lui aussi à pleurer et répondit au câlin de sa mère. Jisung se calma plus rapidement que sa mère, quand elle se détacha de lui, elle avait encore des larmes qui perlaient au bord de ses yeux. Et comme frappée par la foudre, elle lui attrapa les épaules, réalisant qu'elle avait réellement son fils face à elle.

   — S-si j'avais su que tu revenais, j'aurais au moins nettoyé la maison... Oh et ton père ! Je dois le prévenir que tu es rentré !

   — Ce n'est pas grave maman..., et ne préviens pas papa s'il te plaît, on ne reste qu'une nuit.

Il vit le sourire de sa mère s'affaisser à ses paroles, et il se sentait désolé pour cela. Minho et lui devaient se reposer, puis ils repartiraient aux aurores le lendemain.

   — Oh d'ailleurs je suis impolie, je n'ai même pas salué ton ami. Je suis Jodi, la mère de Jisung.

Minho s'inclina légèrement face à elle, il ne ressentait aucune hostilité dans ses paroles ni son regard. "Ami", ça coulait de source et en même temps cela blessait le cœur de Minho. Il aurait voulu être plus. Jisung ne contredit pas sa mère, hochant simplement la tête.

Elle les laissa entrer, et Jisung se fit emporter des années en arrière. La décoration n'avait pas changé après tout ce temps, les mêmes tapisseries, les mêmes meubles à l'exact endroit dont il se souvenait, rien n'avait changé. Ils se déchaussèrent en entrant, et Jisung avança droit devant lui s'efforçant de ne pas tourner la tête vers le portrait de famille qui ornait l'entrée. Alors qu'il dirigeait Minho vers sa chambre d'enfance, sa mère l'arrêta de nouveau, elle tenait quelque chose dans ses mains.

   — Il y a quelque chose que je n'ai jamais réussi à te dire, commença sa mère, juste avant qu'il ne parte se reposer dans la chambre de Jisung. Et si je ne le fais pas maintenant, je ne sais pas quand je pourrais, je ne sais pas quand tu reviendras. Si tu comptes revenir un jour...

Elle avait le regard fuyant, ce qui inquiéta immédiatement Jisung. Que lui avait-elle caché ?

   — Et qu'est ce que...c'est ? tenta Jisung, l'angoisse commençait à malaxer son ventre.

Minho se tenait derrière lui, en tant que présence réconfortante, une main posée dans le bas de son dos, pour lui rappeler qu'il était toujours là s'il avait besoin. Sa mère lui tendit alors une enveloppe à son nom, qu'il attrapa les doigts tremblants.

   — C'est une lettre de ton frère, qu'on a trouvé sur son bureau... Le jour où tu l'as découvert...