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Avec les vagues reviennent les souvenirs

TW : Description de cadavre

La marée était haute ce soir-là. Assis sur un muret qui délimitait l'entrée de la plage, Jisung fixait les rouleaux s'écraser à quelques mètres de ses pieds. Les embruns marins se perdaient dans la fumée de sa cigarette glissée entre ses lèvres. Le goût du tabac sur ses lèvres et qui s'insinuaient dans ses poumons le faisait se sentir vivant. Un poison qui enrobait ses veines de sa brûlure, le marquant tel un fer rouge apposé sur le corps. Ça faisait mal, mais ça lui rappelait qu'il vivait encore. Et c'était devenue une addiction.

Jusqu'à ce qu'il goûte à une drogue bien plus puissante et galvanisante. Les lèvres de Minho étaient égales à un met sacré, l'ambroisie des dieux et il voulait s'y noyer jusqu'à rendre l'âme. Finalement lui aussi était devenu toxicomane. Jisung pouffa à la comparaison, prit une nouvelle inspiration et releva la tête vers le ciel pour expulser la fumée qui se mêla aux nuages assombris par la nuit. Y allait-il avoir de l'orage ?

   — Ce serait bien, ça correspondrait avec l'ambiance du jour...

Le silence lui répondit, et il sourit, écrasa sa cigarette contre le muret avant d'attraper la boîte qu'il avait emmenée avec lui. Il l'ouvrit doucement, sortant de son étui un magnifique violon sculpté. Il attrapa l'archet qui l'accompagnait et le plaça délicatement sur son épaule. Archet en position. Respiration. A la première vibration des cordes, ses yeux se fermèrent et il se laissa emporter par la mélodie qui l'envahit. Il connaissait ce morceau par cœur, tant il l'avait joué. Chaque note, chaque soupir, chaque croche... Ses mains bougeaient d'elles-même alors que des florilèges d'images lui venaient en tête, tous les souvenirs qui appartenaient à la mélodie. Ils se mirent à s'animer, les notes continuaient de défiler et autour de lui tout revivait. Et sur l'apothéose du morceau, son frère apparut à ses côtés, ombre silencieuse qui l'observa religieusement. Cette musique, c'était la sienne, la dernière preuve que son frère avait existé.

Perdu dans la mélodie, Jisung se fit surprendre par des bruits de pas qui accouraient dans sa direction. Il lâcha presque son archet, le faisant couiner contre les cordes, ce qui lui fit grincer des dents. Il eut à peine le temps de se retourner, qu'il sentit des bras enrouler ses cuisses, et une tête se plaquer contre son dos. Malgré l'obscurité, il reconnut les mains de Minho qui le serrait contre lui, et son corps se détendit de suite. Ses épaules se rabaissèrent et il expira un bon coup.

   — Tu m'as fait peur...

Le souffle de Minho était chaud dans son dos, plus que l'air ambiant, et pourtant cela ne le dérangea pas.

   — Tu as cru que j'allais sauter ? Tu sais c'est un muret, impossible que je me fasse mal.

Minho se décolla, ce qui permit à Jisung de descendre du muret.

   — Tu aurais pu courir jusqu'à la mer et la laisser t'immerger.

Jisung ne répondit pas, comme s'il y avait effectivement pensé. Ce qui inquiéta encore plus Minho.

   — Qu'est ce que tu fais là Jisung ? Seungmin m'a appelé pour me dire que tu avais disparu...

   — Je n'ai pas disparu, tu vois bien que je suis là ! gloussa-t-il faussement.

   — Jisung, je suis sérieux !

Il baissa les yeux, la voix de Minho s'était faite plus forte, il n'allait pas pouvoir fuir la discussion.

   — J'avais juste besoin de prendre l'air...

Minho fronça les sourcils, il n'y croyait pas le moins du monde, trop d'éléments se contredisaient pour lui faire croire ce qu'il disait.

   — T'es un bon menteur Jisung, mais ça ne fonctionne plus avec moi. Alors parle moi, peut-être que je pourrais t'aider ?

Pour simple réponse, Jisung lui tendit la lettre qu'il avait écrite quelques heures plus tôt et qu'il avait emportée avec lui. Il était obligé d'avouer, il n'avait plus le choix.

Seul le roulement des vagues berçait la lecture silencieuse de Minho, il ne disait rien, il retenait ses émotions. Jisung se contentait d'observer l'océan, il préférait fuir la confrontation de ce que Minho était en train de découvrir. C'était son passé, sa facette la plus sombre.

Il y eut plusieurs secondes de flottement lorsque Minho eut fini de lire. Jisung se tordait nerveusement les doigts, il s'attendait à ce que Minho l'assaille de questions, qu'il lui dise qu'il n'y était pour rien, et il avait peur de ça. Il n'avait pas envie d'entendre ce genre de paroles. Tout au fond de lui, il espérait que Minho soit différent. Pour toute réponse, l'hybride se contenta de se lever et de lui indiquer qu'il allait à sa voiture.

   — Attends-moi, je reviens, j'ai ce qu'il nous faut.

Jisung le laissa faire, un peu surpris par sa réaction, mais se contenta simplement d'observer l'océan au loin en attendant son retour. Finalement les nuages noirs avaient disparu, ne restait plus que l'éclat de la lune. Minho revint quelques instants plus tard, une bouteille d'alcool à la main qu'il déboucha habilement, avant de la lui passer. Jisung l'accepta et but quelques gorgées, puis il la tendit à Minho pour qu'il puisse boire lui aussi.

   — Mon frère était mon meilleur ami en quelque sorte, commença-t-il au bout d'un moment.

Rien ne le forçait à parler, mais il sentait Minho à l'écoute, alors il voulait se lancer. Peut-être que parler changerait la donne ? Que ça lui ferait du bien ? Il n'avait jamais essayé après tout.

Il lui raconta alors ce qu'il s'était passé. Il se souvenait de cette nuit infernale. Des cris et des larmes. De la détresse qu'il avait ressenti, et qui l'accompagnait depuis. C'était pourtant une soirée banale, Jisung avait simplement décidé de passer voir son frère car il lui manquait. Il ne l'avait pas vu depuis de longues semaines et ça lui minait le moral. Il avait alors pris la direction de son domicile en début de soirée, prévoyant de dîner avec lui. Il eut un semblant de mauvais pressentiment quand il arriva chez lui, il avait sonné plusieurs fois sans qu'il ne lui réponde. "Peut-être était-il sorti" avait-il pensé à ce moment-là, il débarquait à l'improviste après tout.

Il s'était donc décidé à l'attendre chez lui et lui faire la surprise de sa venue à son retour. Il avait déverrouillé la porte avec son double des clés, et dès qu'il avait posé un pied à l'intérieur de l'appartement, il s'était rendu compte que quelque chose n'allait pas. Il faisait terriblement sombre à l'intérieur, et une odeur épouvantable de renfermé lui frappa au nez. Son frère habitait-il toujours ici ? Un pas après l'autre, il était entré, avait tâtonné pour trouver l'interrupteur du plafonnier et avait été abasourdi par le désordre qui régnait. Des chaussures avaient été jetées pêle-mêle dans l'entrée, des déchets et emballages s'y trouvaient. A ce moment-là, il avait senti son cœur battre à deux mille à l'heure, et s'était précipité dans la pièce principale. Et lorsqu'il avait découvert la fatale vérité, il s'était arrêté net, le souffle coupé et sa vie dorénavant dévastée. Sur le sol encombré de détritus, gisait le corps de son frère. Son teint était cadavérique, qui contrastait avec le bleu de ses lèvres et de ses doigts. Ses yeux étaient à moitié révulsés, et de la bave avait coulé le long de sa bouche.

A ses côtés, une seringue à moitié utilisée, qu'il réussit à lier avec le point rouge dans son coude, malgré la confusion de son esprit. Et un cri d'horreur lui avait échappé. Il était tombé au sol, ses genoux s'étaient éclatés contre le sol dans un bruit assourdissant. D'énormes larmes, semblables à des bulles de savon, avaient dévalé ses yeux qui ne voyaient que l'abomination face à lui. Et il avait crié. Encore et encore. Tellement fort que les voisins s'étaient précipités pour découvrir eux aussi l'horrible vérité. C'était eux qui avaient appelé la police et une ambulance, chose que Jisung n'avait même pas pensé à faire. Puis plus rien. Le bruit sourd dans ses oreilles avait persisté jusqu'à ce que ses parents arrivent. Ils l'avaient pris dans leur bras, mais il n'avait pas réagi, il se sentait vide. Terriblement vide. A cause du choc, il avait été admis pendant plusieurs jours dans un hôpital, dont il était sorti le jour de l'enterrement de son frère.

Se fut le regard toujours morne et l'esprit vide qu'il s'y était rendu dans sa tenue entièrement noir. Il ressemblait à la Mort elle-même. Quand il s'était retrouvé face à son cercueil, il réalisa enfin l'ampleur de la situation et les larmes étaient montées d'elles-mêmes, mais il les avait retenues pour lui faire une promesse. Celle de devenir ingénieur spatial à sa place et accomplir son rêve. Quitte à oublier le sien et lui-même.

Quelques semaines plus tard, il avait fui le domicile familial, avec pour seule note qu'il ne voulait pas être retrouvé. De toute façon, il était majeur. Et il était arrivé à San Francisco, feignant un sourire joyeux pour que jamais on n'apprenne l'horrible vérité sur son passé. Jusqu'à aujourd'hui.

Les larmes montèrent d'elles-mêmes, ses souvenirs avaient accompagné son récit, ils l'effrayaient toujours un peu, mais il avait fini par les supporter.

   — J-je n'ai même pas eu le temps...de lui dire que je l'aimais...

Un sanglot éclata de ses entrailles alors que quelque chose se fissurait en Minho, un poids qui devenait plus lourd sur son cœur. Jisung avait perdu quelqu'un de précieux, quelqu'un qu'il aimait. Le désespoir de Jisung se transposait en lui mais il ne pouvait pas craquer. Il n'en avait pas le droit. Alors, il ravala ses larmes et entreprit de caresser lentement son dos, le temps qu'il évacue sa tristesse.

Serré contre le corps de chaud de Minho, il évacua toute la peine et la souffrance qu'il avait toujours retenue ou atténuée. Elle avait besoin d'éclater, d'être criée pour qu'enfin il puisse respirer. Trop garder les choses pour lui avait été sa prison, son poison quotidien qu'il avait alimenté sans le vouloir durant tout ces mois. Mais là, il sentait enfin les embruns marins entrer dans son corps, le traverser, lui faire ressentir toute la puissance qui coulait dans ses veines, toute sa vitalité.

Minho le berça le temps qu'il lui fallut pour que ses sanglots diminuent et qu'il ne soit plus en train d'haleter. Il voulait soutenir Jisung, le protéger contre ses démons, l'aider quand il faisait une chute. Il voulait être là pour lui.

La nuit était moins sombre quand le calme retomba, Minho tenait toujours Jisung entre ses bras, il ne s'en était pas plaint. Il appréciait même ça. Ce sentiment de protection qu'il ressentait encore plus fort aujourd'hui. Les lèvres un peu tremblante, il murmura contre le torse de Minho, la constatation de ce qu'il était maintenant.

    — Je me rends compte que je n'ai jamais fait mon deuil, je suis accablé par ma faiblesse.

Minho secoua la tête, il n'était pas d'accord avec ce qu'il disait. Se confier était le premier pas pour remonter la pente. Et comme il l'avait écrit dans sa lettre, son frère allait dorénavant vivre en lui. Même si ça prenait du temps pour que ce soit totalement le cas.

   — Tu veux avancer Jisung, et c'est la preuve de ta force.

Ses mots eurent un effet sur Jisung, car Minho y aperçut enfin ce qu'il avait cru ne pas revoir. Un éclat brillait dans ses yeux embués.

Et naturellement, comme s'il ne venait pas de déverser toutes les larmes de son corps, un sourire vint éclairer le coin de ses lèvres, juste avant qu'il ne les dépose tendrement sur celles de Minho.

Et le soleil se leva, éclairant de sa lueur dorée, une nouvelle journée.


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