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Chapitre 23

Miriild ne put soutenir le regard fixe du défunt.

Même à travers le voile de la mort, Marwan de Balm semblait l'accuser. Sa dernière parole, ou du moins la dernière qu'elle ait entendue, résonnait dans le silence des souterrains du palais.

Traîtresse !

Dans l'ombre de la princesse, le regard d'Amaury n'avait rien d'innocent. Il était scrutateur, comme s'il savait, comme s'il attendait qu'elle se dénonce. La culpabilité qui broyait le visage tendre de Miriild valait davantage que ses aveux.

Amaury lui avait imposé cette visite et, sans un ordre de plus, l'avait confrontée à ce cadavre atrocement brûlé. La peau s'était recouverte de cloques, boursouflée par endroit, à vif un peu plus loin. Les mains de Miriild pendaient le long de son corps, agitées par des soubresauts. Elle pouvait presque sentir les flammes lui lécher la peau.

Amaury possédait une façon de la punir bien personnelle, dépourvue de remontrances, d'accusations. Le sadisme justifiait son silence, cette confrontation muette et insoutenable avec la mort. Elle n'était pas maquillée, elle n'était pas présentable non plus ou accommodante. Elle était hideuse, elle sentait la chair calcinée et s'offrait, impudique, au regard.

Le roi observait la scène sans traduire la moindre émotion. Il se passa de paroles, de commentaires, d'intervention.

Il laissa la princesse seule en face de ce qu'elle avait commis.

***

Un banquet grandiose avait été organisé par le roi.

Quelques jours s'étaient écoulés depuis la cérémonie avortée d'Azerys et si ce premier écueil invalidait tout désir de festoyer, Amaury avait trouvé un prétexte parfait aux réjouissances.

Nausicaa mâchait avec plus d'énergie que nécessaire. Cette occasion, qui n'était aux yeux de la Cour qu'une chance de revêtir leurs plus belles toilettes, de s'arroser des parfums les plus rares, et de plaire, de séduire, d'inquiéter au grand jour, l'agaçait prodigieusement. Elle aimait les festivités, mais l'hypocrisie de celles d'Amaury la répugnait. Elle tenait de sources fiables que le roi entendait réduire le nombre de divertissements, en toute discrétion d'abord, puis drastiquement. Lorsque l'on s'attardait sur les tables qui disparaissaient sous les plats odorants, les saveurs exceptionnelles, il était difficile d'imaginer qu'Amaury ait prôné un jour une simplicité des mœurs, des traditions, loin de la sophistication superficielle de cette Cour.

Miriild en toucha d'ailleurs un mot au roi, avec sa prudence coutumière et cette douceur dont elle enrobait la moindre syllabe :

— Ce banquet est du meilleur goût. Je ne cesse de découvrir de nouvelles curiosités de Loajess.

— Vous êtes arrivée voilà plusieurs mois, princesse.

— Lyssandre proposait moins de soirées comme celles-ci. C'est d'ailleurs plutôt curieux, compte tenu de la réputation qui vous poursuit.

Amaury fit tourner son unique bague autour de l'annuaire gauche. Il n'en portait jamais d'autres et, ce soir en particularité, il ne cessait de jouer avec, comme si son contact lui brûlait la peau.

— Cela ne semble pas déranger ceux auxquels vous avez promis toute cette simplicité, souleva Miriild, en épousant l'immense table du regard. Aucun d'eux ne semble vous en tenir rigueur.

— Vous avez une curieuse façon de présenter vos reproches, princesse.

Miriild cilla sans se laisser démonter. Elle s'était retranchée dans sa tranquille assurance souveraine. Elle n'avait rien de méprisante, elle sublimait seulement sa majesté naturelle, sa tenue impeccable et son indéniable grandeur d'âme.

— Il n'est pas en mon pouvoir d'émettre le moindre reproche à votre encontre.

— Ni de la manière dont je gouverne ce Royaume.

Le sourire d'Amaury se fit songeur.

— Vous êtes intelligente, princesse, bien plus que ce que vous le laissez entendre. Il est bien dommage que l'on se soit contenté de vous utiliser comme un pion jusqu'à présent.

— N'est-ce pas ce que vous envisagez de faire ?

Le reproche s'immisçait à peine dans la voix de Miriild. Elle était mielleuse sans que le ton ne sonne faux, sans que l'hypocrisie ne perce la surface. Comme si elle ne connaissait pas la méchanceté, la brusquerie, qu'en plus de son éducation, la princesse ignorait comment s'y prendre pour ne plus être gentille. Elle croisa le regard interrogateur de Nausicaa. Cette dernière était dotée d'une curiosité qui aurait pu la contraindre à se lever de son siège et à les rejoindre, rien que pour prêter une oreille indiscrète à la discussion. La Cour avait déteint sur elle, mais elle n'avait pas écopé du pire des défauts. En fait, Nausicaa aurait pu inculquer à Miriild quelques rudiments en matière d'impolitesse à peine voilée et de propos tranchants.

— Cette Cour est le cœur palpitant de Loajess. Si je bouleverse toutes ses habitudes oisives, faites de caprices et de décadence, il m'échappera. De même, j'ai écarté de nombreuses familles du palais, sans que cela ne s'ébruite trop.

Les purges dorées. Le terme était presque aussi charmant que les nobles qu'il concernait. Des listes avaient été établis, semaine après semaine. Ceux qui se montraient trop peu conciliants, qui ne montraient qu'un enthousiasme mesuré en public pour appuyer leur mécontentement une fois les portes closes, avaient été renvoyés dans leurs châteaux, avaient perdu leurs privilèges, étaient devenus du jour au lendemain des individus infréquentables.

Les lois de ce monde se modifiaient et si Halev n'était pas épargnée, le palais était le premier concerné.

— Sans que cela ne vire à la guerre civile, rectifia Miriild, en fuyant avec une innocente application le regard d'Amaury.

— Croyez-moi, dans une situation comme celle que nous vivons, le tourment n'est jamais loin.

Une période troublée. Depuis son accession au trône, Amaury se gardait d'employer ces termes. Ils appartenaient au passé, à une époque où Lyssandre régnait. Admettre que les difficultés lui avaient survécu revenait à reconnaître une part ridicule de l'échec.

— La Cour restera pour l'heure un idéal pour la noblesse.

— Vous vous accaparez la docilité de ces lignées.

— Je m'assure leur loyauté.

— Cela ne manque pas de pertinence.

Amaury absorba le compliment sans feindre le plaisir. Il était un stratège, un homme qui réfléchissait autant qu'il agissait, et c'était tout ce qui le différenciait de son frère. Soann avait trop souvent agi avant de songer.

— Quelques fêtes, ce n'est pas bien cher payé, en échange de la paix. Ne le pensez-vous pas ?

— Sans doute.

C'était presque une ruse, une manière de détourner l'attention de cette élite. Elle se noyait dans les délices et ne réfléchissait plus à ce qui lui était retiré. Elle ne pensait pas à se rebeller, de crainte de perdre son statut, et se battait plutôt bec et ongles pour qu'on ne lui arrache pas ses précieuses entrées, au palais, à Halev, ou partout ailleurs. Le titre de courtisans gagnait en valeur, non sans une certaine ironie.

Amaury ne laissait rien au hasard.

— Et puis, la première victoire d'un roi mérite une fête digne de ce nom.

La fête était différente de celle organisée afin d'accueillir les invités du roi ainsi que le prince. Il n'y aurait pas de danses frivoles, pas plus que de caresses inadaptées. Les nobles se tiendraient bien sagement sans prononcer un mot plus haut que l'autre. Ils chercheraient à plaire au roi, à partager sa fierté, à ne surtout pas le contrarier.

— Prenez garde à ne pas vous étouffer.

Le marquis de Laval glissa ce doux mot à l'attention de Nausicaa dont les oreilles s'empoupèrent de colère.

— Vos rivales n'en seraient que ravies.

La jeune femme but la moitié de son verre de vin afin d'avaler la nourriture qui avait manqué de l'étrangler. Il n'était pas question de faire cadeau d'un tel spectacle à Eugène.

— S'il y a bien un avis dont je me moque, c'est bien le leur.

— Elles me convoitent, ma douce... ma très douce, et vous vous en moquez.

— Plus éperdument encore que leur jalousie.

Ces mots venaient d'échapper à Nausicaa. Plutôt que de se vexer, de prendre la mouche, le sourire de prédateur du marquis s'élargit encore. Il jubilait, ravi qu'elle soit tombée si aisément dans son piège grossier.

— Ménagez-moi, mademoiselle. Dois-je vous rappeler combien les derniers jours ont été pénibles. Imaginez que je ne sois pas revenu.

— Vous avez choisi de vous intégrer à ces soldats.

— Vous n'avez jamais vu la guerre et je vous souhaite de ne jamais y être confrontée.

— C'est fort aimable à vous.

Le retour de Miriild et des soldats envoyés à Azerys, trop peu nombreux pour faire face, avait vu envoyer au Sud du Royaume des centaines d'hommes. Cette fois, le chiffre suffirait amplement. Il ne s'agirait pas d'un combat équitable si Azerys décidait de résister. L'offensive tenait du massacre et pour cause, les rares qui avaient pris les armes avaient subi une répression sanglante. La ville avait été reprise et érigée en exemple absolu. Le roi ne supporterait ni l'ingratitude ni la violence perpétrée à l'encontre de ses propres envoyés. Laval avait effectivement accompagné les délégations de soldats, mais n'avait pas pris les armes. Il avait attendu que les misérables poches de résistance éclatent et que la victoire soit prononcée.

Amaury avait gagné pour la première fois et la fête servait de rappel flamboyant à ceux qui auraient l'audace d'ignorer cette infime marque de mécontentement écrasée dans le sang.

— Estimez-vous heureuse que je n'ai pas réclamé de baiser à mon retour. Les femmes en donnent traditionnellement aux soldats.

Nausicaa laissa tomber ses couverts. Son humeur détestable ne faisait que se confirmer et Laval en jouait, certain qu'il pouvait la mener où il souhaitait dans ces conditions. Impulsive, son caractère la rendait prompte aux erreurs et aux faux pas. Des tendances sur lesquelles la jeune femme travaillait depuis des années. Le marquis s'amusait à susciter la colère, à l'alimenter, à lui soutirer des réactions enflammées pour son seul plaisir. Il jouait avec le feu, au risque de se brûler, mais dans un monde où seul l'homme pouvait triompher, les chances de Nausicaa s'élevaient à zéro. Rien ne l'empêchait de poursuivre, entre deux déclarations plus raffinées et une cour initiée dans les règles de l'art.

Eugène se situait toujours à hauteur de l'irraisonnable, mais savait se montrer poli, serviable, irréprochable. Nausicaa gagerait cependant que cette attitude ne rendait pas hommage à la nature de cette énergumène. Une nature plus violente, ivre de la révolte qu'il se ferait un plaisir de brimer, amoureux passionné des esprits libres pour mieux les écraser.

Nausicaa ignorait encore à quel point.

Elle avait eu la certitude de la mauvaiseté de Laval lorsqu'elle avait tenté de lui échapper à Halev. Il lui avait prouvé combien il savait se montrer répugnant au-delà des mots.

Avide d'occuper ses mains, Nausicaa porta un chou dégoulinant de chantilly et de crème à sa bouche. La douceur du sucre l'apaisa momentanément, jusqu'à ce que le pouce du marquis ne souligne l'ombre de sa lèvre inférieure, avant de cueillir, à la commissure de la bouche, un peu de chantilly.

— La bienséance m'empêche de me servir de ma bouche, trouva-t-il à se justifier, d'un ton qui frôlait l'indécence, la grivoiserie.

— Mon accord également, le tança sèchement Nausicaa.

— Pensez-vous qu'il suffirait à m'empêcher de faire ce qu'il me plaît ?

— Si vous possédez un soupçon de respect, ce dont je doute, vous le devriez.

— Je ne dois rien à personne, mademoiselle.

— Et les femmes vous doivent des baisers.

— Elles nous doivent bien plus qu'un chaste baiser. Elles nous doivent la protection, leur confortable situation et leur paisible existence, inconséquente, aussi, et d'autres... services dont je vous épargnerai les détails.

Le rougissement qui empourpra les joues de Nausicaa appartenait à la colère plus qu'à une gêne pudique d'ingénue. Sa main vibra contre la table et elle manqua de gifler Eugène devant tout le monde. Il le méritait, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute, mais Nausicaa avait la lucidité de penser à sa situation et aux risques qu'elle encourait si elle commettait ce geste. Le jeu n'en valait pas la chandelle.

— Je ne tiens pas à choquer vos innocentes oreilles.

Il ajouta, en se penchant vers elle, parodiant une complicité factice :

— Vous rougissez, ma chère. Auriez-vous une vague idée des détails dont je tais la nature ?

— Pour l'amour du Ciel, allez donc profiter des jalouses dont vous me parliez à l'instant, celles qui roucouleront sous vos avances et qui trouveront à leur goût vos obscénités ! s'écria Nausicaa, entre ses dents, sans alerter les autres conviés.

— Tybalt vous aurait-il déjà tenu ce genre de discours ? Il ne semblait pas tant démonstratif, d'apparence, mais l'appétit d'un homme l'approche des instincts animaux et je parie que vous l'inspiriez de pareilles promesses. À moins qu'il ne vous ait déjà touché... Dites-moi, mademoiselle, vous a-t-il déjà...

Le marquis s'interrompit. Nausicaa s'était saisie de son verre de vin et le réflexe de l'homme l'empêcha de lui jeter le contenu au visage. Elle referma ses lèvres sur une exclamation de rage et Laval trouva matière à rire. Ses doigts lâchèrent la main de Nausicaa et coururent le long de son avant-bras dénudé jusqu'à son coude. Un frisson traversa l'épiderme de la jeune femme. Elle n'avait pas peur et le marquis semblait s'être promis que cela viendrait.

— Je vous mets hors de vous, avouez-le.

— N'allez pas penser qu'il s'agit d'un compliment, même voilé.

— Personne ne vous a jamais inspiré une émotion aussi violente, avouez-le.

— Si vous parlez de mon envie d'enfoncer ce couteau dans votre carotide, eh bien oui, figurez-vous que personne avant vous ne m'avez inspiré de tels desseins.

Nausicaa prit conscience un temps trop tard que les paroles avaient dépassé la pensée. Loin de s'en formaliser, Laval dégusta l'impact de ces aveux pour lui susurrer à l'oreille.

— Vous serez pourtant forcée de supporter cet odieux caractère et moi d'endurer le vôtre. Les promesses que je vous réserve seront aussi éternelles que celles qui vous attendent devant l'autel.

Le mouvement de recul de Nausicaa fut d'une violence sans nom et il abattit sa main sur sa cuisse pour l'empêcher de fuir. Ses doigts remontèrent un peu trop loin, avant qu'il ne mette fin à ce jeu en articulant :

— Patience, encore un peu de patience.

Quelques mètres plus loin, en bout de table, Miriild avait renoncé à chipoter son dessert. Elle n'était pas sollicitée par ses voisins de table et se consumait d'ennui. Il n'y avait pas de danse, pas de spectacle. Les festivités s'étaient drapées d'une certaine rigueur. Amaury tenait à rappeler, par les plus petits détails, qu'il avait réussi là où son neveu avait échoué. L'exemple d'Azerys allait faire le tour de Loajess jusqu'à atteindre les oreilles de Lyssandre. De quoi le gratifier d'une victoire supplémentaire.

— Princesse, l'apostropha soudain Amaury.

La jeune femme se redressa, la nuque raide sous les épingles qui s'enfonçaient dans son cuir chevelu.

— Je vous ai menti.

— À quel sujet ? s'enquit-elle, sans rien exprimer de son trouble.

— Marwan de Balm vivait toujours lorsqu'il a atteint l'enceinte du palais. Du reste, il vivait assez pour me conter ce qu'il s'est réellement produit à Azerys

Les yeux de Miriild s'arrondirent pour souligner l'éclat gris de son regard. L'éclat et la peur qui s'y était logée. Elle était perdue.

Le regard de Marwan s'imposa à elle et elle eut un haut-le-cœur qu'elle étouffa dans sa serviette.

— Retenez que je suis un homme d'honneur doublé et je n'ai pas la mémoire courte.

— Je n'ai jamais souhaité sa mort.

— Si je l'avais cru, vous ne seriez plus là pour me convaincre de votre innocence.

Miriild ne tenta pas de se défendre, de marteler des arguments qu'elle savait creux. Amaury ne lui en laissa d'ailleurs pas l'occasion. Il se leva et malgré l'animation de l'immense tablée, il obtint immédiatement l'attention de tous. Les conversations ne se contentèrent pas de s'éparpiller. Elles se turent.

— Chers convives. Nous avons débuté ces réjouissances par la récompense offerte aux valeureux hommes envoyés à Azerys et revenus triomphants. Je souhaite achever ce banquet par une annonce de la plus haute importance. Deux, pour être exact.

Laval avait bombé son torse, décoré d'une médaille dorée, et n'en finissait plus de sourire. L'excitation qu'il trahissait le rendait fébrile au point où il trépignait presque sur son siège.

— Je vous annonce les fiançailles du marquis de Laval et de la baronne de Meauvoir... Ainsi que les miennes avec la princesse Miriild de Déalym dont j'ai décidé de faire ma nouvelle reine ! 

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