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Chapitre 20

[Voici un encrage d'un dessin de Lyssandre (et je vous laisse imaginer à qui appartient la main sur sa joue :3)]

Là où Miriild s'était préparée au chaos, le silence céda sa place à une agitation muette. Une sorte d'inconfort à peine suggéré.

Les habitants d'Azerys manifestèrent ainsi leur culpabilité.

Marwan, qui semblait être de cet avis, jura entre ses dents. Un carreau d'arbalète s'était logé dans la chair de l'homme juste à côté de lui. Un soldat qui ne s'écroula pas, mais dont le cri paralysa l'assemblée tout entière.

Miriild réalisa que la gerbe de sang n'était pas la sienne, tout comme le cri n'appartenait pas à Marwan. Qu'importait qui avait été visé, le seigneur de Balm aurait sans doute recevoir le carreau, l'acte était impardonnable.

— Que personne ne bouge ! Tous, dénoncez le coupable !

Priam s'était tendu. Déjà, dans l'ombre de Marwan, on évacuait le blessé. Son regard courut sur l'assemblée dense qui grouillait à leurs pieds. Un calme relatif y régnait encore, mais pour combien de temps ? Il s'agissait peut-être d'un individu isolé, pas de quoi condamner au courroux royal plusieurs centaines de civils. Si le jeune seigneur ne prenait pas gare, ils perdraient le contrôle de ces gens comme Halev naguère.

Priam ne pensa pas à l'image de son père qui risquait d'être compromise, mais aux risques qu'ils prenaient tous, ainsi exposés. Amaury n'avait pas pris de mesures suffisantes pour assurer la protection de ses représentants. Le peuple s'était rassemblé en plus grand nombre que ce qu'il avait estimé et l'habituelle vigilance du roi avait cédé sous l'impulsion d'une assurance excessive.

Amaury avait commis une cruelle erreur.

— Personne ne bouge ! Amaury reconnaît votre peine, votre douleur, et c'est ainsi que vous le remerciez ? En essayant d'abattre ses représentants officiels ? Cette cérémonie a été organisée pour vous, pour les victimes de la guerre. Jusqu'où s'élève votre ingratitude ? Nous devrions vous abattre un à un jusqu'à ce que le coupable soit dénoncé. Le crime que vous venez de commettre est inacceptable. S'en prendre aux soldats de sa Majesté, aux envoyés du roi, cela revient à s'attaquer à la personne du souverain en personne !

Miriild s'était immobilisée. Elle se surprenait à craindre davantage les paroles de Marwan que les réponses de la foule. Avait-il perdu l'esprit ?

— Amaury projette de supprimer l'ordre qui vous a brimé durant des décennies, durant des siècles, et qui a causé la guerre qui vous a tant fait souffrir.

Un homme, posté non loin de la terrasse, s'agita. Il mourait d'envie de rétorquer, cela crevait les yeux. Pourtant, pour une raison que Miriild ne s'expliquait pas, il garda le silence.

— Aucun de vous ne bougera de cette place avant que nous ayons mis la main sur le coupable de ce crime.

Il n'y avait pas de cruauté dans la démarche suivie par Marwan. Priam se demanda si Amaury avait anticipé une telle possibilité et qu'il avait dispensé au seigneur des indications privées. Une part de l'adolescent fut froissé par cette perspective. Son père préférait se remettre entre les mains d'autres que lui. Il s'était contenté de missionner son fils comme s'il lui proposait de prendre l'air, se changer les idées, c'était la manière dont il l'avait présenté à Priam. Cette cérémonie n'avait pas besoin de lui, même si elle permettrait de diffuser l'image du jeune prince. Le futur héritier, un bâtard à la peau trop sombre.

Le cœur de Priam s'engourdit. Marwan avait lâché le bouquet de fleur dont on l'avait affublé et le piétina presque. Après tout, quel sens conserverait cette cérémonie ridicule à présent ? C'était Azerys elle-même qui avait choisi de ruiner ses chances et son propre hommage.

Priam bondit en direction de Marwan. Il se devait de le raisonner avant que la situation ne dégénère. Le silence glaçant du peuple après que le carreau ait été tiré ne lui inspirait rien de bon et l'adolescent commençait à se familiariser avec la violence. Avec le bref instant qui précédait celui qui verrait la paix voler en éclats. L'instinct de Priam lui soufflait que l'individu ne s'arrêterait pas là, qu'il ne s'agissait pas que d'un simple avertissement. À mi-voix, il glissa à Marwan :

— Ne faites pas cela !

Le seigneur de Balm eut un mouvement de recul. Tous les regards étaient posés sur lui, il n'avait pas droit au moindre faux pas sous peine d'être discrédité. Il ne pouvait pas permettre de voir son autorité saper par un adolescent, fusse-t-il le prince.

— Reculez d'un pas, prince, ou suivez mes instructions.

— Ne faites pas cela, répéta Priam, encore plus bas. Ils sont trop nombreux, si... si à un moment ou à un autre, le contrôle de la foule nous échappe... Nous sommes perdus.

— Cela n'arrivera pas.

Priam secoua la tête. Pourquoi s'entêtait-il ? Ce silence de mort lui glaçait le sang, il n'avait rien de naturel, rien de rassurant non plus. Le peuple ne les aidait pas, son mutisme était le pire des avertissements. Le plus criants d'entre eux.

— Nous avons un dicton, sur nos îles, qui dit qu'un chien reconnaîtra toujours la voix de son maître.

Le seigneur de Balm ajouta, un ton plus haut :

— Amaury n'acceptera aucun échec. Je me plie aux ordres de mon roi.

Faites-en de même.

Priam frémit et abdiqua. Marwan ne se laisserait pas convaincre par un gamin, persuadé qu'il serait plus à même de venir à bout de la situation.

Priam sut qu'abdiquer les condamnerait. Pourtant, l'insupportable prétention de Marwan le poussa dans ses retranchements, vers un acte égoïste et passif.

Marwan ordonna à ses soldats de fendre la foule. Priam et Miriild descendirent de la terrasse pour s'inviter entre les habitants que les hommes avaient écarté sans ménagement. Les Oiseaux se déployèrent sous les yeux de Miriild. Elle ne pouvait s'empêcher de trouver ce spectacle terrifiant. Ils étaient pourtant bien trop peu nombreux.

Marwan était remonté sur la plateforme et admirait la vue. Au fond, il donnerait volontiers raison à Miriild. Cette histoire n'était peut-être pas triste, mais Azerys prospérait moins bien qu'il ne l'avait cru. Le soulèvement n'était pas né d'une volonté de se rebeller, par esprit de contradiction, mais d'un mal profond que la princesse ressentait au contact de ce peuple. Une vibration, un type de langage qui surpassait la parole, un désespoir qu'elle ne connaissait que trop bien.

Miriild, les mains reposant sagement sur ses cuisses, marchait sans se presser. Elle s'était à peine éloignée de la terrasse et une cohorte de soupçons l'accompagnait. Les habitants d'Azerys s'étaient retranchés dans un mutisme inexplicable. Il refusait de livrer le coupable, soit, peut-être craignaient-ils des représailles. La princesse ne pouvait s'empêcher de creuser une autre hypothèse, quelque chose de moins louable. Les mentons hauts, les premiers rangs étaient occupés par de fortes têtes qui paraissaient défier l'autorité du roi. Les autres fuyaient les regards des soldats avec une application de coupables. Ou du moins de complices.

Ce carreau d'arbalète suffirait à mettre le feu aux poudres.

— Dénoncez-le, souffla Miriild, à l'attention d'une femme qui tenait un nourrisson contre son sein. Dénoncez le coupable. Si vous entachez la réputation du roi, vous en payerez les conséquences.

— Il en faut bien un qui paie, hoqueta la femme, si bas que la princesse dut tendre l'oreille.

Et Azerys était habituée à payer. C'était comme si son peuple avait soudainement décidé qu'à cette occasion, elle payerait pour une honnête raison. Si elle devait subir les conséquences, alors elle serait véritablement coupable.

Le désespoir que la princesse lut dans les yeux de la femme lui retourna le cœur.

— Le jeu n'en vaut pas la chandelle, murmura-t-elle, en vain.

Qu'en savait-elle ? Le regard habité par la détresse de cette inconnue semblait lui demander sans paroles. Sans paroles parce qu'elle n'aurait pas pu le crier assez fort.

— Là ! Seigneur, on le tient !

Miriild se redressa. Marwan triomphait. C'était un tour de force qu'il exécutait, une manière d'asseoir sa propre autorité comme Amaury l'avait demandé. Il y avait, dans ses actes, un désir de reconnaissance qui correspondait à celle d'un fils pour son père.

La princesse se retourna et son regard chemina entre Marwan et le peuple. Marwan, le peuple, le peuple et Marwan. Elle sut alors ce qui la dérangeait tant dans l'attitude de ces habitants sans doute paisibles, sans histoire.

Aucun n'avait tenté de fuir, comme s'ils savaient qu'ils s'en sortiraient tous s'ils suivaient les indications dispensées. Ils semblaient attendre.

La femme qui lui avait répondu venait de se détourner. Le message était limpide : elle ne se mettrait pas en danger. Pas plus que ce que sa simple présence supposait.

— Éloignez-vous, lui intima un homme entre ses dents.

Sans comprendre, Miriild lui adressa un regard confus. S'éloigner ? Pourquoi ?

— Pour l'amour du Ciel, éloignez-vous donc ! Vous ne méritez pas de crever !

La princesse anticipa le mouvement de la foule. Tranquillement, sans se presser, elle recula de plusieurs mètres et se déroba sous le regard de Marwan. Il comprit qu'il avait été dupé trop tard et ses yeux se plantèrent dans ceux de Miriild pour y lire l'empreinte qu'il avait redouté. Elle savait.

Alors, la structure en bois qui enveloppait la terrasse et qui supportait tous les bouquets de fleurs s'embrasa.

Une étincelle avait suffi pour que le peuple silencieux n'admire l'hommage mémorable qu'il offrait à ses morts.

Au-dessus de leurs visages, des nuages s'étaient agglutinés pour constituer une présence menaçante. Comme un grondement lointain, l'écho de la tempête à venir.

La structure prit feu et avant que les cris de Marwan ne rejoignent les crépitements du bois léché par les flammes, la voix du seigneur de Balm s'éleva pour clamer :

— Traîtresse !

Miriild recula d'un pas et l'homme qui l'avait averti lui glissa encore :

— Fuyez, vite !

Il n'était pas certain que le courroux d'Azerys ne l'épargne et pour cause, Priam était aux prises avec plusieurs individus. Ceinturé par l'un d'eux, l'adolescent se débattait, hébété par une situation dont il avait, lui aussi, sous-estimé la gravité. On projetait de le jeter au cœur de ce bucher gigantesque. Piégé à l'intérieur, Marwan ne serait pas le seul à périr.

Miriild rejoignit Priam et poussa sur sa voix pour être entendue :

— Lâchez-le ! Pitié, lâchez-le... Nous nous en allons, nous quittons Azerys.

Un refus net et sans bavure, ponctué par un coup dans l'estomac de Priam, puis une hésitation, et enfin, alors que les premiers hurlements de désespoir montaient jusqu'au ciel, que les flammes s'élevaient elles aussi, un des hommes lâcha :

— Azerys n'a pas besoin d'un roi pour pleurer ses morts, et certainement pas d'un qui a gagné la Couronne en se salissant les mains.

— Amaury ne mérite pas son trône, mais vous vous en prenez au mauvais coupable. Vous avez votre coup d'éclats, le roi ne peut plus l'ignorer, mais épargnez ce garçon. Il n'a aucun tort sinon de ne pas être né où il le fallait. Vous connaissez ce sentiment, alors laissez-le !

Miriild s'était exprimée d'une voix claire, les poings serrés pour réduire les tremblements. Elle n'avait jamais eu l'opportunité de s'exprimer en sa qualité de reine, mais la manière dont l'homme consentit à libérer Priam, imité par ses camarades, l'amena à penser que ces mots auraient pu appartenir à la reine qu'elle n'était jamais devenue.

— Dites à Amaury que c'est que le début. Que sa maudite clameur, on en fera son pire cauchemar.

Longue vie au roi...

Il y avait longtemps que Miriild n'avait pas entendu ces mots. Cette ironie rude et cruelle. Elle se contenta d'acquiescer, de saisir le bras de Priam et de presser le pas. Elle ne put toutefois s'empêcher de jeter un regard derrière son épaule.

Ce qu'Amaury avait enclenché reviendrait le hanter. Ces clameurs, il en avait fait sa marque, tout comme les mises en scène sordides, absurdes. Loajess lui rendrait sa furieuse ironie.

Là où Amaury avait créé des exemples de violence et de mises en scène sanglantes, Azerys lui rendait la politesse.

Les pétales de fleurs se consumaient sur la terrasse. Son piège s'était refermé sur Marwan et les flammes ne lui avaient laissé aucune issue. Sous les regards impuissants des Oiseaux, le feu dévorerait tout.

***

Le souffle court, le chevalier se savait traqué comme un animal. Depuis le lever du soleil, il sentait la proximité d'un ennemi peser sur ses épaules.

Désormais, il était tout proche.

Il s'était retranché dans l'une des cavités inscrites dans la roche, conscient que cette course poursuite le mènerait à sa perte.

Les hommes lancés à sa recherche examinaient désormais la roche avec attention, s'approchaient de celle où leur proie avait disparu quelques deux heures plus tôt.

— Il est déjà loin, on perd notre temps à passer cette zone au peigne fin.

—Le roi a ordonné sa capture. Si on revient bredouille, tu verras pas tes marmots avant la nouvelle année, crois-moi sur parole.

— Tout ça pour un foutu gars, même pas le roi.

— Il peut nous mener au roi. Si on lui met la main dessus, il crachera le morceau.

La torture déliait les langues, même les moins causantes, le chevalier en savait quelque chose.

Il retint son souffle. Les trois hommes examinaient la pierre et il avait déjà évalué lequel serait le plus difficile à éliminer. Le plus silencieux, le plus appliqué, celui qu'il lui donnerait le plus de fil à retordre. Les doigts refermés sur son poignard, le soldat établit qu'il garderait celui-ci pour la fin.

Il jaillit alors de la cavité à l'instant où l'un des hommes y posa la main, à l'instant où les feuillages se dérobèrent pour le dévoiler.

Il en jaillit comme un diable de sa boîte et, plutôt que de trancher la chair, il abattit le bout du manche contre la mâchoire du premier ennemi, à hauteur de l'oreille. Le coup fut assez puissant pour le désorienter. Le chevalier envoya sa jambe dans une torsion précise en pleine poitrine. Il en oublia ce qu'il restreignait ses coups lorsque l'autre homme chargea. Il ne se laissa pas acculer, mais ce fut cette fois sa lame qui rencontra la chair.

Et un cri qui résonna à travers la forêt.

Le premier soldat se relevait que déjà le chevalier ceinturait le second, touché à hauteur de la poitrine, pour envoyer son corps contre celui qui s'élançait à sa rencontre. Ils s'écrasèrent ensemble, corps et membres liés, contre la paroi rocheuse.

Ils s'affalèrent, inertes, et le chevalier établit qu'il s'en était débarrassé.

Le dernier avait observé ce simulacre de combat avec attention. Il ne se laisserait pas prendre aussi aisément. Le premier coup fut esquivé, le second aussi, mais le dernier accula le chevalier contre l'écorce d'un arbre. La lame fila droit en direction de son visage, prête à porter le coup mortel. Il avait faibli et l'ennemi entendait en profiter, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer son coude dans celui du dernier soldat pour dévier son coup. La lame s'enfonça dans l'écorce et le poing du chevalier cogna le visage quelconque de l'homme juste sous le menton.

Un coup susceptible de souffler un sérieux chaos dans les idées de son adversaire. En exprimant tout l'air de ses poumons, celui-ci enfonça son poing dans l'estomac du chevalier. Sans préméditation, sans technique élaborée. Un coup simple qui portait ses fruits, puisque cette mince diversion permit au soldat d'Amaury de pousser le fugitif dans ses retranchements et de le faire rouler à terre. Épinglé au sol, le chevalier essuya un coup, puis un second. Les mains de l'Oiseau agrippèrent sa gorge. La pression exercée aurait pu briser l'os, broyer la chair, à défaut de quoi elle se contenta de comprimer sa trachée, de l'étouffer à petit feu.

Patiemment, Cassien attendit que son ennemi baisse sa garde pour s'animer à nouveau. L'asphyxie lui avait laissé à peine assez de force pour risposter. La douleur qui irradiait de son visage l'y aida considérablement. Ses jambes bloquèrent celles qui l'écrasèrent et il décomposa à peine sa manœuvre. Il agrippa l'épaule de l'autre et, après l'avoir plaqué contre le sol glacé, il écrasa son genou contre l'omoplate de l'homme. Il n'eut pas le temps d'implorer la clémence du vainqueur. Toute culpabilité effacée, le chevalier enfonça son poignard au sommet du doigt, à la naissance de la nuque, avant de se relever.

Dans ces instants, l'humanité s'évadait. Il redevenait un être dont les actes étaient dictés par la survie, par le devoir, par la violence. Ses pensées se réduisaient à un courant de réflexion, lui-même axé sur les actions brèves, immédiates.

D'un geste très calme, trop sans doute, il essuya sa lame avant de la glisser dans son étui. Il avait rassemblé quelques idées et s'était décidé à poursuivre sa route vers le Nord. Quelques hommes d'Amaury y étaient dispersés. Plus isolés que les autres, il pourrait espérer aller à leur rencontre.

Se mesurer à eux sans que le duel ne s'achève dans le sang et toucher au but.

***

Lyssandre ne cherchait pas le sommeil, persuadé que cette ombre enjôleuse n'aurait pas pitié de lui avant de longues heures. Encore entièrement vêtu, il s'abîmait dans ses réflexions oisives. Les paroles de Tryarn résonnaient en lui, emplissaient la pièce de leur vérité.

Il avait préféré la parole aux actes et les mois écoulés lui en avaient offert la preuve. L'action rimait avec un danger qu'il ne maîtrisait pas et pour un homme qui ne contrôlait rien, surtout pas sa propre vie, une prise de risque supplémentaire n'avait rien d'anodin. Toutefois, il prenait conscience de la limite qu'il s'imposait, qu'il franchissait peu à peu, à coup d'accès de courage aveugle qu'il regrettait, mais cette faille – encore une ! – lui pesait.

Lyssandre présumait que le dîner avait pris fin à son départ, tout comme il supposait que Cassien ait été raccompagné jusqu'à sa cellule. Ces éclats lui permettraient d'obtenir un répit, au moins jusqu'au lendemain, et un peu de calme pour réarranger sa pensée. Le calme du couvent, sa chambre dépouillée de breloques, d'armoires sculptées, lui manquaient déjà. Aller à l'essentiel lui avait permis de se centrer sur ce qu'il était sans fioriture, sur le fond de sa pensée, et lorsqu'une situation complexe se présentait, n'importe qui aurait besoin d'un coin aménagé, vide, comme celui-ci, pour s'y retrouver.

Face à face avec la vérité crue, laide, authentique.

Lorsque deux coups furent portés au battant de la porte, Lyssandre sursauta et bondit sur ses pieds. Il suspendit son geste, la main posée sur la clenche et retint son souffle pour taire ses appréhensions. Tryarn aurait pu lui demander des comptes pour ce repas manqué, Artell aurait pu souligner sa médiocrité, et Lyssandre n'était pas certain de le supporter.

Il découvrit Cassien sur le pas de la porte. Immobile le plus naturellement du monde, celui-ci paraissait quémander l'accès, ou l'exiger. Le prince s'écarta en balbutiant :

— Vous... Vous ne devriez pas être ici.

Le chevalier cilla. Si Lyssandre ne le connaissait guère, il aurait pu le croire chamboulé. Il ne s'aventura pas plus loin dans la pièce et d'un mouvement qui aurait pu trancher la carotide de Lyssandre, il fit glisser une lame le long de son bras, referma ses doigts sur le manche avec la dextérité de celui qui décortique chaque geste, et la pointe de la lame fendit l'air jusqu'à s'arrêter à un fil de sa peau.

À un souffle.

— Qui... vous... envoie ?

La rage n'avait pas quitté Cassien, à croire qu'elle l'avait forgée. À croire que le chevalier loyal, dévoué, désintéressé au point de sacrifier sa propre vie et même davantage, n'avait jamais existé. Que cette chimère avait été créée par la solitude de Lyssandre.

Cassien lâcha, d'une voix où sourdait la menace :

— Elle m'a ordonné de vous tuer. 


Bonne année à tous et à toutes ! Je vous souhaite plein de belles choses et, bien entendu,  la santé ! J'espère que vous avez fêté dignement malgré les restrictions et que 2021 a bien commencé pour vous tous.

Je vous embrasse <3

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