Chapitre 72
Cela devait faire une heure qu'Inacio s'était réveillé. Soraia était collée contre lui, jambes et bras enroulés autours de son corps. Il n'avait pas bougé d'un millimètres pour ne pas réveiller la brunette qui était visiblement en grand manque de sommeil.
Elle avait les cheveux doux. Il les caressait depuis de longues minutes, sans jamais s'en lasser. L'odeur de lilas qui émanait d'elle emplissait ses narines.
Petit à petit, la jeune femme se réveilla. Elle ouvrit timidement les yeux et rougit immédiatement en se rendant compte qu'elle était littéralement collée au mafieux. La brunette recula doucement pour observer le visage masculin.
Le jeune homme se pencha pour venir l'embrasser sur le coin des lèvres. Surprise, elle eut un léger mouvement de recul alors qu'un frisson chaud traversait son épiderme.
Déçu de cette réaction, le visage d'Inacio se ferma.
- Désolé je... c'est... j'ai du mal à y croire. Bégaya-t-elle.
- Tu regrettes ? Avait-il demandé froidement.
Tu regrettes qu'on se soit embrassé jusqu'à s'en étouffer ? Qu'on ait dormis ensemble, l'un contre l'autre comme dans un pathétique roman à l'eau de rose ?
- Non ! Non... Elle sourit et vint poser sa main sur la joue masculine avant de continuer :
- C'est pour de vrai ?
- De quoi ?
- Toi, moi...
- Nous ?
Elle baissa les yeux, peu confiante, alors qu'elle chuchotait sa réponse :
- Oui...
- Bien sûr que c'est vrai.
Elle releva la tête, iris brillants de bonheur. Un magnifiques sourire se dessina sur son visage. Un fourmillement parcouru le corps d'Inacio. Soraia était là, contre lui, encore ensommeillée, si belle.
Elle était avec lui. Elle était à lui.
À lui et à personne d'autre.
Cette idée le combla et vivement, il se baissa pour l'embrasser. Elle avait les lèvres douces, sucrées, timides. Les mains du garçon vinrent se poser sur le cou de féminin pour l'encadrer, alors qu'elle penchait la tête et orientait son corps de manière à l'inviter à venir la surplomber. Le garçon ne se fit pas prier pour se placer au-dessus de la portugaise, continuant à l'embrasser. Elle semblait si frêle. Leurs langues se retrouvèrent et il vint brusquement poser l'une de ses mains sur le ventre de la brunette, soulevant son tee-shirt au passage.
Ses caresses vinrent toucher la moindre parcelle de sa peau, le creux de ses reins. Il la sentit se cambrer sous lui ce qui procura un millier de frisson dans sa nuque et son bas ventre.
Avide de sa peau, il arriva jusqu'à la courbe de ses seins pour venir les caresser lentement. En même temps, Inacio avait quitté la bouche de la jeune femme pour s'attaquer à son cou. Mordillant sa peau, remontant jusqu'à l'oreille.
Elle soupira, alors que ses petites mains s'agrippaient à son dos.
Le mafieux finit par se redresser et les deux amants s'observèrent longuement, sans un mot. Comme pour mémoriser le moindre détails sur le visage de l'autre, gravant cette image à tout jamais dans leur esprit.
- Depuis le temps que je rêvais de ça. Susurra le brun au bout de longues minutes.
- Je ressens quelque chose pour toi, Inacio. Avait-elle dit sur un ton tremblotant. Et toi ?
Face à cette question, le visage de l'homme se figea. Il serra les dents et sa mâchoire craqua.
- Je suis un mafieux haut gradé. J'ai été éduqué à ne rien ressentir.
Tu es un Osabio ! Lui hurlait dessus sa conscience, comme pour le réprimander.
Il se leva, tiraillé par ce qui se passait dans sa tête, mais surtout dans son cœur. Comme pour se persuader lui-même, il continua à voix haute :
- Je ne suis pas un héro de dessin animé, Soraia. Le vilain méchant qui a eu le cœur brisé ce qui l'a rendu distant, et hop l'héroïne va recoller les petits morceaux.
- Tu as eu le cœur brisé ? Chuchota-t-elle d'une petite voix.
- Non, jamais justement ! Merde c'est à mon père que c'est arrivé. Ma mère est morte, mais ça ne m'a pas anéanti, ma sœur est morte ça n'a rien changé ! Je n'ai jamais aimé de femme, on ne m'a jamais trompé, quitté ! Ce que je veux dire, Soraia, c'est que cette personnalité que j'ai, c'est moi ! C'est moi tout entier comme j'ai toujours été et comme j'aime être. Et toi... Il baissa d'un ton, cessant de crier. Et toi tu viens tout gâcher. Chuchota-t-il d'une voix rauque.
Il se regardèrent dans les yeux.
De la détresse. Voilà ce qu'on y lisait.
Puis Inacio quitta la chambre en silence, claquant la porte derrière lui.
Laissant seule une jeune femme dont le cœur déjà bien maltraité par le temps brûlait de l'intérieur. Et ça faisait mal. Extrêmement mal.
La brunette n'eut même pas la force de pleurer. Elle se leva fébrilement et jeta à l'autre bout de la pièce le tee-shirt que l'homme lui avait prêté pour dormir. Ses yeux croisèrent son reflet dans le miroir. Elle ne put s'empêcher de se haïr. C'était à cause d'elle que tout allait mal, elle était incapable de gérer sa vie. C'était tellement pathétique.
Elle qui rêvait d'un avenir sans personne, pas d'attachement, pas d'amour.
Elle venait de risquer sa vie pour deux hommes.
T'es pas dans la merde. Lui maugréa sa petite voix alors qu'elle se dirigeait de manière robotique vers la salle de main pour prendre une bonne douche froide. Avec un peu de chance, ça allait mettre ses idée dans l'ordre.
Lorsqu'elle descendit dans le salon, les deux hommes avaient disparus. Probablement étaient-ils à la salle de sport au sous-sol. De manière robotique, elle ouvrit la porte d'entrée. Dès le matin, l'atmosphère ambiante était assez chaude.
La brunette n'eut même pas le temps de faire un pas à l'extérieur que deux boules de poils se jetaient sur elle en jappant. Elle sourit, en enlaçant les deux gros carnivores contre elle.
C'était pareil hier, alors qu'elle s'était introduite dans la villa, les loups avaient semblés la reconnaitre, et même être heureux de sa présence. Un petit feu de joie s'alluma dans son cœur alors que Nitro, le mâle, lui léchait la joue.
- Salut, toi. Dit-elle d'une voix enrouée.
- Tu sais pourquoi Inacio est comme ça ?
L'animal dressa les oreilles, attentif, tandis que la femelle entrait dans la maison en courant.
- Ehhhh attends ! T'as pas le droit d'entrer !
Mais peu attentif, Glycérine continua sa petite escapade, la jeune femme à ses trousses. Elle bondissait partout comme un jeune louveteau, langue pendante, visiblement fière de sa bêtise.
Très vite, la louve arriva dans le salon et se jeta sur la canapé pour s'y rouler.
- Descends ! Olala descends je fais me faire tuer ! Cria Soraia, à moitié paniquée, en voyant tout le remue-ménage que l'animal faisait.
Impuissante, la jeune femme vit Nitro se joindre à la fête.
Les coussins n'étaient plus des coussins.
C'était un tat de... plumes et de mousse.
Son visage se décomposa.
- Je prends le prochain avion c'est décidé. Maugréa-t-elle en s'écroulant entre les deux loups qui s'étaient calmés. Sa tête tomba en arrière et elle observa le plafond.
- Vous vous rendez compte ? Je reviens, je tombe comme une idiote dans ses bras. Tout ça pour qu'il me rejette.
Nitro se blotti en boule contre elle alors que Glycérine posait sa tête sur ses genoux. Elle sourit en les caressant doucement.
- Pourquoi il me rejette hein ? Oui, oui je sais Joâo n'a plus d'émotions. Et Inacio veut arriver au même stade et... je... je suis un obstacle ? Mais il croit peut-être que c'est facile pour moi, que j'ai choisi d'être attirée par lui ? C'est tout sauf facile !
Durant ce temps, les deux frères étaient bel et bien à la salle de sport. Inacio se décharnait depuis une heure sur un sac de frappe, à mains nues. Ses poings en sang continuaient à frapper sur le tissu rugueux. Joâo finit par s'interposer :
- Arrête ça. Dit-il froidement.
- Arrête quoi ? Renchérit son cadet d'une voix hargneuse.
Il lui lança un regard glacial en guise de réponse.
- Parce que tu crois pouvoir me donner une leçon sur ce sujet hein ! Continua Inacio en bousculant son ainé par les épaules. Tu crois pouvoir me dire d'arrête de chercher un défouloir alors que tu es le premier à aimer cette douleur qui t'imprègne quand tu cognes sur quelque chose !
- Nace. Gronda le futur Parrain.
- Toi tu as réussi ! À être à la hauteur ! À supprimer toute cette merde ! Moi, je dois vivre avec, et essayer de les refouler comme un con parce que je n'ai jamais atteint ton niveau.
- Et alors ?
- ET ALORS JE SOUFFRE MOI ! Hurla-t-il à plein poumon, comme un lion enragé. Joâo lui lança un regard noir, et d'un seul coup fit filer son poing à une vitesse d'enfer, jusqu'à ce qu'il percute violemment la mâchoire de son cadet. Celui-ci recula d'un pas, sonné.
- La souffrance est toujours là, Inacio.
Le futur Consigliere se rua sur son frangin, cognant son épaule de son poing ensanglanté. Il n'avait même pas mal.
- Tu l'aimes. Continua sèchement Joâo.
Les coups fusaient, et très vite le premier fils se retrouva plaqué contre le mur, face à son Consigliere qui lui cracha :
- JE NE L'AIME PAS !
- Ouvre les yeux, tu es aveuglé par ta connerie.
- Quelle connerie ? Celle de vouloir effacer mes émotions ?
Joâo essuya rapidement le filet de sang qui coulait de sa bouche, avant de donner un violent coup de genoux dans l'estomac de son interlocuteur qui se plia en deux.
- Tu veux perdre ton humanité.
- Comme toi, ce que tu as fait. Grogna-t-il en se redressant et venant frapper le cou de son ainé. Ce dernier eu la respiration coupé durant quelques secondes et finit par se redresser, un mauvais rictus tracé sur ses lèvres.
- Tu seras plus heureux avec elle.
- Toi aussi ! Reprend là donc alors !
- Mais je ne veux pas être heureux. Ricana le brun.
- Et qui te dis que moi je le souhaite ? Lui répondit froidement son interlocuteur.
Ils se tenaient, droits, l'un en face de l'autre. Ayant pour une courte durée cessé de se battre, les deux frères jugeaient, leurs corps meurtris. Ils ne s'étaient pas loupés.
- Parce qu'elle, elle le veut son bonheur. Elle le veut avec toi.
- TU MENS !
Et Inacio se rua une nouvelle fois sur son frangin. Ils tombèrent tous deux à terre sous la force de l'impact et firent des roulés boulés sur plusieurs mètres, tout en s'acharnant l'un sur l'autre à coup de poings.
Les mafieux finirent par se relever, le corps tremblant d'adrénaline. C'était rare qu'ils se battent ainsi, et lorsque ça arrivait ce n'était pas une dispute à proprement parler. Ils continuait à s'aimer, se soutenir. Mais justement, parfois en venir aux mains faisait passer des messages bien plus lucides que les mots. Ils se regardèrent longuement dans le blanc des yeux. La tension était telle qu'on aurait presque pu la voir à l'œil nu se mouvoir entre eux.
- Avant, les Parrains et leur entourage ressentaient les choses comme tout le monde. Ce n'est que papa qui a décidé de rompre avec les émotions. Ce n'est pas parce que j'ai décidé de faire de même que tu es obligé de suivre ce chemin.
- Le meilleur de moi-même est présent quand j'enferme mes émotions.
- Tu n'as jamais essayé de faire autrement. Lui répondit Joâo d'une voix menaçante, tout en lui foutant une belle droite. L'homme ne cilla pas, laissant juste sa tête balancer sur le côté sous la force de l'impact. Il cracha à terre le sang lui imprégnait sa bouche.
Le silence envahissait la pièce. On entendait juste le bruit que faisait leurs respirations saccadées. Leurs torses se levaient et s'abaissaient au même rythme que leurs poumons s'emplissaient d'air. Ils luisaient, sous le mélange de sueur et de sang qui les recouvrait.
Le futur Parrain finit par s'emparer calmement de deux serviettes et il en lança une son cadet, pour s'éponger la nuque et le visage. Ils finirent par se rendre vers les vestiaires et laissèrent, toujours en silence, leurs habits tomber sur le sol avant d'entrer dans les douches.
L'eau froide apaisa leurs corps brûlants.
Inacio ferma les yeux et s'appuya d'un main contre une paroi de carrelage, laissant ses muscles se détendre et sa tête tomber vers l'avant. L'eau glissait dans ses cheveux, son cou et son dos.
Il avait toujours sa suture sur le poitrail, cause par la balle qui avait faillit lui coûter la vie en s'introduissnt dans l'un de ses poumons.
Les yeux violets de Soraia apparurent dans son esprit.
Et il voyait dans leurs éclats à quel point il l'avait blessé en prononçant ses paroles, plus tôt dans la matinée.
Sa mâchoire se crispa violemment et craqua. Il inspira longuement avant d'éteindre l'eau et envelopper une serviette autours de sa taille pour rejoindre son frère.
En remontant au rez-de-chaussée, les frères remarquèrent immédiatement que la porte d'entrée était grande ouverte. Inacio se rua à l'extérieur.
Pourvu qu'elle ne soit pas parti.
S'il-vous-plaît, faite que je n'ai pas merdé à ce point...
Mais rapidement, Joâo l'interpella d'une autre pièce. Il s'y rendit au pas de course.
Pour découvrir leur salon complètement ravagé.
Leurs coussins gisaient aux quatre coins de la salle, vidés de leur mousse et leurs plumes qu'on trouvaient éparpillées sur le sol. Il haussa les sourcils, ne comprenant pas bien ce qui s'était passé et un tantinet inquiet. Mais très vite, Inacio suivit le regard de son frangin pour se retrouver face à Soraia. Assise sur le canapé, avachie sur Nitro tandis que Glycérine avait la tête posée sur ses genoux. Les trois dormaient, visiblement assez paisiblement.
Mais le visage du mafieux se ferma en voyant les yeux rougis de la brunette.
C'était de sa faute.
Joâo se retourna calmement vers son cadet, lui lança un regard l'air de dire « démerdes toi avec elle et range moi tout ça ». Puis fit demi-tour sans même lancer un regard en arrière.
Voilà qu'Inacio se trouvait seul face à elle, si on oublie les deux loups. Ils s'approcha doucement, mais Glycérine dressa les oreilles et se réveilla en l'entendant. Sachant qu'elle avait fait une connerie, la louve déguerpit brusquement, sautant par la fenêtre ouverte pour courir dans le jardin.
Soraia se réveilla en même temps. Ses yeux papillonnèrent alors qu'elle regardait la salle autours d'elle en fronçant les sourcils. Elle devint blême en voyant l'homme.
- Je suis désolé, je... je...
Il la fit taire d'un simple geste de la main. En même temps, le deuxième canidé s'était à son tours réveillé et quitta la pièce, bien plus sereinement que sa compagne.
Le mafieux s'avança de la manière la plus neutre possible vers la brunette, qui semblait vouloir se cacher dans le canapé dans lequel elle s'enfonçait en rougissant.
Il la surplombait d'un air effrayant, cachant derrière ce regard dur le combat intérieur auquel il faisait face.
- Je suis désolé je... je n'aurais jamais dû revenir... Chuchota-t-elle d'une voix tremblotante. Il ne répondit pas et elle grimaça, mal à l'aise face à ce regard brûlant que le garçon lui lançait.
- Tu le penses vraiment ? Finit-il par lâcher durement.
- C'est ce que tu penses toi...
Il se pinça l'arête du nez :
- Oui.
Elle gémit, alors que quelques larmes envahissaient ses yeux.
- J'ai regardé, je peux prendre un avion cet après-midi. Dit-elle tout en se levant faiblement du canapé. Mais le garçon l'attrapa par le poignet pour la forcer à le regarder.
- Je t'ai promis de ne pas te laisser repartir.
Elle sourit à travers les larmes :
- Certaines promesses ne peuvent pas être tenues, Inacio.
- Je pense peut-être que tu n'aurais pas dû revenir, mais maintenant que c'est fait il est hors de question de retourner en arrière. Trancha-t-il froidement.
- Et donc ?
Il remplit d'un pas la distance qui les déparait. La brunette ne bougea pas d'un poil, et il glissa calmement la main sans ses cheveux pour dégager son cou.
Inacio se baissa lentement pour venir embrasser la peau féminine, au bout de la mâchoire, juste sous l'oreille.
- Qu'est-ce que tu fais... Murmura-t-elle faiblement.
Il descendit jusqu'à la clavicule, appréciant sentir les mains se sa partenaire s'accrocher autours de sa nuque.
Il finit par se redresser lentement pour planter ses yeux dans les siens :
- Tu as le cœur en miette.
- Le tien est de marbre... Continua-t-elle.
Il la dévisagea de longues secondes avant de continuer :
- Peut-être qu'avec deux cœur cassés on peut arriver à en faire un entier ?
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