Chapitre 39
Inacio faisait la gueule.
Idalina et Tuan ne cessaient de lancer des regards amusés et conspirateurs à tout le monde.
Anastasia analysait habilement la situation.
Soraia avait envie de disparaitre.
Et Joâo, bah, il foutait rien.
Deux jours que cette situation intenable durait. La portugaise avait l'impression de devenir folle à force de se torturer l'esprit, pensant à cette fameuse soirée du réveillon vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils s'étaient embrassés de manière absolument tout sauf chaste. Tout le monde était au courant, et en même temps l'on ne peut pas dire qu'ils avaient été très discrets. La brunette ressentait encore le goûts des lèvres masculine contre les siennes et rougissait rien qu'à cette pensée.
Et puis le manque de réaction de la part du brun ne cessait de l'inquiéter. Elle avait été si idiote de croire qu'un garçon aussi incroyable que lui s'intéresse à elle... C'était de l'amusement pour lui, probablement, ou bien avait-il fait ça sans réfléchir.
Il lui avait offert l'espace de quelques secondes la seule chose qu'elle demandait : protection et attention. Et elle s'y était réfugiée, comme une naïve adolescente.
- C'est un homme ?
Elle sursauta à l'entente de Tamryn, qui la sortit brusquement de ses pensées. Ce dernier continua :
- Ne fais pas la conne. Je te connais par cœur. Je vois ton regard. Qui occupe tes pensées comme ça ?
Elle déglutit difficilement. Elle avait grandi avec le blond, et bien que leur relation actuelle soit extrêmement tendue, ça n'avait pas toujours été le cas. Oui, il pouvait se vanter de connaitre presque par cœur Soraia Sonhador, mieux qui quiconque, et c'était d'ailleurs réciproque.
- Laisse... Souffla alors la brunette, n'ayant pas le courage de dire autre chose.
- L'un de tes patrons ?
Elle blêmit, et remarquant bien les expressions faciales de son interlocutrice, le russe continua :
- Tu dors là-bas presque toutes les nuits ! Qui ?!
Il lui serrait si fort le poignet qu'elle grimaça de douleur.
- DIS-MOI QUI !
Tamryn avait violemment hurlé ces mots, lui crachant presque au visage. La portugaise se mit à trembler, baissa les yeux au sol en murmurant :
- Arrête s'il-te-plaît.
- REGARDE-MOI QUAND JE TE PARLE ! ET REPOND À MA QUESTION PUTAIN ! Je suis en droit de savoir tu ne crois pas ?!
Elle releva ses iris violets. C'est à peine si le sang pouvait circuler dans sa main tellement l'emprise du garçon était puissante. Il tira d'un coup sec, ses yeux couleur glace fusillant la jeune femme.
- Tu me fais mal !
D'un seul coup, le blond haussa les sourcils. Puis ses yeux changèrent de teinte, il observa ses doigts encerclant le bras féminin et la relâcha d'un seul coup, comme piqué.
Ses expressions faciales avaient changé en une fraction de secondes. Il observa ses mains et se mit à trembler en gémissant, avant d'appuyer sur ses tempes, comme pour faire cesser le bourdonnement qui se faisait dans sa tête.
- Ho Soraia je suis désolé, je...
Ses lèvres se pincèrent, il regarda le plafond pour ravaler les quelques larmes paysagèrent qui le prenait.
Il devenait fou.
Cette situation le rendait dingue.
Il se noyait dans ses propres tourments.
Sans en chercher plus, il fit demi-tour sans un mot, claquant la porte derrière lui.
Soraia déglutit avant de soupirer et sortir de la maison. Une journée de travail l'attendait, et elle prit donc son bus habituel en direction de la villa. Habillée d'un simple jean noir, d'une chemise blanche et d'un gilet pied-de-poule, elle était partie de chez elle avec précipitation, oubliant de prendre un manteau. La brunette grelottait par ce temps hivernal et accueillit avec entrain la chaleur lorsqu'elle entra dans la demeure de ses patrons.
Joâo l'attendait dans le hall. Jogging gris et torse nu, son corps s'immobilisa en voyant l'homme face à elle.
Il était si beau...
Probablement devait-il regretter de l'avoir embrassé, c'est obligé.
- Bonjour. Avait-elle alors lancé d'une petite voix.
Et sans même qu'elle eut le temps de respirer, en deux grandes enjambées l'homme se retrouvait collé à elle. Dos contre la porte d'entrée, encadrée par ces deux bras musclés qui tenaient ses épaules, elle n'avait aucune issue de secours. Les yeux verts perçants l'examinèrent quelques secondes, alors que son corps en ébullition virait tout entier au rouge. Au bout d'un certain temps, il finit par enrouler calmement l'un de ses doigts autours d'une de ses mèches noires.
Elle frémit.
Trembla, même, en remarquant que l'homme observait ses lèvres avec attention. Elle se mordit celles-ci instinctivement, et les yeux de son partenaire s'illuminèrent. Il posa sa main contre sa joue, l'autre sur sa cuisse, et l'embrassa calmement.
Encore une fois.
Les yeux de la portugaise se fermèrent d'office.
Elle avait la chair de poule, et ne put s'empêcher de soupirer alors qu'il lui mordait la lèvre. Il semblait adorer ça. Mordre calmement sa lèvre. Comprenant très bien que ça la faisait flancher.
Son baiser était froid, tout à son image. Machinalement, les petites mains de Soraia parcoururent le torse sculpté de son partenaire, dont le moindre muscle se contractait à son toucher. Elle prit garde à ne pas descendre trop bas, s'attardant sur ses abdominaux pour ensuite remonter jusqu'à ses épaules. Son corps était parfait, trop parfait.
Il finit par se décrocher d'elle. Mon Dieu, elle était adorable. Avec ses joues rosies. Ses lèvres sucrées. Son adorable petit corps. Ses mains qui commençaient à se balader sur lui.
- Je ne regrette rien. Souffla-t-il presque sèchement.
- Moi non plus.
Il pencha la tête sur le côté.
- Nous ne sommes pas ensemble pour autant.
Elle rougit encore plus.
- Tant mieux. Elle rit nerveusement, quoique soulagée, avant de reprendre :
- Je ne suis pas prête pour ça.
Il acquiesça avant de caresser fluidement sa joue, puis faire demi-tour d'une démarche féline. Soraia fronça les sourcils. L'homme avait un tatouage. Juste là, entre les deux omoplates. Un simple cercle, mi rose des vents, mi horloge. Du même style que celui qui était sur son bras, mais sans les deux flèches qui le transperçaient et tous les sublimes détails.
Elle était persuadée d'avoir déjà vu ça quelque part.
D'en connaitre la signification.
Un mauvais pressentiment s'empara d'elle, mais elle chassa rapidement ses pensées alors que le brun lançait :
- Tu sais aussi que tu ne peux rien attendre de moi.
- Oui, je sais...
Il lui lança un dernier regard, puis ferma la porte derrière lui.
La tournure des choses lui plaisait. Plus que tout. Son frère n'était pas du même avis, bien sûr, mais il respectait la situation. Le lien entre les deux hommes était trop puissant pour réussir à être détruit à cause d'une femme.
Soraia se renfrogna, désemparée face à ce qui se passait. Si on lui avait dit, le premier octobre alors qu'elle rencontrait ses patrons pour la toute première fois, qu'elle finirait par embrasser l'un deux... Elle serait partie en courant sans demander son reste, quitte à faire face aux représailles de Prokhor.
La maison était étrangement silencieuse ce matin-là. Probablement que Joâo était dans son bureau, et les autres sortis en ville ou bien faire un footing. Après avoir lavé toutes les vitres de la salle à manger et du salon, la brunette descendit au sous-sol, puisqu'il lui avait été demandé de faire le ménage dans la salle de sport.
Elle ouvrit la porte, et une bouffée de chaleur ainsi qu'une odeur de sueur envahit son corps. Elle remarqua avec surprise que toutes les lumières étaient allumées.
En fait, si elles étaient allumées, c'est parce que les deux frères, accompagnés leur meilleure amie ainsi que leur cadette et son copain étaient en pleine séance de sport. Inacio, agrippé à une corde et vêtu d'un simple short et chaussettes hautes comme à son habitude, montait jusqu'au plafond. Joâo enchainait des tractions, dans la même tenue qu'il portait deux heures plus tôt. Tuan avait un bas ample, typiquement asiatique, et se déchainait sur un punchingball-ball. Les deux femmes étaient en simple brassières de sport et mini short, enchainait des squats avec de lourds poids sur les épaules.
Leurs corps étaient parfaits à tous les cinq, de quoi faire complexer n'importe qui.
C'est là que la brunette remarqua un détail.
Le tatouage que Joâo avait entre les omoplates. Son frère et sa sœur avaient le même, pile au même endroit. La blonde, elle, l'arborait sous son sein droit, du côté du cœur. Il était à moitié caché par son haut, mais assez visible. Seul Tuan ne le portait pas.
Ce n'était pas normal.
Comment ce motif avait pu lui échapper jusqu'ici ?
D'abord il y avait le dessin complet, avec les deux flèches, et exactement au même endroit : sur l'avant-bras gauche. Et maintenant ce même symbole, mais en bien plus simple car composé seulement de la moitié horloge et la moitié rose-de-vents.
Surtout que ce signe lui disait quelques chose. Elle l'avait déjà vu quelque part, et l'avait sur le bout de la langue.
Soraia frissonna.
Parce qu'elle savait, au plus profond d'elle-même, que la signification de ce tatouage n'allait pas lui plaire.
Mais elle ne se doutait pas pour l'instant, que c'était la le symbole d'appartenance à la grande Mafia Européenne, et que le dessin sur le bras gauche affichait qu'elle se trouvait face à des membres hauts-gradés.
Les sportifs finirent par l'apercevoir et se tourner vers elles. Joâo se laissa tomber à terre et s'avança vers elle d'un air dangereux. Le corps féminin se rigidifia, se demandant ce que le brun comptait faire.
Il posa une main contre sa joue, caressa calmement la peau rougie de son interlocutrice, effleura sa bouche avant de venir l'embrasser.
Soraia sursauta.
Attendez...
Il est vraiment en train de faire ça devant tout le monde ?!
Elle voulut se dégager, mais l'emprise magnétique qu'exerçait le garçon sur elle suffit à la retenir. Elle était complètement obnubilée par lui, et ses yeux se fermèrent tous seuls alors qu'il gardait sa main contre sa joue et caressait sa peau.
Ses baisers n'étaient pas chaleureux, loin de là. C'était un homme froid, et les moments intimes partagés avec lui reflétaient bien sa personnalité. Les sensations ressenties étaient étranges. Mais pas moins profondes. Ses yeux se fermèrent d'eux mêmes et elle posa encore une fois ses mains sur le torse de son partenaire. C'était comme un moyen pour elle, de se rapprocher de lui tout en gardant ses distances. Des papillons envahissaient son bas ventre alors qu'une nuée de frisson brûlants envahissait la surface de son épiderme.
- Bien on vous laisse, vous prenez une chambre, ou ça se passe comment ?
Elle fit un bon en arrière, ramenée à la réalité par cette voix apparemment énervée qui venait de les interrompre. C'était Inacio. Elle entendit le rire d'Idalina. Joâo, lui, semblait indifférent et se plaça à côté de son frère.
- Me dites pas vous êtes ensemble ? Lança Idalina en riant, visiblement amusée de cette étonnante situation, entre la jalousie d'Inacio et le fait que Joâo soit avec une femme autrement que pour un soir.
- Non.
Les deux partenaires avaient répondu ensemble, d'une voix timide pour la femme et autoritaire pour le mafieux.
- Je me disais bien !
Soraia rougit, essayant de sourire de manière décontractée, mais sans grand succès. Son regard rencontra ce tatouage, visible sous la poitrine de sa meilleure amie. Elle frissonna.
- Quelque chose te tracasse ?
C'est le deuxième fils qui avait parlé.
Elle cligna des yeux, mal à l'aise. Anastasia détestait ce sujet de discussion. Elle allait se faire tuer. Mais sa bien trop grande curiosité dépassa son hésitation et elle lança d'une traite très peu sure d'elle :
- Heu... Je... En fait... Elle respira longuement. C'est quoi la signification ?
- Pardon ? Lança Inacio, n'ayant pas compris où la brunette voulait en venir. La russe, elle, saisissait pertinemment l'objet de cette interrogation et son visage ce durcit.
- Elle parle des tatouages.
Personne ne répondit. Soraia baissa les yeux, regrettant déjà sa question après avoir vu le regard glacial de Joâo et sa meilleure amie peser sur elle.
- C'est personnel.
Voilà la seule chose qu'on arriva à lui dire. Puis tout le monde partit de la salle. Voilà qu'elle avait envie de pleurer, en entendant la porte claquer. Elle avait tout gâché, alors que la situation semblait s'améliorer, qu'elle avait enfin l'impression de ne plus se terrer tout le temps, elle venait de tout détruire. Elle renifla en se frottant le yeux comme une enfant, et c'est là qu'elle sortit deux mains se poser sur ses épaules.
La jeune femme sursauta et poussa un petit cri, surprise. C'était Inacio, qui l'observait de ses sublimes yeux verts.
Merde à la fin ! Elle embrassait son frangin mais restait toujours autant attirée par lui ce n'est pas possible !
- C'est une histoire de famille. Le tatouage.
- Mais Ana n'est pas de votre famille. Murmura-t-elle, déboussolée. Et pourquoi alors Tuan ne le porte pas ?
Il soupira en se pinçant l'arête du nez.
- Nous devons garder certaines distances. L'anonymat et les secret passent avant tout dans notre métier, tu le sais.
- Tu me parles de familles et ensuite de vie professionnelle.
C'était un simple constat, mais qui sonnait comme une interrogation. C'était étrange, cette relation qu'elle entretenait avec le deuxième fils. Elle s'ouvrait plus, lui faisait plus part de ses états d'âmes, de ce qu'elle pensait. En fait, c'est juste qu'elle osait s'exprimer, pour une fois.
La brunette ne savait pas pourquoi elle s'ouvrait ainsi à Inacio. C'était vraiment bizarre. Pourtant c'était avec Joâo qu'elle entretenait une sorte de relation, pas lui...
Sans réfléchir, elle prit dans sa mains le bras gauche de l'homme pour observe le symbole. C'était vraiment un magnifique dessin. On sentait sans problème qu'il était lourd de sens. Le côté droit était destiné à la partie horloge, avec les heures marquées en chiffres romains. La plus petite des deux flèches, entièrement noire, transperçait à une heure pile. On aurait presque dit qu'elle se mouvait, balayant tout sur son chemin. La plus grosse des flèches, sublime dans ses détails, coupait le cercle en deux. Et le côté gauche se dressait la rose des vents, avec les lettre N et W pour indiquer le nord et l'ouest. Elle caressa les contours du tatouage, comme obnubilée par celui-ci.
Inacio était crispé, de la tête aux pieds. Il n'avait jamais laissé personne faire autant attention à cette marque. Personne sauf Léna Da Costa, mais là c'était autre chose car l'adolescente était comme sa petite sœur. Sa petite sœur et non une femme attirante aux iris violets qui le rendait un peu plus fou à chaque jour qui passait.
- C'est très beau.
Il frissonna, avant de retirer son bras. Cette marque, c'était toute sa vie. Depuis le jour de sa naissance jusqu'à aujourd'hui, il avait vécu pour elle. Avait été éduqué, s'était battu, avait tué pour elle. C'était loin d'être beau. C'était horrible, horrible et sanglant.
Il allait répliquer mais son téléphone vibra dans sa poche.
Sauvé par le gong.
Il lança un rapide « je dois répondre » à la jeune femme avant de s'éclipser et décrocher :
- Oui ?
- Un gros colis arrive. Je vous veux sur la mission Joâo et toi. Huit-cent kilogrammes de cocaïne à réceptionner et qui partiront immédiatement vers Paris. Les chauffeurs et leurs gardes vous attendent, j'ai besoin d'hommes gradés pour recevoir notre fournisseur.
- Et Linn ?
- Qu'elle vous accompagne si ça l'amuse. Mais pas Tuan, il ne fait pas partie de nos affaires.
- Bien.
- Merci mon fils, je compte sur vous. Getulino marqua une pause. En fait, tant que j'y suis. J'ai entendu parler de la violette.
Le corps du mafieux se crispa instantanément. Il attendit que son géniteur reprenne, ce qui ne tarda pas :
- Vous n'avez rien trouvé de mieux que traficoter avec la meilleure amie d'Anastasia qui s'est d'ailleurs faite emprisonnée à White Swan pour piratage informatique.
- Elle s'est faite innocentée.
- Je sais. Ne me prend pas pour un abrutit. Sa voix s'était faite plus rude.
- Quel est le problème ?
- C'était un simple constat.
Inacio plissa les yeux. Le comportement de son père ne disait qu'une seule chose et c'était un « n'oubliez pas que cette fille ne doit rien savoir » camoufler qui résonnait dans ces propos. Puis le Parrain de la Mafia Européenne repris d'une voix plus solennelle :
- Sinon. Réunion demain. Il y aura mon Consigliere, mon Sottocapo et mes Capis. Je veux que toute l'équipe de ton frère soit présente, ainsi que ta sœur. Personne d'autre.
- Qu'est-ce-que se passe ?
- Je vous veux à quatorze heures.
Et Getulino raccrocha, sans un mot de plus.
⭐⭐⭐
Alors, d'après-vous, cette "relation" entre Joao et Sororaia, comment ça va être pour la suite ? Comment ça va évoluer ? Elle va durer ou pas ?
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