Chapitre 21
Heureusement qu’on était en hiver et que mettre des jeans et manches longues ne paraissait pas étrange, car le pauvre corps de Soraia avait été particulièrement malmené ce week-end-là, parsemant sa peau si douce d’hématomes.
La semaine passa étonnamment vite, sans vraiment d’évènements importants. Tamryn était parti de la maison. Il faisait régulièrement des allers-retours, comme ça, et la brunette ne savait même pas ou le blondinet logeait en temps normal.
Idalina, elle, était toujours là. Elle passait à la villa de temps en temps, comme ce vendredi six décembre en fin de matinée. Elle portait un jean large sur lequel était brodé quelques papillons, et un col roulé rouge comme haut. Ses longs cheveux noirs et ondulés étaient lâchés, lui descendant jusqu’à ses fesses. C’était si beau. L’adolescente, car elle n’avait que dix-huit ans ne l’oublions pas, se dirigea vers le femme de ménage pour lui faire gentiment la bise.
– Tu vas bien ?
– Oui très bien et toi ? Répondit Soraia en un timide sourire.
– Parfait ! Bon je te laisse, mes frangins m’ont appelé. Elle lança un dernier sourire avant de quitter la pièce. Inacio et Joâo l’attendaient calmement dans la salle de sport où ils s’entrainaient. À peine le jeune fille entra-t-elle qu’un couteau siffla dans sa direction. Elle l’évita agilement, rattrapant d’un geste sec l’arme blanche qui s’était ancré dans le mur pour la lancer en direction de son frère.
La lame frôla en sifflant le visage de l’homme avant de s’écraser sur une machine de musculation posée derrière.
– Joli. Lui lança le deuxième fils. Elle lui sourit arrogamment avant d’observer la salle autours d’elle et lancer d’un air étonné :
– C’est très propre dites-moi. Vous vous êtes enfin décidés à faire le ménage ? Lança-t-elle d’un air mi-suspect, mi-amusé. Mais ce fut Joâo qui lui répondit froidement :
– On a demandé à la violette de venir nettoyer.
La mafieuse haussa les sourcils, étonnée :
– Elle vient au sous-sol ?
Un haussement d’épaules fut sa seule réponse. Idalina s’approcha donc de ses deux frères qui étaient côte à côté pour lancer d’un air malin :
– Soraia vient au sous-sol. Dans vos bureaux. Elle ricana, alors qu’Inacio lui lança d’un air froid :
– Que cherches-tu à nous faire dire ?
– Vous l’aimez bien.
– La confiance repose sur Anastasia. Par sur elle. Répondit sèchement Joâo, comme voulant mettre les choses au clair. Mais la brunette croisa les bras sur sa poitrine, reprenant la parole :
– Votre Cygne n’est que l’élément déclencheur. Dit-elle en ricanant, attendant la réaction de ses aînés. La mâchoire de ceux-ci se crispa instantanément, se sentant presque pris au piège, alors que leur petite sœur continuait sur sa lancée :
– Elle est mignonne, n’est-ce pas ?
Aucune réaction.
– À un joli corps… Elle plongea ses yeux dans les leurs, comme cherchant à déchiffrer ce qui se passait dans leurs têtes.
– Et ces incroyables yeux. Violets. En fait, ce n’est pas la violette n’est-ce pas ? C’est votre violette.
Un sourire carnassier se dessina sur le visage des deux hommes à l’entente de ce pronom possessif.
Oui.
C’était leur violette.
Idalina avait parfaitement raison, et sachant qu’elle avait trouvé leur point faible, la jeune femme continua d’une voix mélodieuse :
– Plus qu’à savoir qui de vous deux l’aura en premier.
– Moi.
Ils avaient répondu en même temps. De la même voix froide, sûre d’eux, possessive. Les deux frères s’observèrent quelques instant, un air malicieux imprimé dans leurs yeux verts.
Leur cadette observait la scène, amusée et satisfaite.
L’esprit de compétition s’était éveillé chez les deux garçons, qui continuaient de se fixer calmement. Ho non, ils n’allaient pas se battre ni se détester pour une femme. Leur complicité était bien trop grande pour ça. Ils allaient juste se défier avec arrogance et amusement, comprenant qu’un seul allait gagner. Du moins, normalement.
Et Idalina, elle, ne savait qu’une chose.
Elle allait inviter Soraia à venir en boîte avec eux, ce soir.
Ça promettait.
– Soraiaaaaa ?
La fille aux yeux violets se retourna à l’entente de son prénom, attendant que la petite sœur de ses patrons continue sa lancée :
– Tu restes cette nuit !
La brunette fronça les sourcils et rappliqua :
– Mais il n’y a personne à venir ici ce soir…
Car en effet, contrairement aux autres vendredis, l’équipe de Joâo et Inacio ne venait pas à la ville cette semaine.
– J’ai décidés de faire sortir mes frères. Et j’ai décidé de t’inviter !
La jeune fille rougit.
– Mais… Je ne fais pas partie de la famille… Je ne vais quand même pas m’incruster. Lança-t-elle, nerveuse
– Si si si, ne discutes pas ! On va dîner ici tous les quatre à vingt heures, en suite on se prépare et on est là-bas à vingt-trois heures ! Arrête donc de faire le ménage et appelle ton père pour le prévenir ! Et sur ces mots enjoués, Idalina sortit de la pièce, laissant une jeune femme éberluée.
La brunette prépara le dîner, alors que comme à son habitude, des milliers de questions envahissaient sa tête.
Déjà, elle ne savait même pas où ils allaient !
Une petite boule de stress se plaça dans son estomac alors qu’ils passèrent à table. Elle observa ses deux patrons, en quête de réponse, mais aucun des deux hommes ne posa son attention sur elle.
Si ça se trouve ils ne voulaient même pas qu’elle les accompagne…
– Le repas est délicieux, merci ! Lança tout à coup Idalina, apparemment d’extrêmement bonne humeur. La cuisinière rougit doucement et bafouilla un timide « merci » d’une voix douce. Son interlocutrice reprit alors en ricanant :
– Evitez quand même de trop manger ou vous serez malade.
Les deux frères haussèrent les épaules, l’air de dire « on gère t’inquiète ». Soraia, elle, fronça les sourcils, ne comprenant pas trop :
– On va où ? Osa-t-elle demande d’une petite voix.
– Aphrodite. Lança Joâo d’une voix rauque, comme si ce prénom lui évoquait forcément quelques chose.
Cette homme était vraiment étrange, à penser que tout le monde savait déchiffrer les quelques rares mots qu’il daignait lancer. Cela ne faisait que rajouter une sorte de charisme et d’attirance à son aura déjà bien trop puissante. Voyant que leur femme de ménage ne comprenait pas, le deuxième fils rajouta :
– Boîte de nuit.
Soraia écarquilla les yeux, et faillit s’étrangler avec la nourriture qu’elle mâchait, entamant un quinte de toux de cinq bonnes minutes. Croyant que la jeune femme allait vraiment s’étouffer et mourir sur place, Idalina sembla paniquer un peu, contrairement à ses aînés. Elle s’excita sur Joâo, qui était à côté de la brunette, lui hurlant dessus de taper dans le dos de la femme. Il finit par s’exécuter, presque à contre cœur, ayant préféré éviter de dépenser inutilement cette énergie.
Gênée, Soraia but un grand verre d’eau.
– Merci. Chuchota-t-elle en haussant les yeux, honteuses. Et sachant d’avance qu’elle n’allait recevoir aucune réponse, elle continua timidement :
– Mais vous êtes sûr que ça ne dérange pas que je vienne ? Je vais peut-être déranger, et puis, je ne fais pas partie de votre famille… Je… ça serait plus pertinent que je vous laisse entre vous non ? Après si vous voulez, je peux vous attendre ici sans problème…
Sa tirade fut d’un coup interrompue par la main de Joâo qui se posa sur sa cuisse.
Elle sursauta violemment. Sa peu rougit si vite qu’elle sentait cette chaleur traverser tout son corps en un court frisson.
Sa main ne bougeait pas. Elle était juste là, posée, comme si c’était l’ordre naturelle des choses. Elle releva la tête vers l’homme, rencontrant ses magnifiques yeux verts qui se plongèrent dans les siens.
– Détend-toi. Et si Linn t’a invitée c’est que tu peux venir.
Elle déglutit alors qu’il enlevait calmement sa main. Son corps en ébullition se refroidit peu à peu alors qu’elle acquiesçait vivement.
Les deux frères avaient repris ce jeu de regard entre eux, déstabilisant, que seuls eux pouvaient comprendre. Jusqu’à ce qu’un air carnassier se plaça sur leurs visages et que leurs deux paires d’yeux se posèrent instantanément sur elle. Elle rougit en baissant la tête. Que lui voulaient-ils donc ?
Vingt-deux heures trente. Le repas était terminé depuis quelques temps déjà, hommes et femmes étaient partis chacun de leurs côtés pour se préparer.
Les trois frères et sœurs étaient dans le hall d’entrée, attendant patiemment Soraia. Les deux mafieux étaient vêtus d’un costume, entièrement noir pour Joâo et bleu foncé avec chemise blanche pour Inacio. Idalina, elle, avait une robe grise à paillette extrêmement moulante et très courte, lui allant à merveille. Un simple décolleté en V encadrait sa petite poitrine. Les manches de la tenue, longues, étaient composées de dizaines de bandes, laissant apercevoir les bras tatoués de la jeune femme au moindre mouvement qu’elle faisait.
La cadette Osabio attendait la fille aux yeux violets avec impatience. Celle-ci n’avait pas de tenue adéquat, et elle lui avait donc présenté quelques-uns de ses vêtements, la laissant choisir. Elle avait vu Soraia se décomposer, balbutier maladroitement que c’était beaucoup trop court ou décolleté, mais elle l’avait complètement ignoré. L’adolescente se demandait à présent ce que la portugaise avait choisi.
Le bruit des talons claquait sur le sol alors que la brunette ouvrit timidement la porte. Idalina fit une moue, observant qu’elle avait choisis la tenue qui recouvrait au plus son corps. Dommage…
C’était une combinaison fluide, vert sapin, qui allongeait sublimement ses jambes, d’autant plus avec la paire d’escarpins dont elle était chaussée. Le décolleté était bien plongeant, terminant juste en haut de sa poitrine. Deux fines bretelles recouvraient ses épaules, et le dos était laissé à découvert jusqu’à ses omoplates.
– E ancora una volta è il più sobrio. Et encore c’est la plus sobre. Lança malicieusement la jeune assassin à ses deux ainés dont elle avait vu le corps se crisper instantanément, yeux fixés sur leur femme à tout faire. Elle ne reçut aucune réponse, si ce n’est Soraia qui fronça les sourcils à l’entente de l’italien, langue qu’elle ne connaissait pas. Elle avait déjà entendu, de temps en temps, les gens de cette villa parler ainsi entre eux et ne comprenait pas bien pourquoi. Probablement avaient-ils des origines… Mais c’était très déstabilisant dans tous les cas.
Puis, elle se rendit compte des deux paires d’yeux verts lorgner sur son décolletés. Toute gênée, elle croisa timidement les bras sur sa poitrine, comme s’y blottissant elle-même en rougissant.
– Tu es sublime ! Lui lança alors l’adolescente, ce qui la fit sourire. Idalina se dirigeait vers elle pour lui empoigner la main, faisant baisser l’un de ses bras. Mais elle gardait instinctivement le deuxième collé à son corps.
Elle observa à quel point Idalina était sublime. Un corps parfait, mis en valeur dans cette robe argentée qu'elle portait. En fait, dans le fond, elle la jalousait un peu de pouvoir se permettre d'enfiler de telles tenues... Mais les sourcils de Soraia se froncerent lorsqu'elle aperçut les manches de l'adolescente. Le tissu, en filament, laissait en effet entrevoir la peau de ses bras.
Le bras gauche, comme ses deux frères... Le tatouage. Ce tatouage. Le dessin mi-horloge mi-rose des vents, transpercé de deux flèches, qu'elle connaissait si bien.
Pourquoi donc les trois frangins avaient ce même symbole grave sur leur épiderme ?
Quel était donc le symbole de celui-ci ?
Elle se penchait légèrement pour entrevoir le motif un peu mieux mais Idalina de détacha d'elle pour s'approcher d'un de ses frères. Brusquement coupée dans sa réflexion, Soraia se redressa, aux aguets. Heureusement, personne ne semblait avoir remarqué son élan de curiosité.
Cela faisait si longtemps qu’elle n’était pas allée en boite de nuit. Ils passèrent la porte de l’Aphrodite par l’entrée VIP, non sans grand étonnement. Ses patrons étaient tout de même de grandes personnalités, normal qu’ils soient privilégiés dans ce genre d’établissement.
Ce qu’elle ne savait pas encore, par contre, c’est surtout qu’ils en étaient les propriétaires.
Mais à peine eut-elle fait un pas dans le pièce, que cette musique, cette chaleur, ces gens heureux et cette ambiance si précises aux boites de nuits firent affluer des souvenirs dans sa pauvre petite tête.
De cette époque joyeuse. Ou elle était avec celui qu’elle croyait être l’homme de sa vie. Une personne incroyable, intentionnée. Dévorés par un amour qui s’était vu ruiné par les aléas de la vie.
Et ça les avaient détruits tous les deux. Aucun ne s’en était jamais vraiment remis, encore à l’heure actuelle. C’était un russe. Dont les souvenirs resteront à tout jamais gravés en elle.
La jeune femme sentit Idalina l’entrainer, et elle se laissa faire, dans un état second.
Elle se revoyait avec lui, dans un établissement de ce genre. Mais dans un autre pays, une autre région, un autre contexte. En Russie,dans le Krei de Perm.
Collé l’un contre l’autre, les deux amoureux se regardaient dans le blanc des yeux, et l’agressive musique les enfermait dans une petite bulle. Rien que pour eux. Ils chantaient, criaient cette chanson dont le refrain commençant par « I love you » envahissait l’air. Les yeux violets de la jeune femme étaient presque phosphorescents, et l’homme en face d’elle ne cessait de s’y plonger. Alors que l’une des mains de sa partenaire était collée contre sa joue, et l’autre exerçait un pression sur sa nuque.
Leurs deux font se collèrent presque instantanément.
Fin de la musique. Dernière parole, chuchotées par le chanteur.
I love you…
Ce n’était même pas assez puissant pour dire ce qu’ils ressentaient l’un envers l’autre. Leurs deux cœurs battaient à l’unisson. On aurait pu croire qu’ils n’avaient qu’une seule âme.
Les mains du jeune russe s’agrippèrent aux hanches de Soraia, dont une nuée de frisson envahit la colonne vertébrale. Elle se leva sur la pointe des pieds et posa délicatement ses lèvres les siennes. Le garçon sourit, et elle se laissa emporter par se baiser passionné, bercé par l’alcool et l’adrénaline qu’avait offert la soirée.
Elle sentait encore ses mains contre son corps. Sa caresse sur sa peau et ses lèvres pressant le siennes.
Il était sa drogue. Et elle était complètement dépendante.
⭐⭐⭐
Petit chapitre bonus pour vous souhaiter un Joyeux Noël !
J'espère que ça vous a plus,
Et d'après vous, qu'est ce qui s'est donc passé avec l'ex de Soraia ? Qui semblait être l'amour de sa vie...
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