Chapitre 17
– Je dors chez les garçons ce soir.
Joâo, Inacio et Getulino haussèrent les sourcils en même temps.
– Ha oui ? Demandèrent les deux frères d’une voix ironique, sous-entendant qu’elle aurait pu leur demander, tandis que leur père rajouta :
– Tu ne vas pas chez toi ?
Car si les deux hommes vivaient ensemble, Idalina avait aussi une petite maison pour elle toute seule non loin du reste de sa famille.
– J’ai le droit d’aller où je veux non ? Lança-t-elle d’une voix presque agressive avant de sourire et lancer joyeusement :
– Alors je vais chez les garçons ! Point final à la ligne, la discussion est terminée.
Inacio secoua la tête en souriant légèrement.
C’est drôle, comme les comportement des enfants Osabio se chevauchaient : Joâo, l’homme froid et distant. Idalina, la jeune fille dangereuse mais pétillante. Et Inacio l’entre-deux : ni aussi misanthrope que son frère mais ni non plus aussi attrayant et attachant que sa sœur.
– Vous avez encore mes fringues j’espère ?
Car la brunette était habituée à passer à la villa de ses ainés, si bien qu’elle y avait laissé quelques habits et affaires personnelles. Elle avait également sa chambre attitrée qu’elle monopolisait dès qu’elle débarquait à la villa.
– Normalement, dans ma chambre ou la tienne. Lança Inacio en haussant les épaules d’un air négligé.
La brunette acquiesça, satisfaite. Ils arrivèrent à la demeure vers vingt-deux heures. Leur père avait été très content du cœur qu’Edouardo lui avait présenté dans une mallette congelé. La vendetta était accomplie, la punition exemplaire. Personne n’avait le droit de se moquer de la Grande Mafia, de la dénigrer, elle ou l’un de ses quelconques trafics. Les conséquences étaient impitoyables. Souvent sanglantes. Et l’auteur de la bêtise regrettait profondément son acte. Ou n’était plus en état de le faire, enterré six pieds sous terre comme Lim Cao. Et encore, celui-ci pouvait s’estimer heureux de n’avoir pas trop souffert avant sa mort.
Comme à son habitude, Soraia arriva vers neuf heures le lendemain matin. Une caméra à reconnaissance faciale avait enregistré son visage et la laissait donc entrer sans qu’elle n’ait besoin de sonner. La jeune femme posa son manteau et son téléphone à l’entrée. La villa semblait bien silencieuse, mais à la vue des restes de petit-déjeuner trouvés dans la cuisine, elle devinait que ses patrons étaient bien réveillés. Ils travaillaient probablement dans leurs bureaux.
Fameux bureaux qui étaient restés fermés à clef durant leurs deux jours de voyage. Elle le savait parce que, tentée de revoir leurs précieux appareils électroniques, elle avait essayé d’y entrer bien que n’ayant pas à nettoyer ces pièces. Et elle s’était retrouvé face à un verrou bien solide, la gonflant de frustration. Mais après, que comptait-elle faire ? Observer encore une fois ces petits bijoux numériques ? Tenter d’en trouver le code et risquer de se faire prendre, se faire virer, et avoir une vie encore plus infernale ? Très, très, très mauvaise idée… La tentation de fouiner dans ces lignes de codes et d’informations était tellement grande pourtant ! Et la portugaise se maudissait intérieurement d’avoir de telles pensées.
Le passé n’a donc servi à rien ? Tu n’as retenu aucune leçon ? Se grondait-elle en intérieurement tout en laissant un ton de lamentation envahir son esprit. Ça ne te mènera à rien de te replonger là-dedans, ce monde numérique n’est pas fait pour toi ! Tu vas encore te faire manipuler, finir au plus profond du trou alors reprends-toi, va faire le ménage, le repas, ce pourquoi tu es payé !
Alors même qu’elle allait sortir de ses pensées et se diriger vers la cuisine pour tout bien ranger, quelque chose la surprit violemment, la faisant sursauter. Un femme se tenait là, devant elle. Assez jeune, elle avait la vingtaine probablement, et était plutôt jolie. Avec ses grands yeux noisette et ces cheveux noirs ondulés qui lui descendaient jusqu’aux fesses. Elle était habillée d’un jogging ébène et de baskets de la même couleur, ainsi qu’un sweat blanc.
La femme s’était plantée face à elle et plissait des yeux en l’examinant. Mal à l’aise, Soraia rougit et bégaya quelques mots :
– Heu… Bonjour, enchantée… je suis Soraia. Elle tendit maladroitement la main, ne sachant pas trop quoi faire d’autre. La femme plissa encore plus les yeux avant de se décontracter entièrement, sourire et lancer joyeusement :
– Faisons-nous la bise !
Déstabilisée, la brunette embrassa donc cette parfaite inconnue qui semblait pourtant bien à l’aise dans ces lieux. La maison ne lui était probablement pas étrangère.
Au même moment, les deux frères arrivèrent dans la pièce. Ils saluèrent Soraia, d’un « bonjour » pour Inacio et un simple signe de tête de la part de Joâo. Le deuxième fils regarda bizarrement sa femme de ménage, et celle-ci comprit qu’elle avait oublié d’enlever ses lunettes de soleil. Le port de cet accessoire, non seulement à l’intérieur mais en plus en plein hiver semblait intriguer son supérieur, et il y avait de quoi. Un léger hématome, non enflé mais d’une couleur violacée, entourait son œil gauche. Son père avait pêté un câble la veille, ne trouvant pas la télécommande de la télévision et accusant bien-sûr la jeune femme de l’avoir cachée. Elle avait écopé d’un coup de poing dans le visage. Heureusement d’ailleurs avait-elle eu ce réflexe d’y mettre immédiatement de la glace, sans quoi ce serait un magnifique œil au beurre noir qu’elle arborerait aujourd’hui.
– Nous allons courir et sommes de retours dans une heure trente. Expliqua Inacio tandis que la femme se dirigeait vers eux alors qu’ils allaient à la porte d’entrée. Soraia ne put qu’acquiescer, observant les trois jeunes gens se diriger vers la sortie. Et la main d’Inacio glissa naturellement dans le dos de cette femme aux cheveux noirs ne lui échappa pas.
Qui était-elle donc ?
Sa petite amie ? Bien que paraissant assez jeune, c’était tout à fait possible…
Mais la petite amie de qui ? Car bien que le contact physique soit passé avec le deuxième fils, le regard possessif que l’aîné posait sur elle ne lui avait pas non plus échappé.
Elle laissa ces questions de côté, sachant très bien que de toute façon, même avec la plus grande volonté du monde, elle n’allait jamais pouvoir y répondre toute seule.
Durant ces deux jours sans personne, essayer d’entrer dans le bureau des deux hommes n’avait pas été la seule chose que Soraia avait tenté. En effet, la brunette avait aussi fait le tour de la villa à la rechercher des niches des chiens. Mais rien, absolument rien n’avait satisfait ses recherches, à son plus grand désespoir. Où pouvaient-ils bien être ?
La seule chose qui avait retenu son attention était ce garage qu’on semblait retrouver sous la maison. En effet, on retrouvait à l’arrière de la demeure une porte de garage menant vers un sous-sol. Fermée elle aussi. Trop de mystère, ça l’angoissait presque. C’est vrai qu’elle avait remarqué cet étage « moins un » figuré sur l’ascenseur. Ce sous-sol dont elle n’y avait que partiellement accès et où ne s’était pour l’instant jamais rendue. Elle avait essayé, par curiosité, mais il se trouvait que la porte soit elle aussi fermée à double tour.
C’est que les deux hommes semblaient préférer se montrer trop prudent que pas assez… Et elle se maudit intérieurement en réalisant que ses actes de curiosité ne pouvaient que leur donner raison. Son père lui aurait remonté les bretelles à savoir cela. Peut-être aurait-il eu raison d’ailleurs ? Elle n’avait nullement le droit d’entrer dans ces salles et avait quand même essayé. Son visage rougit brusquement et elle arrêta d’y penser, se rendant compte que ça lui faisait plus de mal que de bien. Et puis, ce n’était pas si grave que ça de se montrer un peu curieuse, si ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus, et ça la désespérait…
Les trois coureurs revinrent bien quatre-vingt-dix minutes plus tard, suants. À peine eurent-ils posés les pieds dans la maison qu’Inacio se mit en débardeur, la femme en brassière et Joâo passa torse-nu. Offrant un magnifique spectacle à Soraia qui nettoyait les plaintes du salon.
Elle remarqua que la brunette était extrêmement musclée. Un corps joliment sculpté, avec une petit poitrine mais des fesses bien mises en évidence. Quelques cicatrices étaient visibles, par-ci par-là. Comme chez les deux frères. C’était intriguant, et la brunette se demandait bien comment des hommes comme eux avaient pu se faire ça. Et puis il y avait aussi ces intriguant tatouages, dont un certain nombre hornaient les deux bras féminins.
Ils soufflèrent quelques temps avant de partir prendre leur douche.
Ce fut la femme qui descendit la première. Elle s’assit dans le salon, observa Soraia qui, déstabilisée, ne savait plus où se mettre. Et elle prit la parole au bout de deux longues minutes, d’une voix mélangeant étrangement brutalité et douceur :
– Tu es embauchée de puis quand ?
– Le premier octobre.
Et nous étions le neuf novembre.
– Tu te plais ?
– Oui, très.
– Pourquoi as-tu accepté cet emploi ?
La brunette ricana nerveusement, trouvant cet interrogatoire bien surprenant. Qui était donc cette femme qui semblait en quelque sorte vouloir la tester ? Si elle voulait entendre qu’elle n’allait pas approcher son petit-ami, il suffisait de lui dire lequel c’était et il n’y aurait aucun, problème !
– J’avais besoin d’argent. Répondit-elle alors, en restant le plus naturellement possible.
La femme s’était levée d’une démarche féline pour se poster face à la fenêtre, mains derrière le dos, et relancer calmement :
– Que penses-tu des garçons ?
– De mes patrons ? Renchérit la jeune fille en haussant les sourcils et rougissant violemment.
Eh bien ils sont très attirants.
– Eh bien ce sont mes supérieurs. Débita-t-elle, ne sachant pas vraiment quoi répondre. La femme à ses côtés acquiesça en souriant :
– Tu ne les trouves pas… séduisants ?
– Eh bien, je… Et déglutit difficilement avant de dire d’une petite voix : si vous avez une relation avec l’un des deux, pas de soucis ne vous inquiétez pas il n’y a aucune ambiguïté et… je ne compte pas vous le voler.
Elle fronça les sourcils en levant le regard vers la brune, comme pour lui demander si sa réponse était correcte. Celle-ci souriait, apparemment satisfaite. Elle tourna la tête vers Soraia et lança, d’un air naturelle, comme si tout ce qui venait de se passer était normale :
– J’t’aime bien.
La portugaise écarquilla les yeux, ne comprenant rien.
– Vous… vous appelez comment ? Osa-t-elle demander d’une voix timide.
– Idalina. La jeune femme sourit le plus belle, plongea ses yeux dans ceux de son interlocutrice et d’un coup elle plissa des paupières avant que son regard ne s’illumine :
– Tes yeux… Murmura-t-elle.
La femme de ménage se crispa immédiatement, mais les paroles lancées par la brunette la firent rougir alors qu’elle lui lançait un sourire de remerciement.
– C’est magnifique.
Des yeux violets.
Maintenant elle comprenait pourquoi ce surnom.
La violette.
Cette femme était si mignonne.
Qui, d’ailleurs, l’avait donc reconseillée à ses frères ?
Elle se rendit donc dans les bureaux de ceux-ci. Ça tombait bien, les deux hommes travaillaient ensemble :
– La violette.
Ils levèrent la tête d’un même mouvement, alors que leur cadette continuait :
– Elle a des putains d’iris magnifiques.
– Tu lui as parlé ? Demanda calmement Inacio, alors que son frangin rajoutait :
– Ne la traumatise pas s’il-te-plaît, son innocence la tuerait.
Face à cette phrase de Joâo, Inacio et Idalina ne purent s’empêcher de rire.
– Qui est sa source ?
– Le Cygne.
La jeune femme écarquilla les yeux, étonnée. C’était improbable, bien plus qu’improbable. Le Cygne était une personne dangereuse, comment donc était-elle arrivée à nouer un lien avec une femme aussi pure que semblait l’être Soraia ? Et puis surtout, le Cygne était emprisonné dans l’un des plus gros établissement de Russie…
– Comment ça ? Impossible qu’elle l’ait vu à White Swan je ne suis pas idiote !
Les deux hommes haussèrent en même temps les épaules avant de farfouiller dans un des tiroir et tendre un dossier à leur sœur. Celle-ci s’en saisit immédiatement et le feuilleta en diagonale. Avant de tomber sur le passage qui l’intéressait. Elle haussa les sourcils, rit nerveusement avant de lancer :
– Soraia est passée derrière les barreaux pendant un an… Murmura-t-elle, dubitative. À White Swan. Mais c’est un établissement pour les lourdes peines !
– La violette était au début incarcérée à perpétuité. Mais le procès s’est révélé faux et ils ont révisés sa situation, qui a si baissée que douze mois lui suffirent.
– La cause ?
– Lit. Lança Joâo, qui commençait à s’impatienter. Ces question étaient inutiles, puisque toutes les réponses étaient apportées dans le dossier.
– Accusée de la mort du directeur de la deuxième banque nationale. Par piratage informatique ayant fait sauter les plomb de l’immeuble et court-circuité l’ordinateur du décédé. Meurtre approuvé par sa famille, mais accusée identifiée comme inapte à un tel piratage, emprunte numérique ne correspondant pas.
Idalina haussa les sourcils, curieuse :
– Le vrai coupable ?
– L’enquête a été abandonnée une fois que l’on remarque que le nouveau directeur était beaucoup mieux que l’ancien. Lança Inacio en ricanant.
– La Bratva ?
– Non.
– Etrange… Murmura la jeune fille tout en reposant les yeux sur le dossier, avant de relancer brusquement :
– Mais c’est une hackeuse ?
– Aucun appareil numérique assez puissant n’a été retrouvé chez elle. Impossible. La justice russe a juste pris la coupable la plus facile avant de la relâcher une fois que l’affaire ne s’éteigne.
La brunette haussa les épaules, convaincue, avant de relancer le dossier à ses deux frères. Une fille paraissant si timide et gentille enfermée dans l’un des plus gros centres de détention de Russie. C’était inimaginable. Et elle avait été accusée à tort ! La pauvre, ce petit chaton innocent avait donc rencontré les plus gros requins de ce monde…
⭐⭐⭐
Bon, soulagenemt, Idalina n'a pas été méchante avec Soraia 😂
Sinon on commence à en savoir un peu plus de son passage en prison. Qu'en pensez-vous, et que s'est-il passé avec ce Cygne ? Et puis, d'après vous, qui est donc le vrai coupable ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro