Chapitre 15
C’était un cercle. Mi-horloge mi-rose des vents. Les deux motifs étaient séparés l’un de l’autre à la verticale par une grande et majestueuse flèche, finement dessinée. Le cadran horaire était sur la partie droite du motif, transpercé au niveau de la première heure par une seconde flèche, plus petite et plus sombre, qui semblait en mouvement.
C’était ce tatouage qui était dessiné sur l’avant-bras gauche de Joâo. En un geste, Inacio et Edouardo que les soldats avaient lâchés, soulevèrent leurs manches pour montrer ce même symbole, gravés eux aussi sur le bras gauche de leur corps.
Chang fortement embarrassé, mais ne le montra pas. En effet, la forme circulaire mi-horloge mi-rose des vents était le symbole de la Grande Mafia Européenne, tout le monde le savait.
Mais sur l’avant-bras gauche.
Si finement dessiné.
Transpercé de deux flèches.
Seuls les plus hauts gradés possédaient ce privilège.
Il avait devant lui les représentants de l’un de ses plus grands ennemis, et ne pouvait même pas les tuer car vu leur statut, le Parrain Getulino risquerait de demander à toute sa famille, ses hommes, toute la terre entière, sa tête sur un plateau. Et l’extermination de la 14-K. Et la 14-K était bien plus faible de la Grande Européenne, sa survie ne tenait qu’au soutien apporté par les d’autres grandes Triades, mais qui n’hésiteraient pas à la lâcher si une vraie guerre venait à se déclarer avec les occidentaux.
Car qui disait avec les Européens disait aussi avec les Russes, car Bratva et Grande Européenne semblaient se soutenir mutuellement. Alors les cartels américain et organisations terroristes africaines n’hésiteraient pas à se mêler au tout, créant une véritable catastrophe à l’échelle mondiale. Des meurtres en masse, les Etats qui commenceraient à trop se mêler de leurs affaires.
On n’était jamais trop prudent, il fallait éviter tout dérapage, bien que les conséquences ne soient qu’hypothèses.
Il n’allait donc pas tuer ces trois hommes.
Mais rien ne l’empêchait de les égratigner un peu…
– 好的,先生们,在我们这个美丽的国家里,我们的伟大工作是什么?Eh bien messieurs, qu’est-ce-que la Grande vient faire dans notre beau pays ? Demanda-t-il innocemment en faisant exprès de continuer dans sa propre langue, montrant bien qu’il ne comptait pas respecter ses invités surprises. Alors que dans le fond il savait très bien la cause de cette visite. Ce petit navire de migrants que l’un de ses nouveaux Maitres des encens avait coulé.
– 我想你能帮我我们. Je pense que vous pouvez nous aider. Lança malicieusement Inacio en utilisant ces mêmes mots qu’il avait exposé quelques minutes plus-tôt aux hommes de Chang.
– 我正在倾听。 J’écoute. Lui répondit l’homme en faisant signe aux hommes de se poster près de la porte d’entrée et sortie de la salle.
Ça aussi Edouardo et les deux frères l’avaient prévu. Que la porte soit impossible d’accès. Pas grave, il restait les fenêtres qui devraient pouvoir exploser si on se jetait dessus pour passer à travers.
– 我们听说您有属于我们的东西,也有我们感兴趣的东西。Nous avons entendu dire que vous avez quelque chose nous appartenant, et une autre chose nous intéressant.
– 哦,是的,在这里?Ah oui, tiens donc ?
Joâo replia calmement la manche de sa chemise blanche. Il avait des gestes précis, calculés, et d’une tranquillité déstabilisante.
– 400 万欧元。Quatre millions d’euros. Dit-il calmement en un chinois parfait, arrêtant de prendre un accent de débutant ce qui sembla troubler profondément les chinois autours de lui. Plantant ses yeux verts dans celui de la Tête du Dragon, il replaça toujours très calmement son bandana devant son visage, suivi aussitôt par Inacio et Edouardo.
Sentant la tension qui régnait dans les pièces, les adhérents à la triade placèrent bien leurs armes en main, surveillant ceux qu’ils semblaient considérer comme des prisonniers et ennemis.
Le sang allait couler, et cette perspective fit bouillir l’adrénaline dans les veines des trois européens. Inacio et le futur Capi se rapprochèrent dangereusement de Chang. Voyant que les chinois derrière eux s’agitaient, Joâo leur fit un signe autoritaire de main, comme il l’aurait fait en tant que futur Parrain pour intimer à ses hommes de ne pas bouger. Déstabilisés, les hong-kongais se regardèrent entre eux, et leur chef plissa des yeux avec de lancer un « 安静 calme » dans leur direction. Le deuxième fils Osabio lança donc d’une voix sèche :
– 我们的 400 万。Donc nos quatre millions. Il marqua une pause. 他。Et lui.
À peine eut-il le temps de de réagir aux mots prononcés par le portugais que son frère sur qui il avait baissé la garde –dont il ne savait d’ailleurs pas qu’il était le frère– sortit d’un seul coup une arme qui était jusqu’ici accrochée entre le col de sa chemise et celui de sa veste en cuir.
Deux balles sortirent. Elles avaient été placées dans un ordre précis. La première, simple comme l’on en trouve partout mais meurtrière. Le corps du l’homme, qui s’effondrait en agonisant, fut tué pas la deuxième, chargée de micro explosifs. Son poitrail explosa, et dans un hurlement il tomba à terre, définitivement mort.
Les hommes de Chang se ruèrent d’un seul coup sur les trois européens. Une balle écorcha profondément l’avant-bras droit de Joâo qui se retourna, furieux, abattant son agresseur et se retrouvant en même temps dans un combat de corps à corps avec un grand hong-kongais armé de ses propres couteaux, qu’il lui avait enlevé lors de sa fouille à l’entrée du bâtiment. Il ne connaissait pas les armes, était en désavantage et le portugais lui réussit à lui arracher l’un de ses couteaux pour l’éventrer. Le sang lui éclaboussa le visage mais il ne s’y attarda même pas.
Il fallait respecter le plan, et c’est ce qui se passa. Très vite, les deux frères se retrouvèrent dos à dos à se défendre contre une armée d’hommes de la triade qui se jetaient sur eux. À leurs pieds, le corps sans vie et mutilé de Lim Cao. Et Edouardo, accroupi et avec l’arme blanche la plus coupante qu’ils avaient emportés. L’homme, gaucher, avait malheureusement le bras gauche fortement entaillé, hors d’état de fonctionner. C’est alors de sa main droite qu’il enfonça avec le plus de précision possible la lame dans la poitrine déjà bien abimée. La chair se plia avant de céder, se couper en évacuant tout le sang qu’elle retenait. Quatre grosses entailles. Il dut donner de grands coups, tel un boucher, faisant gicler du sang et quelques parties de poumons autours de lui. Les côtes cédaient enfin.
Une balle siffla juste à côté de son oreille. Il fallait qu’il se presse, devenant une cible de plus en plus facile. Alors, prenant une grande inspiration, Edouardo plongea sa main dans le corps encore chaud du cadavre. Serrant des dents, il se concentra sur sa respiration et fouilla à tâtons dans ce mélange visqueux de fibres, muscles et tendons.
Pour enfin l’atteindre. Le cœur. Victorieux, l’italien empoigna l’organe vitale et d’un coup sec retira sa main, pour ensuite couper les grosses artères en grimaçant car devant utiliser son bras blessé.
Il se redressa d’un seul coup, fourra le muscle dans la poche intérieure de sa veste que l’on avait conçu spécialement pour. Mains poisseuses et ensanglantées, il s’empara des deux couteaux qu’il lui restait pour se jeter sur le chinois le plus proche, qui lui décrocha une bonne droite.
Chang n’était plus dans la pièce. Les trois hommes, sachant qu’il ne leur restait plus qu’une seule chose à faire, laissèrent les membres de la triade les pousser vers mur. Ils pensaient refermer les trois hommes dans un piège, mais leur donnait simplement la possibilité de sortir d’ici. Edouardo, Inacio et Joâo partirent dans un même mouvement, dès que la première feinte se présentait.
À droite, là, la fenêtre.
Ils recueillirent quelques coups dans leur course qui se déroulait sur trois mètres à peine mais rien ne semblait pouvoir les arrêter. Les trois hommes foncèrent en même temps sur la fenêtre, qui se brisa en mille morceaux à la force de leur impact et laissa leurs corps s’envoler à l’extérieur.
Ils atterrirent sur un petit balcon avant de resauter dans le vide dans la seconde même, tombant en roulé boulé sur le sol dur.
Trois hommes arrivaient déjà derrière eux, dont deux avec des armes à feu. Ils allaient tirer, et les trois mafieux n’avaient pas le temps d’esquiver la balle car étant déjà en plein mouvement pour se relever de leur chute.
Mais d’un seul coup, alors qu’ils voyaient déjà leurs mauvaises blessures à soigner. Quelque chose fila au-dessus de leurs têtes. Les combattants furent tués sur le coup, des shurikens percutant leurs têtes.
Et devant eux, les trois européens virent une silhouette féminine les regarder avec des yeux malicieux.
Pantalon de cuir noir et bottes montantes sur lesquelles pendaient quelques autres shurikens, appelés aussi étoiles de lancer. Son haut était aussi de cuir noir, et reflétait un coupe traditionnelle asiatique. Une ceinture rouge sang lui découpait la taille, et son habit descendait jusqu’aux genoux avec une large fente à l’avant. Le niveau des épaules et des avant-bras étaient consolidés. Dans son dos, par-dessus ses longs cheveux noirs qui descendaient jusqu’à ses fesses, pendait deux immenses sabres, et à sa ceinture un dangereux nunchaku.
Son visage était camouflé d’un bandana rouge et blanc, comme l’exigeait la coutume de le Grande Européenne. Les deux frères reconnurent immédiatement la silhouette féminine et se ruèrent à sa suite alors qu’elle courait vers un véhicule garé non loin de là.
Ils montèrent tous quatre dans le véhicule et la femme démarra le moteur, fonçant dans quelques mafieux qui les avaient rattrapés avant de détaler, échappant à leurs poursuivants.
La brunette baissa le foulard qui la recouvrait pour laisser apparaitre son beau visage féminin. Des yeux d’une couleur châtaigne.
Une peau bronzée et des traits d’Europe du sud montrant bien qu’elle n’était aucunement d’origine asiatique, si ce n'était son style vestimentaire, ses techniques de combats et armes qu’elle utilisait.
– Papa m’a prévenu de votre passage par ici. J’ai décidé de passer faire un petit coucou à mes frères chéris. Lança la jeune femme en souriant et lançant un coup d’œil aux trois hommes qui étaient assis sur les banquettes arrière.
– Toi aussi Edouardo tu m’as manqué si ça te rassure ! Lança-t-elle en direction de l’Italien qui lui répondit par un arrogant clin d’œil.
La jeune fille sourit.
Cœur de glace à l’instar de ses frère, Idalina faisait bien refléter dans sa personnalité et ses actes le dangereux nom de famille qu’elle arborait. Osabio.
⭐⭐⭐
La petite sœur de Joâo et Inacio est enfin arrivée !
Hélas pour certains qui l'avaient fait part de leurs espoir, elle n'a pas l'air d'être un petit ange notre Idalina !
Vous trouverez en média le costume à peut près qu'elle arbore.
J'espère que vous allez apprécier ce perso ! Et qu'en pensez vous d'ailleurs au premier coup d'œil ?
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