Chapitre 10
Le week-end qui suivi, le dimanche plus précisément, alors que Soraia passait son éternelle routine de femme et enfant battue auprès de son père, les deux ainés Osabio avaient enfourchés leurs motos, pour parcourir les routes jusqu'au palais royal, situés à quelques kilomètres de leur villa.
Il est temps de vous présenter Léna Da Costa, héritière du trône portugais. La première fois qu'elle avait vu Inacio, il avait un pistolet braqué sur elle. Joâo, lui, la tenait fermement par ses bras entravés.
C'était il y a neuf ans. Inacio avait dix-huit ans à l'époque, et Joâo dix-neuf. Dans cette période de fin d'adolescence et de début d'âge adulte, les deux frères avaient malheureusement déjà perdus leur âme d'enfant depuis de trop nombreuses années, convertis en véritables machines à tuer, sans émotions.
– Vous avez ici la future reine portugaise. Symbole de l'anarchisme. C'est elle, qui d'ici quelques années, gouvernera le pays. C'est elle qui, comme tous ceux qui l'ont précédé, fera abstraction de toute la misère du monde. De nos frères qui vivent dans la rue et ne nos mères mortes de faim.
Getulino venait de parler d'une voix forte. Nous étions dans la forêt entourant le palais. La petite Léna avait fugué, semant les deux gouvernantes qui devaient s'occuper d'elle. La tâche avait été facile, le kidnapping presque trop simple : il avait suffi de la cueillir à l'orée du bois ou elle ramassait des roses sauvages.
L'héritière du trône portugais avait huit ans, et deux jolies tresses ornaient son visage de petite fille. Ses yeux apeurés observaient sans réellement comprendre ce qui se passait autours d'elle.
Joâo et Inacio l'observaient avec haine, arme en poche. Déjà effroyablement fusionnels, les deux frères étaient côte à côte, au milieu d'une petite troupe de soldats, choisis précieusement par le Parrain. Suivant l'ordre d'un simple signe de tête de la part de leur géniteur, le fils aîné vint tenir fermement la fillette par les bras, déjà entravés par une solide corde qui irritait sa peau. Calme, il sentait le tremblement de l'enfant entre ses mains, faisant apparaitre dans son esprit un sourire maléfique. Il regrettait presque d'avoir laissé à son frère la chance de pouvoir la tuer.
– Joâo. Inacio. Mes fils. Accomplissez votre devoir, tuez cette gamine qui sera source du malheur de votre génération et celle de vos enfants.
Inacio était face à ses victime, son neuf millimètre en main. Il ne tremblait pas, semblait fier de lui, ancré au plus profond de son être par cette certitude qu'il servait la bonne cause.
Ils n'avaient pas forcément envie de la tuer elle, une enfant encore innocente qui subissait simplement les erreurs commises par sa famille et son rang. C'était injuste, oui, sans aucun doute et ils en avaient parfaitement conscience.
Alors que le deuxième fils pointait l'arme face à lui, prêt à tirer, Joâo s'écarta légèrement, évitant ainsi de se prendre la balle au cas où un problème arrivait.
Mais alors qu'il allait tirer le coup fatal, Inacio croisa le regard de sa victime. Ces deux grands yeux noisette qui l'observaient sans pleurer mais traduisant tout le désespoir et l'innocence du monde.
Il frissonna, son corps de figea brutalement alors qu'il tentait d'enlever ces images de son esprit. Il voyait défiler devant lui le visage d'une adorable petite fille, souriante. Magnifique.
Et ces yeux marrons...
Elles avaient les mêmes yeux.
Elvira.
Elle avait le même âge, sa petite sœur.
Elle avait le même âge lorsqu'elle est morte, laissant derrière elle une famille endeuillée et une jumelle effondrée. Idalina.
Le regard impassible, il releva les yeux vers son frère et y lit instantanément que les mêmes pensées lui traversaient la tête. Lui-même ne sut pas par quelle miracle ces paroles sortirent de sa bouche. C'était comme le lion affamé qui tentait de gracier la gazelle broutant l'herbe fraiche : étrange.
– Père. Je n'ai aucune envie de tuer une enfant innocente.
Comme quoi, à cette époque les deux frères pouvaient encore faire preuve d'un minimum d'humanité.
Il était possible se demander si ça pouvait encore être le cas...
Rare étaient les fois où Getulino se faisait appeler « père ». En effet, avec lui, aussi étrange que cela puisse paraitre lorsqu'on connait la personnalité néfaste du personnage, ça avait toujours été « papa ».
– Ces gens sont des aristocrates. Ils vivent sur l'or de notre pays, récoltée par nos pauvres paysans qui meurent de faim ! Leur argent n'est pas le leur, mais le nôtre, celui du peuple ! Leurs richesses sont volées au plus démunis. Ces gens sont à exterminer. Tu es mon fils. Je t'ai élevé, ainsi que ton frère. Je vous ai nourris, logés, dorlotés, éduqués. Tu as déjà tué. Plusieurs fois. Tu vas le refaire. D'accord ?
L'homme avait parlé d'une voix où l'on pouvait ressentir la plus profonde rage. Comment donc son fils osait-il se dresser ainsi contre lui ?
– Je suis de l'avis d'Inacio. Et si mon frère de veut pas la tuer, je ne peux pas, au gré de sa volonté, tenir cette gamine.
Cette fois c'est Joâo qui avait pris la parole, surprenant tout le monde. Déjà à l'époque, l'aîné de la famille était également le plus froid, le plus impassible, le plus dangereux. Leur père vit rouge. Il hurla quelques ordres, crachant presque au visage de ses employés qui encerclèrent ses deux fils et la fillette qui tremblait de plus en plus.
– Joâo, tiens-là. Inacio, tire. C'est un ordre de ton père, de ton chef. Il regarda ceux qui l'entouraient. Et de tous ceux ici présent.
Une longue minute était passée. Comment réprimer l'ordre de la personne qui, dans leur monde, leur famille, s'asseyait chaque jour sur le trône royal. La seule tête digne de porter la couronne de la Grande Mafia Européenne. Inacio leva son arme, laissant sortir quelques mots de sa bouche, comme une excuse à la gamine qu'il allait tuer.
– Je le fais contre mon gré.
Il posa son doigt sur la détente, et tira, comme il avait tant l'habitude de le faire. Les remords lui nouaient déjà le corps, il revoyait l'enterrement de sa petite sœur. Son cercueil d'enfant qui disparaissait sous la terre. Qu'est-ce qu'il avait adoré Elvira, mais en même temps quel grand frère n'aime pas sa petite sœur ?
La balle siffla dans l'air, visant le cœur innocent qui battait à tout rompre. Mais à une vitesse effrayante sans que personne ne puisse se rendre compte de ce qui se passait, l'enfant fut projetée sur le côté.
La balle à finalité mortelle heurta Joâo en pleine épaule, faisant couleur son sang sur sa chemise noire. Tout se passa si vite, le jeune homme s'écroula par terre, entrainant la princesse dans son élan. Inacio lâcha son arme, observa d'un air stoïque son père dont le visage s'était décomposé par une certaine amertume. Puis, comme reprenant conscience de ce qui venait de se passer, il s'élança vers son frère qui se relevait fébrilement, une main posée sur sa blessure. La balle était restée ancrée dans la chaire du portugais, qui ne cessait de saigner. La chemise de l'héritier de la Grande Mafia se trempait de son sang à une vitesse effroyable.
Première rencontre entre les deux héritiers royaux du Portugal. L'une allait porter la couronne de la noblesse, de la Reine d'un pays entiers. L'autre allait s'asseoir sur le trône obscur d'un empire noir.
– Joâo, Joâo...
Le mafieux, qui avait jusque-là gardé les yeux fermés comme réfléchissant à ce qu'il venait de faire en protégeant ainsi sa propre victime, ouvrit les paupières, dévoilant ses magnifiques yeux verts, et dit d'une voix glacée :
– Tu ne voulais pas la tuer, tu vois. Tu ne l'as pas tué comme ça. Inacio enlaça son frère, en murmurant. Les mots semblaient se briser dans sa gorge :
– Tu l'as mise sous ta protection en te sacrifiant à sa place. Tu connais notre loi, Joâo. Il parla assez fort pour que tout le monde l'entende. Tu connais notre loi : tu l'as sauvé du coup fatal. Alors tant que tu seras en vie, personne n'est en droit de lui faire du mal.
Car oui, tel était le fonctionnement de la Mafia Européenne.
C'était rare, très rare qu'un mafieux se sacrifie ainsi. C'était un monde d'hommes durs, violents, et faire preuve d'humanité entrainait d'imposantes circonstances.
C'est comme ça que Joâo devint le seul de sa famille à prendre quelqu'un sous sa protection. À l'époque, même lui ne s'en était pas vraiment rendu compte. Il n'avait pas fait ça pour Léna, mais pour son frère. Et sa sœur. Sa petite sœur décédée qui lui avait insufflé un élan de bonté, sauvant ainsi une fillette du coup fatal.
Tout ça grâce à deux petites filles qui avaient tant de ressemblance dans leurs yeux marrons. Depuis ce jour, Léna avait bien grandi. Le corps de petite fille avait laissé place à celui d'une adolescente, et maintenant qu'elle avait dix-sept ans on pouvait commencer à la voir comme une femme.
Joâo l'observait en silence, alors qu'elle enlaçait joyeusement Inacio. Ses longs cheveux châtains semblaient flotter derrière elle. Elle avait un visage pétillant et ses yeux n'avaient pas changés. D'un marron profond et brillant d'une lueur intense.
– Où sont passés tes gardes du corps ?
La princesse rit d'un air enchanteur et lui répondit d'une voix débordante de malice :
– Je viens toute juste d'en envoyer un à l'hôpital en le faisant monter un « gentil poney » qui s'est révélé être un étalon pas sorti depuis un mois. Elle rit. Oups, je me suis peut-être trompée ?
Inacio secoua la tête de gauche à droite. Car oui, la première chose à savoir sur Léna Da Costa, en plus qu'elle était l'héritière du trône portugais, c'est que c'était une jeune femme extrêmement fugueuse.
– Je vais bientôt arriver au quatre-centième binôme de gardes du corps ! Tu te rends compte, c'est trop bien ! Lança-t-elle, apparemment toute excitée à cette idée.
Inacio souriait rarement, mais avec Léna il semblait se détendre. Oui, il est vrai que l'homme tentait de montrer à la brunette une image de lui un peu moins noire qu'elle ne l'était en réalité. Mais il était aussi vrai que le mafieux se détendait un peu en présence de l'adolescente.
Il la considérait comme sa petite sœur. Et ce n'était pas un euphémisme.
Pour ceux qui se demande, non Léna ne remplaçait pas Elvira. Loin de là. Léna était unique, et si des liens profonds s'étaient tissés entre elle et l'homme s'était pour quelques chose de bien plus puissant que le souvenir d'une sœur décédée.
Fut une époque où le jeune homme voulait même intégrer la brunette dans la Mafia. Ça aurait pu se faire, elle avait assez de mental et travaillait son physique suffisamment assez pour, après de nombreuses heures d'entrainement, survivre aux tests. Personne n'avait été au courant de ces projets fous qu'avait entretenu Inacio, si ce n'est son frère. C'est lui qui avait très vite posé les limites. Projet impossible, il s'était fortement opposé à cette folie passagère.
Il aurait été dangereux et même toxique de mélanger leurs deux milieux.
Qu'une princesse, une noble soit si proche des premiers fils du Parrain de la Mafia Européenne était déjà bien trop difficile à gérer.
Mais si Inacio semblait si proche de la jeune fille, qu'en était-il de Joâo ?
Justement, voilà que la brunette se retournait vers lui tout sourire. Il ne lui répondit pas, se contentant de laisser ces yeux marrons fixer les siens quelques secondes. L'homme était accoudé au mur d'enceinte du palais royal, à trois mètres environ de son frère et de la princesse.
– Je suis contente que tu sois venu. Lui dit-elle d'une voix sincère.
Léna aimait Joâo, d'un amour amical, bien-sûr, mais cela restait profond. Elle le respectait au plus profond de son être. Ces deux frères avaient quand même eu sa vie entre leurs mains et ont décidée de l'épargner.
Inacio et Joâo étaient deux anges de la mort, pris un jour de cette soudaine envie de voir si sauver prenait tout autant de satisfaction de tuer.
Il était cependant difficile de savoir si Joâo aimait Léna.
Il n'aimait même pas sa famille. Seulement Inacio et Anastasia avaient une place dans son cœur.
Mais et Léna alors ?
Oui, même s'il semblait nier ce sujet, la jeune portugaise pouvait se vanter de faire passer de cette « élite » d'êtres humains de Joâo Osabio aimait. Du moins ne haïssait pas ou ne se montrait pas indifférent.
La brunette continua durant quelques minutes à parler avec enthousiasme, déballant à vitesse fulgurante toute sa vie. Il est vrai que l'adolescente avait toujours été une intrigue pour les deux hommes, et surtout Joâo : elle était si positive ! Semblait si optimiste et pétillante face à la vie qu'elle avait ! Parce qu'elle n'était pas une princesse pourrie gâtée, loin de là ! ne recevant aucun amour de la part de ses géniteurs, elle était depuis dix ans condamnée à rester enfermée dans ce château et ses jardins, entourée de gardes du corps qui empiétaient sans scrupule sur sa vie privée.
Une véritable prison dorée, et avec comme plus grand rêve d'en sortir.
La brunette finit par jeter un coup d'œil à sa montre :
– Ils vont commencer à me chercher, ça comment à faire longtemps. Soupira-t-elle avant d'enlacer Inacio.
– Ça m'a fait tellement plaisir de te voir !
– Moi aussi Petite Léna, moi aussi.
Elle laissa un sourire resplendissant apparaitre sur son joli visage avant de se diriger vers Joâo. Sans vraiment prendre le recul sur son geste, elle enlaça à son tour l'homme :
– Toi aussi j'ai été très contente de te voir. Murmura-t-elle. Il ne répondit pas, bien entendu, mais au fond de lui-même ces mots si gentils s'engouffrèrent en douceur dans son cœur. Il se contenta de lui frotter le haut de la tête, tel un frère le ferait.
Il avait regretté de l'avoir pris sous sa protection, ho que oui et sans hésitation. Mais ce n'était plus le cas. Presque même était-il heureux de l'avoir fait.
⭐⭐⭐
Alors j'espère que les fans de Léna sont contents qu'on parle d'elle ! N'hésitez pas à me dire tous vos avis !
D'ailleurs c'est elle en media (représentée pars Madison Maclaughlin)
Et je rappelle que pour ceux qui le souhaitent Princesse Léna raconte son histoire, en compagnie de Dylan un garde du corps plutôt intéressant... N'hésitez pas à y jeter un coup d'œil, ce roman (qui est terminé) peut être nommé comme tome précédent à ce livre et on y retrouve également Joâo et Inacio !
Sinon merci de tout cœur on a attend les 1k de lecture il y a quelques jours, au chapitre 9 je vous aime ❤️
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