Finalement, je l'ai quand même mise cette robe.
Et même qu'elle me va carrément bien.
Brenda est vraiment la reine du "make-up". Rien ne m'étonne dans le fait qu'elle veuille devenir maquilleuse plus tard. Avant de s'attaquer à mon visage, elle m'a montré ses dernières créations pour Halloween; plus vrai que nature! Je lui ai donc donné carte blanche pour mon maquillage. Tant qu'elle ne me transforme pas en zombie pour la soirée... Elle sait très bien ce qu'elle fait et ce qui sera assorti à ma robe. Je lui ai tout de même précisé de faire quelque chose de discret, je sais bien qu'elle aime faire dans l'extravagance. Nous papotons de trucs de filles qui n'intéressent aucun d'entre vous alors qu'elle laisse aller son pinceau du nouveau kit de maquillage que nous lui avons offert pour Noël sur ma peau. Enfin je sens qu'on m'applique de l'eye-liner liquide sur les yeux, un peu de mascara, et sa touche finale; le rouge à lèvres.
Elle me donne la permission d'ouvrir les yeux, et ce que je découvre dans le miroir est une version bien plus améliorée de moi. Oh oui, pour une fois je vais pouvoir le penser; je suis jolie. Une vague de chaleur s'empare de moi et je souris. Je me sens belle. Quelle femme n'aime pas se sentir belle? Elle arrive derrière moi et remet mes cheveux coiffés et lissés par ses soins sur mes épaules en ajustant une paire de boucles d'oreilles dorées à celles-ci. Je me lève et me décale vers le grand miroir où je peux entièrement admirer ce qu'elle a fait de moi. Mes yeux sombres de maquillage et mes lèvres rouges foncées. Ma robe qui virevolte autour de moi et mes chaussures qui affinent mes jambes. Je me sens plus que bien; il n'en faut pas moins pour que je saute au cou de mon amie en riant.

"Merci Brenda, merci, merci, merci!"

Elle me prend par les épaules et observe son travail.

"Ça te va comme un gant. Tu es superbe!"

Un sourire illumine mon visage un instant, mais je me renfrogne quand je me rappelle que toute cette mise en scène n'est en fait que pour aller à une stupide soirée.

"C'est génial! Quand je pense que tout ton travail n'est que pour aller chez Holmes..."

Elle secoue la tête.

"Tu verras, on va bien s'amuser. Tu vas faire des ravages!"

Je lui souris gentiment sans préciser que dans le fond; je n'ai aucune envie de "faire des ravages". Elle s'attarde alors à ma coiffeuse pour s'occuper de son propre maquillage. Elle asperge ses cheveux courts de laques et la délicieuse odeur emplie la pièce. Oui, j'aime beaucoup cette odeur. La notion de parfum me rappelle que j'ai oublié de m'en mettre, je quitte alors la pièce pour rejoindre la salle de bain et attraper mon flacon. J'en mets deux spray de chaque côté de mon cou, hume l'air et sors de la salle de bain en sautillant de bonheur. Tout d'un coup notre réveillon s'avère peut-être moins terrible. La porte de la chambre de Thomas s'ouvre, je le vois sortir en la poussant avec son pied tandis qu'il essaye de faire un nœud de cravate. Il reste tête baissée, concentré sur sa tâche et je m'arrête pour ne pas qu'il me fonce dedans. Soudain mon sourire s'efface lentement quand il lève la tête vers moi. On se regarde ainsi un instant; presque en chien de faïence. C'est alors qu'il se racle la gorge et fait un geste étrange avec sa main en utilisant sa cravate.

"Tu..."

Je comprends et hoche la tête en m'approchant de lui pour l'aider à faire son noeud. Je me sens plutôt mal à l'aise par cette proximité qui d'habitude ne me gêne absolument pas les autres jours. Je fais son noeud tant bien que mal en riant nerveusement quand je me rend  compte que je ne fais qu'empirer les choses. Au final, il est impeccable. Il fuit alors mon regard un moment pour lisser sa chemise et son pantalon, lève la tête vers moi et me souris. Il m'inspecte de bas en haut puis ouvre la bouche pour dire ces mots;

"Tu es vraiment..."

Mais la porte s'ouvre à la volée, nous nous retournons tous les deux brusquement.

"Bonne presque nouvelle année!" Crit Dylan en faisant irruption, entamant une petite danse.

Je plaque une main sur ma poitrine et soupire de soulagement. J'avoue qu'il m'a fait peur pendant une fraction de seconde.

"Il est loin d'être minuit." Dit Thomas en fronçant les sourcils. Il a l'air vexé.

"C'est pour ça que j'ai dis "presque" nouvelle année!" Dit-il comme si c'était une évidence.

Je me laisse aller à un sourire quand il croise mon regard en me lançant un clin d'œil aguicheur.

"Sublime, mademoiselle Adams."

Sur ce, il passe devant moi en me faisant une révérence et s'enferme dans les toilette en nous précisant qu'il "a trop bu de jus de fruit à midi". Thomas bougonne des mots incompréhensibles et part s'asseoir au bar pour envoyer des messages aux autres pour leur indiquer que nous sommes prêts. Je me tourne vers lui sans savoir quoi faire me demandant ce qu'il lui prend mais me contente de retourner dans ma chambre pour voir où en est Brenda.
Comme prévu elle est à tomber. Elle porte un pantalon noir, un haut vert brillant et une veste à col chic noire aux boutons dorés. Elle arbore de longues boucles d'oreille en or très "bling-bling" et un maquillage de dégradé vert ainsi qu'un fin et long trait d'eye liner précis. Son gloss est transparent; elle a tout joué sur les yeux.

"Alors?" Dit-elle en tournant sur elle même.

Je lui souris et lui donne une réponse de fille clichée du style "Wouaaah, ma chérie, t'es trop belle!" Enfin... Vous voyez, quoi.

***

Non, non, non. J'appréhende vraiment beaucoup trop. Le manoir Holmes est juste en face de nous, il ne nous reste plus que cette fichue pelouse humidifiée par le soir qui tombe à traverser. Je commence à frissonner quand j'entends la musique tonner si fort et les gens entrer et venir à l'intérieur. Pourtant tout à l'air encore calme, il n'est que vingt et une heure; la soirée ne fait que commencer. Je m'agrippe au bras de Kaya qui est plus somptueuse que jamais dans sa robe bleue fendue qui laisse apparaître sa jambe de façon sexy et porte les bijoux que nous lui avons offert au réveillon. Thomas est de plus en plus mal à l'aise lui aussi à mesure que nous nous approchons du manoir. Les autres, c'est tout le contraire! Surtout Ki-Hong qui ne cesse de se demander si il y aura de la pizza ou non; vous l'aurez compris, il aime la pizza. Dylan marche de façon étrange en prétextant que c'est "sa nouvelle chorégraphie trop cool qui fera craquer toutes les filles de la soirée".

Toutes les filles qui auront un verre dans le nez et qui ne seront pas en train de vomir leurs tripes dans un coin. Je me dis tout bas.

C'est comme si pour me charier, le temps s'était accéléré pour nous conduire plus vite sur le palier de la maison. Oh. Je me sens déjà comme chez moi...
Un groupe de filles en robes très, très, très courtes et maquillées au pinceau lourd sont en train de tourner autour d'un garçon en l'emmenant à l'intérieur. J'aime énormément ce genre de filles... Non, je ne vais pas déjà m'emporter.
Je soupire et gravis les marche à la suite de mes amis en me demandant pourquoi nous n'avons pas suivis le plan de Thomas en nous enfuyant dans Londres.

***

Mes craintes ont largement eu le temps de se confirmer dés que j'ai traversé le pas de la porte. Vous voyez ces fêtes dans les émissions où dans les films? Les néons, l'alcool, la musique un tantinet trop forte... Et bien voilà dans quoi je viens de m'embarquer. J'arrive derrière mes amis en fendant et en regardant avec admiration tout ce qui m'entoure. C'est à la fois merveilleux et effrayant, c'est un sentiment qui prouve que l'homme a peur de l'inconnu. Mon coeur se serre, je ne sais pas comment m'occuper dans un endroit pareil, comment m'amuser. Quand nous nous arrêtons enfin à un coin sombre, une table entourée d'une banquette en cercle bleue nous fait face; il y a le nom de "O'Brien" inscrite dessus. Évidemment que c'est lui qui nous a réservé cet endroit. Malgré tout je l'en remercie, nous allons pouvoir rester entre nous à cette table sans se perdre. Et si il le faut, je passerais l'entièreté de cette soirée à cette table en m'y accrochant comme à ma propre vie. Je retire ma veste tant il fait chaud dans cet endroit mais la garde précieusement contre moi, telle une grande paranoïaque qui n'a pas envie de se faire prendre son téléphone et son portefeuille. C'est d'ailleurs Dylan, tout excité par l'événement qui s'en va prendre les boissons. Je fais part de mon angoisse à Kaya qui rit et me donne un coup de poing.

"Détend toi! On est ici pour se lâcher!"

Je regarde devant moi la foule de gens qui affluent alors qu'un garçon passe devant nous en courant avec un caleçon sur la tête.

"Oui enfin, pas trop quand même..." Dis-je en le suivant du regard.

Elle rit de plus belle et tend la main vers sa boisson que le brun vient d'emmener à table. Nous avons pris un Campari Orange; je ne sais absolument pas ce que c'est mais Kaya me l'a conseillé avec entrain. Je goutte alors la boisson parfumée à l'orange, c'est très plaisant. J'entame doucement mon verre avant que LA question se pose.

"Il y a de l'acool?"

Kaya souffle sur une mèche folle qui lui barre la vue.

"Tu me semble bien coincée aujourd'hui par rapport aux autres jours. On ne va pas boire du lait en soirée ma belle."

Je soupire en repoussant mon verre. C'est un complot, on essaye déjà de ma saouler pour que je me lâche! Je regarde Thomas, assis entre Dylan et Ki-Hong en face de moi. Il me sourit timidement; nous nous comprenons parfaitement.
L'heure passe alors que la soirée jusque là était plus où moins calme. Il tourne dans les environs de dix heures et demie et c'est maintenant que ça dégénère. Je me fais de plus en plus petite sur mon siège alors que mes amies parlent de plus en plus fort et rient de plus en plus de choses stupides. Mais c'est encore légé. Par contre autour de nous, c'est belle et bien une fête. Un peu trop je dois dire. Les groupes d'amis rigolent entre eux, une bière à la main, on porte des lunettes de soleils extravagantes, la couleur fluorescente est au rendez-vous... Ça pourrait encore être sympathique comme fête si il n'y avait pas plus de cinq filles en train de se tortiller contre des barres métallique non loin de notre table sur une scènes élevée entourée de néon à couleurs changeante. Leurs tenue rétrécissent au fur et à mesure et les garçons en bas de scène son complètement fous. C'est très... Je n'ai pas les mots. Non je ne suis pas une fille coincée, arrêtez! Oui, je le suis peut-être un peu. Cette soirée me gave et ce uniquement à cause de ma façon de penser qui est on ne peu plus... Merdique. Je m'excuse de m'exprimer ainsi mais c'est la pure vérité. Je prend mon verre d'une main ferme et le vide d'un coup sec sans réfléchir. Je me suis juste dit que ça me donnerai un coup de pouce... La chaleur se répand dans mon corps de façon instannée comme prévu. Juste à ce moment On nous sert sur un plateau en métal argenté de nouvelles boissons. Kaya et moi nous regardons et, je le sais que c'est stupide, nous prenons nos verres pour trinquer. Je porte le liquide brun cette fois à mes lèvres sans faire réellement attention et boit une grande gorgée. En voyant ce que j'ai bu par rapport à elle, elle ouvre grand la bouche en riant. Ça a le goût de la cerise, pourtant la sensation de picotement est toujours présente dans ma gorge. J'interroge mon amie sur le contenu de mon verre, ma conscience me soufflant que j'aurais dû le faire avant.

"C'est une vodka-cerise! Délicieux non?" Elle reprend une gorgée en se dandinant sur la banquette. "J'ai envie de danser, viens avec moi!"

Je n'ai pas particulièrement envie de m'approcher de plus près des danseuses sur les barres en métal alors je fais un signe négatif de la tête. Elle fait la moue mais se lève en entraînement Thomas avec elle. Surpris, il trébuche derrière la brune qui l'emporte par le col en me lanssant un regard de supplication. Dylan se glisse près de moi et goûte dans mon verre sans se gêner.

"Pas mauvais, prend ça."

Il me glisse son verre que je goûte sans reconnaître le contenu. Avant que j'ai pu le questionner à ce sujet, il m'entraine à son tour dans la foule.

***

La vue est trouble mais je vois bien distinctement les spotes clignoter au dessus de moi. Je sens aussi la présence de Dylan à mes côtés qui danse contre moi et la musique qui résonne dans mes oreilles comme si je portais un casque et que le niveau était au maximum. J'entends des cris de joie, des rires, les gens s'amusent. Je ne pourrais pas nier que moi-même je suis comme une folle. Cette soirée est vraiment géniale, je m'amuse comme jamais malgré toutes mes appréhensions. J'ai un verre de vodka-cerise à la main et je danse avec Dylan en collé serré tout en riant comme une folle. Il fait des grimaces digne de son nom et chope un verre sur le plateau du serveur à chaque fois qu'il a le malheur de passer près de nous. La musique résonne et c'est fou comme je me sens bien. Je me sens légère, comme si tous mes problèmes avaient disparu le temps d'une soirée. Aucune douleur, aucun sentiment négatif. Tout roule comme sur des roulettes. Je n'ai vu personne à part le beau brun en face de moi mais je m'en fiche éperdument. Il vient prendre mes hanches et coller son torse au mien en jouant des soucils et je ris en le repoussant, entamant un nouveau verre de la boisson. Elle passe crème avec son goût de cerise, comme une simple grenadine. Dylan revient à la charge et cette fois je me laisse faire. Il me jette en arrière et me redresse, nous bougeons l'un contre l'autre sur la musique électronique. Voilà que ses mains redescendent lentement plus bas que mon dos, son geste éveille en moi quelque chose d'étrange. Il me balance en arrière et commence à embrasser plusieurs fois mon cou de façon aléatoire, je me laisse faire en riant comme une idiote, laissant échapper un petit cri quand il me mord la peau. Quand il s'arrête enfin, je vois dans ses yeux une lueur étrange, presque féroce. Il est incroyablement sexy sous les lumières mattes de la salle, ses cheveux en bataille et sa chemise légèrement ouverte. Sans vraiment savoir pourquoi j'avance mon visage vers le siens et embrasse le coin de ses lèvres. Je l'entend grogner et son visage descend dans mon cou pour continuer de mordiller ma peau. Nous nous retrouvons coincés contre un des murs de la pièce principale et je me surprends à penser que cette situation n'est pas vraiment désagréable; ses lèvres se mouvant contre ma peau en la mordant légèrement avec une sensualité étonnante me laissent échapper un soupire. Une nouvelle émotion nait dans le creux de ma poitrine; le désir. La tête me tourne, je suis complètement dans les vapes, mais je sais ce que je veux. À l'entente de mon soupire que seul lui n'a pu percevoir avec la musique qui étouffe tous les sons, Dylan cesse son jeu et embrasse mon cou en se dirigeant vers mon visage où il pose son dernier baiser au coin de ma bouche. Ses mains continuent de palper l'arrière de ma robe alors que dans un geste que je n'aurais jamais osé en temps normal, je lève ma jambe pour faire en sorte que mon genoux se frotte contre la cuisse du brun. Celui-ci se cambre et ses yeux croisent les miens. Ils brillent de milles feux tout autant injectés de rouge par l'alcool. Un sourire carnassier s'étire sur ses lèvres.
Et c'est là qu'est ma plus grosse erreur de la soirée.