Chapitre 1
À quinze ans, Lizbeth avait tout pour être heureuse : Elle était première de classe, faisait l'envie de toutes ses camarades tant par son talent que sa beauté particulière et ses parents lui offraient tout ce qui lui faisait envie. Elle avait plusieurs amies, faisait des activités toutes plus coûteuses les unes que les autres comme du parachute et de l'équitation, alors que pouvait-elle espérer de plus ?
- Des parents qui se soucient de moi, pensa-t-elle en lâchant un énième soupir.
Ses parents étaient très attentionnés quand il s'agissait de son petit frère de dix ans, Jim, qui lui ressemblait d'ailleurs beaucoup. Les deux possédaient des cheveux blonds, presque blancs, qui les faisaient ressembler à des anges, un petit nez retroussé et un teint très clair.
Bien que la jeune fille possédât une magnifique chambre remplie de pots de peinture, son loisir préféré étant de peindre des toiles, un grand piano, puisqu'elle suivait des cours depuis qu'elle était toute petite et tous les livres qu'elle voulait, il lui manquait une chose. Lizbeth aurait bien aimé que ses parents lui demandent comment s'était passé sa journée à l'école, qu'ils la félicitent pour ses bonnes notes ou qu'ils l'emmènent avec eux lorsqu'ils sortaient la fin de semaine. Bref, qu'ils s'intéressent à elle.
Ils emmenaient son petit frère avec eux, mais jamais elle. Lorsque Lizbeth leur avait demandé pourquoi elle ne pouvait jamais les accompagner, ils avaient répondu qu'elle était assez vieille pour rester toute seule à la maison. Mais lorsqu'elle était petite, ils ne l'emmenaient pas non plus avec eux et la faisaient garder. Lizbeth se demandait souvent pourquoi. Leur faisait-elle honte ?
Cette journée-là, ils avaient reçu leur bulletin. L'enseignante n'avait pas arrêté de complimenter Lizbeth sur ses résultats. La jeune fille avait la meilleure moyenne de la classe.
- Il faudrait t'inscrire dans une université pour l'an prochain, lui disait-elle. Avec les notes que tu as, tu ne peux pas continuer ici. Tu pourrais accomplir de grandes choses, devenir médecin ou avocate.
- Merci, lui avait répondu Lizbeth, mais je préfère rester ici. C'est chez moi.
- Mais ma chère, tu n'accompliras rien en restant dans ce village. Je suis sûre que tes parents seraient enchantés de savoir que leur fille est l'une des rares élèves à être assez talentueuse pour entrer dans l'une des meilleures universités du pays, contrairement à leur fils.
Jim avait eu la moyenne la plus basse de toute l'école. Son enseignante avait convoqué leurs parents pour une réunion afin de voir ce qu'ils pourraient faire pour lui.
- Il devrait prendre exemple sur sa grande sœur. Au fait, pourras-tu leur donner son bulletin en même temps.
- Bien sûr.
Sur ce, Lizbeth retourna chez elle avec les bulletins, en sachant pertinemment qu'ils ne jetteraient même pas un coup d'œil au sien et qu'elle devrait imiter une fois de plus la signature de sa mère. Ses parents passeraient la soirée à traiter leur enseignante de tous les noms en finissant par conclure que c'était elle la responsable des mauvaises notes de leur fils.
Après le repas du soir, ses parents et son frère allèrent directement au salon regarder leur émission de téléréalité favorite tandis que Lizbeth ramassait la table et mettait tout au lave-vaisselle. Elle jeta un coup d'œil à son bulletin sur le comptoir et vit que ses parents n'y avaient même pas jeté un coup d'œil.
Elle soupira et se retira dans sa chambre pour terminer ses devoirs.
C'était une soirée pluvieuse et venteuse. Jim n'arrêtait pas de cogner à sa porte pour lui demander de jouer avec lui à son nouveau jeu de société.
- S'il te plaît, Lily, l'implorait-il de l'autre côté de la porte. Papa et maman écoutent la tété et ne veulent pas jouer avec moi.
- J'ai des devoirs à faire, morveux, et tu devrais faire pareil d'après ton enseignante, répliqua la jeune fille.
D'accord, elle n'était pas très gentille, mais il agissait toujours comme un enfant gâté. En fait, c'était parce qu'il l'était réellement.
- Juste dix minutes, continua-t-il.
Lizbeth se leva alors et se dit que dix minutes à jouer avec lui serait moins pire que dix minutes à l'entendre râler derrière la porte.
Une demi-heure plus tard, ils étaient assis par terre dans le salon.
- Tu triches ! s'exclama Lizbeth. Ça ne se joue pas comme ça.
- Non, répondit-il. C'est toi qui ne comprends rien.
-Je sais comment fonctionne un jeu de société, morveux.
- Maman ! Elle m'a traité de morveux ! Brailla Jim.
- Ça suffit ! s'exclama leur père. Lizbeth ! Laisse ton petit frère tranquille et va dans ta chambre.
- Parfait ! S'exclama-t-elle, bouillante de colère. Tout le monde sait que c'est toujours lui que vous défendez.
- Tu es la plus vieille des deux, dit alors sa mère. Tu devrais montrer l'exemple.
- Ah oui ? Pourtant la moyenne de mon bulletin est de 98% alors c'est moi qui ne donne pas l'exemple ? Si vous aviez pris la peine de l'ouvrir vous auriez vu le commentaire de l'enseignante sur mes notes.
- Nous ne t'avons pas élevée pour que tu te vantes de tes notes, répliqua sa mère sur le même ton.
- Bien sûr que non ! Vous ne m'avez pas élevée du tout. Vous vous occupez seulement de Jim et vous vous fichez de moi.
- Tu veux qu'on se fiche de toi ? S'écria son père. Alors tu es privée de sortie pendant un mois.
- Alors vous allez m'entendre me plaindre pendant un mois.
- Non, tu resteras dans ta chambre.
Lizbeth était folle de rage. Elle se dirigea dans sa chambre et leur cria du seuil de la porte.
- Si vous ne vouliez pas de moi, il fallait y penser avant.
Puis, elle claqua la porte.
C'était la première fois qu'elle hurlait de cette façon. Habituellement, elle s'entendait bien avec ses parents. Ils l'aimaient à leur façon, mais Lizbeth se disait qu'ils n'étaient pas très démonstratifs. Bien sûr, ils maternaient son petit frère, qui n'avait que dix ans, mais c'était le bébé de la famille, alors c'était normal.
Elle ne se souvenait pas beaucoup de son enfance avant que son frère ne naisse, mais ils avaient probablement fait la même chose avec elle...Ou pas.
Elle soupira et se mit à peindre pour se calmer et se changer les idées. Elle adorait ça ! Elle peignait la vue du village en haut de la montagne. De cet angle, il était magnifique, mais l'était-il autant vu de près ?
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