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Nouvelle #1 - Le Rocher (Page 2)

Quelques minutes plus tard, après avoir traversé le camp avec ses deux prisonniers, lesquels avaient été suivis du regard par chaque soldat qui avait croisé leur route, Ange fit entrer Uther et Savignin dans la tente d'état-major, où les attendaient déjà le Commandant, les trois capitaines de compagnie, dont Sibylle qui avait le regard fuyant, ainsi que les cinq sergents parmi lesquels Merdinot, qui esquissait un sourire de satisfaction lorsqu'il vit les deux mousquetaires en si vilaine posture.

Le commandant attendit qu'Ange vienne prendre place parmi les autres sergents, se leva puis s'approcha des prisonniers.

– Messieurs, vous savez pourquoi vous êtes ici, je vous épargnerai donc de rappeler les raisons de votre arrestation. Je n'ai qu'une seule question à vous poser : niez-vous les accusations du sergent Merdinot ?

Uther et Savignin se concertèrent d'un regard, haussant à tour de rôle les épaules devant la question silencieuse de l'autre.

– Non, Commandant ! répondirent-ils ensemble.

– Ah ! Voyez un peu comme ils ne se cachent même pas de leur couardise ! Des lâches, voilà ce qu'ils sont ! lança Merdinot soudain saisit d'euphorie.

Ange serra les dents et esquissa un geste, que Sibylle stoppa à distance d'un regard lourd de sens.

– Silence sergent ! ordonna le Commandant en se retournant vers lui. Leur franchise est tout à leur honneur et certainement pas dépourvue de courage, ajouta-t-il.

Merdinot baissa les yeux, alors le Commandant se retourna vers les accusés et commença à marcher lentement autour d'eux.

– Savez-vous comment les pejzegovics* punissent les soldats qui ont refusé d'aller se battre, messieurs ?

– Ils les fusillent, Commandant ! répondit Uther sans la moindre hésitation.

Le Commandant haussa les sourcils, surpris qu'en plus d'avoir répondu très rapidement, Uther n'avait pas la moindre peur dans le regard.

Sibylle serra les dents, espérant qu'une telle attitude ne serait pas interprétée comme un défit d'autorité.

– En effet, Monsieur de la Fère, ils les fusillent, reprit le Commandant. Car ils considèrent que le défaitisme est un ennemi plus dangereux encore que l'armée adverse. Ce raisonnement n'est pas totalement dépourvu de sens, je dois bien l'avouer. Néanmoins, même si nous respectons l'adversaire que nous affrontons, nous autres, tribyans* et coraliens, mettons un point d'honneur à faire preuve de plus de clémence envers nos soldats, même les plus lamentables éléments.

Il avait appuyé sur ces derniers mots. La chose n'avait échappé à personne, certainement pas à Merdinot, qui jubilait.

– Comme vous le savez tous les deux, le moral des troupes est au plus bas suite aux nombreux morts que nous avons eu à déplorer jour après jour depuis que nous tentons de prendre ce maudit rocher. Il est donc parfaitement inacceptable de laisser deux soldats se comporter comme vous l'avez fait ce matin. C'est pourquoi je serais intraitable concernant votre punition, afin qu'elle serve d'exemple à tous ceux qui auraient envisagé de vous imiter.

Il s'interrompit, le temps de se replacer parfaitement face à eux, laissant un petit blanc afin que leur imagination travaille de concert avec leur peur. À sa grande déception, il n'eut pas l'impression que cela eut le moindre effet sur ces deux gaillards-là. Cela le déconcerta quelque peu.

– Vingt coups de fouet chacun et en première ligne à la prochaine charge, déclara-t-il. Voilà ce qu'il vous en coûtera d'avoir cherché à fuir le champ de bataille.

À cette annonce, Sibylle ferma les yeux en se mordant la langue, Ange serra son poing si fort qu'il s'en trancha presque la paume, Savignin soupira lourdement, pendant que Merdinot se frottait les mains. Uther, quant à lui, leva la main pour demander la parole. La chose sembla surprendre grandement les membres de la petite assemblée.

– Qu'y a-t-il, Monsieur de la Fère ?

– Commandant, pourrais-je m'entretenir un instant avec vous, en privé ? demanda-t-il.

Tout le monde redoubla de surprise, particulièrement Ange, Savignin et Sibylle qui, connaissant leur ami, se demandaient bien ce qu'il pouvait bien avoir derrière la tête.

Lorsque le Commandant, qui semblait plus intrigué que déconcerté par la requête, donna son accord après une brève hésitation, le sourire de Merdinot tomba.

Tout le monde quitta alors la tente.

Dehors, Irina, qui avait attendu non loin de là, s'approcha de ses compagnons.

– Alors ? demanda-t-elle tour à tour à Ange, Savignin et Sibylle.

– Alors... le fouet et la première ligne de feu, répondit cette dernière.

– Peut-être pas, rétorqua Ange. Uther a demandé à parler au commandant.

– Pour quoi faire ? demanda Irina.

Tous haussèrent les épaules. Elle interrogea Savignin du regard, espérant qu'il lui avait peut-être dit quelque chose, mais ce dernier n'en savait pas plus.

– Tout ce que j'espère, c'est qu'Uther n'aggravera pas la situation, reprit Sibylle. Le Commandant est d'humeur bourrue depuis que cette affaire est arrivée à ses oreilles.

Face à tant d'incertitude, toutes et tous eurent la mine grave. Personne n'osa prononcer le moindre mot pendant plusieurs minutes, car chacun d'entre eux savait bien qu'être envoyé en première ligne était une façon détournée de les condamner à mort.

Comme sortie de nulle part, Isabelle arriva pour se joindre eux, intriguée qu'elle fut de remarquer le petit attroupement qu'ils formaient.

– Qu'est-ce que vous faites là, vous autres ? demanda-t-elle.

Ils lui adressèrent un regard grave, sans pour autant prendre la peine de leur répondre.

– Quoi ? J'ai raté quelque chose ? demanda-t-elle naïvement.

***

Une heure plus tard, après que l'anxiété eut atteint son paroxysme dans l'esprit de tout le monde, on vit Uther ressortir enfin de la tente, avec le Commandant.

– Ah ! s'écria Irina en décroisant les bras.

– Bon, le commandant ne l'a pas étranglé, c'est déjà ça. J'espère que notre ami nous apporte de bonnes nouvelles, pensa Ange à haute voix.

– Rien n'est moins certain, le Commandant n'a pas exactement la figure d'un homme ravi, observa Sibylle.

– Sans doute, mais regarde un peu, Uther n'a plus de fers aux poignets, c'est bon signe il me semble, nota Savignin.

– Ce que vous pouvez être impatients, soupira Isabelle. Il va bien nous le dire, puisque le voilà qui s'en vient.

À peine Uther fut-il arrivé que tout le monde l'encercla, les questions jaillissant de leur regard sans qu'ils eussent besoin de les poser.

Amusé par la situation, Uther résista à l'envie de les faire languir un peu plus.

– Rassurez-vous, Savignin et moi sommes libres, sans plus aucune punition pesant sur nos têtes, déclara-t-il.

– Comment !? Mais, par les Dieux, que lui as-tu dit pour qu'il change d'avis si facilement ? demanda Sibylle, au comble de l'étonnement.

– Hé, ce ne fut pas si facile que tu le crois. En vérité, j'ai proposé une alternative à notre punition, quelque chose d'autrement plus constructif et dont tout le monde ressortirait gagnant.

– Quoi, quelle alternative ? demanda Savignin en fronçant soudain les sourcils.

– Mais la plus simple, autant que la plus évidente, répondit Uther. Pour échapper à la punition, nous devons reprendre l'île de Monacciglioni avant demain midi.

Toutes et tous le regardèrent avec des yeux hagards, sans réussir à formuler la moindre parole tant ils eurent le souffle coupé par ce qu'ils venaient d'entendre.

***

À midi, on fit porter le déjeuner dans la tente de Sibylle, où s'était réfugié le petit groupe afin d'être plus à leur aise, tout en n'ayant plus à se soucier de s'adresser les uns aux autres par leurs noms d'emprunt.

– Alors, si je comprends bien, tu avances qu'on pourrait prendre la cité de Monaccillioni à nous six, en passant à l'action ce soir même ? Pardonne ma réticence, mais, sans plus de préparations, cela semble assez difficile à envisager de prime abord, dit Sibylle.

– Mais nous savons déjà presque tout ce qu'il y a à savoir, rétorqua Uther. La seule information importante qu'il nous manque, c'est combien de soldats, précisément, sont postés sur la muraille.

– Ça, je peux te le dire : vingt et un. Nous avons fait un comptage à partir du premier jour d'assaut. Le nombre n'a pas changé les jours qui ont suivi, précisa Ange.

– Alors nous savons tout. C'est bien.

– Bon, vas-tu alors nous expliquer ton plan maintenant ? s'impatienta Isabelle.

– Certainement !

Uther retira le tapis et dévoila ce sol composé de sable et de terre, sur lequel il commença, à l'aide de sa dague, à tracer un plan représentant la plage, le camp, ainsi que le rocher et les fortifications de la cité bâtie dessus.

– Comme vous le savez, il n'y a qu'un seul moyen de rejoindre l'île à pied : par la plage, à marée basse, suivant cette ligne, dit-il en traçant. Ce passage est indéniablement meurtrier, c'est une certitude. Vous le savez, je le sais, mais surtout les soldats en face le savent aussi. Alors, dites-moi un peu, que peut-on déduire de cette simple information ? demanda-t-il un petit sourire en coin.

Tout le monde se frotta le menton, cherchant quelle astuce pourrait bien se cacher dans ce que venait d'énoncer leur camarade.

– Qu'il faut emprunter une autre voie ? demanda timidement Isabelle.

– Exactement ! confirma Uther.

Les autres se regardèrent tour à tour.

– Mais, enfin, Uther, il n'y a que la mer autrement tout autour. Sans embarcation, impossible de rejoindre l'île, affirma Irina.

– Et une barque, ça se repère parfaitement de loin, ajouta Ange.

– Non, j'ai compris ! s'exclama Savignin. Mais c'est vrai que si l'on ne sait pas ça, il est impossible de l'envisager, ajouta-t-il.

– Mais, quoi à la fin ? demanda Sibylle.

– La brume ! Avec la fraîcheur de la nuit, la brume tombe sur la côte et reste jusqu'au petit matin, j'ai souvent observé le phénomène lorsque je ne dormais pas.

– Lorsque tu ne dormais pas ? reprit Sibylle, étonnée.

– Isabelle est... disons... une camarade de tente particulière, répondit-il sobrement.

Quelques sourires se dessinèrent sur les visages, sauf celui d'Isabelle, laquelle se contenta de ne pas répondre en faisant la moue.

– Donc, reprit Savignin, si nous profitons du manteau cotonneux de la brume pour nous soustraire à la vue des soldats, nous pouvons approcher assez près, c'est une certitude.

– Quand bien même, il faudrait pouvoir escalader la muraille sans se faire voir, en progressant à tâtons dans le noir le plus total. L'affaire est loin d'être jouée... conclut Isabelle.

Sans mot dire, Irina lui désigna son bandeau, afin de lui rappeler comme son œil à la couleur étrange était capable de voir parfaitement clair dans l'obscurité.

– Oui, bon, il est vrai que nous avons certains avantages... se corrigea-t-elle.

– D'accord pour l'ascension, mais la muraille est parfaitement à découvert. Une fois arrivé en haut, comment passer inaperçus à nous six. Même si la nuit est sombre, il y aura des lanternes, des torches, des braseros pour éclairer le chemin de ronde. Une sentinelle aura vite fait de nous repérer, fit remarquer Ange.

– Pas si nous passons par là ! affirma Uther en plantant sa dague à l'endroit de son dessin qui symbolisait le temple d'Ollioni. J'avais déjà remarqué ce détail lorsque nous avons contourné la baie par la falaise pour venir installer le camp ici : le clocher du temple est construit de telle sorte qu'il coupe la promenade des gardes, aussi personne ne peut voir ce qui se passe sur sa face côté mer. Et puis, en haut il y aura forcément des ouvertures, car nous entendons les cloches sonner plusieurs fois par jour. Ce sera notre point d'entrée.

– Soit, et ensuite ? demanda Sibylle.

– Ensuite, ça dépendra de ce que nous verrons une fois là-haut. Mais je suis prêt à parier que nous aurons une vue d'ensemble parfaite, puisque, comme l'a dit Ange à juste titre, l'emplacement des soldats sera éclairé par les lumières aux étapes de leur chemin de ronde.

– Donc le plan est d'atteindre ce point, puis d'improviser selon ce que nous verrons. Ça me convient, déclara Irina.

– Et vous autres ? demanda Uther.

Tous hochèrent de la tête sans hésiter.

– Bien, puisque nous sommes d'accord, préparons notre matériel, reposons-nous, puis retrouvons-nous ici ce soir à huit heures, ordonna Sibylle en bon Capitaine.

***

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