Un vent frais soufflait sur la lande, baignée par les rayons de l'aube naissante. Le froid s'infiltrait dans la grange où Jais se reposait tranquillement. Un grincement réveilla le minet au pelage noir qui se leva aussitôt. Il regarda autour de lui, la grange était vide. Après une toilette rapide, le fauve errant se dirigea vers l'extérieur. Dehors, le froid était encore plus glacial que dans le hangar. Jais entendit la voix de son père ainsi qu'une autre voix, qui lui était familière. Il avança dans la clairière, guidé par les sons de son papa. Il se stoppa net, et aperçut à quelques longueurs de queues de renards la silhouette de son père assit sur la clôture accompagné d'une chatte reconnaissable entre mille : Amande. Amande était une femelle domestique, haute sur pattes, son pelage était brun-blond et elle avait de beaux yeux verts jades. Que fait-elle ici ? Jais s'approcha des deux autres félins. Son père, Hiver, un matou costaud au pelage épais d'un blanc neige et aux yeux bleus le remarqua, il lança à son fils, gêné :

« Bonjour, Jais ! As-tu bien dormi ?

— Oui, ça va. » Le chaton noir salua Amande d'un petit « Bonjour » avant que son père ne lui demande :

« Que fait-tu là ? Tu ne restes pas dans la grange ?

— Non, je ne suis plus un tout petit chaton. Répondit Jais avec dédain. La grange ne m'intéresse plus. » Le mâle à la fourrure pâle parut mal à l'aise. C'est comme si il ne voulait pas de moi... Les paroles d'Amande sortirent le minet de ses songes.

« Bon Hiver, on va se promener ? Je n'aimerai pas qu'un petit nous entende discuter ! » Un petit ?! Le chaton aux yeux verts voulut riposter mais son papa lui coupa la parole.

« Oui, pourquoi pas ! J'ai besoin de me dégourdir les pattes !

— Et moi ? Fit Jais, outré. Moi aussi je veux marcher ! » Son paternel jeta un bref coup d'œil à sa camarade, mal à l'aise. Le fauve blanc soupira et déclara à l'intention de son enfant :

« Jais, en tant que grand chaton responsable, tu resteras ici sagement tandis qu'avec Amande, nous irons nous balader. Allez, à plus tard ! » Pendant que les deux chats s'éloignèrent, Jais était empli de colère : pourquoi est-ce que son père était aussi injuste avec lui ? Il toisa du regard Amande tandis qu'elle riait avec son papa. Je la hais ! Si je pourrai, je l'éliminerai ! Les griffes du minou étaient plantées dans l'herbe fraîche. Dès que les deux grands félins n'étaient plus visibles, l'esprit du petit matou s'apaisa. Si il croit que je vais rester là à rien faire, il se trompe ! Pensa-t-il en se léchant la patte.

Le jeune félidé marcha vers la clôture entourant la grange et sauta par-dessus d'un bond majestueux. Le jeune mâle trotta et peu à peu, il accéléra. L'air frais soufflait sur son pelage de jais, quel sensation agréable ! Il courrait aisément dans la lande puis, au bout de quelques minutes, il ralentit. L'effluve – sûrement celle du Clan du Vent – annonçait que c'était leur territoire. Jais s'arrêta, il ne voulait pas avoir d'ennuis. Mais, quelque chose en lui voulait passer la frontière et retourner au camp du Clan du Vent malgré qu'il ne soit pas le bien venu.

Pendant plusieurs longues minutes, Jais contemplait la lande illuminée par le soleil éblouissant, songeur. Il rêvait de pouvoir cavaler avec des amis dans cette vaste plaine verdoyante, libre. Au lieu de ça, il restait bloqué dans sa grange, emprisonné. Que ça vie était triste par apport à celle que devaient avoir les autres jeunes chats de son âge... Soudain, il distingua une silhouette qui lui était familière. Petit à petit, la forme s'approcha et se fit plus nette. C'était Nuage de Lande.

« Que fait-tu encore là, toi ?

— Eh, je ne suis pas sur ton territoire ! Arrêtes de m'agresser !

— Moi je t'agresse ? Franchement, tu n'es qu'un faible ! » Touché en plein cœur, Jais ne pu se retenir. Il se jeta sur la jeune chatte et la plaqua au sol, les babines retroussées.

« Je... Ne suis pas... F-faible ! » Haleta-t-il. Mais avant qu'il ne puisse réagir, son ennemie le rejeta par ses pattes arrières avant de se relever. Elle griffa le minet noir à la joue avant de lâcher, fière :

« Moi non plus ! Et, ajouta-t-elle, si tu es si fort que ça, tu devrais savoir me vaincre ! » Elle ricana lorsque tout à coup un imposant fauve roux s'avança les yeux plissés.

« Encore toi ? » Jais acquiesça timidement en se relevant tandis que Nuage de Lande racontait tout ce qui c'était passé, en modifiant quelques passages.

« Je sens que tu vas avoir de gros ennuis cette fois. » Souffla le matou roux d'un air désolé. Le chaton au poils noir hocha la tête en espérant au plus profond de son âme que tout se passerait bien.

Nuage de Lande accompagna Jais dans l'antre du chef, elle était visiblement contente et imaginait sûrement mille façons horribles de quel pouvait être le sort de l'intrus. Lentement, le petit chat noir avança vers le chef du clan : Étoile de Flocons. Le meneur se redressa et s'étonna :

« Encore toi ? » L'étranger avala péniblement sa salive, anxieux de la suite des événements... 

[ Média : Hiver et Amande ]