Chapitre 22.
Jisung n’avait jamais fait le trajet de chez Seungmin à chez lui aussi vite. Le message que lui avait envoyé Minho une demi-heure plus tôt l’avait totalement fait paniquer, qu’est-ce qu’il pouvait avoir de si important à lui dire pour qu’il ait besoin de rentrer sur le champ ? Il manqua de faire tomber ses clés une fois devant la porte tant il était stressé et lorsqu’il vit son petit ami assis à la table de salle à manger, Jisung comprit qu’il n’allait pas passer un bon moment. Il aurait préféré que Minho soit dans son atelier histoire de lui laisser quelques minutes de répit mais ça n’était malheureusement pas le cas.
— Désolé j-je suis passé chez Seungmin après le boulot, s’excusa Jisung en retirant ses baskets. Je pensais que t’aurais été occupé.
Minho esquissa un sourire et avala d’une traite le verre d’eau posé devant lui.
— C’est rien, le rassura-t-il d’une petite voix, mais assieds-toi, j’ai un truc important à te dire.
Hésitant, son petit ami s’avança lentement vers la table et prit place sur la chaise à côté de la sienne. Il croisa les mains sur la surface en verre et déglutit un peu bruyamment ce qui sembla faire réagir Minho. Il tendit le bras et entrelaça ses doigts avec ceux de Jisung.
— Je sais pas trop comment te dire ça.
— Tu sais que plus tu fais traîner les choses pire c’est ? lui répondit son vis-à-vis en forçant un rictus.
— Je sais je. Hum. Tu te rappelles ce truc sur ma cuisse ?
Jisung arqua un sourcil.
— Cette espèce de bleu un peu douloureux ?
— Oui, ça faisait comme une sorte de boule et ça passait pas, du coup j’ai fini par me décider à aller consulter. Le médecin m’a fait faire des examens et…
Il marqua une pause, inspirant profondément pour se donner du courage et serra la main de son petit ami un peu plus fort. Jisung ne manqua pas de remarquer que sa voix s’était mise à trembler et il commençait réellement à paniquer.
— Et ? demanda-t-il néanmoins.
— Et je dois me faire opérer parce que…
Minho se racla la gorge avant de terminer sa phrase, c’était bien ce qu’il craignait, il allait craquer. Il aurait voulu pouvoir rester fort devant Jisung, le rassurer et lui dire que tout allait bien se passer, mais la vérité était qu’il était lui-même terrorisé. Comment était-il censé dire à son petit ami de ne pas s’inquiéter alors qu’il était lui-même terriblement angoissé ?
— Parce que ? insista Jisung d’une voix tout aussi tremblante.
Leurs deux mains s’étaient trouvées et elles se serraient désespérément. Une larme roula sur la joue de Lee Know et il pinça les lèvres.
— J’ai peut-être un cancer Ji.
Celui-ci sentit sa gorge se nouer et c’était comme si son monde venait de s’effondrer. Ses oreilles se mirent à bourdonner quelques instants. Il s’était attendu à beaucoup de choses, il avait appréhendé cette conversation, mais là, ça dépassait tout.
— Tu as, quoi ? répéta-t-il avant que sa voix ne soit coupée par un sanglot.
Minho se jeta dans ses bras, manquant de les faire tomber tous les deux au sol, il le serra le plus fort possible contre lui. Ses larmes vinrent mouiller le col de son t-shirt et il se laissa aller, enfin.
— Putain Jisung je savais pas comment te le dire, pleura-t-il dans son cou, je voulais pas t’inquiéter.
Son petit ami ne savait pas quoi lui répondre, il était encore totalement sous le choc. Il sentit les larmes emplirent ses yeux, alors il les ferma, serrant ses paupières le plus fort possible comme si ça allait arrêter le temps.
— J’ai été trop con alors que tout ce temps tu vivais ça tout seul, réalisa-t-il. Pardon Minho, pardon pardon pardon, j’suis qu’un imbécile, pardonne-moi.
Les sanglots de Minho s’intensifièrent, il s’en voulait d’avoir garder ça pour lui, c’était trop grave pour ne pas en parler avec l’homme qui partageait sa vie.
— J’m’en veux de rien t’avoir dit. Je voulais pas que tu t’inquiètes.
— Putain Minho j’t’aime, j’t’aime plus que tout, j’veux pas qu’il t’arrive un truc. Qu’est-ce que je ferais sans toi ? J’veux pas que tu m’laisses. Tu vas t’en sortir ? Dis-moi que ça va aller.
Malheureusement Minho n’avait pas la réponse, il ne pouvait rien lui promettre. Il savait qu’il avait potentiellement quelque chose de grave mais il devait attendre les résultats de l’opération pour savoir de quoi il souffrait réellement. Peut-être que c’était très grave, peut-être que ça ne l’était pas tant que ça, il n’en savait rien.
— Je t’aime Jisung, j’suis désolé de t’avoir caché ça, dit-il de sa voix noyée par les larmes.
Jisung se recula pour le regarder, il prit son visage humide entre ses mains. Les yeux brillants et larmoyants de son petit ami rencontrèrent les siens et ils s’embrassèrent comme pour tout se pardonner, comme pour faire table rase du passé, de leurs erreurs et peut-être même d’un peu de rancoeur. Car oui, ils s’en étaient tous les deux plus ou moins voulu à un moment donné. Ils n’avaient pas gérer la situation comme ils auraient dû le faire l’un pour l’autre. En même temps, aucun des deux n’avait jamais rencontré un problème pareil. Minho avait tout gardé pour lui, il s’était renfermé sur lui-même. Jisung lui, avait agi égoïstement, il n’avait pensé qu’à sa personne, qu’à son ressenti, sans jamais envisager le fait que son petit ami pouvait être en souffrance. Il n’avait jugé la situation que de son point de vue et il s’en sentait terriblement coupable.
Leurs baisers avaient le goût des larmes et du pardon.
Jisung finit par se lever, prenant la main de Minho dans la sienne pour le conduire jusqu’à la chambre dans laquelle il l’invita à s’allonger sur le lit. Ils prirent place dans les bras l’un de l’autre, s’embrassant et se cajolant pour se rassurer, pour se montrer qu’ils étaient là l’un pour l’autre, pour s’excuser et pour se rattraper. Tant que leur langues se caressaient, ils n’avaient pas à parler et c’était tout aussi bien. Ils craignaient de se blesser de nouveau avec des mots, pourtant il fallait se dire les choses pour ne pas regretter, pour ne plus regretter.
— Faut que je te dise, murmura Jisung une fois leurs lèvres séparées. Je suis entré dans ton atelier sans ta permission. Je suis désolé. J’ai vu tes tableaux et j’ai vu des papiers de l’hôpital. J’espère que tu m’en veux pas.
Minho lui sourit tristement en lui caressant la joue. Il déposa un petit baiser sur son front et soupira.
— Non, c’est ma faute j’aurais dû tout te dire tout de suite. Je partage ma vie avec toi, tu méritais de savoir ce que je traversais, dès le début. J’aurais dû me confier au lieu de me fermer comme ça.
— C’est quand ? demanda finalement Jisung après un long silence.
— La semaine prochaine.
Le cadet déglutit, c’était proche, trop proche. Il venait à peine d’apprendre que Minho avait potentiellement quelque chose de grave, il n’était pas prêt à en digérer plus pour le moment. Il vida tout l’air de ses poumons et réfléchit quelques instants.
— Je vais appeler le boulot et leur dire que j’irais pas bosser, déclara Jisung. Je veux passer le plus de temps possible avec toi jusque là.
— Ji, je vais pas mourir de l’opération, t’as pas besoin de manquer le travail.
— Si, je veux rester avec toi, laisse-moi au moins faire ça. C’est important pour moi, insista le plus jeune.
Minho céda facilement, ils avaient déjà perdu assez de temps à se quereller pour rien.
— D’accord mais je veux pas qu’on passe la semaine à se lamenter, hum ? On a assez broyé du noir comme ça non ?
Jisung acquiesça d’un sourire.
— Est-ce que ça veut dire qu’on peut passer des journées au lit à juste se câliner ? demanda-t-il avec un petit air malicieux.
Minho s’approcha un peu plus, pressant ses lèvres aux siennes avec insistance.
— Tout ce qui pourra nous changer les idées.
— Ça me va.
— Ji ?
— Hum ?
— Tu te souviens de notre première fois ?
Jisung se sentit rougir. S’il se rappelait de leur première fois ? Quelle question, comment aurait-il pu oublier ça.
— Comme si c’était hier, murmura-t-il d’un ton maladroitement suave.
— Je sais qu’on a pas mal inversé les rôles depuis mais, j'aimerais bien qu’on le refasse comme ça.
Jisung se redressa presque d’un bond, les yeux écarquillés et papillonnants.
— Tu veux que je te fasse l’amour ?
— Je veux que tu me fasses l’amour.
— Mais je-je sais pas si je sais encore bien m’y prendre depuis le temps !
C'eût le mérite de beaucoup faire rire son petit ami, le rire cristallin de Minho retentit dans la chambre, sonnant comme la plus belle des mélodies aux oreilles de son amant.
— Comme si t’avais oublié ce genre de choses.
— Je vais peut-être avoir besoin que tu me guides alors, chuchota Jisung en s’emparant de ses lèvres tout en manoeuvrant pour se placer entre ses jambes.
— Hum, tout ce que tu voudras.
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