Chapitre 16.
Jisung était rentré plus tôt que prévu du travail, une panne de courant dans le quartier avait obligé son patron à fermer la boutique en avance et elle ne pourrait rouvrir que le lendemain. Il en avait profité pour rentrer directement à la maison, si ça pouvait lui permettre de passer un peu de temps avec Minho alors il ne voulait pas laisser passer ça. Son petit ami agissait toujours un peu de façon étrange mais les choses semblaient aller un peu mieux. Jisung avait suivi les conseils de ses deux amis et avait laissé le peintre respirer un peu. Même si ça lui coûtait énormément sur le plan émotionnel, Jisung était prêt à faire ce sacrifice si ça lui permettait de garder l’homme de sa vie.
– Je suis rentré ! s’exclama-t-il en retirant ses chaussures dans l’entrée.
Il haussa un sourcil en obtenant aucune réponse et constata que les Doc Martens de Minho n’étaient pas à leur place, ce qui signifiait que le jeune homme était absent. Jisung soupira, il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout ça n’était pas prévu qu’il rentre plus tôt alors son petit ami pouvait bien vaquer à ses occupations. Pourtant c’était surprenant, Minho n’avait rien de prévu, du moins il n’en avait pas parlé à Jisung.
Celui-ci retira sa veste et se mit à l’aise, troquant son jean contre un pantalon de jogging avant d’aller se servir à boire dans la cuisine. Il parcourut l’appartement en sirotant son soda, humant une chanson qu’il avait entendu au boulot avant la panne de courant avant que quelque chose ne l’interpelle. Jisung s’arrêta face à la porte de l’atelier. Il haussa un sourcil, cela faisait des semaines que Minho ne l’avait pas laissé y entrer et la curiosité commençait à le ronger de l’intérieur.
Il fit un pas de plus vers la porte et posa sa main libre sur la poignée. Elle n'était pas verrouillée. Jisung jeta un œil derrière lui, comme pour s’assurer que personne ne l’espionnait et il poussa doucement le battant de bois. Le jeune homme inspira l’odeur si familière de peinture et de tabac, ça ne sentait pas bon, mais ça avait un parfum de nostalgie. Ça lui manquait de ne plus pouvoir assister aux sessions de peinture de Minho, c’était ancré dans leur quotidien et désormais, il avait la sensation qu’ils ne partageaient plus grand chose.
Jisung posa son verre presque vide sur la petite table à l’entrée de la pièce avant d’observer les alentours. Au moins, si Minho s’enfermait à clé, ça n’était pas pour rien. Il y avait de nouveaux tableaux partout, secs ou en train de sécher, les uns contre les autres contre les murs ou certains seuls sur des chevalets.
Il s’avança pour les détailler un à un. Il avait toujours adoré les peintures de son petit ami. Il trouvait qu’il avait toujours des idées farfelues mais qui collaient tellement à sa personnalité, c’était doux, coloré, avec cette touche de fantaisie qui lui était propre. Pourtant ça n’était absolument pas ce que Jisung avait sous les yeux.
La noirceur, la mélancolie, la détresse. Des tableaux si sombres qu’ils auraient pu tout droit sortir d’un roman gothique ou de l’esprit d’un artiste torturé et c’était bien ce qui inquiétait Jisung. Ça ne ressemblait pas du tout à ce que Minho avait l’habitude de faire et ça renforçait l’idée qu’il cachait quelque chose à son petit ami. Et ça paraissait bien plus grave qu’une simple histoire de rupture.
Le jeune homme fit le tour de la pièce et tomba sur quelque chose qui attira son attention, des documents empilés sous des pots de peinture. Trop curieux de savoir ce qui pouvait bien arriver au peintre, il se saisit de l’une des feuilles et le logo en haut de celle-ci suffit à lui tordre les intestins. Il s’agissait du logo d’un hôpital, pas très loin de chez eux. La lettre était une convocation à un examen médical et ça n’était pas la seule, il y en avait d’autres, les termes employés ne disaient rien à Jisung, il ne comprenait pas vraiment la nature de ces examens mais à la vue des dates, cela correspondait à la période à laquelle Minho avait commencé à agir bizarrement.
Mais si ça le torturait autant, pourquoi n’avait-il pas voulu lui en parler ? Si sa santé était en jeu, il aurait dû en discuter avec son petit ami. Jisung sentit les larmes lui monter. Pourquoi Minho n’avait-il pas voulu partager ses malheurs avec lui ? Ils formaient un couple après tout, est-ce que ça n’était pas ce que les couples étaient censés faire ? Parler de leurs problèmes et se soutenir ?
Jisung reposa les documents à leur place comme si de rien n’était et quitta la pièce en s’assurant de ne laisser aucune trace de son passage.
Il passa l’après-midi à s’occuper l’esprit comme il le pouvait en rangeant l’appartement et en faisant du ménage jusqu’à ce que Minho rentre. Lorsqu’il entendit le bruit de la porte d’entrée, Jisung sursauta. Il avait l’impression que sa petite séance d’espionnage se lisait sur son visage, ses mains se mirent à trembler et il les cacha en les plongeant dans l’eau de vaisselle pour récurer une assiette sale.
– T’es déjà rentré ? demanda Lee Know surpris de le voir là.
– Oui, on a eu un souci à la boutique du coup on a fermé plus tôt.
– Oh ok.
Il s’avança dans la pièce puis haussa un sourcil.
– T’as fait le ménage ?
– Oui ? Pourquoi, c’est si surprenant que ça ?
– Oui ?
Jisung se renfrogna, baissant les yeux vers l’évier. Son petit ami sembla remarquer son changement d’attitude et s’approcha.
– Hé, je plaisante, dit-il en lui embrassant la joue. J’ai pas eu le temps de m’en occuper cette semaine.
Jisung serra les dents.
– C’est pas grave, tu es occupé avec tes peintures. Puis le ménage c’est pas une priorité, là j’avais le temps alors je l’ai fait.
– Merci, souffla Minho en déposant un baiser sur sa tempe cette fois-ci.
– Minho ?
– Hum ?
– Tu sais que tu peux tout me dire hein ?
Le peintre haussa un sourcil tandis qu’il sortait un soda du frigo.
– Pourquoi tu dis ça ?
Les joues de Jisung virèrent au rouge.
– Non euh, enfin je dis ça comme ça. Depuis qu’on s’est disputé la dernière fois je me suis rendu compte que j’avais peut-être abusé et que j’avais été égoïste.
Il se rinça les mains et les essuya. Minho l’observa silencieusement quelques instants puis Jisung s’avança pour le prendre dans ses bras.
– Je t’aime Minho, je t’aime vraiment. Je sais pas ce que je ferai sans toi.
– Moi aussi je t’aime Ji.
– Je suis désolé d’avoir agi comme un gamin.
Son vis-à-vis eut un petit rire.
– C’est rien.
Ils s’enlacèrent longuement, sans rien dire, juste à profiter de l’étreinte de l’autre.
– Faut que j’aille finir un tableau, s’excusa l’aîné en déposant un baiser sur ses lèvres.
– Ok.
Il sortit un paquet de cigarettes de sa poche de jean et en plaça une entre ses lèvres.
– Min, tu crois pas que tu devrais arrêter de fumer ? lança Jisung sans réfléchir.
– Quoi ?
– Bah, enfin c’est pas super bon pour la santé alors peut-être que-
– J’suis encore assez grand pour savoir ce que je veux, rétorqua son petit ami. Mêle-toi de tes affaires et je vais me mêler des miennes.
Jisung resta figé tandis que Minho disparaissait dans son atelier en claquant la porte derrière lui. Il n’avait même pas pris le temps d’allumer sa cigarette et la considéra quelques secondes avant de la balancer sur le parquet de la pièce. “Pas bon pour sa santé” ? Il se trimballait déjà une potentielle tumeur sur la jambe alors le tabac s’était bien le cadet de ses soucis.
Il revenait justement d’un rendez-vous à l’hôpital. Il avait été longuement reçu par un médecin en vue de son opération. En fonction des résultats, Minho devrait certainement recevoir un traitement par chimiothérapie alors si c’était le cas, après l’opération il devrait faire un recueil de sperm, parce qu'après le traitement, il ne pourrait plus avoir d’enfants naturellement. Alors en prévision l'hôpital congelerait son sperm, au cas où. Ça n'était vraiment pas le genre de choses auxquelles le jeune homme avait réfléchi. Des enfants ? Pour commencer il partageait sa vie avec un homme alors la question ne s’était jamais vraiment posée. L’adoption ? Ils n’en avaient jamais vraiment parlé non plus, leur vie à deux leur suffisait amplement. Et voilà qu’on demandait à Minho de réfléchir à son avenir. Et tout comme à un gamin de primaire à qui on demanderait ce qu’il veut devenir plus tard, il n’en avait aucune idée.
Ça faisait beaucoup trop de choses à encaisser en peu de temps. Il ne pouvait pas en parler à Jisung, celui-ci serait dévasté, peut-être encore plus que lui et Minho ne se sentait pas la force d'être fort pour eux deux. Il n’avait personne à qui parler de ça. Il y avait bien le psychologue qu’on lui avait proposé de voir à l’hôpital mais ça n’était pas la même chose. Il voulait en discuter avec quelqu’un de proche, quelqu’un qui le connaissait bien. Ce quelqu’un c’était Chris, c’était lui qui le connaissait le mieux et c’était de lui dont il se sentait le plus proche. Malheureusement, ça n’était pas possible, Chris était toujours aux États-Unis et il ne semblait pas prêt de rentrer.
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