Chapitre Bonus Noël en retard : Rhys & Karaen
Salut la compagnie !! Ca fait un bail ! Vous avez passé un bon Nöel ? :D J'espère que oui et que vous profitez de vos vacances !!
A la base je voulais vous faire ce chapitre POUR Noël, mais finalement il a un peu de retard... J'espère que vous ne m'en voudrez pas ! J'en ferai un autre, je pense, pour la nouvelle année 2018 !! ;) Avec Kanvael, Rayn, Raad et Adiran à l'époque où ils étaient Jeuuuuuuuuuuune hahah !
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !! J'espère que vous serez pas trop déçu ! ;)
Besos !
Et BONNE LECTURE !!
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La wiccan s'approche de la maison après l'avoir longuement observé. Ses charmes sont toujours en place, aussi solides que s'ils avaient été installé la veille ; l'irlandaise s'en félicite. Au début, elle pensait devoir y retourner régulièrement mais finalement, il faut croire que ses pouvoirs ne se sont en rien tari.
Elle traverse la route à pas pressés, resserrant son manteau autour d'elle. Cette nuit est glaciale malgré l'avancée de l'été, et un vent tortueux s'insinue sournoisement sous sa capuche rabattue. Elle n'hésite qu'une fraction de seconde lorsque, en poussant le portillon, sa magie la reconnait et vient claquer autour d'elle dans un pop familier. Une chaleur bienvenue l'accueille et elle pousse un soupir de bien-être. Les volets des fenêtres sont abaissés, masquant à sa vue l'intérieur de la maisonnette. Cela n'a que peu d'importance : elle sait que la personne qu'elle vient voir est bien présente, à l'abris des regards. Une fois devant la porte, la sorcière ne prend pas la peine de toquée et pose simplement sa main sur le battant, histoire de vérifier l'étanchéité de son bouclier, avant d'entrer sans se faire inviter.
La pénombre du couloir ne la ralentie pas et elle se dirige vers la cuisine, où une seule et unique lampe écarte la noirceur de la pièce. Courbé comme un vieillard, le garou installé à la table lève finalement la tête à son entrée et lui offre un pâle sourire, bien terne comparé à ceux qu'elle a connu jadis.
- J'ai cru que tu n'allais jamais venir, gronde le garou de sa voix rocailleuse.
- Voyons, tu me connais mieux que ça. J'ai toujours accouru chaque fois que tu as requis mon aide, s'amuse l'irlandaise dans un anglais hachuré.
L'homme à la peau pâle et aux cernes ténébreuses la dévisage de son regard glacial avant de pousser une tasse en porcelaine ébréchée sur le bord. La sorcière tire la chaise en face de lui et s'y assoie du bout des fesses, sur ses gardes et sans toucher le mug fumant. L'aura du garou ne lui a jamais parue si affreusement menaçante, et même si elle conçoit parfaitement qu'il ne représente pas un danger pour elle, se détendre lui est impossible.
- Merci d'être venue, Karaen.
L'irlandaise aux cheveux blonds vénitien s'empourpre légèrement, ébranlée par le sentiment de gratitude qui inonde de ses yeux gris. Malgré ses joues creuses sous sa barbe sombre plus négligée qu'à l'accoutume, la beauté du garou frappe la wiccan en plein cœur. Chaque fois qu'elle croit s'être éloignée de son affection pour lui, un simple geste lui suffit pour que son monde chavire.
Si seulement...
- Rhys... Tu sais que je serais toujours là pour toi, répond-t-elle en tendant sa main sur la table.
Il s'en empare avec délicatesse après une brève hésitation et caresse la peau douce qui perd de son élasticité avec l'âge. Il observe leurs mains liés, s'interrogeant une fois de plus sur ce qu'aurait pu devenir sa vie la texture de sa peau était identique à celle de son amie. Ils ont pratiquement le même âge, et pourtant il paraît trente ans de moins qu'elle. Le garou sait pertinemment que la sorcière a une espérance de vie plus étendue que celle d'un humain, sans pour autant partager sa propre longévité. En admettant qu'il ait pu supporté de la voir vieillir à ses côtés, encore aurait-il fallut qu'il accepte de vivre une vie normale.
A l'époque où l'amour aurait pu s'installer entre eux, celui-ci n'avait trouvé aucune place dans le cœur du garou pour y grandir sereinement. Et aujourd'hui, alors qu'il est fin prêt à accueillir ce sentiment dévastateur, rien ne garanti que la vie lui offre ce plaisir.
Rhys prend une inspiration tremblante avant de détourner son regard des iris envoûtant de la sorcière, plus orageux que les siens et pourtant tellement plus humains. Il tend le bras pour tirer un dossier cartonné auquel Karaen n'avait pas prêté attention jusqu'ici avant de le lui présenter. Curieuse, la wiccan ouvre la chemise et contemple la photo d'une jeune femme ravissante aux origines indéniablement latine.
Karaen lève un sourcil inquisiteur. Elle pince ses lèvres fines encadré de ridules, exacerbant ainsi la sévérité de son visage.
- Je connais cette fille, dit-elle à son ami. C'est la petite nouvelle de la meute.
Le garou hoche la tête solennellement.
- Bastet, en effet. De quoi as-tu besoin pour que tes gardes la laissent entrer dans la maison ?
La wiccan baisse à nouveau les yeux sur la photo avant de fermer d'un geste sec le dossier, s'enfonçant sur la chaise en croisant les mains dans son giron.
- Pourquoi ? réplique-t-elle.
Incapable de supporter son regard accusateur, le garou se frotte les paupières de ses doigts rugueux.
- J'ai fait une bêtise. J'essaie de la réparer.
- La petite a disparue. Tu as quelque chose à voir avec ça ? claque la voix ferme de le femme.
- Je te demande ton aide, Karaen. Tu sais que je ne le ferais pas si j'avais le choix, répond le garou, une expression sinistre et abattu peint sur ses traits.
La sorcière s'adoucit. Elle le connaît - presque - par cœur, et à la vue de son malaise, sa colère s'essouffle rapidement. Elle a toujours connu Rhys comme une montagne, un barrage infranchissable dont les expressions et sentiments restent indéfinissables. Qu'elle parvienne à lire en lui comme dans un livre ouvert ce soir là, ça la terrorise. L'inquiétude gronde en elle, telle une bête enragée.
- Rhys, mais qu'as-tu fait ? murmure-t-elle.
Durant l'espace d'un infime instant, elle croit voir des larmes engorger ses longs cils féminins, avant qu'elles ne disparaissent à jamais.
- Je te l'ai dit, j'ai fait une erreur que je cherche à rattraper, marmonne le garou de ce ton guttural qui lui est propre. Vas-tu m'y aider ?
- J'ai besoin de quelque chose qui lui appartient. Larme, cheveu, ongle, sang... peu importe quoi, du moment que cela contient son essence.
Rhys acquiesce lentement tandis que le regard de son amie se durcit à nouveau.
- Préviens sa meute. Elle saura quoi faire.
La détermination qui brille dans les yeux du garou la réduit au silence sans qu'il ait besoin de parler. La sorcière connaît la provenance de sa méfiance à l'encontre de ses siens, mais elle sait aussi que celle-ci causera sa perte.
- Que comptes-tu faire ? l'interroge-t-elle, mine de rien.
- L'éloigner du danger, la faire disparaître du radar de ce taré. Mais je dois d'abord régler certaines choses... Trop de paramètres entrent en ligne de mire.
La wiccan secoue la tête, accablée par ses paroles.
- Comment as-tu pu te fourrer dans un tel pétrin ? s'enquit-elle finalement après avoir laissé le silence s'installer.
Le coup d'œil éperdu qu'il lui renvoi lui fend littéralement le cœur.
- Ils m'ont dit avoir un remède, murmure Rhys.
La wiccan avale sa salive et ferme les yeux si fort qu'elle voit trouble en les rouvrant.
C'est comme promettre le Grâal au Roi Arthur en échange de son âme, vendu au diable. C'est en cet instant que la femme, se sentant soudain terriblement âgée, réalise combien les années n'ont eu de cesse que de briser son ami, ajoutant chaque jour une nouvelle pierre sur son dos, toujours plus lourde que la précédente, jusqu'à le faire ployer. Et pendant tout ce temps, il ne cherchait que la rédemption pour ne pas avoir à ployer le genoux. Il n'y a pas eu une seule seconde où le garou, détruit par la vie, n'a pensé à autre chose qu'à disparaître de ce monde, à effacer l'empreinte hideuse du sang dans son sillage.
Karaen avait toujours eu un énorme doute quant à sa possible rémission ; toutefois, elle n'avait jamais perdu espoir. Espoir qu'un jour il parvienne à se pardonner. Elle avait tant de fois espéré que, avec le temps et déterminé comme il était à croire que la vie restait la plus belle punition qu'il puisse s'infliger, il parviendrait à venir à bout de sa haine envers lui-même.
Il n'en est rien. Une vie entière ne lui permettrait pas de s'accepter, d'accepter cette part si primaire qui le possède. Un être dont la moitié de son entité se compose d'un animal sauvage à l'esprit individuel.
- Rhys... depuis tout ce temps...
La colère s'embrase dans les iris enneigés de l'homme affligé par la vie.
- Elle ne mérite pas de vivre ça par ma faute. Mais quand je me dis que j'aurai pu refuser dés le départ, une petite voix s'insinue dans ma tête et me répète inlassablement que sans moi, il lui serait arrivé bien pire. A cause de cette saloperie de hyène... Si seulement !
Puis son émotion s'épuise, comme à bout de carburant pour flamboyer réellement.
- Sauf que sans ça, je ne l'aurai pas non plus rencontrée... alors...
La douceur emplit alors son expression faciale, et son amie y lit toute la passion inassouvie qui brûle dans son regard avant qu'il ne le pose sur elle. Une tendresse surprenante détend ses traits habituellement figés dans la glace ; les stigmates des nombreux combats qu'il a mené au cours de sa vie ne parviennent pas à étouffer l'affection qu'il éprouve soudain au plus profond de son être.
- Cette petite Bass... je dois à tout pris la sortir de là, tu comprends ? Et moi seul peut y parvenir.
Karaen se met à rire tout doucement, de grosses perles salées s'agglutinant aux coins des pattes d'oies de ses yeux. Une douleur lui étreint la poitrine tandis qu'un pressentiment terrifiant et définitivement de mauvais augure s'empare de ses tripes.
Finalement, l'amour avait frappé à sa porte. Mais il était sans doute déjà trop tard pour un happy ending.
Karaen se lève lentement de sa chaise, resserrant les pans de son manteau. Elle a compris qu'elle a certainement perdu son ami, si cher à son cœur, pour toujours. Elle contourne la table pour s'approcher de Rhys ; il l'imite, incertain de la marche à suivre, lorsqu'elle l'enserre de ses bras menus. D'abord perturbé, il se laisse pourtant faire et s'affaisse doucement dans son embrassade avant de l'entourer à son tour, la collant contre son torse chaud.
- Appelle sa meute, murmure la wiccan dans son cou. Si tu veux la sauver et survivre assez longtemps pour passer du temps avec elle, appelle sa meute ; je t'en conjure. Si tu ne le fais pas, je le ferai.
Elle s'écarte doucement de lui, appose ses paumes en coupe autour de son visage avant de poser un baiser chaste et emplit d'amour sur ses lèvres.
- Si tu as besoin de mon aide, tu sais comment me joindre. Trouve moi ce que je t'ai demandé, et je la laisserai passer mes gardes.
- Merci, Karaen, merci infiniment, souffle-t-il en réponse.
Ils échangèrent en long regard de connivence avant de sourire avec tendresse. La sorcière ose un clin d'œil alors même que son cœur semble se déliter en morceau et que l'air lui manque.
- N'oublies pas ta promesse de trouver ma nièce, lui rappelle-t-elle. S'il t'arrive quoi que ce soit, je n'aurai personne d'autre vers qui me tourner. Ne m'abandonne pas.
- Jamais, répond-t-il sans l'ombre d'une hésitation.
La wiccan se retourne sans un regard de plus, le dos raidit par la douleur qui s'évase et s'étend dans tous ses membres. C'est en fermant la porte qu'elle entend les dernières paroles de son ami, lancé comme une prière :
- A bientôt mon amie, prends soin de toi.
Une fois éloignée dans la nuit agitée aux longs doigts polaires qui ne cessent de la bousculer en lui infligeant de désagréables frissons, la sorcière laisse enfin libre cours à son chagrin, cédant le passage aux larmes qui s'écoulent en discontinu de ses yeux dans un silence douloureux.
Elle hoquette sans bruit, tentant de réapprendre à respirer avec cet étau invisible qui lui comprime les poumons.
Nul besoin d'une boule de cristal pour deviner que ce soir là est sans doute le dernier où elle verra son ami de toujours.
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