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3. Ah, c'est dommage !


Bigflo et Oli, Dommage.

C'est le cas de le dire.

Je voulais vraiment écrire quelque chose depuis longtemps sur cette chanson qui me pose un véritable cas de conscience. En effet, la première fois que je l'ai entendue, je n'ai rien trouvé à redire – bien au contraire, la chanson était très originale et osait aborder des sujets importants. Ce n'est que bien plus tard que je me suis rendu compte du message ambigu de ce titre.

Mais avant tout, un petit rappel du texte.

Dommage est une chanson qui commence par un garçon timide qui prend le même bus tous les jours et n'ose pas aborder une fille, jusqu'au jour où il ne la revoit plus. Vient ensuite le refrain : « Ah il aurait dû y aller (...) ah c'est dommage, ah c'est dommage ».

Ensuite, c'est une jeune femme avec une jolie voix qui rêve de devenir chanteuse, mais qui travaillera à l'usine parce que son père lui a dit de se trouver un vrai métier et qu'elle l'a écouté plutôt que de suivre sa voie. Vient ensuite le refrain : « Ah elle aurait dû y aller (...) ah c'est dommage, ah c'est dommage ».

Troisième couplet, un jeune homme reste chez lui devant la télé au lieu de sortir avec ses copains et râle la nuit venue, car il n'a pas de petite amie. Pourtant, il aurait dû rencontrer la femme de sa vie à la soirée qu'il a ratée. Vient ensuite le refrain : « Ah il aurait dû y aller (...) ah c'est dommage, ah c'est dommage ».

Dernier couplet, une femme a des bleus sur le corps à cause d'un mari qui la bat :

« Elle repense à la mairie, cette décision qu'elle a prise

À cette après-midi qu'elle avait fait sa valise

Elle avait un avenir, un fils à élever

Après la dernière danse, elle s'est pas relevée »

Et de nouveau le refrain : « Ah elle aurait dû y aller (...) ah c'est dommage, ah c'est dommage »

Le refrain se répète plusieurs fois et la chanson s'achève en psalmodiant : « Vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets ».

C'est une chanson coup de poing dont le message principal est la dernière phrase : « Vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets ». Je partage cette conviction et ce dernier message. Si j'ai un problème avec cette chanson, c'est à cause de l'histoire de la femme battue, celle qui est mise à la fin en raison de son effet choc. En effet, la violence de ce dernier couplet tranche avec les autres. On peut dire qu'on prend une gifle. En fait, Bigflo et Oli vont intentionnellement parler d'exemples plus légers et garder celui-ci pour la fin, car ils savent que le dernier exemple avec cette femme battue est le plus percutant, que c'est celui qui va bouleverser le public.

Je trouve que c'est courageux de parler des femmes battues et de lever un tabou (il l'est moins maintenant, mais on ne parlait pas du tout des femmes battues à une époque et on n'en parlait pas tant que ça quand Dommage est sorti). Je pense aussi que Bigflo et Oli on voulut passer un conseil plutôt bon qui est celui-ci : « Si tu es une femme battue par ton mari, pars avant qu'il ne soit trop tard. »

Pourtant, malgré tous les bons côtés de cette chanson, je reste complètement révoltée. Tout simplement parce que la chanson dit ni plus ni moins qu'une femme battue l'a bien cherché. Cette chanson dit qu'une femme battue qui meurt sous les coups de son mari est responsable de ce qui lui est arrivé.

Tout d'abord, en faisant le parallèle entre mourir sous les coups d'un homme et rater sa vie (ou l'amour de sa vie). En effet, les personnages de cette chanson sont ouvertement critiqués : l'un est trop timide, l'autre trop lâche et influençable, le dernier trop paresseux. Et la femme battue, quel est son défaut ?

Ensuite, en utilisant des phrases telles que : « Elle repense à la mairie, cette décision qu'elle a prise », Bigflo et Oli écrivent que Pauline (c'est le nom de la femme battue dans la chanson) regrette son choix, qu'elle culpabilise. Personnellement, je ne pense pas qu'une femme devrait culpabiliser d'avoir épousé un mari violent. Tout d'abord, les hommes violents n'ont pas toujours « mari violent » tatoué sur le front, beaucoup se révèlent progressivement, parfois après des années de mariage. Et puis, tout simplement parce qu'il y en a marre, ce n'est pas elle la fautive de l'histoire. Qu'elle arrête de culpabiliser !

Autre phrase : « Elle aurait dû le faire, elle aurait dû le faire » chantée juste après l'annonce de la mort de Pauline. Le conseil n'est plus : « Si elle est battue, elle doit partir. », mais « Si elle était partie, elle ne serait pas morte. » ce qui est radicalement différent à mon sens.

Pour préciser un peu ma pensée, je dirais que, dans un cas, on conseille et que, dans l'autre, on reproche. Dans le cas du garçon du premier couplet, si quelqu'un vient le voir dans le bus pour lui dire « Allez, va lui parler ! » et qu'un autre vient le voir des années plus tard pour lui dire : « Tu aurais dû le faire, tu aurais dû parler à cette fille dans le bus. » Personnellement, si j'étais le garçon du bus, je préférerais la première option (pas vous ?).

Dans le cas de la femme battue, cette nuance est très très importante, car ce reproche : « Elle aurait dû partir. » ou « Elle n'avait qu'à partir. » est à la fois très grave, trop répandu et injustifié.

Grave, car la femme battue qui ne part pas n'est ni lâche, ni paresseuse, ni timide, ni bête. Le phénomène d'emprise qui a été étudié depuis quelque temps maintenant a montré que s'extraire d'un mari violent est bien plus facile à dire (et à reprocher) qu'à faire. Il y a donc des barrières mentales qui s'ajoutent aux obstacles matériels, financiers, familiaux et autres.

Trop répandu. Certaines personnes considèrent encore (consciemment ou inconsciemment) que les femmes battues sont responsables de ce qui leur arrive. Déjà, les femmes sont souvent considérées comme responsables des agressions qu'elles subissent. Une main aux fesses à cause d'une jupe trop courte. Un meurtre sordide à cause d'un jogging trop matinal et trop éloigné des sentiers battus. Etc. Tout cela permet, au passage, d'oublier les véritables coupables de ces actes. Entendra-t-on un couplet pour dire, « ah c'est dommage », il n'aurait pas dû taper sa femme ?

Injustifié. C'est une idée reçue, fausse, archifausse. Il ne suffit pas toujours de partir pour avoir un avenir et élever son garçon. Cette solution si facile qui consiste à mettre toute la responsabilité sur la femme en disant qu'après tout elles n'avaient qu'à partir est totalement biaisée. 2 féminicides sur 3 ont lieu pendant ou après la rupture.

2 féminicides sur 3 ont lieu pendant ou après la rupture.

Bref, elle aurait dû le faire et p't'être qu'elle serait morte quand même, parce qu'un mari violent, bah c'est violent ! qu'on ait une valise ou pas.

C'est sidérant de constater comme cette idée que les femmes sont responsables de la situation est très tenace. Il n'y a qu'à voir les « solutions » qu'on leur propose : on leur conseille de faire leur valise et de partir dans un refuge. Il faut qu'elles abandonnent leur foyer, leurs biens, leurs conforts pour fuir exactement comme si elles étaient en cavale après avoir commis un crime. Il faut qu'elles aient honte, qu'elles se cachent, qu'elles subissent une punition (expulsion de chez elle, exil forcé, condition de vie précaire). Elles n'ont le droit d'emporter qu'une valise, doivent partager leur « maison » avec d'autres victimes, perdre leur intimité, leur confort. Et pendant ce temps-là le compagnon violent peut rester bien au chaud chez lui, garder ses habitudes, etc.

Aujourd'hui, il y a des personnes qui commencent à voir les choses autrement et qui suggèrent qu'on arrête de faire des refuges pour femmes battues que l'on remplacerait par des centres de détention/rééducation pour les hommes violents. L'idée serait que la femme ayant subi des violences le signale à des autorités compétentes et que l'homme soit immédiatement transféré dans un centre, avec une interdiction de s'approcher de son ancien foyer et de sa compagne. Il lui sera aussi proposé des formations, des séminaires, pour qu'il puisse sortir de la spirale de la violence, reconnaître qu'il a un problème et apprendre à se contrôler. Enfin, on s'occupe du problème du bon côté.

Je n'ai pas de bonne idée pour conclure ce texte. Donc, voilà, mon coup de gueule est terminé. Merci de m'avoir lu.

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