Chapitre 30
— Harry !
— Professeur Potter, Séraphin, professeur Potter, dit Harry en souriant.
— Han, c'est vrai, j'oublie tout le temps...
Le jeune garçon baissa les yeux et Harry lui sourit. Il posa une main sur son épaule puis demanda :
— Je t'ai arrêté dans ton élan, tu voulais me dire quelque chose ?
— Oui... En fait, avec Karoun, on voudrait savoir si...
— Nous voudrions savoir si, corrigea Harry.
— Oui... Donc, nous voudrions savoir si nous pouvons inviter des copains à la maison, pour le week-end...
— Pour le week-end ? Et qui sont ces « copains » ? Je les connais ?
— Vous les avez peut-être déjà vus, dit Karoun en apparaissant de derrière une tapisserie.
— C'est Antoine et Jeremiah...
— Bolde et Casanes ? Hum, fit Harry comme Séraphin hochait vivement la tête. Ma foi... La maison est assez grande, et vos chambres aussi... Et puis, je tends un peu à faire le rapprochement entre cette soudaine invitation et le match de Quidditch de dimanche...
Séraphin rougit légèrement puis il sauta au cou d'Harry comme celui-ci acceptait de recevoir les deux élèves pour le week-end :
— Cependant, il faudra que vous préveniez Drago, il n'aime pas trop les surprises de ce genre...
Séraphin hocha la tête puis Karoun demanda :
— Qu'est-ce que vous faites ici au fait ? Vous n'avez pas encore reprit le travail, si ?
— Non, pour cela, je vais attendre que les jumeaux aillent à l'école, répondit Harry. Non, je suis venu demander quelque chose au professeur Rogue. Est-il là ?
— On sort de son cours, dit Séraphin. Il doit encore être dans son bureau... J'imagine.
Harry hocha la tête puis un deuxième appel de la cloche signala la reprise des cours. Les deux garçons filèrent ventre à terre et Harry soupira en se dirigeant vers les cachots.
Cela faisait six mois que Karoun et Séraphin avaient retrouvé une famille, des parents, et un nombre surprenant de frères et sœurs, parfois n'appartenant pas toujours à Harry et Drago, Hermione, ayant enfin accepté le fait que ses amis pouvaient avoir autant de bouches à nourrir qu'ils le voulaient, laissant régulièrement ses trois terreurs au couple de sorciers.
La fin novembre approchait à grand pas et Harry avait de plus en plus l'impression d'être de trop chez lui. Drago avait changé ses horaires de travail pour s'occuper des petits, il partait plus tard le matin et revenait plus tôt le soir, rattrapant ses heures non travaillées le samedi et parfois le dimanche, si bien que du coup, le Gryffondor n'avait plus grand chose à faire.
Lentement mais sûrement, il avait reprit ses « études », à savoir réviser tous ses cours, et il avait même commencé à en préparer pour ses classes. Depuis quelques semaines, en voyant ses enfants partir le lundi matin par la cheminée du bureau accompagnés de Rogue qui venait les chercher, il ressentait de la jalousie. Pas envers Rogue, pas du tout, simplement, il trépignait intérieurement, comme s'il voulait les accompagner.
Marchant le long du couloir légèrement en pente qui conduisait aux cachots et qu'il avait si souvent emprunté dans ses jeunes années, le brun entra sans presque s'annoncer dans la salle de classe du professeur de Potions.
— Monsieur Potter... Que me vaut votre visite, grinça le sombre professeur, à l'image de ses habits et de la déco de sa salle. Vous n'êtes pas censé vous occuper de vos enfants ?
— J'en ai trois ici, Professeur... Et les deux autres, c'est Drago qui s'en occupe. Et cessez ce ton grinçant, j'ai l'impression d'être revenu il y a vingt ans... grommela le Gryffondor.
Rogue sourit puis il posa un coude sur son bureau en demandant :
— Et donc ? Pourquoi vous être déplacé jusqu'ici ?
— Je voulais juste savoir si Dumbledore avait parlé de reprendre un professeur de Défense...
— Hum ? fit Rogue en haussant un sourcil. Dois-je comprendre par-là que vous auriez dans l'idée de revenir bosser ici ?
— Ca se pourrait bien... Les jumeaux sont grands maintenant, Drago et Katia peuvent s'en occuper tous seuls... et pour tout vous avouer, cette vieille bâtisse me manque.
Rogue eut une ombre de sourire puis il se redressa en soupirant :
— Potter... Je n'ai pas de nouvelles concernant un nouveau professeur de Défense, tout du moins un professeur permanent, mais je vous conseille d'aller en parler directement avec le Directeur...
— Je ne vais pas dire à Dumbledore qu'il se pourrait bien qu'à la rentrée de janvier je revienne travailler ici, alors que je n'en suis même pas certain et que j'ignore si Drago sera d'accord.
— Drago n'a pas à donner son avis, vous êtes mariés, oui, mais vous avez chacun votre vie, et ça a du mal à rentrer ça, tsk !
Harry baissa légèrement les yeux en hochant la tête, reconnaissant par-là une chose que tout les gens de leur entourage proche leur disaient depuis une décennie : qu'aucun n'arrivait réellement à prendre une décision sans demander l'avis à l'autre.
— Quand je veux faire quelque chose, je ne demande pas à Miss Herridge, dit Rogue, les sourcils froncés. Je le fais, c'est tout, que cela lui plaise ou non.
Harry ne releva pas l'emploi du nom de jeune fille de la femme du professeur. C'était courant qu'il l'appelle ainsi, et très rare quand il l'appelait Madame Rogue ou Sophia, tout du moins devant témoins.
— Je sais, professeur, dit le brun. Mais quand même, c'est mon mari, il a le droit d'être au courant.
— Oh oui ! Bien évidemment, mais si vous avez envie de revenir enseigner, ne lui demandez pas s'il est d'accord ou non. Informez-le, mais même s'il n'est pas d'accord, menez quand même à bien votre projet.
— Si vous le dites. De toutes façons, et Drago le sait, si j'ai envie d'une chose, je ne lâche pas l'affaire jusqu'à ce que je l'aie. S'il m'empêche de revenir enseigner, je lui pourrirais l'air jusqu'à ce qu'il cède, et Merlin sait combien j'en suis capable !
Le brun sourit alors largement et Rogue secoua la tête en soupirant. Harry le laissa ensuite et rentra au Chemin de Traverse. Il alla faire quelques courses, il s'arrêta boire un verre dans un des nombreux Pubs de l'Allée Marchande, puis il regagna la maison.
Il y trouva sans grande surprise Drago occupé à jouer avec Zaria. La petite, assise sur le tapis devant la cheminée, jouait avec des cubes qu'elle empilait consciencieusement. Comme elle posait le dernier cube de la pile, Drago frappa dans ses mains en la félicitant :
— C'est bien, ma puce ! fit alors Harry, en profitant pour s'immiscer dans le tableau.
Drago sursauta légèrement et se retourna peut-être un peu trop vivement. Harry fit mine de rien et il embrassa son mari en disant :
— Tu es rentré tôt...
— Oui, je n'avais plus de dossier urgent à traiter alors j'ai pensé passer un peu de temps avec ma fille.
— Où est Isaac ?
— Il dort dans son couffin, là-bas.
Le brun leva la tête et regarda le couffin posé sur le sol, près de la cheminée. Il s'en approcha alors et regarda dedans. Le bébé dormait paisiblement et le Gryffondor soupira :
— Chéri ?
— Mhm ?
— J'ai quelque chose à te dire.
— Allons-bon... Katia, s'il vous plait, emmenez les enfants.
— Oui, monsieur Drago.
La jeune femme emporta Zaria dans ses bras et prit l'anse du couffin d'Isaac. Elle s'en alla ensuite et les deux jeunes hommes restèrent seuls :
— De quoi veux-tu me parler ? demanda le blond en s'adossant contre le canapé, passant une jambe sur l'autre.
— Je voulais te dire que d'ici peu, je vais reprendre le travail.
— Ha ? Et ça te prends comme ca ?
— Non, il y a longtemps que j'y pense et que je me suis remis à mes cours, dit le brun.
— Et quand voudrais-tu reprendre ?
— A la rentrée de Janvier. Plus ça va et plus je m'ennuie ici, tu as changé tes horaires de travail, tu pars plus tard et tu rentre plus tôt pour t'occuper des petits, et moi du coup, je n'ai plus rien à faire. Il y a bien longtemps que je pense à reprendre les cours, mais je n'ai encore rien dit à Dumbledore. Seul Rogue est au courant.
— Et j'imagine que si cela ne me plait pas, tu t'en fiche ?
— Complètement. Enfin non, pas complètement, seulement, si j'ai envie de reprendre le travail, tu ne m'en empêcheras pas, quoi que tu dises ou fasses.
Drago releva le menton, accentuant son air coléreux, puis soudain il soupira et demanda :
— Même si je t'annonce que je suis enceint ?
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— Même si je t'annonce que je suis enceint ?
Harry sentit le sang se retirer de son visage :
— Qu-Quoi ? bafouilla-t-il. Tu rigole...
Le Serpentard se leva alors en soupirant et il s'approcha de la cheminée qui ronflait doucement. Il pinça les lèvres et fit jouer ses mâchoires.
— Non...
— No-Non ? Mais Dray...
— Quoi « mais Dray » ? fit alors le blond en se retournant vivement. Ca veut dire quoi ça ? Je tombe enceint sans avoir galéré pendant des années et c'est tout ce que tu trouves à dire ??
— Mais... Mais ne te fâches pas... Je suis simplement surprit, c'est tout... Nous avons eut tellement de mal pour avoir les jumeaux... C'est presque irréel...
— Ca ne l'est pas pourtant, dit le Serpentard en faisant de nouveau face à la cheminée.
Il ferma les yeux et Harry s'approcha de lui, juste à temps pour voir une larme glisser sur la joue rendue orange, de son mari.
— Pourquoi est-ce que tu pleures, chéri ? Ce n'est pas aussi dramatique...
— Non, tu as raison. Cependant, plus les jours passent et plus je me demande si c'est une bonne idée d'avoir encore un enfant... Cela portera le nombre à six et...
— Chéri, regarde-moi, fit alors Harry.
Le blond renifla discrètement et tourna la tête vers son mari :
— Regarde-nous, nous avons à peine trente ans, nous sommes en parfaite santé, nous avons une grande maison et largement de quoi vivre pendant encore plusieurs décennies sans se priver. Oui, nous allons avoir un sixième enfant, mais qu'importe ? Si tu t'en sens la force alors fais-le. Au besoin, nous irons habiter à Poudlard pendant ta grossesse car bébé en approche ou pas, je suis bien décidé à reprendre les cours.
Le blond déglutit et Harry le prit dans ses bras. Il l'embrassa dans le cou puis ils s'étreignirent avec force. Harry repoussa ensuite son mari et l'entraina vers le canapé :
— Depuis quand es-tu enceint ?
— Un mois tout juste, dit le blond en s'asseyant. Je ne voulais pas te le dire plus tôt sans être certain de le garder. Je sais qu'une nouvelle grossesse pourrait avoir raison de moi mais maintenant qu'il est là, je vais le mener à terme, même si je dois y laisser ma fertilité après, ma silhouette ou même ma vie.
— Tu ne dois pas dire de telles choses, dit Harry en fronçant les sourcils. Si tu disparais en mettant au monde ce bébé, qu'est-ce je fais faire tout seul avec six enfants ? Je ne pourrais jamais m'en sortir seul avec Katia, et encore moins refaire ma vie. Tu es toute ma vie, Drago, tu entends ? Si tu as tant peur de ne pas survivre à cette grossesse alors saborde-la dès maintenant. Je ne veux pas te perdre et je ne veux pas non plus que tu déprime pendant six mois parce qu'alors j'aurais l'impression de t'avoir contraint à garder ce bébé.
Drago baissa les yeux, touché par le flot d'amour que son mari venait de lui déverser dessus, et il sentit sa gorge se serrer. Il enlaça alors Harry, l'embrassa tendrement, et le brun le repoussa. Il faufila sa main sous l'épais pull de laine grise et la posa sur le ventre du blond en disant :
— Je veux ce bébé, Drago. Mais toi seul décide.
Le blond hocha la tête :
— Je le garde, dit-il. Et tant pis si je dois quitter mon travail et aller vivre à Poudlard, au moins je serais en terrain connu, avec mes enfants et mon mari que j'aime plus que le monde lui-même.
Harry sourit et ils échangèrent un nouveau baiser.
Un peu plus tard, comme il écrivait une lettre à Dumbledore, annonçant son retour à Poudlard en tant que professeur de DCFM pour la rentrée de janvier, et du même coup, la nouvelle grossesse de Drago, Harry songea à sa vie et la façon dont elle s'était déroulée ces dernières années.
Si, il y a seize ans, on lui avait dit qu'il allait, d'une, tomber amoureux de son pire ennemi, l'épouser, et lui faire quatre enfants plus en adopter deux autres, et de deux, vaincre Voldemort, acquérir une fortune suffisamment large pour lui permettre de vivre confortablement, de s'occuper de six enfants, un mari et une Gouvernante pendant des décennies, jamais il n'aurait cru la personne qui lui aurait dit une telle chose...
FIN
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