Chapitre 22
2 décembre. Le froid mordant de cette fin de mois obligeait tout le monde à rester calfeutré dans ses appartements. Harry y comprit, et cela le faisait enrager car, non content de devoir rester enfermé dedans à longueur de journée à cause du froid, il s'inquiétait sérieusement pour Drago.
La veille, le Gryffondor avait regagné se demeure du Chemin de Traverse et il avait alors réalisé que son mari n'avait toujours pas accouché et qu'il entamait à présent son huitième mois de grossesse. Jamais Drago n'avait été aussi gros, jamais son corps n'avait été aussi déformé par la maternité.
Les reins cambrés, les épaules rejetées en arrière pour contrebalancer le poids de cet énorme ventre qui paraissait factice, Drago avait vraiment la silhouette d'un S majuscule. Cependant, même si la comparaison était risible, la situation, elle, ne l'était pas. Le pauvre Serpentard passait la majeure partie de ses journées assit ou allongé sur le dos ou le flanc. Il rongeait son frein, devenant de plus en plus irascible, allant même jusqu'à refuser que Harry l'effleure pour un simple baiser, mais celui-ci prenait son mal en patience malgré son inquiétude grandissante.
— Monsieur Potter, tout va bien ? Monsieur Potter...
Harry sursauta. Il décroisa les bras et pivota légèrement pour voir le professeur Adduire, le professeur de vol sur balais, le regarder en haussant les sourcils.
— Oui, répondit Harry. Tout va bien...
— Ce pli sur votre front dit le contraire, dit le professeur en croisant une jambe sur l'autre dans le fauteuil où il avait prit place, bien en face de la cheminée. Vous êtes inquiet...
— Oui, pour mon mari... avoua alors Harry. Il entame son huitième mois de grossesse et il n'a toujours pas accouché... Il n'en peut plus, il est épuisé, coléreux... invivable.
— Toutes les femmes sont ainsi avant la naissance de leur enfant, dit Adduire. J'imagine que pour monsieur Malefoy ce n'est guère différent. Il est invivable car inquiet, Harry, vous devriez le savoir, ce n'est pas votre premier enfant...
— Non, dit Harry. Je sais que c'est l'inquiétude qui le rend ainsi mais je suis tout aussi inquiet que lui, si ce n'est plus...
— Allons, ne vous en faites donc pas, tout va bien se passer... Votre docteur est un bon docteur, vous savez... Et avec les informations que madame Greenwald a pu tirer du Docteur Malopiez, vous en savez tout autant sur les demi-vélanes, qu'un demi-vélane lui-même... Ne vous rongez pas les sangs et concentrez-vous sur le Tournoi, la première tâche a lieu demain, je vous rappelle.
— Déjà ? fit Harry en haussant les sourcils. Merlin que le temps passe vite... Et... Dumbledore ne veut toujours pas nous dire ce que nos élèves devront affronter ?
— Non, dit Adduire en secouant la tête. Rien du tout, c'est le secret le plus total, même Minerva n'est au courant de rien. J'imagine que ce sera encore quelque chose de spectaculaire, comme il en a le secret...
Adduire fit un sourire à Harry qui le lui renvoya avant de reporter son attention dehors où le vent soufflait si fort que les arbres de la Forêt Interdite se couchaient dangereusement. Les poteaux de but du stade de Quidditch vibraient eux aussi sous les assauts du vent, sans parler des fenêtres qui tremblaient et des hurlements terribles dans les combles du château.
Un peu plus tard dans la journée, le vent se calma et les élèves les plus intrépides se risquèrent à aller prendre l'air. Les plus frileux restèrent bien au chaud dans leurs Salles Communes, serrés les uns contre les autres près du feu.
Harry, lui, incapable de rester dedans plus longtemps, sortit et se changea aussitôt en son animagi. Les quelques courageux qui étaient là virent une occasion de s'amuser un peu et Harry brama de mécontentement quand une boule de neige lui passa au travers des bois, l'arrosant de neige.
— Ha vous voulez jouer à ça ! s'exclama-t-il en se retournant vivement, piétinant la neige de ses larges sabots en une figure appelée piaffement en dressage. Et bien sachez que je suis très fort à ce jeu-là, bande de garnements !
Il baissa alors la tête et utilisa ses larges bois comme des pelles à neige. Les élèves les plus proches furent arrosés d'une fine poudreuse glacée qui s'insinua jusque dans leurs narines mais ils ripostèrent aussitôt et Harry ressembla rapidement à un cerf blanc.
— Regardez-moi ce gamin, dit Lupin en souriant. Et dire que ça va avoir trente ans...
Rogue se contenta d'un haussement de sourcils. Lupin et lui surveillaient les élèves sortis quand ils avaient vu Harry dévaler l'escalier de pierre et se changer en son animagi sans presque s'arrêter de marcher.
— Au fait, dit Lupin. Tu as des nouvelles de Drago ?
— Non, pas une seule depuis une semaine, dit Rogue. Demande à Potter, c'est son mari après tout...
— Il dit que tout va bien... Je lui ai demandé ce matin, répondit Lupin. C'est ce qu'il dit à tout le monde on dirait... Il s'inquiète, ça se voit comme le nez au milieu de la figure...
— Qui ne s'inquiéterait pas, grogna Rogue. Drago n'est pas fait pour porter des enfants, il est si chétif... Pas étonnant que Gabriel soit né si tôt.
Lupin ne trouva rien à redire. Oui Drago était très fin, pour ne pas dire maigre, mais sa fine musculature proportionnait les choses, enfin avant qu'il ne tombe enceint... Car là, son corps était tout ce qu'il y a de plus disgracieux, même aux yeux de Gabriel quand il avait vu son père alors que lui et Harry revenaient de chez le médecin. Il avait alors soufflé à Katia qu'il avait hâte que les jumeaux naissent, que son papa retrouve un corps un peu plus avenant.
Lupin soupira. Rogue croisa les bras plus serré sous son ample cape noire bordée de fourrure beige, mais aucun ne brisa le silence seulement troublé par les cris et les rires des élèves qui bombardaient Harry de boules de neige.
Harry envoya de la neige sur un grand dadais blond roux qui riait comme un ours, et celui-ci riposta en balançant une grande brassée de neige sur l'animal plus grand que lui. Harry fit un bond pour l'éviter et trébucha soudain sur une motte d'herbe dissimulée. Il s'effondra sur le flanc et les élèves en profitèrent pour se ruer sur lui et le couvrir de neige, en se gardant bien de le toucher.
— Belle partie, fit Lupin en regardant le grand cerf ruisselant d'eau approcher. Tu es un vrai gamin, Harry...
— Je sais, dit le Gryffondor en relevant la tête.
Il coucha ensuite ses bois et se secoua violemment. Ses longs poils bruns se hérissèrent et Lupin et Rogue furent aspergés d'une eau glaciale.
— Harry ! s'exclama Lupin en se protégeant de ses bras. Va te secouer ailleurs !
Harry haussa un sourcil puis il secoua à nouveau la tête mais la secousse ne fut pas assez violente pour un nouvel ébrouage. Le brun se mit tout de même à rire en voyant Rogue et Lupin se protéger le visage de leurs bras alors que rien n'arrivait.
Un peu plus tard dans la journée, Harry était à la Bibliothèque, en train de rassembler des informations pour son prochain cour quand un elfe vint le chercher, l'escortant jusque chez Dumbledore.
Intrigué, Harry entra dans le bureau du vieux sorcier... et manqua la syncope de peu.
— Que... ? fit-il, une main sur le cœur. Professeur !
— Allons, Harry, fit Dumbledore en souriant. Tu ne va pas me dire que tu as peur d'un simple Centaure, si ?
— Mais c'est un Centaure Supérieur ! s'exclama Harry.
Il regarda alors la bête mi-homme mi-cheval qui se tenait dans le bureau du Directeur de Poudlard, coincé entre une table croulant sous divers objets en verre et une pile de livres presque aussi haute que sa croupe blanche.
L'animal avait le corps d'un humain de la tête aux hanches. En dessous, c'était le corps d'un cheval dont on aurait coupé l'encolure. Il aurait put être un Centaure normal, mais il n'en était rien, déjà de par sa couleur. Les Centaures blancs étaient d'une rareté exceptionnelle, dans le troupeau de Magorian, ils étaient tous noirs, bais ou alezans. Il y avait quelques gris et quelques palominos mais peu.
Harry eut la vision fugitive d'une Licorne immaculée et il réalisa alors que le Centaure n'avait pas sa robe rase mais longue et soyeuse, comme les lamas. Ses longues mèches étaient emmêlées mais malgré les nœuds, elle semblait aussi douce que du coton. Les longs poils sur les paturons de l'animal faisaient comme une couronne sur le tapis rouge, cachant des sabots d'un rose pâle et pur. La peau de la partie humaine du Centaure était d'un pâle surprenant, presque translucide. On voyait les veines bleues courir au niveau des muscles des bras, des poignets et du cou. Celui-ci était en partie masqué par une barbe naissante qui rejoignait une chevelure d'une longueur à faire pâlir d'envie n'importe quel coiffeur.
Le torse du Centaure était glabre, pas un poil disgracieux ne se voyait, ni même sur ses bras. Sous son nombril, situé au centre d'abdominaux si carrés qu'on les aurait crus taillés au couteau, une touffe de poils blancs remontait du poitrail, formant une crête là où les poils descendant rencontraient ceux qui montaient.
— Harry, je te présente Milthroë, dit alors Dumbledore. C'est un Centaure Supérieur, comme tu l'as remarqué... Maître Milthroë, je vous présente...
— Harry Potter... souffla le Centaure en se penchant vers Harry qui du lever la tête, l'animal faisant plus de deux mètres de haut au sommet de sa tête. Qui ne connaît pas ce garçon de nos jours... Il est aussi célèbre que son alter-ego Voldemort...
Harry sentit un pincement dans sa poitrine quand le Centaure prononça le nom du Lord Noir. Il ne l'avait plus entendu depuis près d'une décennie... La voix de Dumbledore tira Harry de ses pensées :
— Harry, Maître Milthroë et deux de ses compagnons ont bien voulu assurer l'épreuve de demain...
— C'est un honneur pour nous de participer à cette illustre compétition, dit le Centaure d'une voix douce et chaude en regardant Dumbledore de ses yeux gris clair, presque blancs. Nous ne nous montrons guère, nous nous plaisons à alimenter les légendes, mais cela aurait été un déshonneur suprême de refuser une telle invitation...
Envoûté par la voix de velours, Harry se reprit en passant sa langue sur ses lèvres. Il regarda Dumbledore qui dit :
— Très bien, dès demain donc, à midi précise, je vous retrouverais sur l'îlot au centre du Lac Noir. L'épreuve se déroula sur ce bout de caillou où vous autres êtes si agiles...
— Et... fit alors Harry. En quoi va consister l'épreuve ?
— Je te le dirais demain, Harry, comme à tes collègues. Je tenais simplement à te présenter Maître Milthroë. Maître, monsieur Potter sera le Juge pour Poudlard, demain, ajouta-t-il en regardant la bête blanche aussi immense que majestueuse.
Le Centaure hocha la tête puis Harry pu se retirer et il retourna à la Bibliothèque dans un état second. Il passa le reste du temps à rassembler des infos pour ses prochains cours mais son esprit dérivait constamment sur le Centaure blanc. Si un jour on lui avait dit qu'il en verrait un, en vrai, et qu'il aurait l'honneur de lui adresser la parole...
— Harry...
Le brun prit un coup de coude dans les côtes et sursauta. Lupin le fusilla du regard puis il tourna la tête vers le centre de la Grande Salle. Dumbledore se tenait derrière son pupitre en forme de hibou aux ailes déployées. Il parlait vite mais clairement et les élèves semblaient tous suspendus à ses lèvres :
— Demain, comme vous le savez tous, aura lieu la première épreuve du Tournoi des Trois Sorciers. Elle débutera à midi pile et se déroulera sur l'îlot de pierre au centre du Lac Noir. Je vous invite donc tous à venir dès dix heures vous installer sur les rives du lac afin de rien manquer. Les trois Champions... – il regarda les trois garçons assis à un guéridon à part des autres élèves –, le professeur Hagrid viendra vous chercher dans votre dortoir demain matin aux alentours de huit heures. Je vous expliquerais les grandes lignes de l'épreuve puis vous aurez jusqu'à midi pour vous préparer. Inutile de prendre vos baguettes magiques, elles vous encombreront plus qu'autre chose.
Il marqua une pause, balaya la salle du regard puis frappa dans ses mains et tout le monde quitta la Grande Salle dans un brouhaha du tonnerre, direction les dortoirs.
Le lendemain, à huit heures, Harry était debout. C'était pourtant dimanche mais l'imminence de la première tâche du Tournoi l'empêchait de dormir plus longtemps.
En descendant dans la Grande Salle, il réalisa qu'il n'était pas le seul. La plupart des professeurs étaient eux aussi déjà levés, et une poignée d'élèves prenait leur petit-déjeuner en bâillant.
Harry prit place au bout de la grande table des professeurs et se servit du café en dissimulant un large bâillement. Un toussotement lui fit lever la tête et il fit Dumbledore se frotter un œil. McGonagall se grattait le menton, assise à sa droite, et, plus loin, le professeur Sinistra suçait rêveusement sa petite cuillère.
Harry soupira. Dans quelques minutes les préparatifs pour la première tâche allaient commencer et, à midi pile, cette même première tâche débuterait. A cette pensée, le Gryffondor tourna la tête vers les élèves présents. C'était pour la majorité des élèves des deux autres écoles représentées : les jolies jeunes filles de Beauxbâtons et les grands gaillards de Durmstrang. Parmi eux, il y avait les deux champions du tournoi, mais Harry ne les connaissait pas. Il n'avait même pas retenu le visage du champion de Poudlard, alors retenir les noms compliqués d'une élève française et d'un autre probablement russe... n'en parlons pas.
Le temps passa trop vite. Harry se retrouva au bord du Lac Noir sans même s'en rendre compte. Jetant un œil sur sa montre, il fronça les sourcils. Il était dix heures. Un peu plus tôt, Dumbledore avait annoncé aux professeurs la venue exceptionnelle de trois Centaures Supérieurs. La stupeur avait rapidement laissé place au ravissement, la plupart des professeurs, comme Lupin et Hagrid, rêvaient de voir un jour ces créatures que l'on disait mythiques.
Dix heures et demi bipèrent à la montre de Harry et soudain, un brusque vent se leva. Le brun posa une main sur ses cheveux dans un pur réflexe tandis que Dumbledore saisissait sa barbe d'une main et que McGonagall retenait son chapeau pointu.
— Piles à l'heure ! dit Dumbledore avec un grand sourire.
A peine avait-il dit cela que trois immenses créatures blanches comme la neige se matérialisèrent devant eux, alignés les uns près des autres, le dos droit et bien campés sur leurs quatre puissantes jambes.
— Magnifique... dit Hagrid en s'approchant. Superbe...
— Merci, dit le plus vieux des trois Centaures avec un sourire.
— Bonjour, maître Milthroë, dit alors Dumbledore en s'approchant.
— Bonjour, professeur Dumbledore... dit le Centaure. Je vous présente Dame Azzarine, et Dame Péléa, dit-il ensuite en montrant de ses bras les deux Centaures de part et d'autre de lui-même. Malgré leurs petits respectifs, elles ont bien voulu se prêter au jeu.
— Je vous remercie du fond du cœur, dit Dumbledore en s'inclinant. A présent, suivez-moi, je vais vous expliquer le déroulement de l'épreuve. Professeur Rogue, professeur Lupin, professeur McGonagall ?
— Nous venons, dit Rogue.
— Harry, je te charge de superviser l'installation de l'épreuve, dit ensuite Dumbledore. Dame Azzarine te secondera.
Harry fit un signe de tête et regarda la jument qui se tenait à droite du grand mâle. Celle-ci lui fit un signe de tête auquel il répondit puis les deux autres Centaures suivirent Dumbledore sous une vaste tente où ils durent baisser la tête pour entrer.
— Bien ! fit ensuite Dame Azzarine, faisant sursauter Harry. Mettons-nous au travail, vous le voulez ?
— Avec plaisir, dit le brun en souriant légèrement.
La jument s'éloigna alors et les longues mèches soigneusement peignées de son pelage d'un blanc immaculé, se soulevèrent doucement quand elle fit pivoter sa vaste croupe pour rejoindre le ponton flottant qui avait été installé pour accéder à l'Ilot.
— Posez ça ici, dit Dame Azzarine en montrant un gros rocher que Hagrid faisait rouler sur la plage de l'Ilot. Merci.
— De rien, dit le demi-géant en souriant. Harry, où es-tu ?
— Ici, dit le brun en agitant le bras.
Il était juché sur un gros rocher où s'était accroché un arbre tordu et rabougri.
Les manches relevées jusqu'aux coudes, Harry avait été en charge de désherber une partie du rocher, sans toucher à l'arbre, mais il ignorait pourquoi. Dame Azzarine lui avait juste dit que ce bout de terrain servirait pour l'épreuve, il n'en savait pas plus. De plus, il n'avait pas le droit de se servir de la magie car l'îlot avait été ensorcelé de façon à ce qu'aucune magie ne puisse y fonctionner (logique !), allez savoir pourquoi.
— Onze heures et demi, dit Harry en regardant sa montre.
Un brouhaha lui fit ensuite lever la tête et il vit que les élèves s'installaient dans les gradins installés sur la rive du Lac Noir. Le brun remarqua également que Dame Azzarine avait brusquement disparu, mais il vit une longue queue blanche s'engouffrer sous la tente où les deux autres Centaures et Dumbledore se trouvaient depuis le matin.
Les professeurs présents pour installer l'épreuve furent enjoints à se rendre sous cette même tente et Dumbledore se décida à leur expliquer en quoi allait consister la première tâche du Tournoi des Trois Sorciers :
— Ceci est une médaille en or, dit le vieux sorcier en brandissant un ruban de soie où était suspendu ladite médaille en or. Nos trois amis vont chacun en passer une autour de leur taille et les trois champions devront l'attraper. Bien évidemment, les Centaures devront empêcher nos champions d'attraper ces médailles. Libre à eux de faire ce qu'ils voudront, dans la limite du possible, et sans utiliser la magie.
Dame Azzarine et Dame Péléa nouèrent le ruban autour de leur taille, de sorte que la médaille pende devant elles :
— Ceci vous va à ravir, Dame Péléa, dit Dame Azzarine en gloussant.
— Merci, chère sœur, dit Dame Péléa en gloussant à son tour, provoquant la stupeur parmi les sorciers.
Harry regarda les deux juments avec un sourire. Comme quoi, une femme reste une femme, qu'elle soit à demi-cheval, demi-poisson ou demi-je-ne-sais-quoi-d'autre !
Dumbledore chassa ensuite tout le monde de la tente pour accueillir les trois champions, et les trois Centaures disparurent aussitôt. Ils allèrent se cacher sur l'Ilot tandis que Harry prenait sa place dans la tribune des juges, aux côtés de représentants du Ministère et des directeurs des deux autres écoles.
D'un regard en coin, Harry découvrit Scrimgeour, le Ministre de la Magie, ainsi que Percy Weasley, son bras droit, et une sorcière à l'air revêche. Il pinça les lèvres puis se tourna vers Dumbledore, assit à sa droite, et McGonagall, assise une place plus loin.
Soudain, une trompette résonna sur le lac et Harry vit Scrimgeour se lever. L'homme à la crinière grise comme celle d'un lion enfonça sa baguette magique dans sa gorge et se mit à parler très fort sans mégaphone :
— En ce deux décembre particulièrement froid, je déclare ouvert le Tournoi des Trois Sorciers ! Que le fair-play et l'amitié soient les pièces maîtresses de cette nouvelle édition ! Bonne chance aux Champions !
Un tonnerre d'applaudissements explosa soudain et Harry regarda les trois champions sur le ponton permettant d'accéder à l'îlot. Dumbledore se leva soudain et Harry le vit porter sa baguette à sa gorge :
— Cher Champions, la première tâche du Tournoi des Trois Sorciers est sur le point de débuter ! L'épreuve se déroulera sur l'îlot qui se trouve au bout du ponton sur lequel vous vous tenez. Il y a sur cet îlot, trois créatures magiques non dangereuses, une pour chacun d'entre vous. Elles portent chacune sur elles une médaille en or comme celle-ci – il brandit une médaille identique à celle des Centaures – et vous devrez la récupérer. Cela paraît facile à écouter mais une fois dans la partie, vous trouverez cela moins drôle. Le premier à arracher la médaille gagnera cent cinquante points, le second cent points et le troisième cinquante. Ces points seront utiles pour la seconde tâche ! Sur-ce, je vous souhaite bonne chance !
Les trois Champions levèrent un bras en réponse puis Dumbledore prit un petit maillet et frappa un grand coup contre une cloche posée près de lui. Le bruit résonna dans la tête de Harry et il regarda les trois champions courir le long du ponton flottant.
Une fois qu'ils furent sur la plage du vaste îlot, le ponton fut retiré par Hagrid qui le replia sur la berge du lac avant de se poster non loin, une paire de Multiplettes entre les mains pour surveiller le déroulement de l'épreuve.
Ses Multiplettes à la main, Harry regardait également l'épreuve, observant les réactions des Champions, quand soudain, un hibou se posa près de lui en le faisant sursauter. Ce n'était pas Hedwige ni Moka et encore moins BrûleFlamme ou Naoko. C'était un hibou gris cendré qui portait sur son poitrail l'écusson de St-Mangouste. Intrigué, Harry prit le message qu'il tenait dans son bec. Il le déplia mais ne le lut même pas entier, son esprit venait de tilter : Drago.
— Drago ! fit-il en se levant brusquement, renversant son siège.
— Harry ? fit Dumbledore. Que se passes-t-il ?
— Monsieur, c'est Drago, je dois filer à St-Mangouste ! dit Harry.
— Utilisez ma cheminée, dit le vieux sorcier en tendant une clef à Harry. Allez, faites vite, je vous remplace comme juge.
— Merci, monsieur.
Harry se rua alors hors de la tribune et galopa jusqu'au château. Il y entra en trombe, emprunta une bonne douzaine de passages secrets puis se jeta littéralement dans la cheminée de Dumbledore :
— St-Mangouste ! hurla-t-il.
Les flammes devenues vertes l'enveloppèrent et, en quelques secondes, il fut éjecté dans le hall du vaste hôpital sorcier :
— Monsieur ? Je peux vous aider ? demanda une sorcière à l'accueil.
— Je suis Harry Potter, je viens voir...
— Monsieur Harry !
Harry se retourna et vit Katia se ruer sur lui.
— Katia ! s'exclama-t-il. Où est Drago ?
— Monsieur Drago est à la maternité, venez vite, il vous réclame !
— Depuis quand... ?
— Environ deux heures, dit Katia, toute paniquée en entraînant Harry dans les couloirs de l'hôpital sorcier. Il a commencé à se plaindre de maux de ventre au levé ce matin puis c'est passé mais il y a deux heures, il avait tellement mal qu'il ne pouvait plus se lever. J'ai aussitôt fait venir des Médicomages et ils l'ont emmené ici... J'ai peur, monsieur Harry...
— Allons, dit le brun. Aller, venez, dépêchons-nous.
Katia hocha la tête puis ils se mirent à courir le long des couloirs. La jeune femme semblait avoir mémorisé le parcours car elle ne regarda aucun panneau. Ils arrivèrent à bon port une poignée de minutes plus tard et Harry tomba nez à nez avec le médecin de la famille :
— Allard ! fit Harry.
— Viens vite Harry, Drago te réclame à s'en briser la voix. Viens vite.
Le Médicomage entraîna Harry dans la salle et les portes battantes se refermèrent sur eux, laissant Katia dans le couloir, morte d'inquiétude.
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