Chapitre 13
Lundi matin. Drago partit de bonne heure pour le Ministère. Harry, lui, resta couché un moment. Il n'avait pas cours avant dix heures, ce qui lui permettait de faire la grasse matinée, pour une fois, sans être dérangé. Il se rendormit une fois que Drago eut quitté la chambre et ne se réveilla qu'avec le réveil, deux heures plus tard.
Lorsqu'il atteignit sa salle de classe, sur les coups de dix heures, Harry eut un mauvais pressentiment qui le poussait à retourner d'où il venait. S'arrêtant dans le couloir, à quelques encablures de la porte de bois close de sa salle, il réfléchit un instant puis haussa les épaules et continua. Il pénétra dans sa classe et referma la porte derrière lui en saluant les élèves de sixième année de Gryffondor et Serpentard.
A midi, il regagna la Tour Sud et ne trouva personne, ni Katia ni Gabriel. L'absence de Drago était normale, le blond déjeunait au Ministère avec son père et d'autres gens importants. Par contre, l'absence de la jeune femme et de l'enfant n'avait rien de normal, d'autant plus que Katia n'avait rien dit à Harry avant de partir au sujet d'une quelconque sortie.
Laissant son estomac affamé de côté, Harry se rendit dans le bureau de Dumbledore et demanda après Katia mais le vieux sorcier n'avait pas vu la jeune femme depuis la veille, et encore moins Gabriel.
— Tu ne sais pas où ils sont ? demanda le Directeur en regardant Harry.
— Non, ils ne sont pas à la Tour et Katia ne m'a rien dit au sujet d'une éventuelle sortie ce matin...
— Appelle donc Drago, tu sauras bien si elle lui en a parlé et qu'il a oublié de t'en parler, suggéra le professeur.
Harry plongea une main dans sa poche et en sortit un téléphone portable. Il le regarda un instant puis soupira et dit :
— Il faut que je sorte du château pour qu'il fonctionne, il y a trop d'interférences magiques ici. Excusez-moi.
Dumbledore hocha la tête puis Harry quitta le bureau et sortit dans le parc du château. Il quitta même le domaine et s'arrêta à mi-chemin entre le château et Pré-au-Lard pour avoir un peu de réseau. Composant le numéro du téléphone de Drago, il attendit patiemment que son mari décroche en espérant de tout cœur que celui-ci ne déjeunait pas au Ministère.
Après trois sonneries, on décrocha.
— Drago Malefoy à l'appareil...
— Chéri, c'est moi, dit Harry en regardant autour de lui.
Il se tourna alors et la silhouette pâle du blond apparut devant lui, transparente et flottant à quelques centimètres du sol.
— Bonjour, Harry, répondit la silhouette qui tenait le téléphone portable à son oreille. Qu'est-ce qu'il se passe pour que tu m'appelle ?
— Gabriel et Katia ne sont pas à la Tour, dit Harry. Est-ce que Katia t'aurais dit quelque chose avant que tu ne partes ?
— Ils ne sont pas à la Tour ? répéta le blond. Et dans le château ?
— Non plus, répondit Harry. T'as-t-elle dit quelque chose à propos d'une sortie ?
— Non... dit le blond en réfléchissant. Non, rien du tout, ce matin, j'ai prit mon petit-déjeuner tout seul, elle n'était pas encore levée et Gabriel non plus.
— Je m'inquiète, dit alors le Gryffondor.
— Calme-toi, dit Drago. Ils ne sont sûrement pas bien loin... Aller, calme-toi, ne t'inquiète pas, d'accord ?
Harry fit une moue bizarre, et Drago sourit. Il s'approcha alors de son mari, en chair et en os, lui, et Harry ferma les yeux. Il sentit un courant d'air frais sur ses lèvres puis le blond dit :
— Aller, mon amour, je dois te laisser maintenant. Ne t'inquiète pas pour Katia et Gaby, ils ne doivent pas être loin, cherche dans le château, d'accord ?
Harry rouvrit les yeux puis il hocha la tête et Drago lui envoya un baiser avant que son image holographique ne disparaisse. Harry referma alors le téléphone puis remonta vers le château. Il fit volte-face au dernier moment et reprit le chemin en descendant, vers Pré-au-Lard.
— Tout va bien, fils ? demanda Lucius en regardant son fils revenir vers lui en rangeant le téléphone dans une poche de sa robe de sorcier. C'était Potter ?
Drago hocha la tête puis il expliqua à son père les raisons de l'appel impromptu.
— Et crois-tu qu'ils courent un danger quelconque ? demanda Lucius en haussant les sourcils.
— Non, je ne pense pas, répondit le blond en se mettant en marche. Seulement, vous connaissez Harry, père, il s'inquiète pour un rien. Et puis, si mon fils était en danger, je le saurais, je suis son géniteur après tout.
Lucius hocha la tête puis les deux hommes se rendirent dans le restaurant londonien, et Moldu, où les attendait quelque délégation Moldue du Ministère anglais.
Durant le repas, Drago pensa à Harry et se demanda bien pourquoi il s'inquiétait ainsi. Ce n'était pas la première fois que Katia emmenait Gabriel dans le château ou le parc sans en avertir le Gryffondor. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, il y a suffisamment de protections dans le château pour qu'un enfant et sa Gouvernante soient en sécurité.
— Monsieur Potter-Malefoy, êtes-vous avec nous ? demanda l'homme en face de lui.
— Pardon, dit Drago. Vous disiez ?
— Mon fils, vous êtes bien distrait aujourd'hui ? dit Lucius. Cessez donc de penser à votre fils et concentrez-vous sur ce déjeuner. C'est important pour nos deux nations.
— Oui père, dit Drago en baissant les yeux. Excusez-moi.
Lucius pinça les lèvres puis la discussion reprit et, à la fin du déjeuner, l'homme blond fit quelques remontrances à son fils.
— Enfin Drago, mais où donc as-tu la tête aujourd'hui ? demanda-t-il alors qu'ils regagnaient tous deux le Ministère. Depuis cet appel de Potter tu es complètement à l'ouest. Se passe-t-il quelque chose à Poudlard ?
— Non, père, enfin je ne pense pas, répondit Drago en resserrant sa cape pour couper le vent. Harry s'inquiétait seulement de ne trouver Katia et Gabriel nulle part ce midi quand il est retourné à la Tour Sud.
— Et c'est tout ? dit Lucius en haussant les sourcils. Excuses-moi de dire cela, mais ton mari s'inquiète bien pour rien, Drago.
Le Serpentard baissa la tête en soupirant puis tous deux entrèrent dans la vieille cabine téléphonique défoncée qui permettait d'accéder au hall d'entrée du Ministère de la Magie.
Cependant, à Poudlard, Harry, qui venait de finir de déjeuner, entra dans sa salle de classe vide, une pile de parchemins sous le bras, en vue de les corriger pour les heures de cours arrivant.
Il prit place derrière son bureau surchargé de trucs et de machins qu'il poussa sur le côté pour avoir quelques centimètres carrés en plus.
Il n'était pas installé depuis dix minutes que l'on frappa à la porte.
— Entrez ! dit-il sans lever le nez de ses corrections.
— Professeur Potter, je vous dérange ?
Harry leva les yeux et vit Tom Silaire dans l'encadrement de la porte.
— Monsieur Silaire ? Non, vous ne me dérangez pas... Que me vaut votre visite à cette heure-ci alors que nous avons un cours dans moins d'une heure ? demanda le Gryffondor.
— Je... Hé bien, je voulais juste voir si Gabriel était dans les parages... dit Silaire, visiblement mal à l'aise. Comme je sais qu'il n'y a pas trop de distractions pour un enfant de dix ans dans ce château, j'avais pensé l'emmener faire une balade dans le parc...
— Je vous aurais confié mon fils volontiers, répondit Harry. Seulement, j'ignore où il est. Ni lui, ni sa Gouvernante ne sont chez moi et je ne les trouve nulle part dans le château.
— Ha bon... Tant pis alors...
Harry hocha la tête puis Silaire s'en alla et le Gryffondor regarda vers la haute fenêtre. Il se leva alors et s'en approcha. Elle donna sur le Lac Noir, et celui-ci était paisible. Pas une vague de troublait sa surface aussi lisse que du verre et les rares plaques de neige qui subsistaient encore contrastaient avec le jaune de l'herbe gelée.
— Katia, je vous jure que vous allez prendre un blâme quand vous allez rentrer, dit alors Harry en serrant les poings.
Il retourna ensuite à son bureau et reprit ses corrections jusqu'à ce que la cloche sonne.
Durant les deux heures qui suivirent, il oublia l'absence de son fils et de la Gouvernante, trop affairé par les septième année de Serpentard et de Gryffondor qui semblaient s'être passé le mot pour le faire tourner en bourrique.
— Ca suffit ! s'exclama soudain Harry en tapant du poing sur la table. Taisez-vous de suite ! Non mais vous vous croyez où ? Dans un zoo ? Vous êtes dans une salle de classe ici, pas chez les zoulous ! Regagnez vos places immédiatement avant que je n'en colle quelques-uns !
Les Gryffondors retournèrent aussitôt à leurs places, ainsi que quelques Serpentards, mais une dizaine d'autres Serpentards restèrent debout à narguer Harry qui contourna son bureau et descendit de son estrade.
S'approchant du Serpentard le plus proche, un grand garçon faisant penser à un bulldog, Harry siffla :
— Regagnez votre place immédiatement, vous ne savez pas de quoi je suis capable, petits prétentieux.
— Hou, hou ! dit le garçon en regardant ses copains. Le petit professeur veut nous faire peur ? Hou, hou !
Il se retourna ensuite vers Harry et haussa un sourcil dédaigneux. Harry se redressa puis il fronça les sourcils et ferma les yeux.
— Johnson, dit alors un Gryffondor en se levant. Retourne à ta place, tu ne sais pas de quoi il est capable...
— Tais-toi, toi, répliqua le dénommé Johnson. C'est pas un petit prof pédé qui va avoir le pas sur moi !
Le Gryffondor sursauta et des filles portèrent leurs mains à leur bouche dans une exclamation choquée. Pour Harry, l'insulte fut de trop et, se servant de la Legilimancie, il expédia le Serpentard rebelle au fond de la classe dans un vol plané magistral.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda le garçon en regardant autour de lui.
Il leva alors les yeux et vit Harry s'approcher, l'air furieux. Il se planta devant le garçon et dit, d'une voix calme :
— Sachez, Johnson, que je ne supporte pas que l'on m'insulte ainsi.
Il se tourna ensuite vers la classe et demanda :
— Est-ce que cela dérange vraiment quelqu'un que la personne avec quoi je fais ma vie depuis dix ans soit un homme ?
Personne ne répondit et Harry reprit :
— Sachez, Johnson, que peu importe qui vous aimez, que ce soit un homme ou une femme, l'important est que vous soyez heureux avec cette personne. Moi je suis heureux avec Drago Malefoy, point final. Maintenant, si vous ne pouvez pas comprendre cela, veuillez quitter mon cours.
— Mais... professeur, dit Silaire en se levant.
— Quoi ? demanda Harry. Vous aussi vous avez quelque chose comme les homos ?
— Non mais...
— Alors taisez-vous donc et asseyez-vous, dit Harry. Quant à vous, Johnson, je vous laisse dix secondes pour décider. Soit vous quittez cette salle, soit vous retournez à votre place en silence. Choisissez vite et bien. Dix... neuf... huit...
Johnson regarda ses camarades et ceux-ci regagnèrent presto leurs places. Il regarda ensuite Harry qui continuait de compter :
— Six... cinq... quatre... allons, dépêchez-vous donc, j'ai un cours à donner, moi... trois...
Johnson se leva alors puis il se dirigea vers la porte et posa la main sur la poignée. Harry arrêta de compter puis dit :
— En franchissant cette porte, vous obtenez un zéro à votre ASPICs de Défense Contre les Forces du Mal et vous faites perdre quinze points à votre maison.
— Ca m'est égal, dit Johnson. Tant que vous serez le prof de cette matière, je n'y remettrais plus les pieds et je m'arrangerais pour vous faire virer.
— Je voudrais voir ça, dit Harry sur un ton suffisant. Disparaissez maintenant et que je ne vous revois plus.
Johnson quitta alors la salle de classe et Harry retourna à son bureau et reprit le cours comme si de rien n'était.
A la fin des deux heures, une fois les élèves partis, Harry se remit à la correction de copies et Rogue se pointa dans la classe en empruntant un passage secret.
— Professeur Rogue, dit le Gryffondor en se levant.
L'homme en noir lui serra brièvement la main puis il dit :
— Potter, j'ai entendu dire que vous aviez viré un élève de votre cours tout à l'heure ?
— Je vois que les nouvelles vont vite, dit Harry en se rasseyant. Prenez place...
Rogue s'appuya contre un pupitre et Harry dit :
— Johnson, Serpentard, m'a insulté.
Rogue haussa un sourcil.
— Je vois, dit-il. Encore vos mœurs ?
— Exactement, dit Harry ne hochant la tête. Peut-être n'aurais-je pas dû le virer mais je n'ai pas supporté qu'il m'insulte ainsi devant toute la classe et sans aucune honte. Il m'a traité de pédé, professeur, devant tout le monde.
— Mhm, dit Rogue. Vous avez bien fait de le chasser. Ce garçon me cause également des soucis, vous savez ?
— Je l'ignorais...
— Pas plus tard qu'hier matin, il a délibérément renversé son chaudron au moment où je passais près de son bureau. La potion m'a sévèrement brûlé le bras et la main.
Il remonta alors la manche droite de sa robe de sorcier et Harry put y voir une large tache rouge, bien délimitée.
— La potion calmante de madame Pomfresh soulage la douleur mais ce n'est pas très beau à voir, accorda Rogue en rebaissant sa manche. De plus, nous ne sommes pas les deux seuls professeurs à qui ce garçon fait des misères. Le professeur Flitwick et le professeur Vector ont également fait les frais de son humour très décalé.
Harry hocha la tête.
— Nous devrions prendre une sanction à son égard. Les punitions ne suffisent plus, suspendons-le du collège un temps, proposa-t-il.
— Ce n'est pas à nous de prendre cette décision, Potter, dit Rogue. Mais à Dumbledore.
— Oui, je sais, dit Harry. Seulement, ce garçon va continuer à faire des siennes et il va finir par embobiner tous les jeunes de sa classe. Personnellement, j'ai déjà assez de mal à montrer au monde que mon couple n'a rien d'extraordinaire, pour que ce môme trop gâté en rajoute encore une couche.
— Je suis d'accord avec vous, dit Rogue en hochant la tête.
— Au fait, dit Harry. J'imagine que vous ne veniez pas uniquement pour taper un brin de causette, si ?
— Heu... Non, en fait je venais vous avertir que Miss Martin...
— Vous avez vu Katia ? coupa Harry en se levant. Où donc ? Dans le château ?
— Dans le parc, oui... dit Rogue, surprit. Pourquoi une telle réaction ?
— Où est-elle ? Elle va m'entendre cette inconsciente, dit alors Harry en contournant son bureau.
Rogue lui saisit le bras quand le jeune homme passa près de lui et il le tira en arrière en disant :
— Calmez-vous donc un peu, Potter, pourquoi réagissez-vous ainsi ? Miss Martin n'a rien fait de mal... Si ?
— Je l'ignore, dit Harry, les sourcils froncés. Seulement, ce midi, quand j'ai regagné ma Tour, je n'ai trouvé ni Gouvernante ni enfant et pas de mot ni rien du tout.
— Oh je vois ! dit alors Rogue avec un petit sourire. Vous vous êtes inquiété, c'est cela ?
— Et vous ! répliqua Harry. Comment seriez-vous si, en rentrant chez vous, vous ne trouviez ni femme ni enfants et aucun mot vous indiquant où ils sont ? Mon fils risque sa vie dès qu'il met le nez hors de ce château, professeur, j'estime être dans le droit de vouloir le protéger le plus possible jusqu'à ce qu'il soit en âge de se défendre !
Rogue fronça les sourcils puis leva la main et Harry sentit une vive brûlure sur sa joue droite. Il baissa les yeux puis dit :
— Pardon, professeur...
— Premièrement, vous allez vous calmer. Je ne vous laisserais pas quitter cette pièce dans cet état. Je cous connais trop bien, Potter, vous seriez capable de vous mettre votre propre fils à dos en sermonnant celle qu'il a longtemps prit pour sa mère. Allez-vous asseoir et calmez-vous.
Harry pinça les lèvres puis il prit place derrière son bureau et s'effondra sur le meuble, le visage dans les bras. Il dit alors :
— Je suis désolé, professeur, mais je suis à cran depuis deux jours...
— Vous travaillez trop, Potter, dit Rogue en s'approchant du bureau. Vous devriez prendre des vacances.
— Des vacances ? couina Harry en se redressant brusquement. Vous n'y pensez pas, j'ai du travail par-dessus la tête ! Je ne peux pas me permettre de prendre des vacances maintenant.
— Vous voyez ? dit Rogue. Vous parlez encore boulot. Prenez des vacances, bon sang de bois, vous avez le droit, nous avons un professeur de Défense Contre les Forces du Mal tout près à vous remplacer le temps d'une ou deux semaines.
— Vous parlez de Lupin, je suppose, dit Harry. Il est quelque part dans le monde avec sa compagne, impossible à contacter donc.
— Détrompez-vous, dit Rogue. Vous semblez parfois oublier qu'un hibou trouve toujours son destinataire, qu'il doive faire deux mètres ou le tour de la Terre.
Harry fit une moue, peu convaincu, et Rogue lui renvoya un rictus.
— A ce rythme là, vous n'allez pas tenir, Potter, dit-il en se dirigeant vers la porte. Vous vous souciez de trop de choses, déléguez donc certaines choses à Drago et à miss Martin. Contentez-vous de vous occuper de vos cours et de votre propre personne. Drago se chargera de maintenir votre couple à flots et Katia s'occupera de Gabriel. Regardez-vous, Potter, vous êtes tout voûté, on dirait un pépé de quatre-vingt ans alors que vous n'en avez même pas trente. En vous regardant, j'ai l'impression que vous portez encore le destin du monde sur vos épaules. Mais ce temps là est révolu depuis près d'une décennie. Il est temps d'aller de l'avant, Potter. Vous n'avez jamais été un bourreau de travail, et ne niez pas, je vous connais depuis que vous avez onze ans, je sais de quoi je parle.
Harry, qui avait prit une inspiration pour contredire l'homme en noir, soupira puis se leva et s'approcha de la fenêtre. La cloche sonna alors et Rogue dit :
— Réfléchissez Potter. Un simple mot, et Lupin prend votre place. Ce n'est qu'un conseil d'un de vos anciens professeurs, mais pensez-y quand même.
Il se détourna alors puis ajouta :
— Au fait, pour miss Martin et Gabriel... Ils sont dans le patio près du donjon de Serpentard. Et si jamais j'entends dans les couloirs que vous leur avez passé un savon, je viendrais moi-même vous en passer un, c'est compris ?
Harry regarda l'homme puis il soupira et hocha la tête en disant :
— Oui, professeur.
— Bien, dit Rogue. A plus tard alors. Et cessez donc de vous inquiéter de tout le temps, vous allez avoir de vilaines rides sur le front.
Il montra alors son propre front barré d'une ride quasi invisible et Harry sourit. Le professeur de Potions s'en alla ensuite et Harry retourna à son bureau pour accueillir les premières années de Serdaigle et Pouffsouffle.
Cependant, chez Hermione et Alexandre, la jeune fille s'occupait de ses enfants, des deux plus grands, qui venaient de rentrer de l'école et qui se chamaillaient pour savoir qui allait s'asseoir à côté de Mark au déjeuner.
Excédée et fatiguée, Hermione finit par trancher. Elle plaça Andrews en bout de table, à la place d'Alexandre qui ne rentrait pas manger, et elle mit Cylia dans sa chaise haute, à sa droite.
— Maman... couina la petite fille aux longues tresses brunes. Je veux être sur le banc...
— Tu seras où je t'ai mit, dit Hermione en posant une grande casserole au centre de la table. Je suis fatiguée aujourd'hui, je n'ai aucune envie de vous entendre vous disputer pour des broutilles.
— C'est vrai ça, dit alors Sofia, la voisine, par la fenêtre de la cuisine. Excusez-moi Hermione, mais j'ai entendu vos paroles et je me suis permise de m'incruster.
— Pas de mal, Sofia, répondit Hermione avec un sourire.
Elle prit ensuite l'assiette que lui tendait Andrews et Sofia dit :
— Votre mère a raison, les enfants, vous devriez l'aider au lieu de vous disputer tout le temps pour trois fois rien. Votre petite-frère lui prend beaucoup de temps et Alexandre qui n'est pas là pour l'aider. Toi, Andrews, tu es grand maintenant, tu pourrais l'aider en rangeant la maison, par exemple, et toi Cylia, en rangeant ta chambre.
Hermione sourit à sa voisine d'en face puis elle dit :
— Ne vous inquiétez pas, Sofia, ce n'est qu'une fatigue passagère post grossesse. J'accuse la naissance de Mark, ça va passer. Et puis Alexandre a son travail, il ne peut pas toujours être à la maison pour me soutenir.
— Sergueï est à la maison, vous savez, Hermione, dit Sofia. Il s'occupe des enfants, fait le ménage, les repas, je n'ai rien à redire quand je rentre de mes courses.
— Vous avez de la chance d'avoir trouvé un mari qui travaille à la maison, c'est tout, dit Hermione en servant sa fille qui tendait son assiette avec impatience. Mon Alexandre a un bon travail qui paie bien et qu'il aime. Je ne le vois parfois pas de la semaine mais les retrouvailles n'en sont que meilleures, n'est-ce pas ?
Sofia sourit puis elle souhaita un bon appétit à son amie avant de regagner se demeure et ses quatre enfants.
— Maman, pourquoi est-ce que papa part comme ça, tout le temps ? demanda Andrews quand la voisine fut partie.
— C'est son travail, mon chéri, répondit Hermione en prenant place à table après avoir vérifié que Mark dormait toujours dans son berceau dans la chambre d'amis. Papa a un travail dans lequel il faut voyager souvent et parfois, il part si loin qu'il ne peut pas rentrer le soir alors il rentre le lendemain ou le jour d'après. C'est comme ça, je n'y peux rien. Sans le travail de votre père, nous ne pourrions pas vivre aussi aisément.
— Pourtant grand-père continue à te donner de l'argent pour moi, non ? demanda Andrews.
— Andrews ! gonda soudain Hermione, les sourcils froncés, faisant sursauter l'enfant. Je te défends de l'appeler ainsi. C'est ton père, Andrews, soit un peu respectueux.
— Mon père, c'est ton mari, maman, répliqua le garçon, les sourcils également froncés.
— Alexandre est celui qui t'a élevé, mais ton père, c'est monsieur Malefoy et cela le restera jusqu'à ta mort, que tu le veuilles ou non, Andrews, dit Hermione en le regardant droit dans les yeux. Maintenant mange et file dans ta chambre. Tu sais que je n'aime pas quand tu parle ainsi de monsieur Malefoy, avec si peu de respect.
— Je vais faire mieux, maman, dit alors Andrews.
Il repoussa son assiette, posa sa serviette sur la table et quitta la table sans un regard pour sa sœur qui ne comprenait pas tout.
— Monte dans ta chambre et que je ne te revoie plus avant de partir pour l'école, dit Hermione, les nerfs à fleur de peau.
Il y eut alors un lourd silence puis la petite voix de Cylia se fit entendre timidement :
— Maman ? tenta-t-elle.
— Mange, ma puce, ça va être froid, dit Hermione en se levant.
Elle débarrassa l'assiette d'Andrews puis revint à table pour finir de manger.
Cependant, dans sa chambre, Andrews enrageait. Il commençait sérieusement à en avoir assez que sa mère considère ainsi un étranger comme un membre de la famille. Ce monsieur Malefoy... pfu ! Tout le monde disait qu'il était son père, mais lui, il trouvait qu'il n'avait aucune ressemblance avec lui. Il était brun aux yeux marrons et Lucius était blond aux yeux bleus, comme Drago et Dorian. Rien à voir donc avec lui, mais pourtant, c'était indéniable, le sang des Malefoy coulait dans ses veines, il ne pouvait le nier, même s'il le voulait.
Affalé sur son lit, Andrews soupira. Il se tourna sur le dos puis roula sur le côté et se mit à pleurer. C'était rare quand sa mère se mettait en colère ainsi, mais quand elle se mettait à crier et commençait à donner des punitions, c'était vraiment qu'il avait touché un point très sensible.
Hoquetant, le garçon se leva et s'approcha de la fenêtre fermée. De la main, il chassa la buée et regarda dehors. A perte de vue on voyait des rangées de maisons toutes identiques. Les mêmes jardinets proprets s'alignaient, tels des soldats au garde à vous, avec les mêmes parterres de fleurs au même endroit d'un jardin à l'autre. Même la boîte aux lettres était au même endroit que sa voisine.
Andrews soupira. Il songea alors à Poudlard, avec ses tours, ses passages secrets, son stade de Quidditch, et surtout sa vue imprenable sur la campagne Ecossaise depuis la Tour d'Astronomie.
Le garçon aimait l'espace, la campagne. Ici, en ville, il se sentait prit au piège. De plus, à cause de son jeune âge, il ne pouvait aller et venir seul, sauf pour aller à l'école, qui se trouvait à une centaine de mètre de la maison, sur le même trottoir.
L'image d'une grosse maison de pierre sombre entourée d'une vaste cour en graviers gris et de champs à perte de vue, lui vint alors à l'esprit, et il se souvint que c'était le domaine des Malefoy. Du reste, c'était bien la seule et unique fois qu'il avait pu voir où vivait son géniteur et sa famille. Hermione ne l'y avait plus jamais remmené après qu'elle se fut crêpé le chignon avec Narcissa à propos de Lucius et de ses sentiments pour la jeune femme.
Tout cela s'était passé il y a près de quatre ans, déjà. A cette époque, Andrews était encore petit et Cylia un bébé, mais la dispute entre sa mère et la mère de Dorian l'avait marqué. Il n'avait jamais entendu, auparavant, sa mère crier ainsi après quelqu'un d'autre. Si Lucius n'était pas rentré du Ministère au même moment, les deux femmes se seraient entretuées.
Soupirant à nouveau, Andrews se détourna de sa fenêtre et alla dans son armoire. Il poussa des housses contenant des vestes sur le côté et tira du fond de l'armoire une belle boîte argentée ornée d'un serpent qui se promenait sur le carton. Un « bon anniversaire » s'étalait en lettres vertes sur le couvercle et Andrews déposa la boîte sur son lit. Il retira le couvercle puis déplia le papier de soie et se saisit ensuite du tissu noir soigneusement plié dans la boîte.
Il le tint devant lui et le tissu se déplia élégamment dans un doux bruissement. Le garçon fit ensuite un tour avec ses bras et il endossa le tissu qui se révéla être cape noire, très large, coupée dans un tissu de riche confection. Une boucle en argent formée par un serpent permettait de la maintenir fermée sur la gorge et Andrews caressa distraitement le petit animal en se regardant dans le miroir.
Cette cape, c'était un cadeau de monsieur Malefoy qui datait de deux ans bien sonnés, déjà. Il y avait marqué « bon anniversaire » sur la boîte, mais le cadeau avait été offert bien après, lors d'une visite de l'homme chez les Greenwald. Après le départ de Lucius, Andrews avait soigneusement replié la cape et l'avait rangée dans sa boîte. Il avait ensuite mit le tout au fond de son armoire pour ne plus la ressortir avant aujourd'hui.
Caressant l'étoffe précieuse, Andrews soupira une fois de plus. Il ne savait plus qui croire entre sa conscience qui le poussait à aller connaître un peu mieux l'homme qui lui avait donné la vie, et son cœur qui le poussait à rester près d'Alexandre et à oublier ce sorcier blond à l'apparence si arrogante.
Détachant la cape, il alla la suspendre à la patère derrière sa porte puis il rangea la boîte vide dans l'armoire et alla s'asseoir sur son lit. Il se releva cependant bien vite et alla à son bureau. Il se saisit d'un stylo et tira une feuille de son cahier d'écriture. Il se mit alors à la rédaction d'une lettre, destinée à Monsieur Lucius Malefoy, Manoir Malefoy, Wiltshire, Angleterre...
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