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Glorfindel entra silencieusement dans la pièce. À l'extérieur le soleil déclinait dans le ciel, une nouvelle journée allait bientôt se terminer et il ne restait plus qu'une brève lueur orangée au fin fond de la ligne d'horizon.
Et avant que l'obscurité ne vienne envelopper la cité elfique, des lanternes avaient commencé à être allumées tout le long des chemins pavés.

Une flamme, provenant d'une bougie posée sur une commode près du lit, dansait doucement en projetant un cercle lumineux au plafond tout en éclairant faiblement un côté du visage de Línaewen.

À présent réveillée depuis un certain moment, elle était restée allongée, les yeux levés vers le haut et mains croisées sur le ventre. Elle était perdue dans ses pensées et méditait silencieusement dans l'espoir d'éloigner les horribles sensations et images qui l'avaient bouleversé à la suite de sa vision.
Pourtant le mauvais pressentiment qui habitait ses pensées ne semblait pas vouloir la quitter de si tôt.

Nimaelin et Glorfindel s'étaient relayés à plusieurs reprises en attendant qu'elle ouvre de nouveau les yeux. Et son amie venait de prévenir l'Elfe blond de son réveil et il avait rapidement accouru.
Même s'il n'avait fait aucun bruit, l'elleth avait tout de suite senti sa présence. Il était comme une aura bienfaitrice et chaleureuse, pareil à un soleil d'été par l'éclat de sa chevelure et de son visage toujours empli de bonté.
Línaewen se redressa, ses longs cheveux glissant sur ses épaules comme une cascade d'eau clair.

- Comment vous sentez-vous ? s'empressa t-il de demander en prenant place sur le rebord du lit.

- Mieux, je vous remercie.

Bien que pâle par nature, il était pourtant simple de constater que ses lèvres avaient retrouvé leurs belles teintes rosés et que ses pommettes étaient rehaussées de quelques couleurs. Glorfindel en fut soulagé.

- Excusez-moi je ne voulais pas vous faire peur, reprit la brune, mais Glorfindel il faut que vous sachiez que ce que j'ai vu m'affole encore au plus au point.

Elle lui décrivit alors sa vision, et bien que cela lui faisait du mal, elle ferma les yeux pour se remémorer tout ce qu'elle avait vu, senti et entendu.

- Ne craignez rien, je suis ici avec vous, déclara Glorfindel d'une voix douce en la sentant de nouveau trembler de frayeur à la fin de son récit.

Il prit ses mains dans les siennes pour la calmer et les serra doucement. Ils restèrent alors silencieux pendant un instant en écoutant le bruissement des feuilles dehors.
Mais la discussion avec Elrond revint rapidement dans la mémoire de Glorfindel et il se devait de lui dire maintenant à propos de son passé, pour la délivrer de ses tourments actuels.

- Je n'ai peut-être pas été tout à fait honnête avec vous, dit-il alors en brisant le silence.

- Que voulez-vous dire ?

- Vous méritez de savoir ce que j'ai longuement voulu ne pas vous révéler.

Il marqua une pause, et retira doucement ses mains des siennes avant de se lever. Inquiète, Línaewen le regarda s'avancer jusqu'au petit balcon.

- Vous pouvez être libérée de la crainte de votre vision car ce que vous avez vu n'arrivera pas. Je l'ai déjà vécu.

- C'est...C'est impossible, murmura l'elleth tandis que ses yeux se remplirent de larmes, je vous ai vu tomber. J'ai senti la mort et les ténèbres vous entourer ! À moins que cela soit une erreur de ma part et que cette vision soit un contresens comme cela m'est déjà arrivée... Mais pourtant celle-ci semblait si terrible et si réel...

- Non vous ne faites pas erreur, ce combat a bien eu lieu et m'a malheureusement été fatal. Mais mon corps et mon esprit ont été réincarnés sur cette terre en l'an 1000 du Troisième Âge.

Línaewen ne put retenir la surprise et le trouble qui la saisirent toute entière face à ces paroles.
Même dos à elle, Glorfindel pouvait aisément deviner les traits de son visage et savoir les nombreuses questions qui devaient affluer dans son esprit.

Pourtant elle n'émit aucune parole ni aucun son.
Alors sous son écoute silencieuse, il lui raconta tout.
Au Premier Âge, il était le capitaine de Gondolin, une grande cité cachée construite par Turgon, fils de Fingolfin, ainsi que seigneur d'une de ces maison, la Maison de la Fleur d'Or.
Il avait participé à la cinquième bataille contre Morgoth, la bataille des Nirnaeth Arnoediad, les Larmes Innombrables.
À l'an 510 il avait également combattu lors de la chute de Gondolin. Avec des survivants il avait réussit à s'enfuir jusqu'aux montagnes.
Mais sur un étroit sentier, des Orques et un Balrog leur avait tendu une embuscade.
Et c'était là, sur une aiguille rocheuse dans les hauteurs du cercle des montagnes, qu'il avait fait face à la créature démoniaque. Mais bien qu'il avait réussi à la terrasser, il était tombé avec dans un sombre précipice, y perdant la vie.

Quand il eut terminé, la nuit était apparue et la bougie quasi consumée. Il n'y avait que la demie lune qui éclairait la pièce et le visage des deux Elfes, bien que Línaewen se tenait dans l'ombre, assise derrière le blond.

- Vous avez tant vécu Glorfindel et vous venez de si loin, répondit-elle simplement d'une voix brisée.

Son cœur se serra douloureusement et il n'osa s'approcher d'elle.

- Ma première vie me semble bien loin et elle l'est, répondit-il. Je ne possède que des bribes de souvenirs et des sensations lointaines. Avec cette seconde, c'était un nouveau départ qui s'offrait à moi.

Elle ne répondit rien, ne sachant quoi répondre. Finalement elle prit la parole avec une certaine mélancolie lointaine.

- Après tout je ne suis qu'une simple et jeune elfe sans expérience. Est-ce pour cela que vous ne vouliez pas m'en parler ? Ou n'aviez vous pas assez confiance en moi ?

- Non Línaewen, bien sûr que non ! s'exclama t-il avec une certaine peine. J'étais effrayé, effrayé à l'idée de perdre votre amitié et votre amour en mettant à nu mon passé. Je ne veux pas que cela nous éloigne. Et ne soyez pas gênée par votre manque d'expérience, je vous aime également pour cela et vous avez encore tout le temps d'approfondir votre sagesse.

Voyant les remords qui l'affublaient et touchée fortement par ses propos, la brune finit par se lever à son tour et s'approcha de lui.
Elle ne lui en voulait pas le moins du monde, mais aurait bien évidemment souhaité être au courant plus tôt.

- Glorfindel jamais mon amour pour vous ne sera terni par de quelconques révélations. Votre histoire n'est pas des plus banal et il est vrai que cela me déconcerte quelque peu mais après tout cela ne relève que du passé, je finirais bien par m'y accommoder.
Nous n'étions peut-être pas destiné à nous rencontrer, pourtant les Valar vous ont accordé une nouvelle vie. Et dans celle ci, notre rencontre y était écrite.

Línaewen posa avec délicatesse et émotion une de ses mains sur la joue droite de Glorfindel. Ce dernier ferma les paupières pendant de brèves secondes face à ce doux contact.

- Ne partez plus risquer votre vie aussi loin. Je ne pourrais supporter la douleur d'être si longtemps séparée de vous ainsi. Promettez moi de ne plus me quitter.

Línaewen était à son tour prise de remort, ne supportant pas non plus l'idée de devoir lui faire renoncer à ses longues chevauchées habituelles avec ses soldats dans les régions de la Terre Du Milieu.
Elle ne voulait pas lui enlever cette liberté si précieuse et à laquelle elle même aspirait à vivre un jour.

Du moins espérait-elle qu'il continuerait tout de même à sortir et patrouiller non loin d'Imladris. Car le problème résidait dans ses longs voyages et elle ne pouvait rester si éloigner de lui pendant plusieurs années.
Glorfindel était un des meilleurs combattant et ils n'étaient pas à l'abri si, par malheur, une nouvelle guerre contre leur peuple se profilait à l'horizon, qu'il aille se battre car son aide serait plus que précieuse.

Mais quels autres choix avaient-ils ?
Elrond ne lui avait encore rien dit mais elle avait compris par elle-même que si ses visions continuaient et empiraient à propos de l'Elfe blond, elle serait obligée de se rendre aux Terres Immortelles et ils ne se verraient alors plus. Bien qu'elle était certaine qu'il la suivrait tout de même là-bas, elle ne voulait pas.
Aucun des deux, n'étaient encore prêt à se rendre à Valinor pour le moment.

Mais Glorfindel avait déjà fait son choix et il n'avait aucun regret car avant son amour pour les combats, son amour pour celle qui se trouvait près de lui était maintenant plus fort que tout. Lors de sa première vie il n'avait jamais ressenti ce sentiment si fort et pour lui c'était un cadeau béni des Valar qu'il s'était vu offert.
Il finit par se tourner entièrement face à l'elleth qui le fixait avec des yeux brillant emplit d'incertitude et implorant.

Tandis que ses mains prirent place sur son torse, celles de Glorfindel se posèrent de par et d'autres de son fin visage, sillonné de plusieurs larmes salées, et il le lui releva doucement pour plonger son regard dans le sien.
Plus grand qu'elle il se pencha alors quelque peu en avant pour sceller leurs lèvres dans un tendre baiser.

- Je vous le promet.

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J'espère qu'il vous a plu (et que vous êtes content du petit bisou à la fin parce que je sais qu'il y en a une qui râlait du peu de contact entre eux mdrrr)

C'est peut-être un peu cliché cette fin de chapitre, je ne sais pas trop x) Mais je me dis que ce n'est pas grave parce que l'amour entre les Elfes est unique, précieux et immortel comme eux voilaaa !

Des bisous ❤️