Chapitre 16 : Au delà du bon souvenir
C'est sans hésitation que j'approchais ma main de ma perle à la couleur topaze qui dégageait une lumière, illuminant légèrement cette cave sombre.
Je commençais à avoir l'habitude du flash qui m'aveugle dès que mon doigt touche cette perle rempli d'un souvenir, laissant place à un mirage qui dévoilait justement le souvenir qui m'était destiné.
La scène montrait un lieu... Un salon d'une maison, on dirait. Uni de couleurs simple et terne, la pièce était des plus banales.
Et ce salon... n'était pas vide.
Il y avait une femme... Une femme adulte aux cheveux mi-longs d'un bleu ciel éclatant. Cette femme était assise sur ses jambes devant un petit autel de prière, et priait avec les mains jointes et la tête baissée. Elle était très silencieuse, mais je sentis une sensation de bienveillance qui l'entourait.
Après ce qui semblait de longues secondes, la femme en question se relevait, se tournant ensuite vers ce qui semblait être la sortie du salon. La personne, qui leva la tête, dévoile alors son visage et ses yeux d'un jaune clair avant d'élever la voix :
"Ma puce ! Tu peux venir, s'il te plait ?"
La voix de cette femme était dans un petit écho, traversant la vision jusqu'à parvenir à mes oreilles. Et sur le coup, je sentis en moi une émotion de bien-être parcourir mon corps.
De là, une petite fille entrait dans le salon, avec ses petits pas et portant une petite robe rose. La petite semblait n'avoir pas plus de 6 ans.
La mère esquissait un gros sourire, tandis que l'enfant s'approchait.
"Papa va bientôt rentrer. Tu veux m'aider à faire le dîner ?" demandait la femme d'une douce voix.
C'est alors qu'un claquement de porte résonnait comme dans ma tête, attirant l'attention des deux personnes. Et là, une troisième personne entrait dans le salon. Un homme en costume, possédant des cheveux noirs.
"Je suis rentré !" dit-il d'une voix joyeuse.
De là, la petite fille en question changea de direction. Elle courait envers son père avant de lui sauter dans les bras.
Une mère émue de la scène, un père qui porte sa fille avec un sublime sourire.
Cette scène... me fit ressentir un chaud en moi.
Jusqu'à qu'elle se mit en pause. La lumière qui illuminait ce mirage faiblit, tandis que les mouvements des trois personnages se mirent à l'arrêt.
La scène était soudainement en pause. Et à ce moment, ces battements de cœur se faisaient de nouveau entendre dans mes oreilles comme dans mes souvenirs précédents. Et la lumière qui était si clair prenait un teint rouge.
Et il eu un changement dans la scène. Les personnes ne bougeaient toujours pas, mais d'une vague ils semblaient tout les trois prendre de l'âge. Comme si j'avançais dans le temps alors que la scène restait en pause.
Plus les palpitations étaient fortes dans mes oreilles, plus la scène devenait rouge sang. Et les stades d'âges étaient différentes.
La première, la basique, il y avait la maman émue, le père souriant qui soulevait sa fille, qui était joyeuse.
Le second stade, la fille semblait avoir prit trois années. Elle devait avoir dans les 9 ou 10 ans. Elle était toujours dans les bras de son père, qui la soulevait contre lui en souriant. La mère derrière, avait un regard toujours aussi doux.
Le stade suivant était plus... dérangeant. La mère avait ses mains sur son ventre, comme si elle avait mal. Elle en baissait la tête si basse que son visage n'était plus visible. La fille, qui avait encore grandi, avait ses pieds au sol en regardant son père avec de grand yeux, tandis que le visage de ce dernier était aussi caché et que ses mains étaient sur les épaules de sa fille.
Et au dernier stade... Le changement était encore plus chamboulant. La père était tourné vers la porte, dos aux femmes de la maison, alors que sa mère aussi était de dos, tourné vers l'autel de prière.
Quand à la fille... Les battements me faisaient vibrer les tympans en voyant cette dernière totalement assombrie à la scène. Presque recouverte d'une ombre noir.
Et bien sur, l'adolescente...
C'était moi.
...
"!"
Au lieu d'un cri, je pris une grande inspiration en revenant à moi. Petit à petit, en clignant des yeux à répétition, je réalisais ce que je venais de voir alors que de nouveaux souvenirs se mélangeaient dans ma tête.
Je m'en souvenais... Cette petite famille était la mienne. Ma maman était une vendeuse dans une boutique de jouets et mon papa était le patron d'une petite entreprise de publicité. Je me souvenais de ce salon, qui était celui de notre maison. Je me rappelais également que ma mère était une pratiquante de la religion, mais que mon père ne l'était pas...
Je me souvenais aussi que nous étions une famille soudée...
Jusqu'à qu'il ce passe quelque chose à mes 12 ans.
Hélas, mon souvenir de la famille s'arrête pile à mes 12 ans. J'ignorais ce qui s'est passé ensuite. Je savais juste que... Quelque chose s'est passé et que ça a détruit notre famille.
Rien de plus... Ceci n'était que ma troisième perle sur dix. Il est normal qu'il me manquait encore des pièces du puzzle.
"..."
Une fois calmée de mes palpitations, je réalisais au dernier moment que la perle qui était dans la main de Ioann avait disparu. D'ailleurs, ce dernier me regardait avec un grand regard comme si il avait vu un fantôme.
"Vous allez bien...? Vous étiez pétrifiée pendant plusieurs secondes avec des yeux sans pupilles... J'étais inquiet." me dit-il de son accent.
Je papillonnais encore des yeux, avant de finalement secouer ma tête.
"Oui, ça va... Désolée."
-Vous avez retrouvé des souvenirs, c'est ça ?
-Oui, mais je suis loin de savoir pourquoi je me suis suicidée...
-Et moi je ne sais toujours pas comment je me suis suicidé...
Le jeune homme passait sa main derrière sa tête en détournant le regard. A mon avis, il devait s'inquiéter de ne toujours pas avoir trouvé sa première perle alors que pour lui, ça fait déjà une heure qui s'est déroulé.
C'est alors que ce dernier releva la tête, comme si il venait de se rappeler de quelque chose.
"Oh mais..." dit-il avant d'enfoncer sa main droite dans la poche de son jean.
Je n'attendis pas longtemps pour qu'il ressorte sa main de sa poche, ouvrant sa paume et dévoilant une clé ancienne en or massive.
Aussitôt, je repensais que j'étais descendu à la cave pour trouver la "clé des appartements de la comtesse". Je pris un visage étonné.
"Ça alors... Je cherchais justement une clé ! J'espère que c'est celle-là ! Où l'avez-vous trouvé ?" demandais-je.
-Comme pour votre perle, dans la pièce où j'ai été enfermé.
-Je vois... Je me demande si les objets sont placés au hasard ou non...
Après mûrs réflexions, je me disais qu'être à deux pouvait être une bonne chose, vue qu'il semblait complètement perdu... Il m'a bien rendu ma perle de souvenir, après tout. Il n'était pas obligé.
Alors je lui proposais :
"Ecoutez Ioann, ça... vous dit de venir avec moi ? Je dois aller à l'étage pour retrouver ma seconde perle de la zone et de chercher des indices sur cet "assassinat". Et comme vous avez deux perles à trouver ici... Il vaut mieux qu'on fasse équipe, non ?"
Ioann eu un instant d'hésitation. Comme si il se méfiait toujours. Il en croisait des bras et posait son regard entre le sol et le plafond, passant par moi et les murs.
Et finalement, il répondit toujours à voix basse :
"D'accord. Restons ensemble, trouvons tout ce qu'il faut et sortons d'ici."
-Ça me va !
Et c'est ainsi que je ne n'étais plus seule dans la zone de la tromperie. J'étais accompagnée par une autre âme à la recherche de ses perles.
...
Et j'espérais que tout irait bien.
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