Partie I - Chapitre 6 : Message et bout de papier
C'est un vrai cauchemar. Ça ne peut pas être autrement. Elle ne l'accepterait pas. Pourtant lorsqu'elle se pince, ce n'est pas un réveil qui se déclenche, mais une vive douleur à son avant-bras gauche. Ce n'est pas possible d'avoir autant de malchance, ce n'est pas possible d'être maudite à ce point, quelqu'un a dû lui jeter un sort. Néanmoins le sourire goguenard sur les lèvres de Mary lui confirme que ce qu'elle est entrain de vivre est bien réel.
– Alors Evans, maintenant qu'on va travailler ensemble, ça te dit d'officialiser notre relation ?
Trop choquée par l'annonce de Binns, le fantôme qui donne des cours d'histoire de la magie, la préfète reste figée sur son siège, les yeux fixant un point que seule elle, peut voir.
– Je crois qu'elle va faire un arrêt cardiaque Cornedrue, ricane Sirius, assit sur la chaise en face de Lily. T'inquiètes pas préfète-parfaite, on ne va pas te laisser tout faire toute seule. Tu devrais même être heureuse de pouvoir travailler avec deux génies comme nous, intelligents, doués, talenteux...
– Beaux, irrésistibles, brillants, dotés de capacités supérieurs aux communs des mortels et...
– C'est bon, c'est bon, j'ai compris, taisez-vous, râle la rouquine en croisant les bras.
Un soupir s'échappe de sa bouche en songeant aux heures supplémentaires qu'elle devra effectuer en compagnie des membres les plus turbulents de la maison des lions. En effet, le professeur leur a imposé un devoir qui consiste à effectuer de nombreuses recherches sur un thème historique de leur choix. Comme pour rendre la tâche encore plus pénible, le projet est à rendre la semaine après les vacances de Noël, signifiant donc une collaboration impeccable durant le seul moment de paix qu'elle aurait pu avoir.
– Pourquoi ça doit m'arriver à moi ? gémit-elle, désespérée.
Potter hausse un sourcil, amusé par cette situation. Une situation qui l'arrange bien, il faut le dire.
– C'est le destin Lily-jolie, que veux-tu que je te dise ? Nous sommes voués à finir ensemble.
– À s'entretuer tu veux dire, le corrige Black avec un sourire en coin.
– C'est moi qui vais vous assassiner si vous ne la fermez pas, menace la rouquine d'un ton glacial. Peut-on commencer maintenant ? Il faut qu'on choisisse notre sujet.
Les meilleurs amis s'échangent un rictus mauvais avant d'hocher la tête dans une parfaite synchronisation. Exaspérée, la préfète lève les yeux au ciel. S'ils se mettent déjà à planifier des farces alors que le projet vient à peine de commencer, ils sont mal partis. Or, par fierté personnelle, il est hors de question que Lily se permette d'avoir une mauvaise note, aussi ennuyeuse la matière soit-elle.
– On n'a qu'à faire sur l'histoire des gobelins, comme ça Evans se sentirait concernée vu sa petite taille.
– Ou alors on peut faire sur l'histoire des trolls, vu leur débilité, tu devrais te reconnaître parmi eux Potter.
– Ou alors, on étudie les Dieux grecs parce que vu ma beauté, ce sont sans aucun doute mes ancêtres, déclare Sirius, amusé par la joute verbale de ses camarades.
Les deux ennemis s'accordent pour jeter un regard torve envers le narcissique du groupe. Celui-ci, en réponse, leur lance un clin d'œil séducteur provoquant ainsi l'éclat de rire de cet abruti de Potter. Le professeur Binns, qui est certes mort, mais pas sourd, relève la tête de son tas de parchemin, un air ennuyé sur le visage.
– Le groupe au fond, un peu de sérieux s'il vous plaît, réprimande-t-il de sa voix monotone. Vous avez déjà choisi votre sujet ?
– Oui monsieur, réplique Sirius d'un ton blagueur, nous avons décidé d'étudier sur la vie des fantômes de Poudlard.
Plusieurs ricanements s'élèvent dans la salle face à l'audace du garçon. Remus, lui, fait les gros yeux et se contente de secouer la tête, exaspéré et habitué à ce genre d'attitude venant de la part de ses amis. Un pincement serre le cœur de la préfète en se rendant compte que le dernier maraudeur n'est pas présent. Sans doute est-il trop épuisé moralement pour venir en cours. Se promettant de vérifier qu'il aille bien à la fin des cours, Lily reprend contenance en envoyant un coup de pied sous la table à la cheville de Black. Celui-ci grimace de douleur.
Cependant la réaction du professeur déstabilise toute la classe lorsqu'une expression nouvelle, presque humaine prend place sur ses traits fantomatiques. Un sourire étrange se dessine sur ses lèvres tandis qu'il s'élève de plusieurs centimètres de sa chaise.
– En effet, cela pourrait être un bon choix si vous parvenez à trouver un esprit qui accepte de parler de son passé.
– Pour... Pour de vrai ? s'étonne le sorcier aux cheveux en bataille. Mais... Vous...
– Pas mon témoignage évidemment, ce serait trop simple et pas assez enrichissant, mais celui d'une entitée ayant vécu des siècles auparavant par exemple. Cela ne devrait pas être difficile à trouver et puis, ce serait original. Contrairement aux autres, votre devoir à vous pour la semaine prochaine ne sera pas de trouver une problématique. Vous devrez trouver le fantôme que vous allez interroger. C'est bien clair ?
Ils hochent la tête sans un mot, trop abasourdis par la réaction de leur professeur. La colère bouillonnant à l'intérieur d'elle, la sorcière se retient de frapper ces deux abrutis en les entendant pouffer dans leur coin. Binns n'a pas pu faire pire choix en formant leur groupe.
Mary au contraire semble enchantée et ne se gêne pas de lui partager sa joie lorsqu'elles traversent plusieurs couloirs pour se rendre en cours de métamorphose.
– Toi, Potter et Black! Dommage que je ne sois pas avec vous, ça promet d'être drôle.
– Je te remercie de ta sollicitude, je vois à quel point tu es une véritable alliée.
– Dis toi qu'il y aura de l'ambiance.
– Je m'en passerais bien.
– Ne sois pas si pessi... Qu'est-ce qu'il se passe ? s'interrompt la blonde en remarquant un attroupement d'élèves devant un mur.
Se tournant l'une vers l'autre, elles haussent les épaules et accélèrent le pas, déterminées à connaître la raison de tout ce capharnaüm. Les gens parlent, chuchotent entre eux, une lueur choquée voire paniquée passant à travers leurs yeux.
– Laissez passer la préfète ! s'exclame la blonde en constatant le manque de réactivité de son amie. Ou sinon c'est trois heures de colle !
Radical mais efficace, les élèves s'écartent les uns après les autres suite à la menace de Mary. Une phrase, une seule est écrite d'une peinture rouge, rappelant trop bien la couleur du sang. Lily pâlit d'une teinte en lisant les mots.
"Traîtres et impurs, prenez garde au monstre qui rôde dans les couloirs."
Ses entrailles se serrent. Alors ça y est. Le danger n'est plus à l'extérieur, mais à l'intérieur. Le moment qu'elle a tant craint est arrivé. Severus avait raison. Les recrutements ont commencé. À présent, tout les coups sont permis.
***
Préoccupée, l'adolescente fait les cent pas au milieu de la salle commune des gryffondors. Un brouhaha pas possible agite le lieu, mais pour une fois, elle ne s'en soucie guère. Il y a plus urgent. Comme trouver les responsables de cette phrase. Lily a déjà une petite idée, quant à l'identité de ces personnes, mais elle n'a aucune preuve. Et même si cela l'agace car elle est quasiment persuadée que ce sont des membres de serpentards, qui est-elle pour accuser des personnes de la sorte ? Ce serait s'abaisser au niveau de Potter ou du reste des gens de sa maison qui entretiennent des solides préjugés bien souvent infondés. Notamment en ce qui concerne les verts et argents. La preuve qu'ils ne sont pas tous mauvais est Severus. Severus, son ami, le garçon avec qui elle passe tout ces étés, Severus celui avec qui elle allait toujours visiter la bonne vieille Martine, une française d'un âge avancé, propriétaire d'une ancienne librairie peu fréquentée. Une illumination la traverse soudainement. Mais oui! C'est ça la solution ! Demander à son ami s'il n'aurait pas des informations concernant le graphiti sur le mur.
– Lily, tu veux bien arrêter de marcher s'il te plaît ? Tu me donnes le tournis, râle une Marlène McKinnon complètement avachie sur l'un des fauteuils.
– C'est mon seul moyen de rester calme. Faire en sorte que les autres soient plus stressés que moi.
– Quel humour franchement. Tu mérites la médaille de la personne la plus drôle sur cette planète, marmonne Mary, assise sur le tapis en face de la cheminée.
– Et surtout celle de la personne la plus intelligente. Enfin bon, assez rigolé, les filles, c'est vraiment grave ce qu'il se passe. Il faut vraiment qu'on trouve celui ou celle qui est derrière tout ça.
– Ne me dis pas que tu as encore des doutes ?! On sait tous très bien qui sont les fautifs, s'exclame une voix sourde de colère derrière elle.
À sa plus grande stupeur, Sirius Black, son désagréable partenaire de travail, la contemple, les traits de son beau visage durcis. La préfète ne l'avouera jamais devant le concerné, mais en cet instant-ci, son allégeance avec les Black est purement visible. Rien que la posture, cette arrogance désinvolte qu'il dégage, son regard d'acier, tout chez lui montre son appartenance aux sangs-purs.
– T'es pas entrain de prévoir une stupide blague avec tes amis ?
– Au cas où tu ne le verrais pas, ce n'est pas vraiment le moment idéal pour rigoler. Mais bon, étant donné que tu fréquentes des gens comme Servilus, on ne peut pas dire que tes capacités de discernement soient très élevées.
– Black, grogne Lily entre ses dents, les poings crispés.
Il vaut mieux pour lui de ne pas ajouter un commentaire de plus. Mais en voyant un rictus hautain sur ses lèvres, une envie pressante de le gifler monte en elle, aussi rapide qu'une flèche.
– Sirius, arrête, intervient la jolie blonde en se redressant et se plaçant aux côtés de la rouquine.
– Tout le monde le sait sauf toi, arrête de te voiler la face Evans !
– C'est sûr que si tu confonds le monde avec ton insupportable petite personne, tu ne risques pas d'avoir un avis très pertinent.
Sur le point de céder à son tempérament, le sorcier passe une main dans ses cheveux sombres, ses yeux naviguant à travers la salle, comme à la recherche de quelqu'un. Aussitôt, un sourire narquois s'esquisse et quelques secondes après, un jeune homme aux cheveux en bataille apparaît accompagné de ses deux acolytes, Remus et Peter.
Se pinçant les arêtes de son nez, la jeune fille pousse un immense soupir. Pourquoi à chaque fois qu'elle s'interroge sur des choses importante les maraudeurs viennent s'en mêler ? Sentant son exaspération, sa meilleure amie prend les devants.
– Viens Lily, on retourne au dortoir. Ça ne nous apporte rien de rester avec des idiots.
– Oh déjà? se plaint James Potter d'un ton faussement triste. Mais qu'avons-nous fait Patmol pour être en pleine disgrâce ?
–James, avertissent Peter et Remus en même temps.
Agréablement surprise par la réaction du petit maraudeur, la jeune fille lui adresse un regard reconnaissant auquel celui-ci répond par un faible sourire. Le préfet semble avoir capté cela et hausse les sourcils d'un air interrogateur, ne comprenant sans doute pas cette faible complicité entre eux deux. Heureusement pour elle, il est le seul à l'avoir remarqué les autres restants, trop occupés à parler à voix basse entre eux.
– Écoute Lily, commence Remus prudemment en s'approchant d'elle, je sais ce que tu penses. Qu'on ne peut pas juger des personnes tant qu'on ne les connaît pas, mais...
– Non, on ne peut pas ! proteste-t-elle vertement. Severus n'est pas comme ça.
– Je ne dis pas que c'est lui, se défend précipitamment son interlocuteur, embarassé. Mais n'excluons pas la possibilité que ce soit l'un des élèves qu'il fréquente. Je suis désolé, mais on ne peut pas dire qu'Avery et Mulciber sont les personnes les plus fréquentables.
– C'est vrai, admet la rousse à contrecœur, déçue des amis de Severus. En plus de ça, ils ne sont pas très discrets sur leurs opinions à propos des gens comme moi.
Les maraudeurs, Mary et Marlène se tournent immédiatemment vers elle dès qu'elle termine sa phrase. Un gémissement de douleur s'échappe de la tête de la jeune fille lorsqu'elle reçoit une tape sur le crâne de la part de la blonde. Les autres se contentent de la dévisager, la mine désapprobatrice.
– Arrêtez de me regarder comme ça, vous savez très bien que j'ai raison.
– Ce n'est pas pour ça que tu dois le dire d'un ton si pessimiste ! gronde Black. C'est cette face de serpent qui t'a mit ça dans la tête ?!
– Bien sûr que c'est lui, répond Potter avec dédain, ne laissant pas le temps de parole à Lily. Il lui a probablement fait avaler une horrible potion pour la convaincre que...
Un jet de lumière rouge l'atteint en pleine poitrine avant même qu'il ne termine ce qu'il vient de dire. En une fraction de seconde, le garçon s'effondre sur le sol d'un bruit sourd, le corps immobile.
Sans ajouter un mot de plus, la rouquine monte les escaliers en direction du dortoir des filles, si furieuse qu'elle fusille chaque personne présente sur son chemin.
Le cœur battant à une vitesse trop forte pour que ce soit normal, elle se jette sur son lit et lâche petit cri de rage. Préjugés, moqueries et méchanceté gratuite. Encore une fois, ça retombe sur Severus. Encore une fois, sans être là, il est la cible des maraudeurs, ses harceleurs depuis la première année.
Une larme de rage coule sur sa joue. Elle ne sait pas si c'est de colère, de dépit, de peur ou d'incompréhension. Les émotions de la journée ont été trop fortes pour elle.
Serrant son oreiller tel un bouclier contre elle tel, un bout de papier déchiré et plié attire son attention. Curieuse, elle le déplie un peu trop rapidement, ce qui provoque la chute d'une vieille photo en noir et en blanc. Sans doute moldue puisque celle-ci ne bouge pas. Mais Lily ne se concentre pas sur l'illustration. Les quelques lignes sont écrites de cette encre émeraude similaire au premier message reçu.
Je suis de retour. Partout et nulle part. Tu me trouveras en m'appelant. Mon identité se trouve entre les lignes du savoir. À toi de me libérer du fardeau. Le compte à rebours est lancé. Toute quête a un délai.
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Publié : le 19.02.21
Et terminé d'écrire en pleine insomnie la nuit du lundi au mardi X). Je pensais ne plus avoir d'inspiration, ne plus être capable d'écrire avant un bon moment, mais finalement non. C'est comme si dans cette histoire, j'ai trouvé un moyen d'aller mieux, de m'évader pensant quelques heures de mes problèmes. Bref, j'espère que ça vous a plu !
Par contre, je ne suis pas sûre de pouvoir publier un chapitre le vendredi prochain, j'ai pas mal de projets scolaires à terminer *pleure*.
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